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LES SECRETS MERVEILLEUX
du
PETIT ALBERT

This HTML edition by Joseph H. Peterson, Copyright © 2002. All rights reserved.

This is another French Grimoire or handbook of magic.

Catalog entry reads:

Author: Albert, Petit.
Title: Secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique du petit Albert.
Edition: Nouv. éd., cor. & augm.
Published: Lyon, Héritiers de Beringos fratres, 1782.
Description: 264 p. illus., plates (partly fold.) 14 cm.
Library Info: TC Andersen Library Rare Books Small 157.4 Al14lF Non-Circulating
Subject: LC Magic. Charms. Medicine, Magic, mystic, and spagiric.
Material Type: bks
Sys. no. 000307304

LES SECRETS
MERVEILLEUX
DE LA MAGIE NATURELLE
DU
PETIT ALBERT
Tirés de l'ouvrage latin intitulé:
ALBERTI PARVI LUCII
Libellus de mirabilibus naturæ Arcanis
Et d'autres écrivains philosophes
ENRICHIS DE FIGURES MYSTÉRIEUSES, D'ASTROLOGIE, PHYSIONOMIE, ETC., ETC.

TABLE DES MATIÈRES

[Le Trésor des merveilleux secrets]

[Physionomie par le regard des membres de l'homme, faite par Iean d'Indagine.]

De la Chiromancie.

Des Talismans de l'antiquité des talismans, leur origine et usages d'iceux.

Secrets curieux touchant les effets de la nature.

SECRETS ÉPROUVÉS tiré d'anciens écrivains

Secrets précieux sur diverses matières extraits des plus célèbres écrivains ou savans philosophes.

Secrets récréatifs tant de fantasie que de grande utilité.

Secrets curieux touchant la beauté des femmes.

Fin de la Table des Matières contenues dans les Merveilleux Secrets du Petit Albert.






[Figure 1. Sainte Véronique.]

AVERTISSEMENT

qu'il faut lire.

CE n'est point, lecteur bénévole, un jugement faulsé qui pourrait vous inciter à la recherche de ce curieux livre, car en ce temps de lumières, personne ne pourrait attribuer aultrement que cela échoit dans les jeux de hasard, la rencontre de choses ayant apparences supernaturelles.

De même qu'il est arrivé à cet illustre Michel Nostradamus, de dénoncer plus d'un siècle à l'avance, des faits devant advenir, il a bien pu se trouver que ce qui a été dit par Albert le Grand ou Albert le Petit, touchant certains signes du visage ou de la complexion de l'homme, vīnt à ètre réalité, sans qu'il soit prouvé pour cela, que: là ou le hasard a semblé être vérité absolue, il doive en être tiré conclusion définitive et confirmative et qu'elle dūt être irrévocablement.

Aussi, lorsqu'il se rencontrera que quelques gens fallacieux, qui, faisant métier de détourner le monde du chemin de la vérité, vous diront avec cette affirmative qui est le propre des charlatans, que leurs déductions sont infaillibles, vous auriez bénignité trop grande si vous donniez créance à leurs billevesées, d'autant plus qu'ils n'ont d'autres fins que de tirer profit de leurs fallaces et inductions trompeuses.

Mais, comme nous l'avons déduit ci plus hault, il n'est pas à dire que, sans être livré à la superstition, ce qui serait folle pensée et propension à aussi grand errement de bon esprit que se puisse voir, il soit interdit irrévocablement à celue dont l'esprit est net, de faire amusette de ces choses de sciences appelées secrets merveilleux, chiromance, physionomonie, etc. etc., et non point se livre à la recherche de la pierre philosophale, transmutation métallique, invocations diaboliques et aultres déchéances de droite raison, d'ailleurs: comme l'évidence viendrait bientōt être la confirmative de l'erreur, votre recherche rendrait intelligible à votre entendement ceque seraient telles choses, c'est-à-diré vaines propositions.

Nonobstant donc cette puérile digression, nous devons adjouter que ce petit livre des secrets du Petit Albert et autres écrivains philosophes ou érudits contient en outre des choses récréatives, des renseignements souvente fois utiles et receptes faciles, soit: d'agriculture ou d'économie domestique, ainse que secrets touchant la beauté des Femmes, lesquelles choses seront au moins profitabiles et méritoires de votre attentivité et non moins précieuses que les autres auront été amusantes, à seule fin de meubler votre intellectibilité autant que votre souvenance, pour votre advantage et aussi pour le profit d'aultrui.

Nostradamus a publié vers 1550 son recueil de Prophéties par quatrains et centuries. Son livre obtint un succès que l'on peut dire sans pareil, nonseulement de son vivant, mais encore cent cinquante et deux cents ans apràs sa mort; aujourd'hui mê les exemplaires en sont très-rares. D'oł vient ce succès? sinon de ce que le hasard a fait faire des rapprochements si curieux que ce fameux prophète a, dit-on, annoncé le révolution de 1793, la mort de Louis XVI, Napoléon Ier et bien d'autres événements.



Une nouvelle édition de ce livre vient d'être mise en vente, elle est augmentée des prophéties de Thomas-Moult. 1 volume de 453 pages.

En vente chez tous les libraires.








LE
TRÉSOR
DES MERVEILLEUX
SECRETS

De la complexion du corps humain.

LA complexion, comme dit Auicenne, est vne qualité qui vient ou proceede de l'action et passion des qualitez contraires trouuée és élemens. Qui voudra parfaitement entendre ladite définition, et comment les actions et les passions agissent entre-elles par ensemble, qu'il lise ledit Auicenne au premier livre, parag. premier, doctrine troisiéme, chapitre premiere. Il fallot dire cecy premierement, afin que nous ne disions aucune chose qui n'appartienne à l'affaire. Comme du nombre quartenaire des elemens, des premieres qualitez, des actions mutuelles d'iceux, lesquelles on doit scauoir par la Philosophie naturelle. Certes nous ne voulons pas faire cela, mais en tant qu'il touche aux estoilles et aux genitures, nous voulons dire la raison, quand nous aurons conneu la complexion de quelqu'vn, et par quelles estoilles et Planettes elle est faite, tellement que celuy soit plus enclin à vne chose que l'autre. Exemple. Quelqu'vn est sanguin, mais il bat les autres: et est rauisseur, cruel, qui ne demande qu'à tuer, qui sont vices lesquels peu souvent sont trouuez en vn de complexion sanguine: je conjecture que tel homme a Saturne ou Mars en l'horoscope de sa natiuité. Nous mettrons apres la nature de chacune des Planettes. Et pour ce que la Chiromance, et la Physionomie servent et aydent grandement, nous les auons descrites cy après et ainsi les auons entremeslez, selon qu'il nous a semblé estre necessaire.

Des choses qui font bonne ou mauvaise complexion.

LA nature de bonne ou mauuaise complexion, consiste en trois choses, comme dit Albert le Grand, tres-sçavant és choses naturelles: c'est à sçauoir en deue et iuste grandeur de corps, en belle ordonnance des membres, et en la beauté de la couleur. Il sera permis par ce choses de conjecturer la noblesse et l'honnesteté de la complexion, soit au sang, soit au flegme. Derechef nous connoistrons la mauuaise disposition, si le corps est trop gras, trop maigre, ou trop renfroigné, ou excessiue ment gresle ou fort crasleux et ord: lesquelles choses estant en l'homme le font melancholique, colerique, ou flegmatique. Certainement la grosseur procede et vient de grand froideur et abondance d'humeur. La maigreur procede de chaleur et de seicheresse. La crasse ou ordure, vient du froid et d'humeur, qouy qu'autres soient d'opinion contraire. En apres, le froid et l'humeur engendrent le flegme, la chaleur et la seicheresse font la colere, et la froideur et la seicheresse engendrent la melancholie.

De l'égard qu'on a de la complexion par la couleur.

LA coleur ayde à la disposition corporelle, et est diuisée en trois, car il y en a une aux cheueux, l'autre en la peau, et la troisiesme aux yeux. Dequoy Aristoteles parle beaucoup. Si toutes couleurs sont comprimes et contées en vne, elles consistent en égalité, comme le blanc mélé au rouge procede de l'abondance des humeurs, ou bien d'inégalité, et s'accordent de trauers: mais plus noble est cette couleur qui consiste de l'égalité des humeurs. Et si tu en veux sçauoir la difference, elle consiste au nombre senaire. La premiere est de blanc et rouge: la seconde noire: la 3 de couleur d'or: la 4 de couleur verde, ayant vn peu de blanc meslé: la 5 blanche, et la 6 rouge. Les bouts sont de blanc et noir. Les autres sont moyennes qui sont meslées en partie de blanc, et de noir en qualité.

La meilleure toutesfois est celle qui est faite de blanc et de noir, comme dit Galienus. Leurs connoissances sont telles: le blanc entremeslé de rouge, et les jouës enflées, denotent le sang: le blanc demonstre le flegme: le pasle la melancholie: le brun, noirastre, et noir, signifie la colere.

Pour connoistre la complexion par la couleur des cheueux.

COMBIEN que quelques autheurs disent que la nature des cheueux est donnée seulement pour ornement, il ne nuit aucunement: parce que cela adiouste quelque beauté à la nature. Neantmoins la conjecture n'est pas du tout ostée, veu que nous pouuons prouuer par plusieurs argumens le semblable touchant la complexion. Exemple. Les hommes sans cheveux et sans barbe, sont benins, ou flegmatiques: et les noirs et ayans les cheueux noirs, sont fort coleriques ordinairement. Certes il y a quatre couleurs communes, c'est à sçauoir le noir, le rouge, le verd meslé de blanc, et le blanc: le verd meslé de blanc, procede d'humeur melancholique: la blancheur vient de faute de chaleur naturelle, et du flegme pourrissant: la rougeur demonstre le sang: la noirceur, denote la colère: la verdeur entremeslée de blanc est signe de melancolie, et la blancheur demonstre le flegme. Pourquoy est-ce que le rouge est plus estimé que le noir? pource que la complexion du sang est plus noble que celle de la colere. Et est ce corps tres bon (comme dit Galien) qui est vn peu mol, orné de cheueux rouges, combien que Constantin soit d'opinion fort contraire, et estime plus le noir pource qu'il est plus fort et plus permanent, et aussi pour l'aide qu'il fait. Car de tant plus vne superfluité est nuysible, d'autant plus profite et est auantageux si on la rejette, ou chasse. Comme la colere enflammée, et le sang brūlé, nuisent plus que le sang qui n'est point brūlé: et s'il auient qu'on le repousse et chasse, les cheueux deuiendront noirs, non pas rouges: la noirceur donc est plus à estimer que la rougeur. Aucuns ayment et loüient plus la couleur tirant vers l'or, auec la noirceur aux yeux. Nous laissons l'vn et l'autre.

Certainement l'opinion d'Albert est que la tres-bonne couleur, denote tres-bonne complexion du cerveau, c'est à sçauoir chaude et humide. Combien que és oeuures naturelles la chaleur et la seicheresse soient plus convenables et plus propices, pour comprendre quelque chose: car cela vient de chaleur, que nous comprenons bientost aucune chose et de la seicheresse procède la memoire et la fermeté de retenir, le mouuement et l'exercitation viennent de la chaleur; le repos et la tranquillité procedent de froid.

Par quoy il comprend auec raison, que la seicheresse est plus propre et convenable à la complexion du cerveau que l'humidité.

Car certainement nous voyons, que ceux qui ont le cerveau humide, sont hebetez et ont l'esprit grossier et lourd, et sont grands dormeurs, tardifs, et lourdauts: mais le cerueau qui est sec, fait les gens vifs, ingenieux, vigilans, et sobres. On pourroit comprendre plusieurs choses des cheveux, quant à la complexion, mais c'est assez pour maintenant.

De la complexion du Colerique.

