Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France (923-936)

Ph. Lauer

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  • AVANT-PROPOS.
  • CHAPITRE PREMIER. ROBERT DUC DE FRANCE ET RAOUL DUC DE BOURGOGNE.
  • CHAPITRE II. LES ELECTIONS DE ROBERT ET DE RAOUL.
  • CHAPITRE III. LA CAPTIVITE DE CHARLES LE SIMPLE, LA GUERRE NORMANDE ET LA PERTE DE LA LORRAINE.
  • CHAPITRE IV. LA LUTTE CONTRE HERBERT DE VERMANDOIS.
  • CHAPITRE V. LA LUTTE CONTRE HERBERT DE VERMANDOIS APRES LA MORT DE CHARLES LE SIMPLE.
  • CHAPITRE VI. LA FIN DU REGNE.
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    ANNALES DE L'HISTOIRE DE FRANCE A L'EPOQUE CAROLINGIENNE

    ROBERT Ier

    ET

    RAOUL DE BOURGOGNE

    ROIS DE FRANCE

    (923-936)

    PAR

    PH. LAUER

    1910

    Cet ouvrage forme le 188e fascicule de la Bibliotheque des Hautes Etudes

    AVANT-PROPOS.

    Cet opuscule est destine a combler la lacune qui existait entre les ouvrages sur les regnes de Charles le Simple et de Louis d'Outre-Mer, parus dans la serie des Annales de l'histoire de France a l'epoque carolingienne entreprises sur l'initiative d'Arthur Giry[1]. L'etude que M.W. Lippert a consacree a Raoul, dans une these ecrite et publiee en Allemagne[2], n'etait pas accessible a tous, et, malgre sa tres reelle valeur, devait etre rectifiee, modifiee ou completee sur plus d'un point, principalement en ce qui concerne la topographie, la diplomatique et les affaires de Lorraine.

    Les identifications des noms de lieux, comme par exemple celles de Donincum avec Doullens (Somme) et de Calaus mons avec Chaumont-le-Bois (Cote-d'Or), etaient evidemment a reformer, ainsi que je l'ai montre dans mes notes des Annales de Flodoard. Les cartulaires n'avaient pas ete tous connus, ainsi ceux de Stavelot, de Saint-Etienne de Limoges; et les chartes de Saint-Hilaire de Poitiers publiees par Redet n'avaient pas ete utilisees. Plusieurs des depouillements relatifs aux editions des diplomes royaux etaient ou incomplets ou devenus insuffisants par suite des publications posterieures. Divers passages d'annales ou de chroniques n'etaient pas analyses ou commentes d'une maniere satisfaisante; enfin certains textes avaient ete omis, comme les Annales Nivernenses. Mais ce qui rendait surtout desirable un nouveau travail, c'etait la conception meme du role politique de Raoul a l'exterieur, que ni Kalckstein ni Lippert n'avaient bien nettement degage. En Lorraine et dans le royaume de Provence, ce souverain a visiblement fait des efforts pour etendre l'influence francaise et il s'est servi de son frere Boson, possessionne a la fois dans les vallees de la Meuse et du Rhone, pour parvenir a ses fins. C'est sous son regne que se pose nettement la question de savoir si le roi de France succedera ou non aux rois de Lorraine et de Provence. Les droits incontestables de Raoul sur ce dernier royaume et sa puissante position en Bourgogne, a proximite de la Lorraine, semblaient le designer pour recueillir ces heritages, mais sa situation meme d'adversaire de Charles le Simple, le descendant direct des Carolingiens, lui fit visiblement un tort immense a en juger par les resultats obtenus. Ajoutez a cela la lutte acharnee contre les Normands et l'hostilite de ses propres vassaux. Tel est le point de vue que nous nous sommes efforce de mettre davantage en lumiere.

    Nous n'avons pas non plus neglige de souligner certains details de nature a eclairer un peu des faits enveloppes d'obscurite, ainsi l'antagonisme entre la famille comtale de Dijon et les Robertiens ou les causes d'union et de rupture entre Herbert de Vermandois et Hugues le Grand. On ne s'est occupe des antecedents de Robert Ier ou de la personnalite et des actes de Charles le Simple que dans la mesure ou cela etait necessaire au recit des evenements, M. Eckel ayant deja traite a fond ces questions.

    Il n'y avait pas ici place pour une bibliographie du genre de celles qui sont en tete des volumes relatifs a Louis d'Outre-Mer et a Charles le Simple; elle eut trop ressemble a ces dernieres. Nous avons prefere mettre a la suite des livres nouveaux, cites en note, les indications bibliographiques indispensables. Du reste, on s'est efforce de ne pas abuser des citations. Ainsi on ne trouvera guere mentionnees les oeuvres de K. von Kalckstein[3], Lippert, Waitz[4], Eckel[5] et mon edition des Annales de Flodoard[6], auxquelles il eut ete facile de multiplier les renvois. Mais les sources sont toujours indiquees, avec leurs editions quand il y a lieu. Je me permettrai de renvoyer, en ce qui les concerne, a ma bibliographie du Regne de Louis d'Outre-Mer[7], pour tout ce qui pourrait paraitre insuffisant[8].

    On n'est pas entre non plus dans l'etude diplomatique des actes, qui trouvera sa place avec l'edition des diplomes royaux dans la collection des Chartes et diplomes publiee par l'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres, mais on en a naturellement tire parti au point de vue historique.

    Nous esperons que, malgre ses imperfections, le present travail pourra contribuer a faire mieux connaitre un moment interessant dans cette periode mouvementee de la decadence carolingienne et de l'etablissement du regime feodal.

    FOOTNOTES:

    [Footnote 1: M. Labande qui s'etait d'abord charge de la redaction des Annales du regne de Raoul a bien voulu y renoncer en ma faveur. Je tiens a le remercier ici en meme temps que MM. Pfister et L. Halphen qui ont lu ce travail, l'un en manuscrit, l'autre en epreuves, et m'ont tres obligeamment communique leurs critiques.]

    [Footnote 2: Geschichte des westfraenkisch en Reiches unter Koenig Rudolf (Inaugural-Dissertation der Universitaet Leipzig). Leipzig, 1885, in-8, 126 pp. et sous le titre: Koenig Rudolf von Frankreich. Leipzig, 1886.]

    [Footnote 3: Geschichte des Franzoesichen Koenigthums unter den ersten Capelingern. I. Der Kampf der Robertiner und Karolinger. Leipzig, 1877, in-8.]

    [Footnote 4: Jahrbuecher des deutschen Reiches unter Koenig Heinrich I. 3e ed. Leipzig, 1885, in-8.]

    [Footnote 5: Charles le Simple. Paris, 1899, in-8 ( Bibliotheque de l'Ecole des hautes etudes, fasc. 124).]

    [Footnote 6: Les Annales de Flodoard. Paris, 1906, in-8 ( Collection de textes pour servir a l'etude et a l'enseignement de l'histoire).]

    [Footnote 7: Le regne de Louis IV d'Outre-Mer ( Bibliotheque de l'Ecole des hautes etudes, fasc. 127, p. xxi et suiv.)]

    [Footnote 8: Il faudra cependant y ajouter, pour memoire, l'etrange dissertation d'Aime Guillon de Montleon, Raoul ou Rodolphe, devenu roi de France l'an 923, ne serait-il pas le meme personnage que Rodolphe II, roi de Bourgogne Transjurane, et d'ou vient que le cinquieme de nos rois, du nom de Charles, n'est pas appele Charles V? Dissertation historique. Paris, 1827, in-8, 124 pp., tabl., 3 pl. Cf. la critique de Daunou dans Journal des savants, annee 1828, p. 93-102.—Et on peut mettre au meme rang la “Vie de Rodolphe, roi de France, tiree de tous les bons auteurs par Jean Munier, avocat du roi es cours royales d'Autun” (n deg. 16487 du P. Lelong) conservee dans le manuscrit de la Bibliotheque nationale fr. 4629, p. 89. C'est un chapitre des Recherches sur les anciens comtes d'Autun de Jean Munier (m. 1635), ou l'auteur se preoccupe surtout de refuter les “calomnies” mises en circulation par Jean de Serres sur Raoul, dans le celebre Inventaire general de l'histoire de France depuis Pharamond jusques a present, illustre par la conference de l'Eglise et de l'Empire (Paris, 1600, 3 vol. in-8) qui eut quatorze editions (la derniere en 1660).]

    ROBERT Ier

    ET

    RAOUL DE BOURGOGNE

    ROIS DE FRANCE

    CHAPITRE PREMIER. ROBERT DUC DE FRANCE ET RAOUL DUC DE BOURGOGNE.

    Robert, fils de Robert le Fort, est en realite un personnage un peu efface, tant la puissante figure de son frere, le roi Eudes, lui a fait ombrage. Pendant tout le regne de celui-ci, il le seconda fidelement[9], et a sa mort, en 898, il recueillit sa succession comme “duc et marquis” de France. A ce titre, il preta l'hommage a Charles le Simple[10] qui le traita d'abord avec beaucoup d'egards, ainsi qu'il apparait par les diplomes royaux des annees 904, 915 et 918[11]. Mais des l'an 900, un premier froissement avait eu lieu entre eux. Manasses, vassal du duc de Bourgogne, Richard le Justicier, s'etait permis, dans une conversation avec le roi, de tenir sur Robert des propos juges injurieux par ce dernier. Robert quitta la cour pendant quelque temps[12]. Il semble cependant qu'il rentra en faveur vers 903, epoque a laquelle il sollicita et obtint des diplomes pour ses abbayes de Saint-Germain-des-Pres, Saint-Martin de Tours et Saint-Denis[13]. Il accompagna meme, cette annee, le roi en Alsace, ce qui l'empecha de secourir la ville de Tours assiegee par les Normands[14]. Bientot il prit sa revanche a la bataille de Chartres (20 juillet 911)[15], et, selon la legende, c'est lui qui servit de parrain a Rollon[16]. Dix ans plus tard, apres une campagne contre les Normands de la Loire, il imita l'exemple de son suzerain en cedant aux pirates une partie de la Bretagne et le pays de Nantes[17]. Quand on se rappelle la formidable puissance materielle dont il disposait[18], on est etonne qu'il n'ait pas essaye de s'emparer de la couronne aussitot apres le deces de son frere. S'il ne l'a pas fait, c'est uniquement a cause de l'accord qui venait d'intervenir l'annee precedente entre Eudes et Charles[19], car ses bons rapports avec la maison de Flandre et ses alliances avec les familles de Vermandois et de Bourgogne lui auraient singulierement facilite l'acces au trone.

    Raoul etait fils de Richard le Justicier, comte d'Autun devenu duc de Bourgogne sous le regne d'Eudes, qui avait ecrase les Normands a la bataille d'Argenteuil en Tonnerrois (28 decembre 898). Il se trouvait etre, du chef de son pere, neveu de Boson, roi de Provence, par l'imperatrice Richilde, soeur de Richard, neveu de Charles le Chauve, et, par sa mere Adelaide, neveu du roi de Bourgogne jurane Rodolphe 1er[20].

    Suivant une legende accreditee posterieurement, il aurait ete tenu sur les fonts baptismaux par le roi Charles le Simple lui-meme[21]; mais Charles, etant ne en 879, ne devait pas etre beaucoup plus age que son pretendu filleul. Ce dernier est, en effet, deja temoin dans un acte de 901, et l'on sait que les exemples de temoins au-dessous de douze ans sont exceptionnels[22].

    Raoul avait une soeur, Ermenjart, qui epousa Gilbert de Dijon[23], et deux freres cadets, Hugues le Noir et Boson qui, comme lui, ne jouerent aucun role politique actif du vivant de leur pere[24]. Leur trace ne se retrouve que dans les souscriptions de chartes. C'est, semble-t-il, Raoul qui souscrit un arret de Richard relatif a Saint-Benigne de Dijon, datant des dix dernieres annees du IXe siecle; en tout cas c'est bien lui qui figure dans un acte de Richard en faveur de l'abbaye de Montieramey, du 21 decembre 901, ou il est qualifie de “fils de Richard"[25]. Peut-etre aussi est-ce lui et son frere Boson qui signent une donation de l'imperatrice Richilde a l'abbaye de Gorze[26]. Les trois freres sont temoins dans une charte de concession octroyee par Richard a l'abbaye de Saint-Benigne de Dijon[27] et paraissent remplir un role moins efface au tribunal comtal d'apres une charte en faveur de l'eglise d'Autun redigee et scellee au nom de Raoul, agissant comme mandataire de son pere (Pouilly, 5 septembre 916)[28]. Raoul intervient aussi dans un acte delivre en 918 par l'eveque d'Autun, Walon, avec l'assentiment du duc de Bourgogne[29].

    Les fils de Richard porterent simultanement le titre de comte. Apres la mort de son pere, Raoul continue a s'intituler de meme, ainsi qu'on le voit dans une charte de donation de sa mere Adelaide, relative a des biens sis en Varais (Autun, 24 avril 922)[30]

    Des premiers actes de Raoul comme duc de Bourgogne, on ne connait guere que la prise de Bourges[31]. Mais il regne beaucoup d'obscurite sur les circonstances qui accompagnerent cet evenement. On trouve mentionne: en 916 un incendie de Bourges, en 918 une prise de possession ephemere de la ville par Guillaume, neveu de Guillaume Ier d'Aquitaine, et en 924 une cession de la ville et du Berry par Raoul, devenu roi, a Guillaume, moyennant l'hommage[32]. Le duc de France Robert avait, parait-il, aide Raoul a s'emparer de Bourges, mais on ne saurait decider si ce fut en 916 ou entre 916 et 918, ou encore plus tard. Raoul s'etait en effet allie a la puissante famille des ducs de France, suzeraine de tout le pays au nord de la Loire, en epousant la propre fille de Robert, Emma, princesse douee d'une rare intelligence et d'une male energie[33].

    Charles le Simple temoignait aussi des egards a Raoul en souvenir de son pere, dont il avait a maintes reprises eprouve le loyalisme. Il semble meme qu'en prescrivant a l'abbe de Saint-Martial de Limoges, Etienne (elu en 920), d'elever deux fortes tours pour resister a Guillaume d'Aquitaine, il prenait ouvertement le parti de Raoul[34].