LA chaleur et la seicheresse font la complexion Colerique. A cette cause ceux qui sont chauds et secs, sont appellez Coleriques. Ils sont conneus à leur Physionomie, et à l'horoscope de leur nativité. Quant à leur Physionomie, ils ont les membres longs et gresles: parce que leur humeur est éteinte et estouffée par la chaleur et la seicheresse. Ils ont aucunes fois les cheveux crespus, et parfois pleins et noirs: et aussi quelquesfois rouges et durs, et tout cela vient de l'abondance de chaleur. Ils ont les yeux profonds, le nez aigu, ou pointu, la face citrine, la parole soudaine, la poitrine large et cheueluë, ce qui sort de leurs corps est brūlé, et sont velus iusques aux yeux. Ils ont la voix penetrante et resonante, le poulx dur et fort soudain, et cheminent vistement. Ils s'enyvrent ordinairement, pour cause qu'ils ont l'estomach et le cerveau bien chaud. Ils ne dorment que bien peu, et sont enclins à la friandise, ils ont aussi les yeux citrins, la bouche amere, la langue aspre, des douleurs d'estomach, des alterations, et envies de boire, et ont soudain les yeux ébloüis. En leurs songes et visions nocturnes, ils voyent des feux allumez, des flammes, des choses mortes, de sang, de noises, des tueries, et des meurtres. Nous avons parlé iusques icy de la Physionomie du corps. Toutesfois ils ont courage hardi, prompt à se courroucer, et sont facilement appaisez, écoutent volontiers pour apprendre, et ont bon entendement, ils sont loyaux, liberaux, donnans volontairement, ialoux, amateurs de iustice, se coupans de leur langue quand ils se courroucent. Certes la grande chaleur de leur sang ne peut permettre qu'ils disent leurs paroles par ordre. Quoy qu'il y en ait quelques-uns qui se sont tant trauaillez et essayez continuellement; qu'ils peuuent dissimuler plusieurs choses semblables; neantmoins la laine teinte, ne peut changer sa couleur; comme nous pouvons euidemment appercevoir. Car toute chose qui est attirée ou amaslée outre le naturel, ne peutestre long-temps dissimulée.

Les raisons des proprietez des Colérlques.

SI quelqu'vn veut sçauoir la raison des choses devant dites, nous disons qu'elle est telle. Premierement du despit, et courroux, lequel, à cause qu'il abolit l'humeur, est quelque temps comme la stamme cachée, et quand il peut trouver issuë, il sort en feu, et monstre sa rage. Cette ire et couroux excite prodigalité, quand elle se respand çà-et-là par les costez, et non point contremont. Semblablement elle engendre hardiesse, pour cause de l'élevation des esprits et de la chaleur aussi: parquoy ils entreprennent aucunes fois choses très-difficiles, (et si ie l'ose dire) promettent choses impossibles, leur coeur tressautant et fretillant pour cause de trop grande chaleur. Telles gens ont petite teste, et l'estomach large et plantureux, qui prouient de ce mesme coeur ainsi chaud. Qu'ils soient prompts et habiles du corps, et écoutent volontiers pour estre enseignez, nous l'appercevons tous: car il n'y a chose aucune qu'ils ne mettent au net, et fassent propre, et bien convenante. Et ainsi gresleté et maigreur vient par faute d'humeur: longueur et hauteur procede de la chaleur montant en haut.



PHYSIONOMIE
PAR LE REGARD DES
MEMBRES DE L'HOMME,
FAITE PAR IEAN D'INDAGINE.

CHAPITRE PREMIER

Du jugement à faire par le regard du front.

JE ne suis pas ignorant, qu'on ne se doit aucunement fier au front de l'homme, parce qu'il change et muë à chacune affection ou passion. Toutesfois on a observé que plusieurs ne peuvent estre mieux conneus que par le front. Et a esté obtenu envers le commun, que nous disons aucun auoir le front frotté, contre ceux qui ont osté et perdu toute honte, veu que cette honte n'est point regardée ny mieux conneuë qu'au front, et aux yeux, laquelle chose si nous accordons, ne peut estre en vain, ce qui est celebré par les prouerbes, et manifeste par prophetie, n'estre point indecent, si nous commençons au front, avant tous les autres membres. Or il y a difference entre le front large et le rond. Et afin qu'il soit mieux conneu, nous declarerons le tout briefuement.

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Le front éleué en rond est grandement loüé par quelques-vns, mesmement quand il consonne bien à la teste; mais au contraire, si cette rotondité occupe les apparences et preeminences des temples du visage, et soit décheuelée, elle denote l'excellence de l'entendement, et conuoitise d'honneur et arrogance, auec toutes les qualitez qu'ont les magnanimes. La petite peau sans poil bien deliée et applanie, sinon au dessus du nez, denote l'homme qui n'est consacré ny dedié à Dieu, trompeur et remply de courroux. S'il est ridé ou refrongne, toutefois plus enfoncé et baissant au milieu, c'est signe de cruauté, auec deux bonnes vertus, c'est à sçauoir magnanimité, qui est grand cœur et courage: aussi esprit et entendement. Le front qui est tres-grand et rond, sans poil, denote vn auentureux et menteur. Le front fort long et la face fort longue, et petit menton, signifie cruauté et tyrannie. Le front confus et meslé pour cause de la trop grande graisse du visage, demonstre l'homme estre inconstant, flegmatique, gras, et de lourd esprit. Cecy sommairement et briefuement dit, suffira quant à l'Astrologie.




CHAPITRE II

Du jugement des sourcils.

Les sourcils que aussi esté mis en prouerbe, tellement que ceux qui auoient les crestes dressées, et se vouloient éleuer sur les autres, ont esté nommez Supercilieux, c'est-à-dire graves et severes, qui n'est loin de la verité. Car s'ils sont pliez ensemble et durs, ou rouges, ils denotent l'homme eshonté, imprudent, et enuieux. Les sourcils blancs demonstrent l'homme estre feminin, croyant de leger, et fol. Les plus mauvais sourcils de tous, sont ceux qui sont assemblez, et se couchent, lesquels denotent vn mal-faisant, qui detient en seruage vn homme libre, ou blesseur de gens, et addonné aux arts magiques. Laquelle chose i'ay veuë éuidemment en ces vieilies sorcieres, lesquelles estant menées pour les brûler au gibet, monstroient tels sourcils. S'ils chatoüillent et titillent à aucuns, et se meuuent et agitent peu, c'est signe d'outrecuidance et grand courage. Les plus velus denotent l'homme simple, allant rondement et à la bonne foy. Les sourcils plus mols et applanis, et qui se ressemblent, et ont le poil également noir, signifient complexion moderée, et bonté de l'homme.




CHAPITRE III

Du jugement des yeux.

Les yeux nous donnent aussi à connoistre la bonté ou la malice, comme tesmoigne IESUS-CHRIST notre Sauueur, disant en son Euangile, ton œil est-il mauuais pour ce que ie suis bon? Et en vn autre lieu, il dit aussi: Si ton œil est simple, tout ton corps sera luisant. Or telle est la conjecture: Si tu vois aucun qui a les yeux bien-ceans et aduenans, et sont veillans, luisans, ouuerts, beaux, clairs, moyens, et non pas fort ronds, selon cette proportion, il faut mesurer l'entendement et l'esprit de l'homme, entier et sain. Ceux ausquels ils sortent et pendent outre le pertuis (ce que l'on voit en peu de gens) à la façon des moyeux d'œufs ils signifient l'homme beaucoup radoteur et réueur, gras, ayant l'esprit gros et lourd, mensonger, gaillard, paresseux, et simple; et semblablement quand ils sont larges, ou de monstrueuse ouverture. Et au contraire,

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quand ils sont profonds, ils denotent un envieux, malin, forgeur de meschancetez, qui se courrouce de leger, et soupçonneux. Ceux qui les ont serrez ou contraints, et regardans comme ceux qui visent au but, c'est signe de cruauté et tyrannie. Quand ils flestrissenr et se tournent de leur gré deçà delà (comme font ceux qui ont perdu toute honte) c'est signe que l'homme est gaillard, outrecuidé, inconstant et menteur. Les pires de tous sont, s'ils sont jaunatres, citrins et fardez. Aucuns les ont distillans et rouges, et cela ne vient de nature, mais d'humidité de cerueau, et d'abondance de flegme. Et vous suffise de ce que i'ay dit de ces choses.




CHAPITRE IV

Du jugement des Nez.

Il y a un prouerbe du nez de la Licorne, contre ceux qui se mocquent des autres. Et certainement ceux qui ont le nez crochu en bas, se mocquent communément des autres. Combien que la nation des Perses estime grandement entr'eux celuy qui a le nez crochu et long, ainsi comme l'avoit leur Roy Xerxes, tant estimé, comme le témoignent les histoires de Xenophon et de Plutarque: et iusqu'à present iceux Persans ne donnent à aucun la Royauté, sinon à celuy qui a beau nez, comme de cette forme ledit Roy Xerxes (comme l'on dit) fut fort adventureux, mocqueur et courageux. A cette cause, on dit que tous ceux qui ont le nez long et crochu, sont mocqueurs, de grand courage, affronteurs, traistres, rauisseurs, et auaricieux. Cecy est dit de ceux qui one le nez recourbé, ou mussé, comme les aigles et les esperviers. Ceux qui ont le nez courbé, et au dessus ont vne petite levre, s'abaissant vn peu, sont declarez d'autre complexion. Car ils sont liberaux, courageux, eloquens, magnanimes, et orgueilleux; sinon quand leur hautesse du nez est augisée et pointuü: car d'autant plus qu'elle est pointüe, d'autant plus est l'homme facile à se courroucer, severe rigoureux, et ne voulant point entendre à la raison.

Et certes, il y a so grande diuersité de visages, que l'on n'en peut bonnement faire

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aucune difference ny diuision, sinon par les nez, toutesfois la plus grande difference est en la longueur, épaisser, et curité. Nous auons déja parlé des courbes. Quand les nez sont fort longs, larges et sortans és costez, ils denotent la pureté ou innocence de l'entendement et courage: mais à peine se peuvent abstenir de friandise, et seront tousiours desirans plaisir. L'épaisseur et la largeur du nez, denote l'homme de lourd esprit, niais, hors du sens, mocqueur, trompeur, conuoitant s'amuser immoderément. Le nez qui est large au milieu et vn peu enfoncé, mais éleué en la sommité, prognostique l'homme mensonger, fier et arrogant, cruel, grand parleur, effronté, qui ne se peut tenir de pousser l'vn et de frapper l'autre. Le nez long et par tout rond, denote l'homme ravisseur, et par quelque fatale disposition et celeste destinée prompt à mal. Il y a aussi difference en la couleur. Car si le nez est de couleur plombée, ou rouge, ou entrelacée de veines rouges, ou petits poincts, c'est signe d'vn bon beuveur et yvrogne, et qui a tousiours soif, ayant le foye chaud, dédié à luxure, et malade de la morphée. Et en passant, nous notons cela des ieunes garçons corrompus, et aussi des ieunes filles corrompuës en leurs corps, si quelqu'vn le desire sçauoir: car cela est principalement conneu par le nez. Si le cartilage qui est au bout du nez, se permet trencher, et peut estre fendu auec le bout du doigt, c'est signe que l'enfant est plaisant, et la fille aussi. Il y a plusieurs autres signes, lesquels ie laisse pour le present, car ils ne seruiroient de rien en ce cas icy.




CHAPITRE V

De la Physionomie de la bouche, et de ce qu'on doit deviner en la regardant.

Nous exposerons sous vne mesme description la Physionomie de la Bouche et des Levres. Or la Bouche est ou grande ou ouverte, ou estroite. Celle qui est ouuerte, comme ont communément les Franconiens laffrus, signifie l'homme estre audacieux, temeraire, impudique, menteur, affronteur, superflu, et excessif en toutes choses, bruyant et raillard, et certes ie ne fus iamais nullement deceu en ce signe. Mais au contraire la bouche estroite, denote l'homme secret et posé, sobre, chaste, craintif, et liberal. Quant à la puanteur de la bouche et l'haleine, aussi des dents, nous

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la laissons aux Medecins, parce que cela est par eux tres amplement et diligemment declaré. On a trouué par experience cecy estre vray, que ceux qui ont les levres menües ou petites et déliées, sont eloquens et parlent beaucoup, jaseurs, bien prevoyans les choses à venir, prudens et ayans bon esprit et entendement. Ceux qui ont les levres tres-grandes, et auxquels pend celle d'embas, en sorte que les dents apparoissent, sont lourdauts estourdis, gros sots, ausquels on ne peut rien apprendre, meschans, sales, excessifs en toutes choses, inconstans et mauuais.




CHAPITRE VI

De la Physionomie de la Langue et des Dents.

La langue est vn petit membre, mais jactant et éventant grandes choses: et estant mal incurable, pleine de venin mortel: et d'autant plus pestilentieux, qu'il ne peut estre assez connu par la Physionomie, ny d'ailleurs. En quelque sorte et maniere qu'on y prenne garde, on la trouvera bien peu constante, et semblable à elle, sinon en tout ce qui appartient à begayer, et à l'éloquence. Pareillement la grosse langue fait begayer l'homme: aussi fait celle qui est démesurée et tres-longue. Au contraire ceux qui ont la langue menüe, pointüe et polie, comme celle des viperes et serpens, sont eloquens, fins, rusez, et prudens, combien que les Astrologues disent icy, n'aduenir le begayement ou blessoyement, par le vice ou imperfection de la langue, mais de Mercure tourné et retrogradé. De laquelle chose nous parlerons en autre lieu. La raison est semblable des dents. Si elles sont espoisses et en forme de chien, elles denotent par cette forme longue vie. Certes ie ne voy point la raison, pourquoy on se doiue plus icy arrester. Car nous voyons des vieillards estans desja fur le bord de leur fosse, qui iamais n'eurent aucun mal aux dents. Et au contraire, les dents fiétries, fanées et pourries, tremblantes, moisies, et

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menües, signifient briefueté de vie, abondance de chaleur, et humeur nuisible; et de cette maniere sont quasi celles des coleriques: autrement, quant au courage, ne sont veües changer aucune chose, qui ayt esté obseruée ou apperceuë. Quand las dents sont délochées hors de leur lieu ou ordre, elles denotent vn homme de nulle valeur, bavard, qui ne fait que caqueter, arrogant et fier, pompeux, leger, et inconstant.




CHAPITRE VII

Du Menton.

Les Philosophes sont d'accord, quant au Menton: Car tout ainsi que le nez recourbé, ou moussé, ou aigu, signifie tousiours courroux, audace, et tyrannie, aussi fait le menton aig. Ie ne me peux tenir de dire à tous, que l'on doit se donner de garde de frequenter ceux qui sont mutilez et imparfaits en quelques membres. Ie dis de ceux qui sont privez d'aucuns membres, non par art, ou par malefice, mais par nature. Et combien que cela soit veu par auenture trop curieux, ou superstitieux, toutesfois on a trouué, et ont noté les Sages, desquels nous auons recueilly ces choses, c'est à sçauoir Galien, Hyppocrates, et les autres aussi, ausquels fortune a esté grandement contraire et mal propice. Exemple de mon dire; ceux qui one les yeux mutilez ou imparfaits, le nez, la bouche, les pieds, les mains, et clochent ou boitent de l'vn des pieds, ou lesquels nous connoissons estre Saturniens. Chose superstitieuse, dis-je, sera veüe ce que ie dis, mais ie dis la verité; et la dis hardiment et audacieusement. Les Saturniens et Iouiaux ne s'accordent point, ny les Martialistes aussi avec les autres. Consideré ce que ie dis aux assemblées et monopoles des hommes; Ie ne sçay quelle chose là se trouue entreuenir: combien qu'ainsi soit, que ce n'est autre chose que la repugnance des Planettes, et infortune des aspects. Saturne est froid, et sec. Iupiter chaud et humide. Mais toutesfois peut-on maintenant faire que le froid et le chaud ne se discordent? Derechef Saturne rend les hommes paresseux, chiches, lourdauts, solitaires, mauuais, et indomptables: Iupiter les rend humains, faciles à tourner,

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dociles et benins. Cela doncques qui est ez qualitez des Planettes, inflüe et est donné aux choses et entendement, selon la qualité d'icelles Planettes. Qui donc est celuy qui accordera leurs volontez? ou qui se pourra de cecy desempetrer? Mais celuy qui a déja appris cela par Astrologie, connoist bien ce que c'est qu'on doit attribuer à vn chacun, et comme il doit estre conduit, et pourra bien remettre et rejetter quelque chose de ses effects. Comme Venus qui par sa nature ne s'accorde point avec Mars, neantmoins par sa douceur, elle appaise la cruauté d'autruy. Quant à ceux qui sont signez ou marquez naturellement, ce prouerbe commun est par tout celebé, lequel on attribüe à Aristote, disant: Il se faut bien garder de ceux que nature a signez. Touchant les Saturniens, le tres elegant et tres-docte Marsilius Ficinus en a parlé en son troisiéme liure, où il dit le moyen d'adquerir la vie des cieux et ces Planettes: Et sont telles ses paroles. Les Saturniens sont ords et sales, ignorans, enuieux, tristes, et abandonnez aux ords et sales esprits, desquels fuis la compagnie de bien loin.

Car le poison de Saturne se cache ailleurs endormy, comme le souphre estant loin de flamme, mais és corps vitaux souvent brûle, et comme ce souphre allumé ne brûle pas seulement, mais aussi de sa nuisante vapeur remplit toutes choses autour de luy, et infexte tous ceux qui en approchent; ainsi les Iouiaux sont mal-heureux, s'ils sont prés de quel qu'vn qui soit en telle sorte noté de nature. Iusques icy sont les paroles de Marsilius. Le bruit commun est, qu'Appollonius Thianeus trouua en Ephese un vieillard Saturnien, qui par sa seule presence auoit infecté de peste toute la ville. Veu donc que ces choses sont declarées assez amplement par cet homme tres-sage, nous laissons les autres au diligent et soigneux lecteur, et nous contentons seulement d'auoir nommé l'Autheur.




CHAPITRE VIII

Des cheueux et autres accidens.

Nous descrirons proprement la Physionomie des cheveux, si nous declarons premierement leur nature. Les cheveux ne sont autre chose, sinon vne vapeur chaude et seiche, espaisse, serrée et seichée par l'air qui est autour, et à l'environ.

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Par laquelle definition, est donnée euidente connoissance, que les Saturniens et les vieillards sont debiles et foibles, à cause du perpetuel froid des forces et des vertus. Aussi les coleriques sont velus, et cheuelus, à cause de leur chaleur et humeur aduste; si ce n'est en ceux ausquels abonde trop grande chaleur. Quelques cheveux sont crespes et retors, ce que les Medecins attribuent aux pores du corps: lesquels rompus et ouuerts, disposent la cheuelure en tel ordre: Incontinent apres ce, asseions iugement. La cheuelure pleine et bien vnie, mollette, doüilldette, prime et menüe, denote l'homme effeminé, delicat, craintif, lasche et paisible. La perruque roide, aspre, et grosse, denote l'homme avantureux, robuste, trompeur et bien-heureux. Ceux qui ont le front cheuelu, et les temples couuertes de poil rude et picquant, sont excessifs et dissolus en toutes choses, menteurs, arrogans et presomptueux. Si les cheueux crespes sont durs, cela denote tousiours lascheté et coüardise d'entendement. Ceux qui les ont crespes és angets des temples, à la manière d'vn cornet, et crestez en forme de heaume, sont adonnez à quelque grand vice, plus qu'aucun des autres hommes; à l'égard de ceux qui ont le poil rousseau, s'il en faut iuger comme des precedens, ce que l'on sçait communément, il faut aussi auoüer qu'ils ont quelquesfois des qualitez fort considerables. La perruque qui noircit d'vne noirceur blanchastre, est la meilleure. Et faut dire de ceux qui l'ont de cette sorte, qu'ils sont prudens, réueurs, fideles, loyaux et bons: semblablement aussi la blanche cheuelure, la jaune, et la blanchastre denotent mesme chose. Nous adjousterons aussi en passant ce que nous auons obserué de l'opinion des Medecins. Ceux qui en jeunesse incontinent ont les cheueux blancs, sont gaillards, inconstans, et ne se peuuent empescher de hanter les femmes. D'abondant Alexandre Aphrodiseus a dit, que cette humeur qui aux masles se conuertit en cheueux, se change et müe aux femmes en sang menstrual, ou en laict, quand elles ont conceu. D'où vient que celles ausquelles la barbe croist, sont appellées viragines, ou homasses, et il est certain que telles femmes appetent grandement le plaisir.




CHAPITRE IX

De la Physionomie de la face.

Te semble-il point chose merueilleuse, que de tant de faces d'hommes et de femmes, à peine deux se ressemblent? L'on n'en peut donner certaine connoissance en ce traitté: Mais qui pourroit s'enquerir du courage et de la fantaisie de tous? Toutesfois si aucun est fort envieux, il a pour ce faire sa couleur et sa proportion; car tout ainsi que la derniere des couleurs ou les temperamens demonstrent les choses qu'elles signifient par les peintres, semblablement la couleur au visage de l'homme, denote bonté ou malice. La couleur rouge est tousiours à craindre: demonstant aussi (selon le prouerbe) chaude complexion. La couleur méchante, violette, ou plombée, outre ce qu'elle denote colere noire, et inclination Saturnienne, signifie aussi autres mauuaises affections du courage, comme enuie, courroux, ire, rancunes, machinations et espies. La couleur blanche, feminine, molle et froide, denote l'homme froid et mol, ou effeminé, sinon quand il y a quelque rougeur meslée parmy la blancheur, comme l'on peut voir au visage de sanguins. Cette couleur vermeille entre toutes les autres, n'est seulement à loüer, mais aussi fait occuper l'homme aux choses

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honnestes, et le rend propre et suffisant à tout. Quand à la proportion de la face, remarque bien cecy. Toute face est ou longue, et y apparoissent des deux costez les os des maschoires sortans dehors, ce qui demonstre l'homme estre orgueilleux, aventureux, faisant tort à autruy, rioteux et trompeur: On elle est moyenne, non pas fort maigre ny trop grasse, et signifie l'homme convenable et propre à toutes choses.

La face charnuü, le denote estre paresseux, flegmatique, lent et tardif, lourdaut, craintif, gaillard, inconstant, et presomptueux, et d'autant plus qu'il sera gras, de tant plus sera-il indomptable, et aura l'esprit lourd et hebeté. La face maigre moyennement, denote l'homme ingenieux, studieux et prudent. Mais les enflures qui surviennent aux maschoires par accident, sans chair, demonstrent autre chose; c'est à sçauoir epilepsie, et le mal Royal. La face qui est pasle, n'est iamais de bon augere.

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La jaune, qui toutesfois n'est pas jaune par nature, denote la maladie que l'on appelle la jaunisse, ou bien opilation de la ratelle, ou inondation du fiel, et colere. Les Medecins disent que ceux-là ne ne viuent point plus de soixante ans. Nous laissons les autres choses, parce qu'elles sont communes.




CHAPITRE X

De la Physionomie des aureilles.

QVOY que les Aureilles ne viennent pas bien au regard, toutesfois elles sont ouvertes, larges, longues à la forme de celles d'vn asne, et sont plus mesurées et considerées selon la nature des bestes que des hommes. Ceux qui ont les aureilles comme vn asne, sont paresseux et lasches, et tiennent de la complexion des asnes. Ceux qui les ont troussées et petites, comme celle des singes, sont inconstans et trompeurs.




CHAPITRE XI

De la Physionomie de la teste.

Si tu prens la bouche, et le menton, les levres, les cheveux, le front, les yeux, les temples, les joües, toutes ces choses ensemble font la teste tres-grande, ou bien petite. Celle qui est aiguü en haut, denote l'homme inconstant, lourdaut, estourdy, à qui on ne peut rien apprendre, hebeté et envieux. La teste moyennement ronde demonstre l'homme sage, qui a bon esprit et entendement, fin, et ayant bonne memoire. La teste petite, et le gosier non point trop long, signifie l'homme auoir bonsens, estre sage, et sçauant. La petite teste et le col long, denote l'homme malheureux, foible et fol.




CHAPITRE XII

De la couleur de toute la Teste et du Corps.

Ce que nous avons dit des membres. doit estre dit du corps, comme nous le croyons. Si en tastant ce petit corps nous le considerons diligemment, nous connoistrons facilement sa qualité et sa complexion.

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La peau delicate, gresse et déliée, bien nette et bien polie, et qui est de chair molle, signifie que le sang domine: mesmement s'il y a quelque peu de rougeur aux joües. La peau blanche, molle et charnüe, denote les flegmes. La peau brune ou rougeastre, pasle, ou aucunement pasle et blesme, signifie melancolie, ou colere aduste. Si elle est ridée, nerveuse, pleine de duretez et espaisse; elle denote aussi la colere. Semblablement si elle est blanche, déliée et maigre, cela signifie flegme, foiblesse, debilité, et choses semblables.