    Robert l'emporta neanmoins, car dans sa lutte contre Charles, nous voyons Hugues le Noir, frere du roi Raoul, lui amener des recrues bourguignonnes pour cooperer avec les forces des grands vassaux a la lutte contre les troupes royales. Toutefois, apres l'armistice intervenu a la fin de l'annee 922, les Bourguignons s'etaient definitivement retires[35].

    Pour bien comprendre leur rentree en scene et finalement l'election de Raoul comme roi, il est necessaire de jeter un coup d'oeil rapide en arriere et de se rappeler l'etat politique de la France a cette epoque, ainsi que les principaux evenements qui venaient de marquer le regne de Charles le Simple.

    FOOTNOTES:

    [Footnote 9: Favre, Eudes, p. 78, 95-96, 147, 156, 161, 165, 192.]

    [Footnote 10: Ann. Vedast., a. 898.]

    [Footnote 11: Il l'appelle son “tres cher” (admodum dilectus ), son “tres fidele", le “conseil et l'auxiliaire de son royaume” ( regni et consilium et juvamen). Pelicier, Cartul. du chapitre de l'eglise cathedrale de Chalons-sur-Marne, p. 31; Recueil des historiens de France, IX, 523, 536.]

    [Footnote 12: Ann. Vedast., a. 900.]

    [Footnote 13: Recueil des historiens de France, IX, p. 495-499.]

    [Footnote 14: Ibid., p. 499. Eckel, p.68.]

    [Footnote 15: Cartul. de Saint-Pere de Chartres, ed. B. Guerard (Paris, 1840), I, p. 46-47.]

    [Footnote 16: Dudon de Saint-Quentin, De moribus, I. II, c. 30.]

    [Footnote 17: Flod., Ann., a. 921: ”... Britanniam ipsis [Normannis], quam vastaverant, cum Namnetico pago concessit [Rotbertus].” Cf. Dudon de Saint-Quentin, ed. Lair, p. 69, n. 4.]

    [Footnote 18: Voy. Favre, Eudes, p. 12; Eckel, Charles le Simple, p. 34; F. Lot, Etudes sur le regne de Hugues Capet (Paris, 1903, in-8), p. 187.]

    [Footnote 19: Ann. Vedast., a. 897; Favre, Eudes, p. 191; Eckel, Charles le Simple, p. 26.]

    [Footnote 20: On sait toute l'importance attachee a ce titre de neveu dans les traditions de famille franques. Pour saisir plus clairement ces parentes il suffit de parcourir la genealogie suivante:

    Conrad, comte d'Auxerre Thierry, comte d'Autun
       | | ——————————- ———————————————-
         | | | | | Rodolphe Ier Adelaide ep. Richard Boson Richilde ep. Charles
      roi de le Justicier roi de Provence le Chauve Bourgogne (m. 921) (879-887) (888-911)
         | | | | Rodolphe II RAOUL. Louis l'Aveugle Louis II le Begue roi d'Arles en 933 ep. Emma, | fils d'Ermentrude
     (m. 937) fille de Robert Charles-Constantin ep. 1 deg. Ansgarde
         | duc de France comte de Vienne 2 deg. Adelaide Conrad le Pacifique en 931
     ep. Mathilde, | fille de Louis d'Outre-Mer ——————————————
                         | |
                         1 deg. Louis III Carloman 2 deg. Charles
                         (880-882) (880-881) le simple
                         (893-922)]

    [Footnote 21: Hist. Francor. Senon. (M.G.h., Scr., IX, 366); Richard le Poitevin, Chron. (Recueil des historiens de France, IX, 23).]

    [Footnote 22: La majorite etait de 12 ans chez les Saliens et de 15 ans chez les Ripuaires. Cf. Glasson, Hist. du droit et des instit. de la France, II, p. 291.]

    [Footnote 23: Eckel, p. 40.]

    [Footnote 24: Chron. S. Benigni Div. (Rec. des historiens de France, VIII, 241; ed. Bougaud et Garnier, p. 115).]

    [Footnote 25: D'Arbois de Jubainville, Hist. des comtes de Champagne, I, p. 450, pr. n deg. 17; Cartulaire de Montieramey, ed. Ch. Lalore (Troyes, 1890, in-8), p. 18, n deg. 12.]

    [Footnote 26: Recueil des historiens de France, IX, 665; Cartulaire de l'abbaye de Gorze, publ. p. A. d'Herbomez ( Mettensia, II), p. 159, n deg. 87.]

    [Footnote 27: Chron. S. Benigni Divion. (Rec. des historiens de France, VIII, 242; ed. Bougaud et Garnier, p. 119).]

    [Footnote 28: Cartulaire de l'eglise d'Autun, publ. par A. de Charmasse (Autun, 1865) n deg. 22. Il ne faut pas, semble-t-il, vouloir le reconnaitre dans un Rodolphus comes qui figure avec beaucoup d'autres comtes lorrains dans un diplome de Charles le Simple en faveur de l'abbaye de Pruem, date de la meme annee (Recueil des historiens de France, IX, 526).]

    [Footnote 29: Cartulaire de l'eglise d'Autun, n deg. 23.]

    [Footnote 30: Ibid., n deg. 9, 10.]

    [Footnote 31: Flodoard, Annales, a. 924; Ann. Masciac., a. 919 (M.G.h., Scr., III, 169); Histoire de Languedoc, nouv. ed., II, 251; III, 95. Voy. aussi F. Lot, Hugues Capet, p. 190, n. 3.]

    [Footnote 32: Hist. de Languedoc, loc. cit.]

    [Footnote 33: A. de Barthelemy, Les origines de la maison de France (Revue des questions historiques, VII p. 123). On pretend aussi qu'une autre fille de Robert, dont on ignore le nom, aurait epouse son oncle Herbert II. Cf. Eckel, p. 35, qui la designe a tort comme, “cousine” d'Herbert II.]

    [Footnote 34: Ademar de Chabannes, Commemoratio, ed. Duples-Agier, p. 3; Ch. de Lasteyrie, L'abbaye de Saint-Martial de Limoges (Paris, 1901, gr. in-8), P. 58-59.]

    [Footnote 35: Flod., Ann., a. 922.]

    CHAPITRE II. LES ELECTIONS DE ROBERT ET DE RAOUL.

    Peu apres la mort de Louis III, le vainqueur de Saucourt, et celle de Carloman, son frere, le royaume franc de l'ouest, la France, comme on l'appelle desormais dans nos histoires, et les divers pays qui en dependaient, ne tarderent pas a se morceler sous l'influence du developpement de la feodalite et la menace perpetuelle des invasions normandes. La Bretagne devint en fait independante avec les ducs Alain et Juhel-Berenger, la Provence avec Boson et la Bourgogne avec Rodolphe Ier. Le reste de la France, demembre en une infinite de fiefs, repartis dans les trois duches de “France"[36], de Bourgogne et d'Aquitaine, fut enfin divise en deux camps ennemis par la question de devolution de la couronne.

    A la suite de la tentative malheureuse de restauration de l'empire carolingien, qui echoua piteusement a cause de l'incapacite de Charles le Gros, une partie des grands feudataires francais, ressuscitant leur droit d'election tombe en desuetude depuis longtemps, choisit pour roi le comte Eudes, fils de Robert le Fort, tandis que d'autres restaient fideles au representant de la dynastie carolingienne, un enfant en bas age, Charles, fils posthume du roi Louis le Begue, issu de son mariage avec Adelaide[37]. Des annees de luttes suivirent. Eudes regna, mais a sa mort, Charles, auquel le surnom de Simple a ete attribue par ses contemporains, fut reconnu dans toute la France, a l'exception des pays qui s'etaient constitues en etats independants.

    La cession d'une partie des rives de la basse Seine, aux pirates normands, compagnons de Rollon, ne peut etre consideree comme un affaiblissement de la puissance royale, quoi qu'en aient dit la plupart des historiens, qui ont coutume de fletrir la memoire de Charles le Simple principalement pour ce motif. On ne saurait non plus suivre d'autres critiques qui, se placant a un point de vue diametralement oppose, ont voulu l'envisager comme un acte d'habile politique. En realite, Charles ne pouvait agir autrement devant l'indifference profonde des grands vassaux, qui lui refusaient toute aide effective pour combattre l'invasion; et sa puissance n'en fut nullement amoindrie, puisque le territoire concede etait un demembrement du “duche de France", qu'il en conserva la suzerainete et trouva meme par la suite un concours inattendu aupres de ses nouveaux vassaux[38].

    Presque en meme temps que cette cession eut lieu l'acquisition de la suzerainete sur la Lorraine, precieuse a bien des points de vue. Elle reconstituait un tout brise par le singulier partage de Verdun et fournissait a la dynastie austrasienne un solide point d'appui en son pays d'origine.

    L'autonomie feodale s'etait a tel point developpee que pour trouver un soutien effectif, le roi Charles en etait reduit a rechercher l'alliance des grands dignitaires de l'Eglise, comme l'archeveque de Reims, ou d'hommes de naissance obscure, d'origine lorraine, comme Haganon[39].

    La premiere rebellion contre le pouvoir royal eclata en 920. Charles fit preuve au cours de ces difficiles circonstances d'une fermete remarquable. L'archeveque de Reims, Herve, reussit a sauver le monarque et le seconda si bien qu'il se trouva bientot affermi au point de pouvoir remplacer l'eveque elu de Liege, Hilduin, son ennemi, par Richer, abbe de Pruem, son partisan. Le traite de Bonn, signe le 1er novembre avec Henri l'Oiseleur, auquel Charles avait eu affaire pres de Pfeddersheim, dans le pays de Worms, mit fin a cette premiere periode de troubles[40].

    Bientot de nouvelles difficultes surgirent. Le 31 aout 921 mourut le duc de Bourgogne Richard le Justicier, qui etait, avec le marquis Robert, le plus puissant des grands vassaux, mais aussi l'un des hommes les plus capables du royaume[41]. Il avait lutte victorieusement contre les Normands, et avait toujours su gouverner avec autorite ses vastes domaines, ne craignant pas de resister aux empietements des puissances ecclesiastiques, seculieres ou regulieres, et allant meme jusqu'a s'emparer par la force des biens d'Eglise, comme du reste presque tous les princes laiques de son temps, quand la necessite s'en presentait. Charles perdit en lui un fidele partisan: s'il n'en avait recu aucun secours dans le dernier conflit avec les grands, il avait du moins rencontre de son cote une bienveillante neutralite, et il semblait meme que celle-ci dut un jour ou l'autre se changer en cooperation effective. La mort de Richard bouleversa la face des choses. Son fils Raoul qui avait epouse Emma, fille du marquis Robert, fut attire dans le parti des mecontents par son beau-pere qui en etait le chef. Pour comble de malheur, Charles vit encore l'archeveque de Reims, d'abord condamne a l'inaction par une grave maladie pendant les troubles de 922, abandonner ensuite totalement sa cause, sans que nous puissions demeler la raison veritable de cette defection.

    La concession de l'abbaye de Chelles[42] faite par le roi a Haganon determina un nouveau soulevement. Charles avait enleve l'abbaye a sa tante Rohaut qui etait devenue belle-mere de Hugues, fils de Robert[43]. Cet acte revetait le double caractere d'une spoliation et d'une menace. C'etait une dependance arrachee au coeur meme des domaines patrimoniaux de Robert et donnee comme poste d'observation et de combat a un ennemi hai et meprise. Une nouvelle periode d'hostilites s'ensuivit. Les operations eurent lieu en Remois, Laonnais et Soissonnais, et se reduisirent a des incursions de part et d'autre, a des pillages et a des incendies. A plusieurs reprises, Charles s'enfuit, avec Haganon, jusqu'en Lorraine, et en revint avec des troupes fraiches levees parmi les elements hostiles au duc ou les vassaux ecclesiastiques. Le duc de Lorraine, Gilbert, le duc de Bourgogne Raoul, enfin l'archeveque de Reims Herve s'etaient ranges du cote du marquis Robert[44].

    Apres la defaite de Laon, Charles fut contraint, par suite de la dispersion totale de son armee, de chercher a nouveau un refuge au dela de la Meuse. Les rebelles profiterent de l'absence du Carolingien pour secouer definitivement sa suzerainete en se choisissant un roi parmi eux. Le 29 juin 922, le marquis Robert fut elu roi a Reims par les grands vassaux laiques et ecclesiastiques, puis couronne le lendemain, un dimanche, a Saint-Remy, par l'archeveque de Sens Gautier, le meme qui avait deja couronne le roi Eudes[45]. L'archeveque de Reims, Herve, alors gravement malade, mourut trois jours apres, et son successeur Seulf, choisi sous l'influence des revoltes, prit aussitot une attitude nettement opposee a Charles[46].

    La lutte reprit de plus belle. Robert la transporta en Lorraine. Son fils Hugues marcha sur Chievremont, que Charles assiegeait, et le contraignit a lever le siege[47]. Au debut de 923, Robert eut l'habilete de se menager une entrevue, sur les bords de la Roer, avec le roi de Germanie Henri Ier qui, au mepris du traite de Bonn, noua des relations amicales avec l'usurpateur. Robert parvint a obtenir d'une fraction des Lorrains un armistice qui devait se prolonger jusqu'en octobre[48]. Puis il rentra en France, ou il congedia les contingents bourguignons, ne gardant que peu d'hommes sous les armes.

    Charles ne perdit point de temps. Mettant a profit l'instant de repit que lui laissait la treve, il s'occupa hativement de lever en Lorraine de nouvelles recrues, et aussitot qu'il eut reussi a constituer une armee assez puissante, rompant l'armistice, il traversa la Meuse, marcha rapidement sur Attigny et de la contre Robert qui sejournait a Soissons. Il arriva sur l'Aisne le 14 juin. Le lendemain, un dimanche, vers la sixieme heure, au moment ou les hommes de Robert ne s'attendant plus a etre attaques prenaient tranquillement leur repas, les Lorrains passerent la riviere et une bataille decisive eut lieu dans la plaine voisine de l'abbaye de Saint-Medard de Soissons. Les troupes de Robert ralliees a la hate se battirent avec l'energie du desespoir. Le combat fut si violent que de part et d'autre les pertes furent considerables. Robert qui luttait vaillamment au plus fort de la melee, tomba frappe a mort par le comte Foubert, porte-enseigne royal, qui le reconnut a sa longue barbe, et il fut acheve par les lances de ses adversaires. Cette fin inattendue de “l'usurpateur” jeta le desordre dans les rangs de ses partisans, et la victoire du roi legitime semblait des lors assuree quand parut, tout a coup, une armee conduite par Hugues le Grand et Herbert de Vermandois. Un changement complet s'opera; les Lorrains lacherent pied et se retirerent en desordre[49].

    Charles etait vaincu par les grands vassaux qui restaient unis dans leur rebellion, malgre la mort inopinee de leur chef. Il essaya cependant de se creer des intelligences parmi ses adversaires, esperant que leur obstination se trouverait peut-etre brisee par la difficulte de remplacer Robert. Il envoya des messagers a Herbert, a Seulf et a quelques autres seigneurs pour les engager a le reconnaitre de nouveau comme suzerain. Peine perdue. Les rebelles inebranlables persevererent dans leur ligue contre le Carolingien. Ils appelerent a leur aide le duc de Bourgogne, Raoul, qui se decida a revenir en “France” a la tete d'une puissante armee (fin juillet).

    Charles abandonne de ses plus puissants vassaux du nord, se tourna vers ses nouveaux sujets, les seuls qui parussent lui demeurer fideles, les Normands. Il envoya des messages jusqu'a Roegnvald, qui dominait sur l'estuaire de la Loire. Les pirates se montrerent immediatement prets a saisir un si beau pretexte pour recommencer leurs incursions et piller tout le plat pays.

    Afin de les arreter des le debut et de les empecher d'operer leur jonction avec Charles et les Lorrains, les grands vassaux vinrent s'etablir sur les bords de l'Oise. Charles n'eut plus qu'a se retirer au dela de la Meuse[50]. Les rebelles profiterent de cette nouvelle absence, comme l'annee precedente, pour elire un roi de leur choix. On pouvait hesiter entre Hugues, fils du roi Robert et neveu du roi Eudes, Herbert de Vermandois, descendant du Carolingien Bernard d'Italie, et Raoul de Bourgogne, gendre de Robert, allie aux rois de Bourgogne et de Provence. Le chroniqueur Aimoin a donne plus tard des explications evidemment inadmissibles sur les causes qui amenerent a ecarter les deux premiers candidats, mais elles aident neanmoins a discerner des raisons plus plausibles[51]. Hugues avait ete jusque-la un peu eclipse par son pere et son election eut ete un retour a l'heredite en faveur d'une nouvelle famille royale. Herbert s'etait toujours montre perfide, rapace, sans aucun respect pour les principes feodaux ou religieux de son temps; enfin il etait en hostilite avec Baudoin de Flandre qui avait fait assassiner son pere. Raoul se recommandait a la fois par la droiture de son caractere et par la puissance materielle dont il disposait. Il etait en excellents termes avec le clerge; recemment encore les moines fugitifs de Montierender avaient trouve un asile aupres de lui, en Bourgogne[52]. D'autre part les grands vassaux avaient absolument besoin de s'assurer son concours, sans lequel—on l'avait vu sous Richard le Justicier—ils ne pouvaient rien entreprendre contre le Carolingien; et ses domaines etaient suffisamment eloignes pour que Hugues et Herbert n'eussent pas a en prendre ombrage ni a craindre pour leur propre securite. Du recit de l'historien Raoul le Chauve (Glaber), posterieur de pres d'un siecle, on peut inferer, avec une certaine apparence de verite, que le choix fut hesitant, surtout entre Hugues et Raoul, et que l'intervention d'Emma, femme de Raoul et soeur de Hugues, finit par amener un accord[53].

    Le dimanche 13 juillet 923, Raoul fut proclame roi a l'unanimite par les grands reunis a Soissons, et couronne aussitot a Saint-Medard par l'archeveque de Sens, Gautier, ce “faiseur de rois", qui avait deja consacre successivement Eudes et Robert[54].

    Cependant les esprits superstitieux vivement impressionnes par la mort imprevue du “puissant marquis” Robert, sur le champ de bataille de Soissons, envisageaient cette catastrophe comme une sorte de “jugement de Dieu"[55]. L'archeveque Seulf reunit a Reims un synode des eveques de sa province, vers la fin du mois suivant (apres le 27 aout), pour examiner la situation. Les eveques de Cambrai, Laon, Noyon, Senlis et Soissons y assisterent en personne. Il fut decide qu'une penitence generale serait imposee a tous ceux qui avaient pris part au combat impie ou les deux rois s'etaient trouves en presence. La penitence devait durer trois ans. Pendant le premier careme, ils devaient s'abstenir d'entrer a l'eglise. Les vendredis, toute l'annee, et, en outre, pendant le careme et les semaines precedant la Saint-Jean et la Noel, les lundis et mercredis, un jeune tres rigoureux (au pain, a l'eau et au sel) leur fut impose[56]. Que ces prescriptions severes n'aient pas ete observees a la lettre, surtout par les seigneurs qui, sous pretexte de maladie ou de service d'ost, pouvaient s'en faire dispenser moyennant des aumones, cela n'est point douteux; mais il n'en est pas moins vrai que ces mesures prises par le haut clerge du nord, pour fragiles qu'elles nous paraissent, sont curieuses a enregistrer, parce qu'elles decelent la preoccupation bien nette d'empecher une nouvelle guerre civile et le desir d'assurer pour l'instant le pouvoir a l'usurpateur Raoul, tout en laissant regner en paix le roi Charles sur ses provinces demeurees fideles.

    Une telle solution etait bien difficile a obtenir avec le caractere du Carolingien et la turbulence des grands vassaux, sans cesse prets a saisir la moindre occasion pour augmenter leur puissance aux depens de leurs voisins.

    L'election de Raoul etait l'oeuvre d'un parti peu nombreux. Les grands vassaux ecclesiastiques de France et meme de Bourgogne suivaient a contre-coeur la determination de leurs suzerains immediats. La Normandie, la Bretagne et surtout l'Aquitaine resterent theoriquement soumises a Charles, sans toutefois prendre les armes pour defendre sa cause. En Lorraine, le duc Gilbert se tenait sur la plus grande reserve: seul le comte Boson osa se declarer pour Raoul, son frere. Quelques-uns des diplomes delivres par Charles sont accordes a Guy de Girone qui se trouvait aupres de lui, en Remois, au moment le plus critique de la guerre civile[57]. Ainsi la Marche d'Espagne restait fermement attachee au descendant de Charlemagne[58].

    En realite, sous le devoument apparent des grands vassaux du midi au roi Charles se cachait un profond sentiment d'egoisme: tout en se donnant les allures de defenseurs de la legitimite dynastique meconnue,—en faveur de laquelle, du reste, ils se gardaient bien d'intervenir effectivement,—ils saisissaient l'occasion favorable pour fortifier et developper leur autonomie naissante. C'etait la tactique habituelle des seigneurs meridionaux, dont plusieurs auraient ete cependant de force a se mesurer avec un Herbert ou un Raoul. En depit de leur pretendu loyalisme, ils avaient longtemps refuse de reconnaitre Charles apres la mort d'Eudes; ils agirent encore de meme, plus tard, vis-a-vis de Louis d'Outre-Mer et de Lothaire, sans souci de la question de legitimite.

    Les documents diplomatiques conserves permettent, par leurs dates, de donner un peu de precision a l'epoque ou Raoul fut reconnu dans les differentes regions de la France.

    En Bourgogne, la reconnaissance eut lieu immediatement. Des le mois de novembre, l'eveque d'Autun Anselme fait une donation a son eglise “pour l'ame du roi Raoul", et le roi intervient dans l'acte afin de l'approuver et d'en fortifier l'autorite[59]. Il existe bien des lacunes dans la serie des chartes de l'abbaye de Cluny qui concernent surtout les comtes de Macon, Chalon et Autun: ce n'est qu'en 924 que commence la serie des actes dates de l'an du regne de Raoul. Cette serie s'etend de la 2e a la 13e annee[60]. Sens, dont l'archeveque Gautier avait couronne Raoul, dut etre une des cites les plus favorables au nouveau roi. Il en fut probablement de meme pour Dijon et Auxerre, leurs vicomtes etant en relations etroites avec la famille ducale[61].

    Beaucoup de Lorrains preterent, comme Boson, l'hommage a Raoul, dans l'automne de l'annee 923. On le sait expressement pour Metz et Verdun. Toutefois le duc Gilbert et l'archeveque de Treves Roger refuserent de faire leur soumission[62].

    L'archeveche de Reims etait entierement tombe sous la domination d'Herbert de Vermandois, qui empecha Seulf de repondre aux demarches que Charles essaya de faire aupres de lui[63]. La province de Reims, le Vermandois, Amiens, Troyes, les comtes de Brie et de Provins reconnurent donc Raoul; le comte de Laon, Roger, et l'eveque de Soissons, Abbon, l'ancien chancelier de Robert, se rallierent aussi a lui[64].

    Les habitants des vastes domaines du “marquis” Hugues furent assurement des premiers a accepter le nouveau souverain. A Tours, par exemple, des le 18 decembre 923, on datait des annees du regne de Raoul[65]. Pour Chartres, il existe un acte de la 8e annee de Raoul[66]; pour Saint-Benoit-sur-Loire, des chartes de la 2e et de la 10e annee de Raoul[67]; pour Angers une charte privee de la 2e annee et une donation du comte Foulques, de la 7e annee[68]; pour Blois, nous possedons un diplome de Raoul lui-meme de l'annee 924, delivre a Laon, sur la requete du comte “palatin” Thibaud[69]; enfin pour Paris une charte du vicomte Thion datee de la 3e annee[70].

    Les Normands demeurerent fideles au Carolingien: nous le savons par l'hostilite qu'ils deployerent contre Raoul. Mais il ne subsiste aucune charte qui nous le confirme. La Bretagne en pleine anarchie subissait leur influence. Le cartulaire de Redon, si riche en actes du IXe siecle, ne fournit malheureusement aucune date interessante pour le debut du Xe siecle.

    En Berry, nous avons deja eu l'occasion d'en toucher un mot a propos de la prise de Bourges, Raoul dut etre reconnu presque aussitot, et Guillaume d'Aquitaine qui fit defection au debut finit, on le verra, par se soumettre.

    Le Poitou parait etre reste fidele a Charles, d'apres certains documents[71]; il y existe cependant des actes dates des annees du regne de Raoul depuis la 1ere et la 3e jusqu'a la 11e[72] et l'eveque de Poitiers, Frotier II, s'assura de l'assentiment de Raoul en meme temps que de celui de Guillaume Tete d'Etoupe, pour donner tous ses biens a l'abbaye de Saint-Cyprien[73]. Le Limousin hesite comme le Poitou dont il dependait[74]. Vers 930 le vicomte de Turenne Ademar fit approuver son testament par le roi Raoul[75].

    A Tulle, au contraire, on reconnut immediatement le roi Raoul qui fut appele, plusieurs fois a intervenir dans les reformes de l'abbaye Saint-Martin[76]. Les chartes sont echelonnees entre la 6e et la 13e annee: elles ont donc bien 923 comme point de depart[77]. Dans le cartulaire de Beaulieu, les derniers actes de l'epoque de Raoul sont dates de sa 10e annee de regne[78]. Une charte de 932 (indiction 5) porte la 7e annee du regne, ce qui nous ramene pour le debut a l'annee 925 ou 926. Il en est de meme en Quercy, ou une charte du vicomte de Cahors, Frotard, pour Aurillac, datee de 930, porte la 7e annee du regne. Mais les chartes de l'abbaye de Moissac, allant jusqu'a la 11e annee du regne, amenent a supposer un point de depart anterieur a 926[79]. Cela nous prouve qu'il y eut bien des erreurs dans ces calculs d'annees, et on peut se demander si parfois on ne prenait pas l'an reel du regne, compte depuis l'election ou le couronnement, sans tenir compte de la date de reconnaissance dans la region. Le duc d'Aquitaine Guillaume portait aussi le titre de comte d'Auvergne, et son frere Affre ou Effroi (Acfredus) etait avoue de la celebre abbaye de Brioude: tous deux furent des adversaires acharnes de Raoul. Quelques chartes gardent de curieuses traces de cet etat d'esprit: le nom de Charles y est cite comme celui du roi legitime, tandis que Raoul est fletri comme usurpateur. Les actes de Brioude montrent que Raoul ne fut reconnu partout dans la region qu'entre decembre 926 et octobre 927[80].

    A cote des pieces ou Raoul est si malmene, la plupart des autres portent les dates de son regne et la serie s'etend depuis juillet de la 1re annee jusqu'en octobre de la 13e[81].

    Les comtes de Velay et de Gevaudan dependant de l'Auvergne suivirent la politique du duc d'Aquitaine.

    Tels sont les pays ou l'on ne fit pas une opposition systematique a Raoul, et ou, sauf exceptions, on le reconnut avant meme la mort du roi Charles. Dans le reste du royaume on persista a considerer le regne de Charles comme se poursuivant, et on continua meme apres sa mort, a compter les annees de son regne: ainsi dans la Marche d'Espagne[82].

    En Languedoc, le comte de Toulouse, Raimond-Pons, son frere Ermengaud, comte de Rouergue, et en Gascogne Loup Aznar ne firent leur soumission qu'en 932. De nombreuses chartes de Narbonne, Elne, Beziers, Nimes, Rodez, Vabres et Conques constatent l'interregne[83].

    L'attitude des petits vassaux dont les fiefs secondaires n'ont pas ete cites, faute de textes, dut se regler sur celle de leurs suzerains immediats ou de leurs voisins puissants, autour desquels ils gravitaient.

    Raoul devenu roi n'investit personne des fonctions de duc en Bourgogne. Il s'occupa toujours lui-meme de ses domaines personnels, de son duche et de ses comtes d'Autun, d'Avallon et de Lassois[84]. C'etait la qu'il trouvait le plus solide point d'appui de son pouvoir, car la royaute n'etait plus guere qu'une ombre de souverainete. Le domaine royal que Raoul avait recueilli etait extremement restreint: quelques residences dans le nord, comme Compiegne et Attigny, avec les palais de Laon et de Reims. Des biens du fisc il semble qu'il ne restait presque plus rien[85]. Aussi les ressources de Raoul furent-elles principalement dans son duche, et ses sujets bourguignons formerent-ils toujours le noyau de son armee, que les contingents des grands vassaux venaient tres irregulierement encadrer. Enfin c'est en Bourgogne qu'il sejourna de preference quand la tache compliquee et astreignante qui lui incombait le lui permit, et c'est la naturellement qu'il se rendit tout d'abord de Soissons, aussitot apres son sacre[86].