CHAPITRE XIII

Des Bras.

Il ne nous faut pas beaucoup soucier des bras, car je ne croy point qu'il y ait personne de si lourd esprit et entendement, qui ne juge incontinent les bras estre forts et puissans, quand ils sont nerueux, ou charnus, veu mesmement que les forces du corps viennent de ces parties: excepté quand la peau est fort charnüe, et qu'il n'y a point ou bien peu de nerfs. De cette sorte sont, les flegmatique et les sanguins, enclins à toute paresse. Les bras merueilleusement longs, denotent outrecuidance, magnanimité, petitesse et basse condition, dont on est issu, et cela auec briefue et courte vie. Ceux qui sont courbez au regard de leur stature, et corps, denotent gens mesconnoissans, eshontez, avaricieux, mesdisans, envieux, et orgueilleux, et peu differens de ceux qui ont les bras velus et pleins de poils, lesquels sont aussi effrontez, battans, l'vn ou poussans l'autre, gaillards, fins et cauteleux, malicieux, inconstans, variables, et ayans beaucoup de paroles.




CHAPITRE XIV

De la Poictrine et des Costes.

CEUX qui ont escrit de la nature des bestes, discernent et jugent que non seulement la force du Lion, mais aussi l'audace, vient de la poctrine et de l'estomach. Et par cette conjecture nous disons que celuy qui a l'estomach sortant hors et apparoissant, est fort et hardy, gaillard, effronté, demandeur, injurieux et vilain en paroles, orgueilleux, noiseux et chiche. L'homme qui a l'estomach velu et couuert de poil rude et picquant, est de complexion colerique. L'estomach qui est chauue, denote froide complexion et flegmatique. A cette cause, ceux qui ont la poictrine bossuë et éleuée inégalement d'vn des costez, sont dits et conneus trompeurs, espieurs, prompts, et enclins à choses mauuaises, belliqueux, menteurs, et dissimulateurs. Pareillement, ceux ausquels l'estomach rougit iusques au gosier, sont remplis de courroux et d'ire, noiseux, présomptueux, orgueilleux, variables et craintifs, toutesfois on dit que l'estomach qui est poly, vn peu charnu, et n'a aucuns poils, est tres-bon signe d'vn homme discret, sage et prudent, et de biens naturels. Or afin que nous ne laissions aucune chose qui soit vtile en l'art de Medecine, il est tres-necessaire de sçauoir cecy. Ceux qui ont le œur plus petit, sont plus courageux que ceux qui l'ont grand, car les esprits vitaux poussans et mouuans, sont plus conjoints en vn petit mdembre, qu'en vn tres-grand, parce que quand ils y sont, ils s'écartent facilement çà et là.




CHAPITRE XV

De la Physionomie de la Main.

POURCE que nous auons abondamment escrit de la Physionomie de la main en nostre liure de la Chiromance, nous y renvoyons le Lecteur.




CHAPITRE XVI

Du Ventre, du Dos et des Entrailles.

IL n'y a pas grande difficulté à iuger en voyant le ventre, le dos, ou les entrailles, quel est chaque homme: car ces membres ne sont pas le plus petit du corps. Or donc sçachons quelles choses ce sont. Le ventre pelu iusques aux épaules, et plein de poil rude, denote principalement vn homme injurieux, avantureux, courageux, entendu, prudent et sage, studieux, cauteleux et fin, autrement bien tard fortuné et heureux. Le ventre maigre et mince, signifie complexion chaude et colerique, et quelquefois melancolique.

L'on a dés fort lon-gtemps observé, que ceux qui ont le ventre gros et gras, ont le plus souuent l'esprit et l'entendement lourd. Le dos qui est le plus à loüer, est celuy qui est fort et large, ce qui est signe d'vn homme puissant. Quelques-vns sont d'opinion qu'il se faut garder de frequenter les bossus et les courbez, pource que sur tous les autres, ils sont entachez de quelque notable crime, principalement de detraction et d'enuie. Les cuisses grasses charnuës, denotent le semblable que le gras et le mol de la jambe, ou est la ratte, quand il est gras, c'est à sçauoir, hardy et fort. Parcille raison est de ceux qui sont depuis le genoüil iusques en bas, nerueux, maigres, déliez, et menus: ce qui denote foiblesse et debilité, comme l'on voit euidemment. On estime grand indice de debile et petite puissance, quand les pieds sont sans poil; et au contraire, s'ils sont velus et pleins de poil rude, c'est signe de grande propension aux plaisirs, goinfrerie, et d'outre-cuidance. Ceux qui ont les pieds durs, ont l'entendement lourd et hebeté, mais ceux qui les ont mols et legers, ont l'esprit mol et leger. A l'esgard des femmes, cela a esté obserué, que celles qui ont longs pieds, sont les plus convenables à donner lignée, car on dit que cette appréciation est principalement jugé et connu par les pieds. Et certes l'on dit aussi que le pied potelé est le signe de beauté de la femme: ce qui est affirmé par le grand Albert, au liure des Secrets des femmes, et cela n'est trop mal dit. Certainement i'ay lu en d'autres livres faits par des Medecins, que les pieds de belle forme étaient indice de bonne nature.




CHAPITRE XVII

De la Stature de tout l'Homme.

NOUS pouuons iuger par la stature, du corps de l'homme, car nous lisons dans les histoires, comme Maximinus fut jugé estre lourdaut, à cause qu'il auoit le corps de grande et merueilleuse hauteur. Et de là vient aussi ce prouerbe, La Limace d'Egypte, et la Chausse de Maximian. Mais quel besoin y a-t'il d'alleguer quelque chose de cecy? Quoy qu'il en soit, nous voyons communément tous ceux qui sont ainsi prodigieusement grands, estre bien peu, ou point du tout sages et entendus: Et ce principalement quand ils ont le corps long et maigre, et ont le col long et estendu comme la Cigogne. Nous en auons veu quelques-vns de cette façon au Palais de Frederic troisiéme et Charles, Empereurs, estans di longs et si maigres, que c'estoit merueille, et aussi ils estoient tellement niais et hors du sens, que c'estoit chose admirable. Et ne different en grande chose à ceux qui cheminent courbez. A cette cause est confirmé le dire ancien: l'ay veu peu souuent l'homme grand estre sage, et le petit humble. Le corps de moyenne stature, conuenablement gras, bien fourny des autres qualitez, denote l'homme estre de bon entendement, et esprit sage, diligent et appareillé à toutes choses.




EPILOGUE
ET RECAPITULATION
ET TOUT L'ART DE
P
HYSIONOMIE.




NOVS auons dit les choses cy-dessus escrites, afin que nous ramenions tout en sommaire et abregé, combien que ce que nous auons escrit soit suffisant et satisface. Si donc à parler briefvement, tous les membres du corps sont mesurez depuis la teste iusques aux pieds, s'il faut parler de chacun, il faut premierement dire des yeux. Ceux qui ont les yeux humides, lui-sans, ioyeux, et dardans, sont ordinairement ioyeux et plaisans: Mais ces choses peuuent être veuës plus clairement, si nous mettons au deuant de costé, tout ainsi qu'en vne table, ce que signifie chaque membre, et avions intention de le faire, aussi nous auons fait telle situation.

Les yeux humides, luisans, et joyeux, denotent bonnes mœurs, et vie honorable: ceux qui sont tortus, enfoncez, rougeastres, et tres-grands, denotent gourmandise, gloutonnie, et autre. Les petits et enfoncez signifient auarice: Les entr'ouuerts, ou ayans vn peu de blanc meslé auec du verd, denotent les espieurs, et guetteurs; les bas et fichez demonstrent vn trompeur; le mobiles, denotent vn homme qu'on doit craindre, noiseux, enuieux et ventard; les yeux larges denotent les paresseux et tardifs; les tremblans signifient vn coüard et lasche.

Ceux qui reluisent par fois, denotent les ivrognes; les petits signifient les impudens ou eshontez; les branslans denotent les meschans; les variables et petits demonstrent les flateurs et trompeurs.

Les yeux qui se tournent devers le nez denotent les gaillards.

Les larges qui degoutent, et ont le regard mobile et inconstant, signifient les enragez.

Les secs denotent finesse; les tremblans signifient les impudens.

Les noirs et clairs denotent l'homme iuste et raisonnable, iugenieux, gaillard et genil; les verds à l'enuiron, denotent l'homme trompeur, meschant et larron.

Les yeux humides signifient la grandeur de la pensée, entiere parole, et juste conseil; les grands qui branslent et dardent, denotent ceux qui sont hors de leur bon sens, inconstans et gourmands: Ceux qui vont en tournant, cavez, creux et secs, denotent les trompeurs et traistres; les hauts, les gros, les clairs, nets et humides, signifient l'homme estre cauteleux et fin, studieux et langoureux. Les yeux qui coulent et pleurent, ou larmoyent, non par maladie, denotent folie: Ceux qui ne voyent gueres et sont secs, denotent les déloyaux. Les yeux penetrans, larges, humides et claires, signifient l'homme de bon esprit, haut, éleué, impetueux, courageux, glorieux, et vanteur. Les yeux noirs et resplendissans, denotent l'homme craintif et meschant. Les yeux qui sont enflez tout autour, signifient vn cruel, gourmand et qui n'a chose en soy qu'on puisse aymer. Les yeux petits et creux denotent vn conuoiteux et espieur. Les yeux rians demonstrent l'homme raisonnable, iuste, enclin à rire, humain, et rendant recompense et deuoir à ceux qui luy font plaisir. Les yeux humides denotent vn homme de bon conseil. Les yeux tristes et humbles ou humides denotent vn homme studieux. Les yeux qui s'en vont auec les sourcils, ou se tournent et retournent quant et quant la peau qui les couure, denotent les gens amoureux et amiables. Ceux qui clignent les veux, feignans ne rien voir, et voyent bien, sont espieurs et larrons. Les yeux chassieux signifient l'homme addonné à friandise. Ceux qui ont les sourcils fort estendus, sont effeminez. Ceux qui joüent souuent de leurs sourcils, et peu couurans l'œil, tant dessus que dessous sont larrons.

Le front estroit denote folie: le long, vn qui apprend aisément: éleué, enflé, et rond, denote vn fin et cauteleux, ne voulant entendre la raison. Le ridé, qui a plusieurs ennuis et fâcheries. Le rond, est signe d'vn enuieux et trompeur. Le large, demonstre l'homme libéral.

Les sourcils fort, pelus, denotent vn homme begue, et s'ils sont estendus iusques aux temples, c'est signe d'vn homme ord et sale.

La face pleine et bien vnie, denote vn plaideur ordinaire et noiseux, qui fait tort à autruy.

La fort maigre est signe d'vn sage: la charnuë, demonstre vn qui apprend facilement: la face triste denote vn fol.

Les aureilles larges et ouuertes, denotent l'homme insensé, les grandes et ouuertes outre mesure, signifient vie imprudente et mal aduisée. Les petites vn fol: les quarrées vn sçauant.

Le nez aigu denote vn homme qui se courrouce facilement; le gras et petit, est signe d'vn mal complexionné.

Celuy qui tourne vers la bouche, signifie l'homme honneste, puissant, docile, et qui apprend aisément; le grand denote bonté; le petit tromperie; le camus friandise.

Les narines fermes et dures, denotent force; les rondes crainte; les larges et estendües çà et là, joyeuseté; les estroites et rondes signifient l'homme fol.

La bouche large, denote vn vaillant en guerre et hardy; celle qui est grande et ouuerte, et a la levre supérieure fort apparente et passante outre celle de dessous, signifie vn goulu, meschant, grand parleur, sot et indiscret, messeant et cruel.

Les levres petites, tendres et subtiles, denotent vn homme eloquent.

Les menües, et la bouche petite, vn effeminé; les charnüs vn fol.

Ceux ausquels les dents (comme celles des chiens) font éleuer les levres, sont outrageux en paroles et infideles.

Les épaules pendantes sur la poistrine, signifient vn voleur.

Le ventre grand, denote vn homme indiscret, niais, glorieux et vaniteux.

Le ventre estroit, auec la poictrine plantureuse, denote l'homme entendu, et qui donne bon conseil.