    FOOTNOTES:

    [Footnote 36: Nous employons ici ce terme dans son sens territorial restreint. Ainsi entendu, il designe la Francia, au nord de la Seine, plus les domaines propres du dux Francorum compris entre Seine et Loire. Cf. Favre, Eudes, p. 228, et surtout Pfister, Etudes sur le regne de Robert le Pieux (Bibl. de l'Ecole des hautes-etudes, fasc. 64, 1885), p. 131 et suiv.; P. Viollet, Hist. des instit. polit. et admin. de la France, I, p. 456.]

    [Footnote 37: Ann. Bertin., a. 862; Reginon, Chron. a. 878; Flodoard, Hist. eccl. Rem., III, 19; Eckel, P. 1-2.]

    [Footnote 38: Eckel, p. 85.]

    [Footnote 39: Flod., Ann., a. 920: “quem de mediocribus potentem fecerat [Karolus]”; Hist. eccl. Rem., IV, 15; Richer, 1, 15.]

    [Footnote 40: Flod., Ann., a. 920.]

    [Footnote 41: Il fut inhume le 1er septembre a Sainte-Colombe de Sens, en la chapelle de Saint-Symphorien. Ann. S. Benigni Divion. (M.G.h., Scr., V, 40); Hist. Francor. Senon. (ibid., IX, 366); Ann. S. Columbae Senon. (ibid., I, 104); Chron. S. Petri Vivi Senon. (Duru, Bibl. hist. de l'Yonne, II, 481); Chron. S. Maxentii, ed. Marchegay et Mabille, Chron. des eglises d'Anjou, p. 375; Flod., Ann., a. 921.]

    [Footnote 42: Seine-et-Marne, arr. de Meaux, cant. de Lagny.]

    [Footnote 43: Flod., Ann., a. 922. Rohaut ne mourut que le 22 mars 925. Cf. Obituaires de la province de Sens, ed. A. Molinier et Longnon (Recueil des historiens de France, in-4), t. I, pp. xx, 254, 312 et 345.]

    [Footnote 44: Flod., loc. cit.]

    [Footnote 45: Flod., Ann., a. 922; Hist. Francor. Senon., Ann. S. Columbae Senon., Ann. S. Germani Parisiens., Ann. Lobienses, Ann. Masciacenses (M.G.h., Scr., IX, 366; I, 104; III, 167; XIII, 233; III, 170); Ademar de Chabannes (Chron., III, 22, texte du ms. C squared, ed. Chavanon, p. 142) decrit la scene d'abandon du roi selon la forme “par jet de fetu”. Richer (Hist., I, 40-41) prete un role important en cette circonstance a Gilbert. Cf. A. Luchaire, Hist. des instit. monarchiques, 2e ed., I, p. 8; Fustel de Coulanges, Hist. des instit. polit. de la France. Les transformations de la royaute pendant l'epoque carolingienne, p. 700.]

    [Footnote 46: Flod., ibid. et Hist. eccl. Rem., IV, 17,]

    [Footnote 47: Flod., loc. cit.]

    [Footnote 48: Flod., Ann., a. 923]

    [Footnote 49: Flodoard (Ann., a. 923), Richer (Hist., I, 45 et 46) et Folcuin (Gesta abbat. Sith., c. 109, M.G.h., Scr., XIII, 625) fournissent les details du recit. La date est donnee par les sources suivantes: Ann. S. Columbae Senon.; Hist. Francor. Senon.; Ann. S. Benigni Divion., a. 922 (M.G.h., Scr., I, 104; IX,: 366; V, 40); Necrol. Autissiodor. (Mem. concernant l'hist. d'Auxerre, II, pr., p. 252); Necrolog. beati Martini Turon. (ed. Nobilleau, Tours, 1875, p. 25).—Hugues de Flavigny, Chron. Virdun., a. 923, et Hugues de Fleury, Modernorum Francor. reg. actus, c. 3 (M.G.h., Scr., VIII, 358, IX, 381), derivent de Flodoard. Voy. aussi par ordre d'interet: Miracula S. Benedicti, I. II, c. 3; Genealogiae Fasniacenses; Ann. S. Quintini Verom.; Ann. Lobienses (“Dei juditio Rothbertus Occubuit"); Ann. Prum. (id.); Ann. S. Maximi Treverensis, a. 923; Ann. Virdun., a. 1001; Ann. Laubienses et Leodienses, a. 921; Ann. Musciacenses, a. 922 (“rebellavit Rotbertus"); Ann. S. Medardi Suession., a. 922; Ann. Floriac., a. 917 ( M.G.h., Scr., IX, 375, XIII, 253, XVI, 507, XIII, 233, XV, 1292, IV, 6-8, 16, III, 170, XXVI, 320, 11, 254) et Widukind, I, 30 (ed. Waitz, p. 23) qui n'apportent aucun detail; Ademar de Chabannes (texte du ms. C), III, 22 (ed. Chavanon, p. 142) mentionne l'anecdote du comte Foubert, signifier royal; le Conlin. Reginon., a. 922 (ed. Kurze, p. 156), fait perir Robert de la main de Charles; Odoran, Chron., a. 922 (Recueil des historiens de France, VIII, 237), n'ajoute rien aux autres sources senonaises citees; Rodulf. Glab., 1, c. 2. Sec.6 et III, c. 9, Sec.39 (ed. Prou, p. 8 et 88), fait mourir Robert dans une bataille livree aux Saxons. Richer, avec son exageration habituelle, pretend que plus de 18.000 combattants resterent sur le champ de bataille. Sur le caractere legendaire des recits de la bataille de Soissons, voy. Kalckstein, op. cit., p. 482 (Excurs IV) et Louis d'Outre-Mer, p. 295.]

    [Footnote 50: Flod., Ann., a. 923.]

    [Footnote 51: Aimoin, Miracula S. Rened., II, 3 (ed. de Certain, P. 99).]

    [Footnote 52: Liber de diversis casibus coenobii Dervensis ( Acta sanctor. ord. S. Bened., saec. II, p. 846).]

    [Footnote 53: Rodulf. Glab., Hist., I, 2 (ed. M. Prou, p. 7-8).]

    [Footnote 54: Flod., Ann., a. 923; Ann. S. Medardi Suession., a. 922; Ann. S. Columb. Senon., a. 923; Hist. Francor. Senon., a. 922; Folcuin, Gesta abbat. Sith., c. 101 (M.G.h., Scr., XIII, 623); Ann. Blandin., a. 925; Ann. Floriac., a. 917 (M.G.h., Scr., II, 24, II, 254). Cf. les sources angevines: Ann. Vindocia., a. 921; Rainald. Andegav. Ann., a. 921; Ann. S. Florentii, a. 920 (ed. Halphen, Recueil d'annales angevines, pp. 57, 84, 115). Ann. Nivernenses, a. 924 (M.G.h., Scr., XIII, 89). Voy. aussi Godefroy, Ceremonial (2e ed.), t. 1, p. 413, et A. Luchaire, Hist. des instit. monarchiques, I, p.11.]

    [Footnote 55: Meme dans les Miracles de saint Benoit, ecrits au coeur des possessions patrimoniales de Robert, on voit sa conduite a l'egard de Charles qualifiee de “nefaria temeritas” et meme de “perfidia” (Lib. II, c. 3, ed. de Certain, p. 99). Le Continuateur de Reginon (Chron., a. 922, ed. Kurze, p. 457) s'exprime aussi en ces termes: “Karolus tamen ori sacrilego Ruodberti ita lancea infixit, ut diffissa lingua cervicis posteriora penetraret.”]

    [Footnote 56: Concil. Rem. (Recueil des historiens de France, IX, 324).]

    [Footnote 57: Recueil des historiens de France, IX, 554-556, n deg. 87-89; Marca Hispanica, append., col, 842 et 843; Hist. de Languedoc, nouv. ed., V, p. 143, n deg. 46.]

    [Footnote 58: Nous n'avons pas ici a retracer les tableaux de geographie historique feodale qu'on trouvera dans Eckel, p. 32 et suiv., Poster, Robert le Pieux, p. 130, Lot, Fideles ou vassaux, passim, et, du meme, Etudes sur le regne de Hugues Capet, p. 187 et suiv.]

    [Footnote 59: Gallia christiana, XII, instr., col. 485: “praedicto rege Rodulpho laudante et omni sua auctoritate corroborante”.]

    [Footnote 60: Recueil des chartes de Cluny, I (Paris, 1876), nos 231, 233 a 236, etc. Le n deg. 232 mentionne Robert comme roi, et le no 243 (juin 924) Charles le Simple. cf. aussi Cartulaire de Saint-Vincent de Macon (Macon, 1864), I, no, 8, 38, 310, 314, 480, 496, 501, et les diplomes de Raoul pour Autun, Chalon et Langres ( Recueil des historiens de France, IX, 562-565, 569).]

    [Footnote 61: Vita S. Vicentii (Recueil des historiens de France, IX, 131; Acta Sanctor. Boll., Januar. 1, P. 813); Duchesne, Hist. geneal. de la maison de Vergy, I, P. 40.]

    [Footnote 62: Flod., Ann., a. 923.]

    [Footnote 63: Flod., ibid.]

    [Footnote 64: Flod., Ann., a. 927.]

    [Footnote 65: Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours (Paris, 1866), n deg. 129.]

    [Footnote 66: Cartulaire de Saint-Pere de Chartres, I, n deg. 3.]

    [Footnote 67: Recueil des chartes de Saint-Benoit-sur-Loire, publ. par M. Prou et Vidier (Paris, 1900) n deg. XL, XLI et XLII.]

    [Footnote 68: Cartulaire de Saint-Aubin d'Angers publ. par Bertrand de Broussillon (Doc. hist. sur l'Anjou, I, 1903), n deg. XXXVI et CLXXVII; Cartulaire noir de la cathedrale d'Angers, publ. par le chanoine Urseau (ibid., V, 1908), n deg. 33.]

    [Footnote 69: Recueil des historiens de France, IX, 566; Gall. christ., VIII, instr., 412; D. Noel Mars, Hist. du royal monastere de Saint-Lomer de Blois, publ. p. A. Dupre (Blois, 1869, in-8), p. 99. Ce diplome concerne la cession de l'eglise Saint-Lubin au monastere et la translation des reliques de saint Calais. Sa forme est insolite; s'il n'est pas faux, il a ete certainement refait. Cf. J. Depoin, Etudes preparatoires a l'histoire des familles palatines, dans Revue des Etudes historiques, annee 1908, p. 578.]

    [Footnote 70: R. de Lasteyrie, Cartulaire general de Paris, n deg.63.]

    [Footnote 71: Besly, Hist. des comtes de Poitou (Paris, 1647), pr., p. 221 (charte d'Ebles pour l'abbaye de Noaille, datee de la 26e annee de Charles), 225 (charte d'Adelelmus pour Sainte-Radegonde avec la curieuse date suivante: “a, III regni Radulfi regis, Karolo cum suis infidelibus merite captus (sic)", orig., Bibl. nat., nouv. acq. lat. 2306, fol. 2); R. de Listeyrie, Etude sur les comtes et vicomtes de Limoges anterieurs a l'an mil, p. 114 et A. Richard, Chartes de l'abbaye de Saint-Maixent (Arch. hist. du Poitou, XVI, 1886), n deg. XI (charte ainsi datee: “Data in mense aprilis, anno XXX, quando fuit Karolus detentus cum suis infidelibus"); Cartul. de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers; (ibid., III, 1874), nos 236, 237, 240; Documents de Saint-Hilaire de Poitiers publ. p. L. Redet (Mem. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, XIV, 1847, n deg. XIV, annee 26 de Charles).]

    [Footnote 72: Besly, op. cit., p. 237; Chartes de Saint-Maixent, nos X et XII; Cartul. de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, nos 92, 124, 301, 337, 528. Une curieuse charte de l'abbaye de Noaille (au diocese de Poitiers) porte la date: “anno III Radulfi regis quando Karolus in custodia tenebatur”. Baluze, Capitular. reg. Francor. II, append., col. 1532. La meme formule se lit encore dans une charte de Saint-Hilaire de Poitiers (Doc. de Saint-Hilaire de Poitiers, loc. cit.), n deg. XV. Voy. aussi A. Richard, Hist. des comtes de Poitou, t. I (Paris 1903), p. 63-65.]

    [Footnote 73: Gall. christ., II, instr., col. 328; Cartul. de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, nos 3 et 4.]

    [Footnote 74: Cartul. de Saint-Etienne de Limoges (Bibl. nat. ms. lat. 9193), p. 125 154, 158 et 269.]

    [Footnote 75: Baluze, Hist. Tutelensis, col. 338.]

    [Footnote 76: Diplome du 13 decembre 933 (Recueil des historiens de France, IX, 578)]

    [Footnote 77: Baluze, Hist. Tutelensis, append., col. 323-365.]

    [Footnote 78: Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu (Paris, 1859), nos 38, 44, 48, 66, 72, 108, 144, 167; Justel, Hist. geneal. de la maison de Turenne (Paris, 1645), pr., p. 9.]

    [Footnote 79: Moulenq, Doc. historiques sur le Tarn-et-Garonne (Montauban, 1879), I, 291.]

    [Footnote 80: Cartulaire de Saint-Julien de Brioude, ed. Doniol (Clermont-Ferrand, 1863), nos 39, 315, 327; Cartul. de Sauxillanges, ed. Doniol (ibid., 1864), no 13; Baluze, Hist. geneal. de la maison d'Auvergne, pr., p. 19-21; Capitular. reg. Francor., II, col. 1531, 1534. Cf. A. Bruel, Essai sur la chronologie du cartulaire de Brioude (Bibl. de l'Ecole des Chartes, 6e serie, t. II, 1866, p. 477.) Voici le texte de trois de ces dates: “VI. id. dec. anno IIII quo infideles Franci principem suum Karolum propria sede exturbaverunt et Rodulfum elegerunt, Rotberto interfecto.” (ed. Doniol, p. 330)—“v. id. oct. anno v. quando Franci deinhonestaverunt regem suum Karolum et contra legem sibi Radulfum elegerunt in regem.” (Bruel, loc. cit., p. 495)—“mense octobrio, anno v regnante Rodulfo rege Francorum et Aquitanorum.” (ed. Doniol, p. 79),—Cf. J. Depoin, Une expertise de Mabillon dans Melanges et doc. publ. a l'occasion du 2e centenaire de la mort de Mabillon, P. 138.]

    [Footnote 81: Cartul. de Brioude, nos 2, 16, 104, 112, 153, 169, 186; Cartul. de Sauxillanges, nos 218, 774.]

    [Footnote 82: Marca Hispanica, append., nos 70, 71; Le regne de Louis IV d'Outre-Mer, p. 306. Quelques chartes de cette region sont datees “apres la mort du roi Eudes"]

    [Footnote 83: Hist. de Languedoc, nouv. ed., V, nos 50 a 52, 55 a, 55b, 57 a 63; Cartulaire de l'abbaye de Conques, ed. G. Desjardins (Paris, 1879), nos 5, 92, 121, 143, 231, 291; Menard, Hist. de Nimes, I, pr., p. 19 (charte datee de l'annee 30 de Charles, apres la mort du roi Eudes). L'eveque d'Elne, Wadaldus, date une charte de 931: “Facta scriptura donationis sub die IIII. id. april. anno II. quod obiit Karolus filius Ludovici regis, Xpisto regnante et regem expectante” (Baluze, Capitul., t. II, col. 1536).]

    [Footnote 84: Sur le caractere et la nature du pouvoir ducal en Bourgogne, voy. Ch. Seignobos, Le regime feodal en Bourgogne jusqu'en 1360 (Paris, 1882, in-8 deg.), p. 156 et suiv.]

    [Footnote 85: Sur les domaines possedes par Charles le Simple, voy. Eckel, p. 42.]

    [Footnote 86: Flod., Ann., a. 923.]

    CHAPITRE III. LA CAPTIVITE DE CHARLES LE SIMPLE, LA GUERRE NORMANDE ET LA PERTE DE LA LORRAINE.

    Le roi Charles ayant vu echouer ses demarches aupres de ses vassaux rebelles, se tournait du cote du roi de Germanie, Henri Ier, avec lequel il avait entame, des 921, des negociations bientot interrompues par la revolte des grands. Il esperait que la nouvelle de la mort de son dangereux adversaire, Robert, deciderait peut-etre Henri a traiter avec lui et meme a lui procurer un secours effectif. Il envoya des deputes en Germanie avec des presents, au nombre desquels se trouvaient des reliques de saint Denis considerees comme ayant une valeur inestimable. Henri accueillit bien les envoyes de Charles, mais ne promit nullement d'intervenir en sa faveur: il se borna a ne pas nouer de relations avec Raoul[87].

    La-dessus Charles recut inopinement une deputation d'Herbert de Vermandois, conduite par le propre cousin de celui-ci, le comte Bernard[88]. D'apres Richer,[89] qui donne evidemment l'esprit du discours des envoyes, Herbert faisait declarer a Charles qu'il ne s'etait uni a ses ennemis que bien malgre lui, et que voyant a present une occasion favorable pour tout reparer, il lui demandait de venir le joindre sans grande escorte, afin de n'eveiller aucun soupcon.

    Charles, a bout de ressources, fut enchante de ce revirement soudain d'un vassal puissant, qui l'avait aide jadis. Il accueillit avec empressement la proposition inesperee des deputes. Qu'on ne l'accuse point a la legere de faiblesse ou de simplicite. Il etait tres possible qu'Herbert, d'origine carolingienne et par la d'autant plus sujet a un retour de loyalisme, devenu mecontent ou jaloux de Raoul, voulut profiter du sejour de celui-ci en Bourgogne pour faire echec a un rival bien autrement dangereux qu'un suzerain affaibli. Au surplus, Bernard et ses acolytes etaient, dit-on, de bonne foi. S'ils tromperent Charles c'est qu'ils avaient ete trompes eux-memes par Herbert. Celui-ci aurait, dit-on, juge preferable de laisser ignorer ses vrais desseins a ses propres creatures.

    Charles prit donc le chemin de Saint-Quentin avec les deputes du comte de Vermandois. A peine mis en presence d'Herbert, il fut apprehende et conduit sous bonne garde au donjon de Chateau-Thierry. Quant aux gens de sa suite, trop peu nombreux pour resister, ils furent renvoyes sans etre inquietes[90].

    Ce lache guet-apens prepare par Herbert a son suzerain legitime, le descendant de Charlemagne, produisit une penible impression sur les contemporains. L'echo s'en retrouve dans les textes relativement nombreux qui y font allusion. Les versions different sur la date de la capture (placee parfois avant l'election de Raoul), sur l'ordre des sejours du roi dans ses prisons de Saint-Quentin, Chateau-Thierry et Peronne, mais elles sont toutes unanimes, meme les plus breves, pour fletrir en termes energiques l'acte d'Herbert[91]. Il y avait la un abus trop injustifie de ruse perfide et de force brutale pour que, meme en ce siecle de fer, l'opinion generale n'en fut point emue. On voyait recommencer pour Charles les humiliations de son aieul Louis le Pieux. Aussi trouve-t-on appliquees a Herbert, dans les textes, les epithetes suivantes: “traitre plein de perfidie, menteur le plus fourbe, le dernier des infideles et des indignes, le plus mauvais des seigneurs francais, l'instigateur de tous les maux”; la note dramatique ne manque pas dans plusieurs recits de sa mort, ou l'on voit poindre l'idee d'un chatiment celeste exprimee par les circonstances legendaires dont ils sont agrementes[92].

    Les historiens modernes n'ont jamais essaye sinon de justifier la conduite d'Herbert, du moins de la concilier avec les pratiques tolerees alors par les usages entre belligerants. Il est clair, en effet, que si l'acte sans precedent du comte de Vermandois revoltait l'opinion—et on en releve la trace certaine—c'est qu'il etait considere comme un attentat brutal au droit de legitimite des lors etabli, un crime de lese-majeste envers la personne sacree du suzerain a qui fidelite avait ete juree. Comment se fait-il que des seigneurs puissants et independants comme Hugues le Grand et surtout Raoul de Bourgogne ne s'y soient pas opposes et n'aient pas contraint Herbert a se dessaisir de la personne de ce fantome de roi, qui etait plus redoutable pour eux entre les mains de l'intrigant comte de Vermandois qu'en liberte? Il y a la un de ces faits historiques difficiles a expliquer parce qu'ils resultent d'un concours extraordinairement complexe de circonstances et d'influences morales determinant, dans les rapports politiques, une tension anormale qui aboutit presque fatalement a des mesures extremes. Il ne faut pas, toutefois, oublier qu'Herbert etait arriere-petit-fils de l'infortune Bernard d'Italie, la victime du bisaieul de Charles le Simple, Louis le Pieux, entre les mains duquel il etait tombe a la faveur d'un guet-apens analogue a celui qui nous occupe[93].

    On peut se demander si Herbert II, imbu des traditions de famille si vivaces a cette epoque, ne saisit point cette occasion pour la maison de Vermandois d'exercer son “droit de vengeance” sur la branche carolingienne regnante. Celle-ci l'avait evincee, en effet, de la succession a l'empire et ensuite frappee par un acte de sauvagerie inoui. Or le droit de vengeance privee est parmi les vieilles coutumes germaniques une de celles qui etaient les plus ancrees dans les moeurs au moyen age, puisqu'on en trouve encore des traces jusqu'au XVe siecle[94]. Charlemagne en s'associant son second fils Louis le Pieux, au detriment de sa descendance ainee, avait cause de funestes rivalites dans sa famille[95].

    On pouvait donc, dans l'entourage de Raoul, considerer l'attitude d'Herbert comme moins inique et on le faisait d'autant plus volontiers qu'on etait fort satisfait d'avoir vu le comte de Vermandois accepter un suzerain bourguignon. Et Hugues le Grand, en outre, dont le pere avait succombe en luttant contre Charles, ne pouvait etre mecontent du sort d'un suzerain contre lequel il devait necessairement nourrir des idees de revanche.

    A cote de l'attentat commis sur la personne de Charles, il y a lieu de signaler la tentative qu'aurait faite Herbert pour s'emparer du jeune Louis, son fils, si l'on admet le temoignage de Richer. Dans un passage de la chronique de cet historien, le roi Louis rapporte lui-meme, au concile d'Ingelheim (en 948), qu'il a ete soustrait aux mains d'Herbert, cache dans une botte de foin par des serviteurs, et qu'ainsi il a pu gagner l'Angleterre avec sa mere Ogive, fille du roi anglo-saxon Edouard Ier l'Ancien[96]. Le recit de Richer ne merite toutefois qu'une confiance tres limitee. On y remarque une singuliere confusion entre Hugues et Herbert, et on ne s'explique pas comment Ogive restee en Lorraine avec son fils aurait eu besoin de le cacher pour l'emmener en Angleterre, puisqu'elle n'avait pas a traverser les domaines du comte de Vermandois. Il faudrait supposer que celui-ci eut machine quelque complot pour obtenir de se faire livrer l'enfant.

    La famille de Charles comprenait encore, outre ce fils, quatre filles de sa seconde femme Frerone et quatre enfants naturels[97]. Leurs pretentions n'etaient nullement redoutables; ils ne furent pas inquietes.

    Herbert se rendit immediatement apres la capture de Charles, en Bourgogne, aupres de Raoul[98]. Il sentait la necessite de se justifier aux yeux de celui-ci et de le gagner a sa politique. Bientot, en effet, le pape Jean X intervint en faveur du roi dechu, probablement sous l'influence de l'empereur Berenger qui s'etait deja montre favorable a Charles, en 921, lors de l'occupation de l'eveche de Liege. Jean X reclamait, sous menace d'excommunication, la reintegration de Charles sur le trone[99]. La mort de Berenger, survenue le 7 avril 921[100], attenua sans doute le zele du souverain pontife qui finit par s'incliner devant le fait accompli, lorsque plusieurs annees de regne eurent affermi la souverainete de Raoul.

    Les Normands avaient pris les armes a l'appel de Charles. Ils entrerent enfin en campagne. Le roi-de-mer Roegnvald, chef de la colonie scandinave qui depuis des annees dominait sur l'estuaire de la Loire, mecontent sans doute des concessions illusoires que lui avait faites Robert[101] et obeissant d'ailleurs aux messages anterieurs de Charles, avait pris le commandement des Normands de Rollon etablis sur les bords de la basse Seine, et fait irruption en “France", en passant l'Oise. Un premier echec que lui infligerent les vassaux du comte de Vermandois, aides de plusieurs seigneurs du nord de la France, les comtes Raoul de Gouy et Enjorren de Leuze[102], n'eut d'autre effet que de le pousser a de plus graves devastations. Une nouvelle defaite qu'il essuya en luttant contre le comte d'Arras, Alleaume, le contraignit cependant a reculer. Les pillages n'en continuerent pas moins. Hugues se decida enfin a demander assistance a son beau-frere le roi Raoul.

    Celui-ci accourut a Compiegne, en plein pays envahi, avec ses troupes. Les contingents fournis par l'archeveque Seulf, par Herbert et les autres vassaux etant venus le joindre, il se sentit assez fort pour passer de la defensive a l'offensive. Il penetra en Normandie, au dela de l'Epte, et par represailles ravagea tout le pays, en chassant devant lui les bandes pillardes[103]. Cette pointe hardie en avant demontrait a la fois la valeur militaire du nouveau roi et son desir bien arrete de regner autrement que de nom. La lutte contre les Normands etait assurement le meilleur moyen de s'attacher les populations qui avaient eu tant a souffrir des incursions des pirates, par suite de l'indifference ou de l'impuissance apathique de certains rois carolingiens. Cependant Raoul ne pouvait s'attarder a pourchasser une poignee de brigands, quand la plupart des seigneurs lorrains, qui jusqu'alors avaient sans cesse lutte pour Charles, desesperant de sa cause, depuis sa captivite, envoyaient un message pour offrir de faire leur soumission. Il etait urgent de repondre a leurs propositions conciliantes et avantageuses, si l'on ne voulait pas en perdre le benefice et voir ce pays echapper de nouveau a la France. Raoul reunit donc les grands vassaux qui l'entouraient pour prendre conseil, et il fut decide que ceux-ci continueraient seuls la poursuite des fuyards tandis que lui-meme se rendrait immediatement en Lorraine[104].

    Raoul s'arreta d'abord sur la frontiere, a Monzon. L'eveque de Metz Guerri vint l'y trouver et le decida a marcher avec lui sur Saverne[105], ou le roi de Germanie Henri Ier avait laisse une garnison. Le siege dura une bonne partie de l'automne et se termina par la capitulation des gens d'Henri Ier qui, ne se voyant pas secourus par leur suzerain, comme ils y avaient compte, se resolurent a livrer des otages.[106]

    En revenant a Laon, Raoul trouva la reine Emma qui, de sa propre autorite, venait de se faire consacrer reine par l'archeveque de Reims Seulf. Ce fait decele a la fois l'ambition et l'esprit d'initiative de la fille du roi Robert[107]: sachant la vie de son mari en danger dans le voyage sur territoire lorrain, elle avait pris ses precautions pour etre assuree de jouer un role en cas de malheur.