Le dos large, denote noblesse et vaillance; la mediocreté du dos, et de la poictrine, signifie un homme loüable.

Le dos bossu et voûté, est signe d'vn chiche et auaricieux.

Les bras trop longs, dénotent audace, bonté et force.

Les courts, signifient vn semeur de dissentions, et gaillard.

Les mains courtes, denotent l'homme grandement gras et robuste? Si elles sont grasses, et aussi les doigts, c'est signe d'vn larron; les petites denotent vn homme fin et cauteleux.

Les pieds charnus, denotent folie; les petits et legers, signifient dureté et rudesse.

Le gauion aspre ou la gargote, denote vn baueur, vain et inutile.

Le col long et gresle ou délié, denote l'homme craintif, et mal complexionné.

Le gros et long, vn furieux, craintif, et opiniastre.

Le moyen, vn docile, robuste et vertueux.

Le gras, signifie gens ignorans, barbares, rustaux, et mal-aisez à contenter.

Le col rude et aspre, denote l'homme injurieux: le court vn sot et indiscret.

Le courbé, vn nonchalant et auaricieux.

Le col penchant à destre, denote vn homme attrempé et modéré: Et s'il pend du costé gauche, c'est signe d'vn hanteur de tavernes, buveur, et fol.

Le grand estomach denote vn homme honorable.

Le large et plantureux, signifie grand cœur et courage, audace et bonté.

Le petit, vn craintif, le charnu vn inhumain et cruel.

Les jambes menuës denotent ignorance, les grosses audace, et force, les larges, la magnanimité, les nerueuses, fermeté.

LE CIEL.

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Les courtes et grasses, cruauté: les bossuës et creuses en bas, signifient les hommes mauuais: les molles et enfllées, arrestez.

Le gras et mol de la jambe, s'il est gros et court, denote le talon rude, et les cuisses grasses, demonstrent rage à venir.

Voylà des briefues instructions en la science de Physionomie, par le moyen desquelles vn chacun peut iuger de l'esprit et de l'entendement des hommes: Et certes ie nne doute point qu'Aristote, le Medecins, Valla, et plusieurs autres, n'ayent escrit le semblable. La quelle chose ne diminuë aucunement nostre entreprise et honneur. Nous auons fait ce que nous auons peu, et ce par leur moyen et ayde. Que si par aduenture quelqu'vn nous veut blasmer, qu'il soit aduerty, que nous n'auons pas escrit des Commentaires, mais vn Abregé et petit Traitté: Et ainsi soit la fin.




DE LA CHIROMANCIE.


CHAPITRE PREMIER.

LES Grecs appellent Chiromance divination, qui est faite et cueillie par l'aspect et le regard de la main, et si long-temps a esté en usage enuers les Anciens, que ce mot, Chiromance, qui est tres-ancien, le dit et le démonstre. Or à qui veut écrire les obseruations de cet Art, je pense qu'il est necessaire premièrement d'écrire et denoter celles de la main de l'homme, et de declarer ses parties, car par ce moyen seront plus facilement conneuës les sentences de Vaticination, ou pronostiquer par l'inspection de la main, que cela demonstre. La main ouuerte ainsi l'appellerons, est quand elle est estenduë et applanie: et l'interieure place de dedans s'appelle la Palme de la main: au milieu de laquelle ce qui est laissé creux et concaue, sera dit et nommé le Vole de ladite main. Puis sortent de la main cinq doigts, desquels le premier est le plus gros et le plus robuste, et est nommé le Poulce, pource qu'il precelle et est le plus fort que nuls des autres doigts.

Le plus prochain est appellé Index, c'est à dire demonstratif, à cause qu'il demonstre quelque chose quand il est estendu. Le troisième qui suit est nommé Moyen, ou Mytannier: pource qu'il est au milieu entre les cinq.

Après cestuy-cy, le prochain du plus petit est appelé Annulaire, pour autant qu'il est coustumierement ceint et enuironné d'vn anneau d'or, celuy mesme qui est en la main senestre: de laquelle chose les Sages ert lettrez ont mis par écrit la raison, qui est que dans les corps lesquels on decoupe et dont on fait Anathomie, est trouué vn nerf fort tendre et delié, qui s'étend depuis ce doigt iusques au cœur de l'homme.

Parquoy les Anciens ont dit que ce doigt estoit enuironné d'vn anneau d'or, comme d'vne couronne. Ou bien il est dit certainement de la nature de celuy or, par lequel le cœur est viuifié et conforté comme disent les Medecins.

Le plus petit et le dernier de tous, nommé par aucuns le doigt Auriculaire ou Auriculier. Et cecy suffira quant aux doigts de la main. Nous appellons le poing quand la main est close, et comme fermée, estans les doigts resserrez et pliez ensemble, duquel poing la plus haute partie est prés le Poulce, et la plus basse est de l'autre costé, laquelle partie de la main, à cause que nous la remuons en frappant sur le corps d'aucun, ou sur autre chose, est appellée la percussion de la main, selon les Chiromanciens. Et la main au lieu où elle est jointe au bras est dite la jointure de la main, où à raison que là au droit elle est plus restrainte et sort plus en destroit, elle est dite la main restrainte. Tous les doigts ont des enflures, qui se leuent des racines d'iceux doigts, et sont par aucuns appellées Montaignes, attribuées et dediées aux noms des Planettes, auxquelles est adiousté cette chair paroissante et eminente, qui est et appartient à la percussion de la main. Parquoy auient que le lieu de toutes les Planettes est fait à la main de l'homme, d'où viennent les diuinations et prognostications, que plusieurs nomment Propheties. Car l'enflure du poulce appartient à Venus, et est signe de telle note. Et combien qu'aucuns soient d'opinion contraire, toutesfois nous ne laisserons la voye des anciens, lesquels nous auons promis imiter et ensuiure: comme il apparoistra cy apres. L'Indice, Iupiter a tel signe . Le Moyen ou Mytannier, Saturne, est ainsi signé . L'Annulaire, Soleil, est et telle figure . L'Auriculaire, Mercure, est sous cette forme . La tumeur ou enfleure qui est en la Percussion de la main, est occupée de la Lune: et la notons ainsi . Nous dirons peu apres quel lieu a Mars. Mais décriuons premierement les sections ou tranchées de la main; que les anciens appellent incisures: et les nostres les nomment et appellent les lignes. Celles-cy sont les plus principales sçauoir la ligne nommée Restraincte; et qui diuise la main du bras; car en elle est quasi iointe la ligne de la vie, ou du cœur.

Laquelle née sous la tumeur ou enfleure du doigt Indicatif, ou demonstratif, ou aupres comme entre le Poulce et l'Indicatif, trenche la main tendante enuers la Restrainte. En cette mesme region ou costé de la main, c'est à sçauoir, à l'enfleure du doigt Demonstratif, sort vne ligne, qui est estenduë et allongée l'enfleure de la Lune, en trauersant la main, et est appellée la ligne Moyenne et naturelle. Et certes ces deux lignes ainsi sorties et venuës, commencent la forme d'vn Triangle. Laquelle si elle apparoist (car en aucuns n'a point apparence), elle est dite la ligne Tabellaire, ou du foye, ou de l'estomach, car par ces noms cette section ou trencheure est denotée, qui la parfaict: si qu'elle soit comme la base et le fondement du Triangle. Et sort bien pres de la Restraincte, sous la tumeur et enfleure du poulce: et en outre la Moyenne naturelle prouient et decole à la montagne de la Lune. Nous donnons et attribuons à Mars l'espace enclos par ces lignes: et l'appellons le Triangle de Mars luy attribuant ce signe Il y a aussi la ligne Mensale, qui demande le doigt Indice, ou (comme i;ai dit cy deuant) Demonstratif, née sous l'Auriculaire, en cette partie en laquelle la tumeur ou monticule de la Lune sort. Et a eu ce nom telle ligne, à cause qu'entre elle et la moyenne naturelle l'espace laissée, elle ressemble et denote la figure de la table: car totalement est appelé celuy espace, la table de la main, ou bien est dite et nommée quadrangle, pource qu'elle fait vn quarré, ou quatre angles. Et en outre elle est appelée la ligne de fortune. Et sont quasi cestes-cy les meilleures sectionjs ou trenchées de la main: ausquelles les autres plus petites sont recüeillies comme aux principales lignes. Mais nous les descrirons toutes ainsi qu'il peut estre bien fait, et entant qu'il appartient à cet art, nous exposerons de leur signification quelque chose. Et estime qu'il soit bon de parler premierement de ces lignes qui prennent leur nom et domination de trois nobles membres du corps homain, c'est à sçauoir du cœur, du cerueau, et du Foye. Et tout ainsi qu'en ces parties du corps tout ce qui est le plus noble et principal de l'homme est tourné, pareillement de ces trois incisures, et tranchées, ou lignes, on peut dire, ou deuiner de la santé de l'homme et de la mort, et de toute autre chose qui luy peut et doit advenir. Laquelle chose si elle semble à aucun trop friuole et legere, qu'il se souuienne des Anciens Pythagoriciens, lesquels ont conjecturé et assis iugement par les lineamens des corps des hommes, et souuent ont predit et annoncé les mœurs et complexions des hommes, et ce qui estoit à aduenir à aucun. Car il est dit de Socrates, que quand aucun l'eut descrit par sa Phisiognomie, et eut dit qu'il estoit le plus ord et sale de tous les viuans, et totalement perdu par les plus grands défauts: et pour cela fut ledit Physiognome reprouvé et repris par les disciples dudit Socrates, comme s'il eust faussement et mauvaisement menty; lors Socrates répondit et dit: Ces choses me sont naturellement venuës; mais i'ay corrigé les vices de ma nature, par la reigle de raison. Signifiant les imperfections que nous auons de nature pouuoir estre amendées par coustume: et que l'homme peut resister et contrarier en aucune manière, contre la destinée ou Fortune. Aristote Prince des Peripateticiens dit, que la main de l'homme est faite de Nature, comme l'instrument des instruments, et l'organe des organes en l'humain corps. Doncques, veu que son office sert également à toutes les parties du corps humain, et que la vertu de tous les membres, concoure ensemblément en l'humaine création, il est grandement consonant qu'aucuns signes de l'humaine qualité (qu'on appelle complexion) et les indices et demonstrances puissent estre regardées dedans la main de l'homme. Telle est la proportion de tous les membres entr'eux, que toutes choses en chacune d'eux conviennent, et y sont. Pline dit et afferme, qu'au temps de son âge estoit desja l'art de Chiromance en usage.




CHAPITRE II.

De la ligne de Vie.

LA ligne de la vie, qui est appellée la ligne du cœur, commence comme dit est à la montaigne du doigt indicatif, où démonstant par le milieu de la palme, et rend aulieu où nous avons voulu que la main fust appellée Restrainte. Laquelle ligne si elle est longue, droite et luisante d'aucune vive couleur, elle denote et signifie longue vie: et que l'homme n'aura gueres de maladie. Cela afferme Pline, quand il dit: Ceux qui ont les espaules courbées, et en une main deux longues incisures, sont de longue vie. Ce qu'il faut entendre de la ligne de vie, et Moyenne naturelle. Et si la vertu naturelle est imbecille et debile, la ligne de vie apparoistra ariée de diverses couleurs, tendre et prime, et aussi tranchée de petites lignes contraires, et si elle est briéve, elle signifie la brieveté de la vie, et contraire santé de la personne, et peu de force. Et denote aussi, que celuy homme difficilement et à peine parviendra à aucune chose desirée. Et si ladite ligne est plus grosse et espaisse, longue, non divisée et confuse, cela denote toutes choses contraires. De laquelle chose si aucun veut sçavoir de nous la raison, nous respondrons que le sang qui donne force au cœur, et lequel aucuns ont cuidé estre le siege de l'ame, luy administre telle chose.