    Un certain nombre de seigneurs lorrains, et non des moindres, avaient prefere se tourner du cote du roi de Germanie plutot que de reconnaitre celui qu'ils consideraient comme un usurpateur. Le duc Gilbert et l'archeveque de Treves appelerent Henri Ier en Lorraine: celui-ci accourut aussitot et, passant le Rhin, commenca le pillage du pays, comptant sur de nouvelles defections. L'effet produit fut tout le contraire: malgre la reputation d'inconstance des Lorrains, il n'y eut guere d'autre defection que celle d'Otton, fils de Ricoin, ennemi personnel de Raoul[108]. La nouvelle que le roi de France se disposait a marcher contre l'envahisseur avec une puissante armee, recrutee tant en France qu'en Bourgogne, decida Henri a mettre son butin en surete sur l'autre rive du Rhin. Il se hata de conclure avec les Lorrains un armistice jusqu'au Ier octobre de l'annee suivante, emmenant avec lui de nombreux otages et des troupeaux entiers captures entre Rhin et Moselle.[109]

    L'influence francaise etait preponderante dans le pays, surtout vers la partie meridionale. Guerri de Metz s'empara de Saverne dont il fit raser le chateau-fort, et a la mort de l'eveque de Verdun, Dadon, Raoul donna l'eveche a un certain Hugues auquel Seulf confera la pretrise[110]. Les Lorrains paraissaient accepter avec un certain enthousiasme la souverainete bourguignonne, qui pouvait leur sembler un acheminement vers l'autonomie et un retour a leur preponderance ephemere de jadis, au temps du “royaume de Lothaire Ier”.

    Cependant Hugues et Herbert, secondes par l'archeveque de Reims Seulf, avaient protege contre les Normands leurs domaines de la rive gauche de l'Oise au moyen d'une armee de couverture. Il n'y eut pas de rencontre decisive, mais des irruptions suivies de pillages, de chaque cote. On finit par entamer des pourparlers ou les conditions d'une paix definitive furent discutees: on parla d'etendre a l'ouest le long de la mer, jusque vers le Cotentin, les limites du territoire concede a Rollon, sur les deux rives de la Seine inferieure. Enfin un armistice fut conclu jusqu'au milieu de mai 924. Les Normands donnaient des otages, et en retour on achetait encore honteusement, comme par le passe, leur inaction, moyennant un lourd tribut. L'argent necessaire devait etre fourni a l'aide d'une sorte de taxe personnelle extraordinaire (pecunia collaticia)[111].

    Pourquoi ce retour aux anciennes humiliations, apres une campagne de debut si brillante? Ce changement subit et un peu deconcertant au premier abord parait du a la necessite ou etait Raoul d'en finir au plus vite avec la question normande pour se trouver completement libre d'agir en Aquitaine.

    Tout le Midi, a peu d'exceptions pres, persistait dans son attitude hostile a l'egard du nouveau roi et refusait absolument de le reconnaitre. Raoul n'entendait pas renoncer a ses droits de suzerainete et il voulait profiter, des le debut, de son succes sur les Normands ainsi que du prestige que lui donnait la soumission inesperee de la Lorraine, pour entrer en contact avec les opposants et les contraindre par l'intimidation, ou au besoin par la force, a l'obeissance.

    L'armee royale entra si soudainement en campagne que le duc d'Aquitaine, Guillaume II, eut a peine le temps d'organiser la resistance. Le roi etait deja en Autunois, suivi d'innombrables vassaux, et son avant-garde atteignait la Loire, quand Guillaume parut sur la rive opposee. Ainsi les deux adversaires etaient en presence, separes seulement par le cours du fleuve. Une telle situation etait celle qu'a cette epoque on recherchait surtout pour les entrevues, par mesure de securite: des negociations commencerent aussitot. Les emissaires faisaient la navette d'une rive a l'autre. Le soir venu, Guillaume se decida enfin, a la faveur de la nuit, a faire le premier pas pour hater une solution. Muni d'un sauf-conduit, il passa le fleuve et se rendit a cheval au camp de Raoul. Celui-ci l'attendait egalement a cheval. Des que Guillaume fut en presence du roi, il sauta en bas de sa monture, pour le saluer comme son suzerain, et Raoul lui repondit en lui donnant l'accolade. Ce ceremonial symbolique ratifiait l'echange prealable de promesses, et la conclusion definitive de la paix fut remise a une seconde entrevue qui eut lieu le lendemain. La condition mise par Guillaume a sa soumission etait la restitution du Berry que Raoul avait occupe. Une suspension d'armes de huit jours fut decidee pour permettre aux Aquitains d'approuver cet accord, et au bout du delai, la paix fut conclue formellement et definitivement[112].

    Raoul parait alors avoir tenu a Autun, puis a Chalon, une veritable cour pleniere, dont le role politique est certain, encore que nous n'en ayons point de preuves materielles. La reine Emma etait venu le joindre[113], avec un grand nombre de puissants feudataires francais, l'archeveque de Reims, Seulf, les eveques de Troyes, Anseis[114], de Soissons, Abbon (qui remplissait les fonctions de chancelier avec Rainard pour notaire), le marquis Hugues, le comte Herbert de Vermandois. Les vassaux bourguignons etaient naturellement au complet: le frere du roi, Hugues, les comtes Walon et Gilbert, fils du comte Manasses, les abbes de Saint-Martin d'Autun, Eimon[115], et de Tournus, Herve[116], le prevot de Saint-Symphorien d'Autun, Hermoud[117]. Plusieurs hauts personnages aquitains avaient en outre accompagne le duc Guillaume, par exemple l'eveque du Puy Allard[118]. Enfin on vit venir le regent du royaume de Provence pour l'empereur Louis l'Aveugle, Hugues, qui prit part aux discussions de cette sorte de plaid[119].

    Tous ceux qui s'etaient montres les premiers fideles a Raoul recurent des liberalites. Herbert eut Peronne, qui devint sa principale forteresse[120], Hugues recut le Mans, Seulf obtint de Hugues de Provence, grace a l'intercession royale, la restitution des domaines episcopaux situes en Lyonnais, dont Herve s'etait vu depouiller[121].

    La presence de Hugues de Provence s'explique probablement par le desir de conjurer au moyen d'une bonne entente toute cause de conflit ulterieur avec le roi de France, a raison des pretentions possibles de ce dernier a la suzerainete sur le royaume du sud-est: le mariage de Boson, frere de Raoul, avec la propre niece de Hugues, Berthe, future comtesse d'Arles et d'Avignon, scella cet accord. La confirmation par Raoul des biens d'un monastere sis en Viennois et en Provence, a Vaison et Frejus, ne prouve pas necessairement qu'il ait revendique des droits sur ces pays, car souvent il arrivait qu'un abbe sollicitat de plusieurs souverains la confirmation de ses titres, afin d'en augmenter la force probante en cas de contestation[122].

    Raoul ne distribuait pas seulement ses faveurs aux grands vassaux. Toute une serie de diplomes de cette annee 924, donnes en Bourgogne en faveur d'abbayes ou d'eglises, nous sont parvenus. Le premier, pour Saint-Symphorien, est date d'Autun meme, le 29 fevrier[123]; les suivants ont ete donnes a Chalon-sur-Saone. Le 6 avril, Saint-Martin d'Autun obtenait la confirmation de ses privileges, avec de nouvelles liberalites[124]. Le 8, l'eveque du Puy se faisait conceder, sur l'intervention de Guillaume d'Aquitaine, comte de Velay, les droits attaches au comte de la ville du Puy, notamment celui de battre monnaie[125]. Le 9 enfin, le monastere de Tournus obtenait confirmation de ses dependances situees en Chalonnais[126].

    Si Raoul etait genereux envers ses vassaux fideles, il se montrait par contre impitoyable a l'egard de ceux qui, par leur turbulence, suscitaient des querelles intestines. Le vicomte d'Auxerre, Rainard,—frere de l'ennemi du roi Robert, Manasses de Dijon,—qui avait si souvent moleste les eveques de sa cite, s'etait permis, sans motif apparent, d'occuper la forteresse de Mont-Saint-Jean[127], et refusait de la rendre malgre toutes les sommations. Raoul intervint et confia le siege de la place a un groupe de seigneurs bourguignons au nombre desquels se trouvaient, avec son frere Hugues, les propres neveux du rebelle: Walon et Gilbert de Dijon. Ces derniers, au bout de quelque temps, purent decider leur oncle a envoyer son fils en otage au roi. Ils intervinrent ensuite aupres de Raoul, pour que celui-ci voulut bien recevoir Rainard et lui accorder un armistice. Le roi y consentit et s'eloigna, laissant pour surveiller la place ceux qui avaient echange les serments d'usage avec Rainard. Puis un peu plus tard, dans le courant de l'annee, il revint et forca Rainard a abandonner Mont-Saint-Jean, dont il reprit possession[128].

    En Lorraine aussi, des luttes feodales avaient eclate. Gilbert se brouilla avec son beau-frere Berenger, comte du pagus Lommensis, et son propre frere Renier; il ouvrit ensuite la lutte contre eux et le comte de Cambrai, Isaac, leur allie. Des pillages reciproques s'ensuivirent. Comme le roi de Germanie etait retenu en Saxe par une invasion hongroise, Gilbert chercha a se rapprocher de Raoul pour en obtenir l'appui et envoya des deputes lui annoncer sa soumission. Mais le caractere inconstant de Gilbert le rendait, au dire de l'historien Flodoard, si suspect et si odieux a Raoul, que celui-ci ne voulut tenir aucun compte de ces nouvelles propositions d'hommage. Un plaid reuni a Attigny decida meme qu'une expedition serait faite en Lorraine pour soumettre les seigneurs qui n'avaient pas encore reconnu la suzerainete du nouveau roi[129].Malheureusement, sur ces entrefaites, Raoul tomba gravement malade. Une amelioration passagere de son etat fut suivie d'une rechute tellement violente qu'il se fit transporter dans un etat presque desespere a Saint-Remy, pour implorer l'assistance de l'apotre des Francs. L'idee de ce pelerinage est fort interessante a examiner au point de vue psychologique: il est clair que Raoul doutait un peu de la legitimite de sa royaute et qu'il voulait calmer ses scrupules de conscience, en se mettant sous la protection du saint dont il considerait l'archeveque de Reims comme le mandataire, dans la ceremonie du sacre. Il est probable que l'exemple recent de la mort de Robert le hantait. Aussi disposa-t-il par testament de presque tous ses biens en faveur du monastere de Saint-Remy et de diverses abbayes de France et de Bourgogne, n'en reservant qu'une bien faible part a la reine Emma[130].

    Au bout de quatre semaines, sa guerison etait complete, mais il n'etait pas encore suffisamment retabli pour entreprendre une campagne en Lorraine. Henri l'Oiseleur etait aussi, a son tour, tombe malade sur les frontieres slaves, dans le courant de l'ete. L'occasion eut ete extremement favorable, mais Raoul avait encore besoin de repos. De Reims il se rendit d'abord a Soissons, puis en Bourgogne[131].

    Avant son depart, il avait charge Hugues, Herbert et Seulf de conclure la paix projetee avec les Normands. Ceux-ci profiterent de l'incapacite de rien entreprendre, ou se trouvait alors le roi, pour se montrer exigeants. Ils demanderent a nouveau l'extension de leur fief “outre Seine” et Hugues dut se resigner a leur abandonner le Maine qu'il venait de recouvrer et le Bessin[132]. A ce prix ils consentirent a conclure une paix definitive ... au moins en apparence[133].

    Vers ce temps-la, en octobre 924, un synode fut reuni a Trosly[134] pour juger le differend survenu entre le comte de Cambrai, Isaac, et son eveque Etienne. Isaac etait alle jusqu'a prendre et incendier un chateau episcopal. Le clerge remois s'en emut, et le synode ou furent admis plusieurs pairs laiques du comte de Cambrai, notamment le comte de Vermandois, contraignit Isaac a s'amender et a faire publiquement penitence[135]. Quand les fonctions civiles et ecclesiastiques n'etaient pas reunies entre les memes mains, le clerge avait le plus souvent, grace a sa discipline, le dernier mot dans la lutte contre les seigneurs, toujours rivaux entre eux.

    Cette meme annee, une horde de Hongrois passa les Alpes, apres avoir pille l'Italie et brule Pavie (le 12 mars). Le roi de Bourgogne Rodolphe II et Hugues de Provence ne purent arreter les envahisseurs, mais ils les harcelerent en les suivant a distance et reussirent a les cerner un instant dans les defiles alpestres. Parvenus a s'echapper, les Hongrois passerent le Rhone et se rendirent en Gothie. Une epidemie de dysenterie se declara fort a propos dans leurs rangs, et le comte de Toulouse, Raimond-Pons III n'eut pas de peine a disperser et a achever les debris de leurs bandes[136].

    Roegnvald, chef des Normands de la Loire, avait pris part aux expeditions conduites en France par les Normands de la Seine. La raison de cette hostilite persistante ne ressort pas clairement des textes, mais il semble bien que ce soit la non-execution des promesses de cession du comte de Nantes et de la Bretagne faites par Robert en 921[137]. Celui-ci avait effectivement cede ces pays a Roegnvald: or cette apparente liberalite n'avait pas eu de resultat. Il est evident qu'en abandonnant la Bretagne ou l'une de ses parties, Robert n'avait renonce qu'a des droits theoriques contestables, puisqu'il ne possedait point ce pays, et sa mort survenue sur ces entrefaites avait acheve de reduire a neant la valeur problematique de ses promesses. La comparaison avec les Normands de la Seine qui, eux, avaient su non seulement obtenir mais accroitre la donation de Charles le Simple, decida vraisemblablement la reprise des hostilites. Exclu des negociations grace a l'habilete des seigneurs francais, Roegnvald, mecontent de ses echecs successifs, voulut une revanche eclatante.

    A la tete d'une nombreuse armee, il remonta le cours de la Loire en pillant la rive gauche du fleuve. Les deux seigneurs riverains, Hugues et Guillaume, craignant pour leurs possessions, entrerent, chacun separement, en pourparlers avec lui. Ces negociations sont obscures. Il semble que le viking se soit contente d'exiger le libre passage a travers des pays deja epuises pour se rendre dans la riche Bourgogne, encore intacte, dont le duc-roi s'etait montre naguere un ardent antagoniste des Normands de la Seine et avait porte la guerre sur leur territoire. Son but parait avoir ete de montrer a l'“usurpateur” Raoul que si les Normands de la Seine avaient accepte de deposer les armes, lui, Roegnvald, n'ayant point recu satisfaction, n'etait nullement dispose a imiter leur exemple, qu'il entendait faire cherement payer sa retraite et que l'eloignement de la Bourgogne ne suffisait pas pour la mettre a l'abri des represailles normandes.

    La temerite d'une pareille tentative explique peut-etre la facilite avec laquelle Hugues et Guillaume laisserent l'ennemi se diriger, sans l'inquieter, sur la Bourgogne, en l'absence de Raoul, alors retenu dans la France du nord. Il est surprenant que ces deux puissants vassaux se soient resolus par egoisme et indifference, a laisser piller les domaines de leur suzerain. Il faut peut-etre supposer une tactique de leur part pour tendre un piege aux Normands; sinon on ne pourrait y voir qu'une lachete contraire a leurs devoirs feodaux. On en jugera d'ailleurs par ce qui suivit.

    Tandis que Roegnvald penetrait dans la Bourgogne, pillant tout sur son passage, les comtes Garnier de Sens, Manasses de Dijon, avec les eveques Josselin de Langres et Anseis de Troyes, prevenus peut-etre sous main par le marquis Hugues, avaient rassemble leurs vassaux. Ces seigneurs se porterent a la rencontre des Normands qui se retiraient vers la France du nord, charges de butin. Le choc eut lieu sur les confins du Gatinais, a Chalmont, le 6 decembre. La lutte fut acharnee. Il s'agissait pour les Normands d'assurer leur retraite, et les Bourguignons etaient decides a leur faire expier les ravages qu'ils avaient faits chez eux. Huit cents Normands resterent, dit-on, sur la place. Du cote bourguignon, le comte Garnier ayant eu son cheval tue sous lui fut pris et mis a mort. Enfin l'eveque Anseis, qui se battait vaillamment a la tete de ses gens, fut grievement blesse. Le reste de l'armee normande continua vers le nord jusqu'aux rives de la Seine, puis s'arreta pour camper, probablement dans la region voisine du confluent de l'Ecole[138].

    Dans l'intervalle, le roi Raoul completement retabli, mis au courant de ce qui se passait, n'avait pas perdu un instant. Ayant reuni a la hate les vassaux de l'eglise de Reims, il les entraina a sa suite avec l'eveque de Soissons, Abbon, quelques autres amis devoues et meme Herbert de Vermandois, qui resta prudemment a l'arriere-garde, toujours pret a tirer parti des evenements. Des qu'il s'approcha de la Bourgogne, de nombreux hommes d'armes vinrent du duche remplir aupres de lui leur service d'ost. Il marcha avec ces forces directement vers le camp ennemi et un combat s'engagea aussitot entre les fantassins des contingents francais et les Normands, qui s'etaient avances a leur rencontre. Pendant l'action, l'avant-garde francaise, la premiere ardeur passee, s'apercut que le gros de l'armee qui entourait le roi ne bougeait pas et que personne n'y mettait pied a terre pour combattre. Les Normands, d'autre part, faiblissaient, apres quelques pertes, et se trouvaient contraints de regagner leurs retranchements. L'avant-garde francaise se retira alors jusqu'a environ deux ou trois milles des lignes ennemies et s'etablit en cercle d'investissement tout autour. D'autre part, Hugues etait sur la rive opposee de la Seine et y avait pris position juste en face des Normands. La situation de ceux-ci semblait desesperee. On attendait seulement les bateaux qui devaient venir de Paris pour les attaquer de toutes parts et donner l'assaut a leur camp, meme du cote du fleuve. La lutte promettait d'etre decisive Roegnvald etait pris au piege ou sa temerite l'avait conduit. Mais les assiegeants perdirent trop de temps a attendre les navires parisiens qui ne venaient pas. Tout a coup le ruse Normand sortit de son camp sans etre apercu, parvint a traverser par surprise les lignes ennemies, ou il avait pu pratiquer des intelligences, et gagnant une foret voisine, reussit a s'evader avec tous les siens[139].

    Ainsi Roegnvald sut eviter par un coup d'audace, que la lenteur des operations des coalises rendit possible, la sanglante defaite ou la honteuse capitulation a l'une ou a l'autre desquelles il paraissait irremediablement accule. Et maintenant l'aventureux et habile viking gagnait rapidement les bords de la Loire, a travers la foret d'Orleans, avec les survivants de ses intrepides guerriers, echappes comme par miracle du cercle de fer dont ils avaient ete un instant entoures.

    Les coalises stupefaits de la soudainete de cette fuite ne se hasarderent pas a poursuivre dans les bois un ennemi brave jusqu'a la temerite, satisfaits de lui avoir inflige de tres serieuses pertes et une terrible lecon.

    Peut-etre est-ce au cours de cette retraite memorable que les sectateurs d'Odin penetrerent dans l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire. Le continuateur d'Aimoin raconte, en effet, sans donner de date, que les moines s'enfuirent lors du passage de Roegnvald, emportant leurs precieuses reliques. Le recit des scenes de sauvagerie qui se deroulerent dans le monastere pendant le sejour qu'y fit Roegnvald, celui de sa vision et du chatiment final qui l'atteignit a son retour, ont ete consignes en termes emus dans les ecrits monastiques[140]. On conserva longtemps, a Saint-Benoit, le souvenir de l'etrange abbatial du celebre viking: on donna meme son nom a une tete d'homme, en marbre, encastree dans la muraille septentrionale de l'eglise[141].

    La dislocation de l'armee des coalises eut lieu rapidement. Elle etait complete des le mois de fevrier. En mars, Gilbert de Lorraine entama des pourparlers avec les seigneurs francais malgre son echec de l'annee precedente[142]. Il eut une entrevue avec Herbert qui etait l'ame de ces negociations, et celui-ci reussit a gagner de nouveau le marquis Hugues. Sur les instances de ces puissants vassaux, le roi Raoul consentit enfin a recevoir l'hommage de Gilbert. Il en fixa le lieu a Cambrai, au cours d'un plaid qu'il y devait tenir.

    Pour des motifs inconnus,—peut-etre des raisons de mefiance ou d'amour-propre,—les Lorrains ne parurent pas a Cambrai, et il fallut que Raoul s'avancat a leur rencontre jusqu'a la Meuse La ceremonie de l'hommage eut lieu sur les rives du fleuve, et Otton, fils de Ricoin, lui-meme, l'ennemi de Boson, jura fidelite au frere de son adversaire. Seuls les archeveques de Treves et de la cite lointaine de Cologne continuerent de s'abstenir[143]. C'etait la seconde fois depuis le commencement du siecle, qu'un roi de France recevait la soumission effective du duche de Lorraine.

    Raoul dut presque aussitot quitter precipitamment le pays. Les Normands de la Seine rompirent le traite conclu en 924, soit excites par Roegnvald lui-meme, soit simplement desireux de venger une defaite normande par laquelle ils pouvaient se considerer comme moralement atteints, et ils profiterent de l'absence momentanee de Raoul. Ils envahirent tout a coup l'Amienois et le Beauvaisis. Amiens fut menace, et bientot un terrible incendie s'y declara par suite de l'imprudence des habitants, trop presses de fuir. Arras subit le meme sort. A Noyon se produisit une veritable resistance: les bourgeois, avec l'aide des habitants du faubourg incendie, entreprirent une sortie qui leur valut la reprise d'une partie du faubourg[144].

    Mais durant ces brigandages, le territoire des Normands, situe sur les rives de la Seine, fut tout a coup envahi, des deux cotes a la fois, par les habitants du Bessin et ceux du Parisis, vassaux de Hugues le Grand. Le Vexin et une partie du Roumois furent pilles et incendies. Cette heureuse diversion produisit le resultat attendu. Les Normands retournerent en hate a la defense de leurs foyers. Herbert venait d'ailleurs d'apparaitre sur les bords de l'Oise avec quelques cavaliers reunis a grand'peine, a cause de la rarete du fourrage, et il occupait une position fortement retranchee de maniere a barrer a l'ennemi l'entree de ses domaines.

    Dans leur retraite, les Normands furent poursuivis et harceles par le comte de Ponthieu Helgaud et d'autres seigneurs des regions cotieres septentrionales[145].

    En quittant la Lorraine, Raoul s'etait rendu a Laon, ou le 6 avril, sur la demande du comte Roger, il confirma a l'abbaye de Saint-Amand les donations de ses predecesseurs[146], puis il avait gagne la Bourgogne: le 30 mai il s'arretait a Arciat, sur la Saone, avec Josselin, eveque de Langres, et le comte Manasses, pour renouveler les concessions de ses predecesseurs a Saint-Benigne de Dijon[147], et au mois de juillet, a Autun, ou il conceda par la tradition du couteau, sur la demande de sa mere Adelaide et de son vassal Unizon, le fief de son fidele Adon aux chanoines de Saint-Symphorien d'Autun, pour le donner en precaire a son fidele Aldric[148].

    Il se hata de reunir ses vassaux bourguignons, que l'idee d'une revanche contre les Normands devait necessairement seduire, et il proclama le ban et l'arriere-ban, c'est-a-dire la levee en masse, par toute la France, de maniere a porter un coup decisif aux anciens pirates, voisins turbulents, encore peu accoutumes a la vie sedentaire. Cette fois de nombreuses recrues vinrent des pays maritimes du nord: les comtes Helgaud de Ponthieu, Allou de Boulogne et a leur tete Arnoul, marquis de Flandre. Herbert amena les vassaux de l'eglise de Reims qu'il commandait[149]

    Cependant Rollon avait pris des mesures pour resister a l'invasion de ses domaines, en renforcant de mille hommes envoyes de Rouen la place d'Eu, situee pres de la mer, aux extremes confins septentrionaux. C'est en effet sur ce point que se concentrerent les premiers efforts de l'attaque. D'apres Richer, le roi Raoul dirigeait en personne les combattants[150]. Les ouvrages avances furent vite enleves et les murs d'enceinte pris d'assaut. Enfin le chateau fort lui-meme tomba au pouvoir des Francais. Ceux-ci avides de vengeance et decides a mettre fin, par un exemple, aux entreprises de leurs infatigables adversaires, incendierent la place et passerent au fil de l'epee toute la population male. Quelques Normands parvinrent toutefois a s'echapper et se refugierent dans une petite ile de la Brele, voisine du rivage. Les Francais les y poursuivirent, s'emparerent de l'ile avec plus de peine encore que de la place d'Eu et commencerent un nouveau massacre. Les derniers survivants, perdant tout espoir, apres avoir defendu vaillamment leur vie, se jeterent a l'eau: plusieurs furent engloutis par les flots et ceux qui nagerent jusqu'a la terre ferme furent tues en abordant au rivage. Plusieurs enfin voyant qu'on ne leur faisait point quartier se donnerent eux-memes la mort, selon la coutume scandinave, pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi[151]. L'extreme ferocite de cette guerre s'explique par l'etat d'exasperation ou en etaient arrivees des populations si longtemps eprouvees par les fureurs devastatrices d'un ennemi rapace, cruel et insaisissable. La conquete de Rollon etait serieusement menacee. Les Francais a leur tour s'emparerent d'un enorme butin, mais ils ne pousserent pas plus avant. Raoul etablit son camp en Beauvaisis avec les Bourguignons et le marquis Hugues, de maniere a proteger le pays contre tout essai de revanche[152].

    A quelque temps de la, vers la fin d'aout, Hugues, de retour a Paris, conclut avec les Normands un accord, dans le genre de celui de 924, afin d'assurer l'integrite de ses domaines: il avait a craindre des represailles contre les habitants du Bessin et du Parisis. Personne ne devait etre bien sincere dans ces negociations. Hugues ne pouvait se meprendre sur les intentions des Normands: ils voulaient s'assurer le calme dans leurs foyers pour exercer leur vengeance contre Arnoul de Flandre, Helgaud et les Francais du nord dont ils avaient eu tout particulierement a souffrir dans la derniere affaire. Ils stipulerent donc que les domaines des fils de Baudoin II le Chauve, Arnoul de Flandre et Allou, comte de Boulogne-Terouanne, de Raoul de Gouy et d'Helgaud de Ponthieu, resteraient en dehors de l'arrangement. Ils n'avaient pas eu de peine a ranimer la rivalite latente entre Hugues de France et les puissants feudataires flamands, arriere-petits-fils de Charles le Chauve par leur grand'mere paternelle Judith, mais il etait evident qu'aussitot apres l'expedition projetee contre ces derniers, viendrait le tour des vassaux du duc de France[153].

    La defaite des Normands a Eu, suivant de pres l'echec de Roegnvald a Chalmont, fit renaitre un peu de confiance parmi les populations. Les communautes monastiques, qui s'etaient enfuies devant les envahisseurs, reprirent avec leurs reliques, le chemin de leurs monasteres abandonnes: ainsi les moines de Saint-Maur-des-Fosses[154] et de Saint-Berchaire ou Montierender[155]. Les premiers etaient deja revenus du Lyonnais vers le 23 aout. Raoul avait temoigne une bienveillance toute speciale a l'egard des moines de Montierender, en leur accordant asile et protection dans son duche. Il s'etait assure ainsi leur appui, qui lui avait deja servi lors de son elevation au trone; et en les rapatriant, il acquit de nouveaux titres a leur reconnaissance.

    Tandis que la lutte contre les Normands etait poussee avec vigueur, le roi de Germanie, Henri, franchissant le Rhin, avait enleve de vive force aux hommes de Gilbert la forteresse de Zuelpich et s'etait bientot retire apres s'etre fait livrer des otages par le duc[156]. De retour en Lorraine, vers la fin de l'annee, il parvint a decider tous les feudataires a lui preter l'hommage[157]. Seul l'eveque de Metz, Witger, fit quelque resistance, mais il fut contraint par la force a se soumettre[158].

    Le propre frere de Raoul, Boson, fut oblige de faire comme les autres et de reconnaitre la suzerainete du roi de Germanie. A Verdun l'eveque Hugues, installe par Raoul, dut ceder son poste a Bernoin, neveu de l'eveque Dadon: ce remplacement ne pouvait etre qu'agreable aux Lorrains, puisque Bernoin appartenait a une famille indigene[159].

    Le changement si subit survenu en Lorraine, a la suite de la prise de Zuelpich, un an a peine apres une soumission en apparence definitive, doit s'expliquer par l'absence trop prolongee du roi et son incapacite, en face du peril normand, d'affermir son pouvoir en un pays ou le regime feodal, deja fortement implante, rendait toute souverainete presque illusoire, ou toute menace un peu serieuse devait necessairement amener des defections.