Car les signes du cœur, du cerveau, et du foye, sont certains en la main de l'homme, pource qu'en eux la plus grande et meilleure partie de la vie de l'homme est comprise, et contenuë. Il n'est pas ainsi des yeux, des oreilles, et de la bouche, des pieds et des mains, combien que ces membres moins nobles, soyent veus avoir esté faits plus pour la beauté du corps, que pour la necessité. Et a cette cause toute main a ces trois lignes, et plusieurs n'ont pas les autres, excepté les rustiques, et laboureurs, ausquels elles sont effacées et abolies. A cette cause il est nécessaire de souvent repeter et reïterer, que ces arts sont conioints entr'eux, afin qu'ils ayent tousiours affaire de leurs aydes, qui sont mutuelles, et vont de l'un à l'autre. Laquelle chose à celle fin, que manifestement la mettions en avant, repertons-la de l'Art d'Astrologie. Et ce suffira, quant à la nature des signes erratiques: c'est à dire des Planetes, ainsi nommées pas les Grecs. Car ce sont celles qui forment et façonnent non seulement les corps des hommes, mais aussi les esprits et entendemens.

Or Saturne fait les gens sages, pourvoyans à leurs affaires, posez, convoiteux, peu parlans, et eux mesmes aggreables. Iupiter les fait plaisans, benins, paisibles, sobres, et parlans bien ornément. Au contraire, Mars les fait cruels, inhumains, et mensongers. Le Soleil les fait piteux, nobles et francs, heureux et eslevez en gloire. Venus les crée tels, qu'ils ne se peuvent défendre de regarder les femmes, injurieux, beaux et resplandissans de bonne grâce. Mercure les fait cauteleux, rusez, sçavans, alaigres, et habiles de corps. La lune les rend subtils ingenieux, et excellens; mais ils sont trop inconstans et paresseux. Cecy est dit generalement de la mobilité et diversité des entendemens.

Or maintenant afin que tu connoisses plus apertement la grande difference qui est entr'eux, et comment ils produisent divers effets, ie mettray cy apres quelque chose de la voix. Saturne donne la voix. tardive, bruyante et mal sonante. Mars la donne bruyante ou criquante. Iupiter la fait sonoreuse, resonante, et douce. Venus la fait molle, effeminée, et delectable. Le semblable font le Soleil et Mercure.

Les signes ont leurs voix aussi: car ceux qui resident un son clair et resonant, sont la Vierge, Gemini, Libra, et Aquarius: et ceux qui la font moyenne, sont, Taurus, Aries, Leo et Capricornus; et la derniere part du Sagittaire, Cancer, Scorpius et Pisces. Et cela est entant que concerne à la voix seulement.

Il y a aussi quelques signes qui sont expliqués; ce sont ceux-cy, Cancer, Scorpius, et Pisces. Et les autres comme Gemini, Lei, et Capricornus. Et en telle maniere, tout ce qui appartient aux faits et actes humains, peut estre accommodé ou comparé aux Signes qui sont leurs promoteurs. Or donc d'autant qu'on ne le peut nier plus grievement, ceux qui se mocquent de l'Astrologie, disent qu'elle n'est pas une chose divine, mais pleine de mensonges, et de nulle importance. Lesquels nous descrirons et peindrons de leurs couleurs en leurs propres lieux, et cependant retournons à nostre propos.




CHAPITRE III.

De la ligne moyenne naturelle.

LA ligne moyenne naturelle est appellée celle qui commence à la racine de la ligne de vie, passant par le milieu de la palme vers la montagne de la Lune, ou bien vers la percussion de la main. Si telle ligne est droite, non point separée, ne trenchée de petites lignes tournées au contraire, cela sinifie tres-bonne santé, sain cerveau, esprit et entendement vif, avec bonne memoire. Et si elle est longue et estenduë iusques à l'enflure de la Lune, elle denote le courage vaillant et hardy, et longue vie. Et si elle est courte, tellement qu'elle ne sorte point hors le concave de la main, ou le creux, elle demonstre l'homme estre craintif et timide, chiche, avaricieux, imprudent, et plein de déloyauté. Et si ladite ligne n'est point estenduë iusques à la montagne de la Lune, ou si elle est finie du costé de son espace, qui est entre le doigt du milieu et de l'annulaire, elle signifie que l'homme est de mœurs corrompuës, et de courte et brieve vie. Et si en la forme d'un demy cercle, ladite ligne divague de l'autre costé de la montagne de la Lune, et est courbé à cette enflure ou timidité, d'autant qu'elle sortira plus longue, d'autant plus elle promet longue vie, mais on sera pauvre en vieillesse. Davantage, si cette mesme ligne se dresse en haut, et aux doigts, en la partie qu'elle finit et deffaut, elle demonstre l'homme estre eshonté, impudent et malicieux. Et si elle monte fort aux doigts, elle le demonstre fol. Et au contraire, si elle tend contre bas, et quasi allant à la restrainte de la main, cela denote l'homme convoiteux et meschant. Et si elle est recourbée de l'autre costé, et qu'elle touche la ligne Mensale, cela demonstre quelque dommage et mauvaise adventure. Et si elle est tortuë, et non point unie, mais inégale et de diverse couleur, c'est signe de peu de courage, et quelquefois de larcin. Quand elle est droicte, égale, et de belle et luisante couleur, et qu'il y a quelques lignes qui sortent d'elle, c'est signe de bonne conscience et de iustice. Mais quand la moyenne naturelle est large et grosse, entemeslée de quelque rougeur, elle denote grossiereté d'entendement, et peu de prudence; et quand elle n'est ny trop estroite ny trop large, et bien colorée, c'est signe d'un homme ioyeux et bien fort. Si elle est menüe, déliée, pasle ou blesme, elle denote la foiblesse et debilité du cerveau, et les vapeurs montant de l'estomach à la teste. Et si cette ligne apparoist grosse et trop haute, et qu'il y ait auprés d'elle quelques petites lignes, avec couleur rouge, l'homme sera courroucé et plein de rage.

Cette figure de la main devant peinte, avec la ligne moyenne naturelle, comme elle est dite, commençant à racine de la ligne de vie, et passant droitement par le milieu de la main, sans incisions aucunes, signifie la bonne disposition du corps de l'homme, et la santé entiere du cerveau. Et quand elle fera un coin, ou anglet aigu ou pointu, avec la ligne de vie, elle denote la bonne memoire, égalité et vraye bonté de l'entendement. Mais si elle est (comme il est escrit au Canon) inégale, ne sortant point hors le creux et concave de la main, elle demonstre l'homme craintif, avaricieux, chiche, et estre de petite et courte memoire.




CHAPITRE IV.

De la ligne Mensale.

LA ligne Mensale est dite ainsi, pour autant que la Table, que les Latins appellent Mensa, est d'elle constituée et ordonnée. Et en cette maniere nous disons estre appellé l'espace laissé entre la Mensale et la moyenne naturelle, où aussi la ligne quadrangulaire est dite d'iceluy, car avec la ligne moyenne naturelle, elle fait proprement le quadrangle. Si cette ligne Mensale est égale et assez longue, haute et assez droite, elle signifie bonne qualité de nature, le foye estre bon, qui est des membres principaux la force en l'homme; et denote aussi temperance, modestie, et fermeté d'esprit en bonnes œuvres. Et si elle est estenduë par delà la moitié de la montagne qui est sous le doigt demonstratif, en sorte qu'elle touche la montagne de Iupiter, c'est signe d'un esprit vehement, et aussi de cruauté. Et si elle est rouge en la partie d'en haut, elle signifie l'homme estre rapporteur, et envieux de la prosperité et bien d'autruy. Et si elle a les rameaux droits, tendans au lieu du doigt de Iupiter, cela promet beaucoup d'honneur, augmentation et accroissement de grandes richesses; et aussi demonstre le pauvre petit à petit devoir monter et estre en grande dignité, puissance et autorité: Mais si ladite ligne est nüe et sans rameaux, et qu'elle tire vers la racine du doigt demonstratif, elle denote que l'homme deviendra pauvre et malheureux. Davantage, si elle a trois lignes, ou quelques rameaux à la fin, c'est à sçavoir vers la montagne de Iupiter, directement tendant au plus haut anglet, elle denote l'homme heureux, joyeux, liberal, noble, et exellent, plaisant, modeste et posé; comme aussi plein d'honnesteté, se delectant en beaux habillemens et convenables, aymant droict et raison, desirant toute netteté et pureté, et qui se réjouit et delecte en faveurs et diversité des senteurs et bonnes odeurs. En la naissance duquel homme, celuy qui considerera son horoscope, il y trouvera le Taureau, ou Libra, ausquels preside Venus ou le Sagittaire, ou les Poissons, desquels Iupiter est seigneur, ou quelque Planete qui soit là, il connoistra facilement la raison de cette chose.

Et si une petite croix est trouvée en ce mesme lieu, elle signifie l'homme liberal et amateur de la verité, courtois, gracieux et doux en langage, et communement orné de toutes vertus. Que s'il est ieune, il aura la barbe au menton plutost que les autres. Et si ladite ligne sort du costé du most qui est sous le doigt moyen, et n'a aucuns rameaux, elle demonstre l'homme mensonger, plaisant à soy-mesme, inconstant, trompeur, qui n'a nulle honte, et semant noises et discords. Quand cette ligne est conjointe avec la moyenne naturelle, en sorte que les deux font un anglet, l'homme aura diverses perturbations et troubles en l'entendement, et perils du corps, tellement que sa vie luy déplaira quelquesfois.




CHAPITRE V.

Pour la Restrainte.

NOUS avons desja ditque tout cet espace qui apparoist en la joincture de la main, par laquelle il est joint au bras, se nomme Restrainte. Si cet espace est net, ayant bonne et vive couleur, il signifie la bonne qualité du corps; et au contraire, il la denote mauvaise. Or il faut noter que le plus souvent deux lignes apparoissent en cette mesme joincture, qui divisent la main, et la separent du bras. Que si ces deux lignes s'y trouvent, alors celle qui est plus proche de la main, si elle est égale, droite, de bonne couleur, et tende en haut, signifie richesses: et quoy que celuy qui a ce signe soit fort pauvre, si aura il accroissement en biens, et bonheur venant d'aventure, mais ce sera d'autant plus, que les rameaux seront plus droits, et point trenchez. Que si aucune ligne sort de la racine du bras, et soit estenduë iusques à la racine du doigt moyen, elle promet tres-bonne fortune et heureuse adventure. Si quatre lignes sont trouvées en cette jointure, trenchans le bras detravers, et sont égales, et bien conjoinctes, c'est signe d'honneur, et d'avoir des heritages et successions de ses proches. Que si en la racine du bras, prés la montagne du poulce, et pres la ligne de vie (si tant se baisse et devale), sont trouvées trois lignes ou trois estoilles, et mesme plusieurs, c'est signe que celuy qui a ces marques sera accusé par les femmes, et peut-estre en aura quelque des-honneur. Si aucune ligne va de la moyenne Restrainte par la racine du bras vers la montagne de la Lune, c'est signe que l'homme aura beaucoup d'adversitez, et d'inimitiez secrettes. Cette ligne ainsi sortie, si elle est tortuë et mal-unie, est signe de perpetuelle servitude: et denote que l'homme ne parviendra iamais à obtenir honneurs ou richesses. Que si aucunes lignes sont esperduës çà et là loin de la Restrainte et montent à la montagne du Poulce, ou gisent en sa basse partie, c'est signe à celuy qui l'a, qu'il sera griévement tourmenté et effligé de ses prochains, et de ceux lesquels il a les mieux aimez et tenus pour ses feaux et grands amis: et par euxmesmes sera blessé, dépoüillé, et mis aussi en prison: Si aucunes lignes pendant ce naissent du bras, et trenchent la Restrainte, et soient conjointes en la plus haute partie, celuy qui a ce signe mourra banni de son pays. Neantmoins si lesdites lignes ne sont continuellement jointes, mais distantes separément, c'est signe à l'homme lequel a cela, qu'il mourra loin de son pays vers les nations estrangères. Si ces mesmes lignes tendent à la Percussion de la main, elles signifient longues navigations, et chemins de la mer, et la vie totalement incertaine et vagabonde: elle denotent aussi que cet homme sera affligé et tourmenté par diverses navigations et pelerinages. Quand quelque ligne tend directement par la Restrainte, iusques à la montagne du doigt demonstratif, cela demonstre que l'homme ira loin, et à grand'peine retournera en son pays. Davantage, si aucune ligne de la Restrainte tombe en la Vole ou Creux de la main, par la ligne de vie, et qu'elle soit rouge, elle signifie la foiblesse et la debilité du corps, et les maladies. Mais si cette conjonction ou assemblée paslit, elle denote que ces cas ne sont plus, ny ne seront, mais sont desja passez et accomplis sans plus les craindre. Que si aucun Triangle prend son origine de la Restrainte, et tend à la montaigne de la Lune, et que ce signe soit en la main d'une femme, cela denote qu'elle sera de mauvaise tenue en sa ieunesse, et fleur de son âge. Aussi quand en quelque femme cela apparoist, en sorte qu'elle ait pres de la Restrainte une petite croix, ie dis que cette femme sera honneste, bonne, sage, et ornée de toute chasteté. Et voila les signes de bonne qualité au corps de l'homme.




CHAPITRE VI.

Du Triangle de la Main.

LE Triangle en la main est de trois lignes: c'est à sçavoir de celle de vie, de la moyenne naturelle, et du foye ou estomach, et tellement sont disposées qu'elles monstrent la forme et la figure d'un Triangle. L'espace qui est enclos entre ces lignes est divisé en trois parties, qui sont ces trois anglets: Dont le premier est ordonné (comme cy-dessus avons dit) de la ligne de vie, et moyenne naturelle: et est nommé l'anglet suprême, ou le plus haut. Il y en a aussi un autre qui se fait de la ligne de vie, et du soustenement du pied du Triangle, et est dit et nommé Anglet senestre. Or le Triangle des anglets égaux, ayant de belles lignes et de bonne couleur, resplendissantes et droites, signifie bonne qualité du corps, et avoir bonne santé, et pensée asseurée: et de plus, monstre grande renommée et bon bruit qu'on a parmy les gens, et longueur de la vie. Ce Triangle estant au contraire par lignes obscures et inégales, et qui ne rapportent point le Triangle bien clair, est signe qu'il faut totalement iuger au contraire. Si l'espace de ce triangle est large et apparent, il denote le courage liberal, magnifique, et audacieux. Et au contraire, s'il est étroit et court, c'est signe d'avarice, de chicheté, de peur, et crainte. Si ledit espace dedans le Triangle est pasle, tirant à couleur de plomb, il signifie que l'homme se courroucera, et est souvent un trompeur. Que si une partie de ce Triangle est trenchée par rides ou par plis, il denote mauvaise qualité du corps. L'anglet suprême est divisé en trois parties depuis la ligne de vie, iusques à la moyenne naturelle. Premierement en cette palme de la main, quasi au droit de cette vallée qui est entre les deux monts du doigt Indice et du Moyen. Parquoy nous disons, que celuy qui l'a, ordinairement menera pauve vie, endurera calamité et misere, et sera captif, ayant l'entendement en angoisses et plein de sollicitude, et avaricieux, ne desirant que d'amasser argent. Secondement si cet anglet est aigu et bien clos sur le milieu du mont du doigt Indice, il signifie tres-bonne nature estre à l'homme, et bon entendement et subtil, bonne qualité et complexion, bonnes aventures de fortune, innocence de mœurs, et toutes choses plus parfaites, dautant plus que l'anglet sera clos estroitement.

Et si en ce mesme espace appert une croix sans aucune incision, cela signifie bonne chose tant à l'homme qu'à la femme, car ceux qui ont ce signe, mourront en bonne renommée, apres avoir vescu hèureusement: mais si l'anglet droit est fort aigu, cela denote l'homme bien diligent, et prévoyant à ses affaires, et grand menager. Que s'il est gros et obscur, c'est signe de rusticité, d'ignorance, de paresse, et de long dormir. Si l'anglet senestre est aigu, il dénote l'homme grand parleur, et mocqueur: et que neantmoins il est subtil et industrieux, et ainsi le croit: que si le plus haut anglet n'est point aigu, et que l'on trouve quelque signe à la maniere du caractère de Saturne en ce mesme lieu, c'est signe de mauvaise nature, vrayement Saturnienne, comme il appert évidemment au Triangle soubscrit.




CHAPITRE VII.

Du Quadrangle.

CET espace qui est entre la ligne Mensale, et la Moyenne naturelle, est appellé Quadrangle. Si donc les incisions du Quadrangle sont de vive et luysante couleur, elles signifient bonne raison et équité, et bon gouvernement de vie. Qui les aura au contraire, sera injuste, déraisonnable et mauvais, comme j'estime. Cet espace est large et estendu en un homme liberal, de grand cœur et courage. Celuy qui a en ce lieu dedans la main, une croix clairement apparente, sera fortuné, et bien-heureux à accroistre les revenus et les rentes de l'Eglise, et d'autant plus sera cela, si cette figure doublée ou triplée est à la forme de treilles, ou de claires voyes. Si quelques b lignes ou incisures trenchent cette figure à travers, ou bien si cette croix est tortue, cela trouble et divertit l'effect: car lors viennent toutes choses au contraires, selon mon opinion. S'il appert en ce lieu une estoille, ie coniecture l'homme estre courageux, iuste, non feint, vray, et de tresbonne conscience: et qui par contrariété de fortune, estant venu quelquefois à pauvreté et défaut de biens, sera derechef remonté par sa vertu. Nous parlerons maintenant des enflures des doigts, et des mesmes doigts aussi, comme aussi des lieux et des stations des Planetes, et des choses qui pourroient survenir.

Nous avons exposé au precedent chapitre ce que signifient ces caracteres, de la ligne, ou les croix en la Table de la main, et au Quadrangle. L'estoille mise au milieu de la Table de la main, demonstre l'homme estre amateur de tout bien et équité, et pour cette cause sera digne d'honneur et de reverence, et aura maintes dignitez. Il sera notoire à tous, que ceux ausquels les mains tremblent par nature (car à plusieurs advient ce tremblement, peur-estre à aucuns par maladie), sont gens querelleux, meschans et ivrognes.




CHAPITRE VIII

Des Montagnes des doigs, et premierement du mont du Poulce, qui est appelé par les anciens le mont de Vénus.

APRÈS a voir assez parlé des principales lignes de la main, maintenant il nous faut escrire des lignes particulieres des doigts, et de leurs montagnes aussi, et déclarer leurs significations, en y adioustant la nature des sept Planete, et comme il est permis de connoistre entr'eux quelle chose convient, ou au contraire quelle chose nuise en peril et danger. La montagne du Poulce, est cette enflure qui passe en la naissance de la ligne de Vie, descendant à la Restrainte de la main, et est appellèe la montagne de Venus. Laquelle estant douce, sans avoir aucunes rides ou incisions, ou bien peu, et soit de vive ou rouge couleur, signifie bonne qualitè du corps, et demonstre celuy qui a ces signes, estre admirant les femmes, et qu'il ayme les beaux habillemens, et les choses qui sont nettes. Aussi quand ladite sœur de la ligne de Vie est plus longue, sans estre rompüe incontinent, mais suit tout au long la ligne de Vie, cela denote richesses perpetuelles. Quelquesfois il y a en ladite enflure quatre lignes en ègal intervalle, estendües depuis le haut du mont, iusques à la Restrainte, lesquelles promettentrichesses et honneurs, incontinent au premier aage.

Neantmoins ie ne dis pas que l'on doive adjouster foy à cet art, en sorte qu'on croye que par le seul regard de la main, on puisse connoistre ces choses. Mais il est permis de penser par conjecture. A quoy sert beaucoup de regarder l'homme, et de le contempler totalement, afin qu'on voye comme toutes choses conviennent et s'accordent entr'elles, et que par tel ayde il demonstre l'occulte nature de l'homme, et le sort ou la vie à venir.

Et n'est la nature de l'homme plus à considerer en ces choses, qu'en toutes les autres: car cela ne vient pas seulement par le regard de la main, mais aussi de la contemplation de toute la disposition et estat du corps. Parquoy ce que nous avons exposè d'un seul, pourra estre pour exemple de tous. Davantage, ceux qui ont en la montagne du Poulce plusieurs lignes et fentes, sans ordre ny iuste espace, mais çà et là dispersèes diversement, sont meschans, pleins d'amertume, quelquefois noiseux et difficiles à servir. Ils ne se soucienr d'aucune science, ny de sçavoir aucuns bons enseignemens, mais ils sont plus capables des autres choses; outre qu'ils inventent soigneusement toutes choses superfluës et dissoluës. La raison en est, comme il m'est advis: que la Chiromance et l'Astrologie sont si naïves, qu'elles ne peuvent bonnement estre apprises l'une sans l'autre: comme nous dirons plus amplement.




CHAPITRE IX

Du mont du doigt Indice, et de ce doigt, et des Ionalistes.

JUPITER entre toutes les Planetes, est le plus doux et liberal: et a son lieu en la main en l'enflure, ou mont, qui est sous le doigt demonstratif. Doncques si tu le vois

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manifestement uny, dis franchement que cela signifie honnesteté de vie, et bonté de nature. Et d'autant plus, si de ce doigt aucunes petites et quelque peu obscures lignes vont en avant, et principalement quand elles ne sont pas fort disantes l'une de l'autre: alors elles apportent signification d'avoir honneurs et dignitez des Princes. Quelques-uns ont asseuré cecy plus hardiment, qu'il aura autant de dignitez et degrez Ecclesiastiques, qu'il y a de lignes en ce lieu. Si en la main de quelques-uns est trouvée aucune ligne droite et claire, née et sortante de la racine du doigt Index, et se mouvant et traversant de la Moyenne naturelle à l'anglet du mont de ladite naturelle, c'est un signe que ceux qui auront telle marque, seront courageux, appetans bonne renommée, et vaillans combattans. Davantage, quelque petite ligne allant de la Mensale à la montagne de l'Indice, denote la mesmebchose. Et si quelques lignes traverses, entre-couppent cesdites incisions, c'est signe que celuy qui aura cette marque, ara quelque blessure à la teste. Davantage, aucunes croix apparentes en la montagne de Iupiter, signifience augmentation d'honneurs, et accroissement de dignitez, et en tel nombre de degrez, qu'il y aura de lignes, et si il a souvent esté trouvé que tous ceux qui ont tels signes, ont eu plusieurs prestrises, et autres dignitez Ecclesiastiques. Or ceux qui sont marquez en talle maniere, sont appellez Ioviaux, principalement ceux lesquels usent souvent des bonheurs de la fortune. Ils ont le corps petit, mais ils sont de forme tres-agreable, plaisans, de couleur blanche, les cheveux crespus, ayans les yeux beaux, clairs et addonnez à ioye et liesse. Et ils sont de cette nature: Ils sont de grand courage, et orgueilleux, desirans grandes choses, et donnent plus qu'ils n'ont de revenu: ils convoitent de regner ou de commander aux autres: ils sont occupez és choses grandes, et impatiens de choses basses, et de peu d'estime: ils méprisent la mediocrité: ils sont honnestes, nobles, et desireux de gloire, et de bonne renommée: quelquefois ioyeux, addonnez à plaisirs et delectations. Souvent aussi ils sont orgueilleux et enflez du vent de gloire, propres à de grandes affaires, et desirent et convoitent les dignitez, ayans bonne opinion touchant la Foy, studieux d'acquerir amis, simples et allans à la bonne foy, et ayans en horreur et dédain les tromperies: desirans la paix, bons en toutes choses, et addonnez grandement à sapience, toûjours munis de sagesse, de civile prudence, de conseil, et d'eloquence. Leur marché n'est pas trop tardif, ny trop précipité. Et là promettent avoir constance et fermeté d'entendement. Il n'y a point entre les hommes qui soient plus heureux, ny qui iouyssent plutost de leur desir et souhait. Tu ne trouveras gueres un homme Iovial qui n'ait la voix claire, et les deux dents d'enhaut fort apparentes, et sortant bien-tost de l'âge de puberté. Ces choses font dites en general, de ceux qui sont nez sous Iupiter, et desquels il est seigneur, sans aucune autre mauvaise Planette.

Si quelque femme a plusieurs lignes qui aillent de travers et en large, à la derniere iointure du doigt Indice, prés la main, on dit que de grands heritages luy écherront par la mort de ses proches, ou parens. Et si elle a lesdites lignes en l'article du milieu elle sera envieuse, menteuse et trompeuse. Que si par ces mesmes signes elle a la montagne de Iupiter trenchée, cela denote qu'elle se courrouce facilement, et qu'elle est tres-difficile à servir, et nuisible. Cecy a esté desja experimenté, qu'elle aura grand nombre d'enfans, si elle a en l'article du milieu trois lignes claires, descendant, selon la longueur du doigt: desquelles la premiere est courte, et d'un bout plus émoussée ou sans pointe: et par lesquelles de travers et du large ont une autre plus claire incision, et deux plus obscures et moins apparentes, qui ne touchent point cette premiere ligne courte.




CHAPITRE X

Du mont du doigt moyen, qui est de Saturne, et de ce doigt et des hommes Saturniens.

NOUS avons dit cy-devant, que le moyen doigt de la main, est donné à Saturne en cet art: et pour cette cause il est ainsi nommé de luy. Parquoy l'enflure qui est sous luy, est nommée le mont de Saturne. Que s'il est plein et evident, doux et sans rides, ny incisions, il demonstre la simplificité de l'homme, et qu'il sera laborieux, soigneux, et sans tromperie. Et si une ligne vient de la ligne Mensale, et trenche cette montagne de Saturne, elle denote l'homme merveilleusement soucieux, et qui est journellement en inquietude, et se consomme le corps: or combien qu'il fasse ces choses, neantmoins jamais, ou peu souvent il s'enrichist. S'il y a en ce lieu là plusieurs incisions de telle sorte, sela signifie vivre en grande pauvreté et chagrin, la vie fort laborieuse. Quand quelque ligne se courbe depuis la racine du doigt Annulaire, tendant au mont de Saturne, je dis que c'est signe d'un homme qui est paresseux, endormy, coüard: davantage, il est sot et niais, fol, indiscret, et leger, faisant les choses sans aucun jugement, et à la vollée, d'entendement lourd, ayant la memoire et le sens sot. On dit que la femme qui a plusieurs lignes entre les doigts du Soleil et de Saturne, descendans en long: et si elle en a aussi pareillement entre les autre doigts du Soleil et de Mercure, elle est propre à la generation, et aura facilement des enfans masles, mais je n'en ose rien asseurer, mais je veux qu'on sçache, que je ne peux jamais trouver aucune chose certaine de la ligne des enfans par l'art de la Chiromance, et si je l'ay voulu experimenter, mais en cet endroit ladite science a tant deceu les inquisiteurs, et moy aussi, que y'ay eu mon recours aux autres choses. I'ay soigneusement experimenté cecy, que si quelques lignes ou incisions sortent des principales lignes de la main, et vont droit au mont de Saturne, l'homme sera de mauvaise sorte, et meschante vie. On dit, que si on voit une petite estoille, ou une croix en la main de la femme, en la premiere joincture de ce doigt, c'est signe qu'elle sera sterile. Celuy qui a cette montagne trenchée de plusieurs fentes, en diverses sortes, les monts des autres doigts n'estant incisez ny fendus, cela denote qu'il sera totalement Saturnien. Auquel lieu i'espere declarer l'estat et la disposition de cette Planette, et par quelle disposition sont instruits et doüez ceux qui sont nez sous son influence. Ils sont fort pasles, et n'ont point belle face, et en regardant contre terre, ils cheminent tardivement et bellement. Ils sont maigres et souvent courbez sur le dos. La plus grand'part sont de mauvaises mœurs. Car Saturne les fait malicieux, cauteleux, fins, et pleins de tromperie. Ils ayment à estre seuls, et vivent pour euxmesmes, et n'aydent aux autres, ny ne sont attentifs à leurs amis, ils mangent peu, mais ils boivent vaillamment; toutesfois ils mangent souvent, et sont gourmands. Ils n'ont aucun repos en leur esprit, et jamais ne sont sans soucy, travail ou fascheries; ils ont le cœur dur, et de fächeuses pensées, tousiours imprimans en leur entendement toutes choses tristes, et qui donnent crainte et peur: et si jamais ils n'ont leur esprit en liberté. Davantage, ils sont perseverans en leurs propos et deliberations, plus que nuls autres. A cette cause, ils haïssent mortellement et perpetuellement ceux ausquels ils veulent mal, et ayment fort ceux qu'ils veulent aymer. Ils ne pensent à autre chose qu'à bastir, planter des arbres, labourer les champs, et commencer quelque chose qui puisse durer long-temps. Or combien qu'ils soient tels, ils ayment si perseveramment leur liberté, qu'ils la défendent opiniastrement. Ils n'endurent point de leurs seigneurs, et disent que servir est le plus grief des maux. Ils ayment la couleur noire, à cette cause ils s'en habillent; et veulent que toutes les choses qui sont autour d'eux soient teintes en noir, ils soupçonnent aisément, et craignent facilement: Ils ont aussi soin et égard aux songes, et pensent toutes choses hautes, estre de petite importance. C'est assez d'avoir parlé des Saturniens jusques ici. Et outre le signe imprimé en la seconde joincture, si c'est à une femme, c'est bon signe; et si c'est à un homme, cela denote le contraire.




CHAPITRE XI

De la montagne du doigt Annulaire, et de la signification des Solaires.

LA montagne Annulaire est celle qui paroist entre le doigt et la ligne Mensale par aucun intervalle et distance, et est vulgairement appellée Solaire par les sçavans. Si quelques petites lignes sont estenduës depuis sa racine, jusques à la Mensale, elle sont choses semblables à celles que fait Mercure, selon le dire des Astrologues: c'est à sçavoir, que l'homme a bon entendement, et est addonné à diverses sciences, presomptueux, et éloquent avec gravité: et avec ce, capable de dignitez tant prophanes que spirituelles. Elles sont aucunes fois distantes également deux à deux en forme de parallelles. Regarde la, afin que tu ne sois deceu, elle ne differe quasi en rien des premieres, sinon qu'elle oste la parole et le style de haut appareil, et donne sobrieté, et honnesteté. Il avient autrement, quand d'autres lignes sont menées d'ailleurs en elles, ou se trenchent autrement, alors on juge au contraire, et si d'aventure elles ne touchent ny ne trenchent cette-cy, c'est bonne chose, et signe que l'homme vaincra tous ses ennemis et adversaires. Et si elles ne touchent le doigt, ny ne sont également mises de la Mensale, mais s'éloignent à ce doigt qui est auprès, selon l'alteration des lignes, c'est signe de la mutation de l'estat et de vie. Davantage, si plusieurs lignes rouges et déliées traversent ledit mont, l'homme sera prudent et joyeux. Mais si elles sont tortuës et rouges, elles denotent les douleurs par lesquelles quelqu'un est de fait desja tourmenté: et les pasles monstrent que telles douleurs sont desja passées. Quand elles s'entre-trenchent en forme de croix, qu'on appelle de Saint André, et s'estendent et sont tirées de la Mensale par le mont du Soleil à la premiere joincture, elles denotent l'homme prudent, et conduisant sagement ses affaires. Les Solaires, et les sujets du Soleil ont de beaux doigts: et cela est signe tres-certain, quand le doigt a plusieurs diverses lignes. Il y a aussi un autre signe, c'est à sçavoir que deux lignes tortuës, égales et parallelles, sont estenduës de la Restrainte. Et quand tu verras cela en la main, c'est signe de bonheur; et mesmement d'acquisition de dignitez, et de choses qui appartiennent aux hommes vertueux: comme science, prudence, et liberalité.

Si ensemblement courent aucunes petites lignes sus la premiere joincture, si c'est en la main d'une femme, cela denote semblable chose, et aussi avec ce, qu'elle sera enrichie par ses maris, et sera honorée. Davantage, elle sera fort devote, neantmoins elle ne sera pas Religieuse, ou moinesse. Que si ces lignes sont en la seconde joincture, elle sera tousiours en honneur, mais ce sera entre ceux qui sont de sa qualité. Certainement, tant aux hommes qu'aux femmes, ces choses denotent richesses: mais c'est mauvais signe, si elles vont jusques au doigt Solaire.




CHAPITRE XII

Du mont du doigt de Mercure, et de la nature dudit Mercure.

LE mont Auriculaire, ou pour mieux dire, de Mercure, est entrele petit doigt, et la ligne Mensale. C'est bon signe s'il est bien uny et plat, non point entremeslé de nerfs, ny aussi couvert de lignes ou plus coloré. Quand il est bien purgé de verruës, d'ordures, et de nerfs, convenablement coloré, cela denote l'homme estre de constant entendement, et courage: et en une vierge il signifie pureté et innocence. Si une premiere ligne sort de la Mensale, et qu'elle soit colorée, et tende diametralement à la racine du mont, c'est signe de liberalité. Les Chiromanciens disent qu'il faut icy adviser la longueur, breveté, tenuité, ou petitesse, et la couleur aussi. Les lignes pasles signifient les nopces devant dites: mais desja consommées et parfaites. Celles qui sont tres-longues, et de tres-bonne couleur, signifient les mariages à advenir. Il advient souvent, qu'aucunes d'icelles sont plus grosses, et plus rouges aussi: ce qui denote un diseur de menteries, mettant ce qui est dessus dessous, larron, ravisseur, et entaché de toutes sortes de pechez. Cecy suffira quant aux lignes droites et paralleles. Or si aucunes est courbée, ou circulaire, descendant de ce mesme doigt, et penchant au milieu, elle denote tres-noble bonté naturelle: dont on peut grandement esperer d'estre propice et convenable à toute fortune.




CHAPITRE XIII

Du base et fondement du Triangle, et de ceux lesquels la Lune gouverne.

AVANT toutes choses, faut expliquer et dire ce que c'est que les Chiromanciens appellent base Triangulaire. C'est ce que communement on dit la ligne du foye, et de l'estomach, laquelle est entenduë de la ligne de vie, attouchant la moyenne ligne naturelle. Lesquelles jointes ensemble, font un Triangle, pourveu qu'aucune chose ne soit contraire à la nativité: Et combien que je scache que cette ligne ou base n'est point d'aucuns remembrée, pource qu'elle n'est pas toujours semblable à soy-mesme si, n'en voy-je point cause pourquoy je la doive laisser, puis qu'il a esté trouvé evidemment, qu'elle ne peut pas moins que toutes les autres, mesmement si elle parfait l'anglet selon raison, avec la Moyenne naturelle, et la ligne de Vie: Car elle denote santé et sauveté, non-seulement du corps, mais aussi de l'entendement. Et si elles se touchent, ou qu'elle soit obscure, ou qu'elle ait autour d'elle quelque pointure, elle ne prognostique rien autrement de l'estomach, et du foye, c'est à dire indigestion, morphée, colique, spasme, flegme, restriction, ou dureté du venture, douleur de l'estomach, et des costes, principalement si elle est pasle. Et si elle est bien couverte de la peau, et qu'elle soit rouge, et que cette rougeur tende plus vers la ligne de vie, que vers la ligne Naturelle, c'est signe de douleur de la teste. Et au contraire, si cette rougeur se tourne vers la ligne naturelle, cela denote difficulté d'haleine, toux ethique, puanteur et vilainie de la bouche.




CHAPITRE XIV

Du lieu de Mars, et de la nature des Martialistes.

AVANT que parler de Mars, il est besoin de sçavoir pourquoy on l'a voulu mettre en la Palme de la main, en celuy Triangle qui est prés de la ligne naturelle: mais nous le dirons ailleurs. Il nous convient maintenant de parler des lignes. Si dedans le Triangle, il y a un autre Triangle formé, il faut iuger et prognostiquer selon toutes les proprietez des Martiaux: et de tant plus qu'il est grand, d'autant plus faut-il accroistre le nombre des meschancetés: principalement s'il est large, et bien posé, et que la Physionomie y accorde, laquelle ne faut mettre en arriere, principalement en cet affaire, combien que nous l'avons mis icy pour cela, afin qu'elle donne secours à la Chiromance: car autrement ne peut estre fait, que quelqu'un regarde si soigneusement toutes choses. Celuy qui se réjouït du surnom de Mars, est de rouge couleur en la face: comme s'il estoit brûlé du Soleil; il a peu de cheveleur, et crespe, petits yeux, le corps un peu courbé, le regard ardent et selon. Il a le courage audacieux, avaricieux, trompeur, larron du bien public, ravisseur, infidele, grand jasseur, et buveur, eshonté, inconstant, variable, se courrouç incontinent, noiseux, soupçonneux, impatient, homicide, grand vanteur, mocqueur, parjure, et falsificateur de toutes choses lesquelles peuvent estre faussées et sophistiquées, ou adulterées.




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