    Ces evenements arrives avec une rapidite prodigieuse deciderent pour un certain temps du sort de la Lorraine. Desormais le nom du roi de Germanie apparaitra d'une facon constante dans les dates des actes passes en la region. Il ne faudrait pas, cependant, aller jusqu'a dire, comme on l'a fait[160], que la Lorraine est des lors, sous Gilbert, fils de Renier Ier et gendre d'Henri Ier, un “duche allemand” rattache pour de “longs siecles” a la Germanie. Les evenements du regne de Louis d'Outre-Mer et de Lothaire donnent un dementi a ces generalisations un peu trop absolues.

    Au moment ou Raoul aurait eu besoin de toute sa liberte pour agir au dehors, son attention fut retenue par l'affaire de l'archeveche de Reims, qui devait etre par la suite grosse de consequences au point de vue de la situation interieure du royaume. Seulf vint a mourir subitement le 1er septembre 925, et le bruit courut qu'il etait victime du poison du comte de Vermandois[161]. Il avait, en effet, commis l'imprudence de promettre sa succession au plus jeune des fils d'Herbert, Hugues, un enfant en bas age. Seulf laissait le souvenir d'un homme de haute valeur intellectuelle: disciple du celebre Remy d'Auxerre, il etait verse dans toutes les connaissances de son temps[162]. Il avait recu du pape confirmation de ses prerogatives metropolitaines, et s'etait montre fort apte a remplir les multiples devoirs de prelat feodal, tout ensemble ecclesiastiques et laiques: ainsi il avait fortifie Saint-Remy en meme temps qu'embelli la cathedrale de Reims[163], et plus d'une fois, quittant l'office, s'etait mis a la tete des vassaux de l'eglise pour les conduire a l'ost du roi. Quoique tombe sous la dependance d'Herbert, des la premiere annee de son pontificat, il avait toujours fait montre d'un loyalisme a toute epreuve envers Raoul.

    Aussitot la nouvelle connue, Herbert parut a Reims, ou il avait des intelligences parmi les vassaux et les clercs du diocese. Grace a l'appui de l'eveque de Soissons, Abbon, et a celui de l'eveque de Chalons, Beuves, il fit elire comme successeur designe de Seulf, Hugues, son fils, age de cinq ans a peine, puis il alla trouver Raoul, en Bourgogne, et se fit charger par lui de l'administration interimaire du temporel de l'archeveche[164]. Le roi avait mis comme premiere condition a son assentiment le respect des personnes et des biens de l'eveche, et s'etait refuse a reconnaitre Hugues comme regulierement intronise, tant qu'il n'aurait pas atteint l'age necessaire pour recevoir l'ordination canonique. Abbon se rendit a Rome, afin de solliciter du pape Jean X son approbation generale pour les actes d'Herbert, et pour lui-meme l'investiture provisoire des fonctions archiepiscopales, en qualite de vicaire. Il l'obtint[165]. Tout cedait devant l'habilete puissante du comte de Vermandois. Il y eut cependant quelques mecontents. L'historien Flodoard fut de leur nombre et cela lui couta la prebende qu'il avait recue de l'archeveque Herve. D'autres recalcitrants furent traites encore plus mal. Herbert n'hesita pas a user de violence, meme vis-a-vis du clerge, et deux ecclesiastiques furent tues par ses gens au cours des troubles, dans le cloitre des chanoines[166].

    D'autre part, les Normands ne tarderent pas a vouloir tirer vengeance de l'effroyable massacre d'Eu. Ils ravagerent avec leur flotte le littoral du Boulonnais, concentrerent une nouvelle armee et envahirent l'Artois. Raoul se tenait encore sur ses gardes. Il opera sa jonction avec Herbert et les seigneurs des regions cotieres du nord, et reussit a cerner l'ennemi non loin, semble-t-il, de Fauquembergue[167]. Malheureusement l'armee francaise avait ete obligee de se diviser. Une nuit les Normands, a la faveur de l'obscurite, sortirent soudain du defile boise, ou ils se trouvaient enfermes, et vinrent fondre a l'improviste sur le camp royal. Plusieurs tentes furent brulees et le roi faillit etre pris. Herbert, qui campait a quelque distance, sut accourir juste a point pour temoigner un devoument interesse a son suzerain, et les agresseurs furent repousses apres une lutte acharnee, ou ils laisserent onze cents morts sur la place. Les Francais de leur cote furent grandement eprouves: le vaillant comte de Ponthieu, Helgaud, perit dans la melee, et le roi Raoul lui-meme grievement blesse fut contraint de regagner Laon. Malgre leur echec, les Normands purent ainsi pousser leurs devastations jusqu'aux confins de la Lorraine, en Porcien[168].

    Vers le meme temps, aux environs de Paques, les Hongrois rodaient pres de la, dans le pays de Voncq[169], ou ils auraient pu se rencontrer avec les Normands. A leur approche, les habitants et le clerge desertaient les campagnes, les moines cherchaient avec leurs reliques un refuge a l'abri des murailles romaines des cites episcopales de Metz, Toul et Reims, ou encore dans des lieux inaccessibles, fortifies par la nature. Ainsi furent portees a Reims les reliques de saint Remy et de sainte Vaubourg d'Attigny. Les Hongrois jeterent dans l'est la meme terreur que les Sarrasins dans le midi ou les Normands dans l'ouest: le pillage des riches monasteres et des campagnes florissantes, jusque-la epargnes, fut considere par les populations comme un chatiment celeste [170].

    Les difficultes s'etaient accumulees autour de Raoul avec une incroyable rapidite. Lui blesse, et par consequent condamne pour un temps assez long au repos, les Normands et les Hongrois livraient au pillage les environs de Laon et de Reims. Enhardi par les embarras d'un suzerain qu'il n'avait reconnu que contraint et force, le duc d'Aquitaine fit defection. Un de ses freres, probablement Affre, se jeta sur Nevers et y prit une attitude telle que Raoul, craignant pour son duche de Bourgogne [171], se hata de transiger avec les Normands: il leur acheta la paix moyennant une forte indemnite reunie a l'aide d'un impot special (exactio pecuniae collaticiae) leve sur la France septentrionale et la Bourgogne. Les Hongrois disparurent heureusement, aussi vite qu'ils etaient venus.

    A peine remis de sa blessure, Raoul prit le commandement d'une armee franco-bourguignonne, et, accompagne d'Herbert de Vermandois, se dirigea sur Nevers. Il ne s'y attarda pas, se bornant a se faire livrer des otages [172], car son objectif etait avant tout la soumission de Guillaume d'Aquitaine. Il penetra sur les domaines de ce dernier et le harcela sans treve, jusqu'a ce que la nouvelle d'un retour offensif des Hongrois vint le contraindre a se replier sur son duche. Ces envahisseurs passaient avec la rapidite d'un ouragan. Il etait presque impossible de les atteindre pour les combattre: pendant deux annees consecutives ils reparaissent, sans qu'il soit question d'une seule rencontre dans les textes [4].

    Raoul sejourna le 10 decembre a Sens, ou a la priere du comte de Troyes, Richard, et de l'eveque Anseis, il confirma les privileges et possessions de l'abbaye de Montieramey[174].

    Il traversait une periode d'echecs. Un mariage de son beau-frere Hugues lui profita plus que ses expeditions indecises: le duc de France epousa Eadhild, fille d'Edouard Ier l'Ancien, roi des Anglo-Saxons, la propre soeur d'Ogive, femme de Charles le Simple[175]. Cette alliance avait certainement un caractere politique: Hugues, par cette union princiere, se posait nettement en rival d'Herbert pour recueillir la succession eventuelle de Raoul. L'appui des Anglo-Saxons lui etait desormais assure et par suite, a Raoul, contre Herbert, le geolier de Charles le Simple. Dans une curieuse precaire du chapitre de Saint-Martin de Tours, ou l'on voit paraitre a la fois l'abbe Hugues et sa soeur la reine Emma, la date donnee d'apres le calcul des annees du regne de Raoul porte la mention de la captivite de Charles[176]. Il semble que ce soit la l'indice d'une detente et d'un revirement en faveur du Carolingien.

    FOOTNOTES:

    [Footnote 87: Widukind, Rev. gestar. saxonicar., 1. I, c. 33 (ed. Waitz, p. 26). On peut se demander si les reliques de saint Denis, dont il est ici question, ne sont pas a identifier avec celles qui ont ete conservees a Saint-Erameran de Ratisbonne au XIe siecle. Cf. Lauer, Le tresor du Sancta Sanctorum (Monuments Piol publ. par l'Acad. des Inscr., t. XV, 1906, p. 126).]

    [Footnote 88: Il s'agit peut-etre du comte de Senlis de ce nom, qu'on voit figurer dans le De Moribus de Dudon de Saint-Quentin, precisement avec un role de diplomate. Voy. Le regne de Louis IV d'Outre-Mer, p. 5, n. 2.]

    [Footnote 89: Richer, Hist., 1, 47.]

    [Footnote 90: Les rares details que nous ayons sont fournis par les sources suivantes: Flod., Ann., a. 923; Richer, I, 47; Rodulf. Glaber, I, 1, Sec. 5 (ed. Prou, p. 6-7); Folcuin, Gesta abbat. Sith., c. 101 (M.G.h., Scr., XIII, 625-626). La legende apparait dans l'Hist. Walciodor. mon., c. 5 (ibid., XIV, 507), et Jocundus, Translatio S. Serratii, c. 14 (ibid., XII, 99). Les autres textes mentionnent le fait en l'appreciant parfois severement. Ce sont, dans l'ordre de publication des Monumenta Germaniae historica: Domus carolingicae genealogia; Ann. S. Maximi Trerer., a. 923; Ann. Laubiens., a. 922; Ann. Leod., a. 922; Ann. Elnon. min., a. 922; Ann. Blandin., a. 922; Hugues de Flavigny, Chron.; Genealogia comitum Buloniensium; Hist. Francor. Senon.; Miracula S. Benedicti; Hugues de Fleury, Modernor. reg. actus, c. 3; Ann. Lobienses, a. 924; Genealogiae Karolorum; Ann. Prum., a. 923; Ann. S. Quintini Verom., a. 923; Aubry de Trois-Fontaines, Chron. (M.G.h., Scr., II, 312, IV, 6, 16; V, 19 et 25; VIII, 358; IX, 300, 366, 375, 381; XIII, 232, 247, 251, 252; XV, 1292; XVI, 507; XXIII, 757). Citons encore pour memoire: Odoran, Chron. (Recueil des histor. de France, VIII, 237); Magnum et Breve Chron. Turon., a. 922 (ed. Salmon, p. 110 et 184). Widukind (I, 29) fait une confusion en attribuant a Hugues la prise de Charles. Cf. Thietmar, I, 13 (M.G.h., Scr., III, 741).]

    [Footnote 91: Ann. Einsidlenses (M.G.h., Scr., III, 141); Ann. Floriac. breves (ibid., XIII, 87); Breve Chron. Tornacense (Recueil des historiens de France, VIII, 285), etc. Voy. la note precedente.]

    [Footnote 92: Voy. Appendice et Le regne de Louis IV d'Outre-Mer, p. 94.]

    [Footnote 93: Rappelons brievement les circonstances: Pepin d'Italie, fils aine de Charlemagne, laissa un fils, Bernard, qui revendiqua l'empire contre son oncle Louis le Pieux. Au moment ou ce dernier marchait sur l'Italie pour le chatier, des emissaires envoyes par l'imperatrice Ermenjart persuaderent a Bernard de passer en France en lui promettant sous serment toute surete pour sa personne. Bernard, suivi de ses complices, alla trouver l'empereur a Chalon-sur-Saone et implora a genoux son pardon. On le conduisit a Aix-la-Chapelle, ou son proces fut instruit et juge. Bernard fut condamne a mort, mais Louis commua la peine en privation de la vue. Ce terrible arret fut execute si brutalement que trois jours apres Bernard expira (le 17 avril 818) a 19 ans, laissant un fils, Pepin, qui fut pere d'Herbert Ier, comte de Vermandois.]

    [Footnote 94: G. Valat, Poursuite privee et composition pecuniaire dans l'ancienne Bourgogne (Dijon, 1907, in-8 deg.); Ch. Petit-Dutaillis, Les moeurs populaires et le droit de vengeance dans les Pays-Bas au XVe siecle (Paris, 1909, in-8 deg.).]

    [Footnote 95: Ce sont peut-etre aussi ces droits eventuels de la maison de Vermandois a l'empire qui ont empeche le roi de Germanie de soutenir la candidature d'Herbert II au trone.]

    [Footnote 96: Richer, Hist., II, 73 (ed. Waitz, p. 75): “Me vero parvum in fasciculo farraginis a meis dissimulatum in partes transmarinas et prope in Rifeos fugere compulit.”]

    [Footnote 97: Witger, Geneal. Arnalfi (M.G.h., Scr., IX, 303). Voy. Le regne de Louis IV d'Outre-Mer, p. 10.]

    [Footnote 98: Flod., Ann., a. 923.]

    [Footnote 99: Flod., Ann., a. 928; Hist. eccl. Rem., IV, 21; Richer, I, 54.]

    [Footnote 100: Flod., Ann., a. 924; Necrolog. Modiciense ; Liudprand, Antapodosis, II, 71 (ed. Duemmler, p. 52, n. 2).]

    [Footnote 101: Voy. plus haut, p. 2.]

    [Footnote 102: Voy. Flod., Ann., a. 923, ed. Lauer, p. 15, n. 4 et p. 46, n. 1.]

    [Footnote 103: Flod., Ann., a. 923.]

    [Footnote 104: Flod., ibid.]

    [Footnote 105: L'Alsace faisait encore partie du royaume de Lorraine. Cf. Parisot, Le royaume de Lorraine, p. 592-593.]

    [Footnote 106: Flod., ibid.]

    [Footnote 107: Flod., ibid.; Hugues de Flavigny, Chron., a. 923 (d'apres Flodoard).]

    [Footnote 108: C'est le propre frere de Raoul, Boson, qui avait tue Ricoin malade dans son lit, le 14 mars 923, pour s'emparer de Verdun. Parisot, Le royaume de Lorraine (Paris, 1899), pp. 663 et 667. Le 19 septembre 923, Raoul etait encore reconnu comme roi a Toul, ainsi que le prouve une charte de l'eveque Josselin (Mem. de la Soc. d'archeol. lorr., XII, 133; Parisot, op. cit., p. 662, n. 5); mais il resulte d'une autre charte du meme qu'Henri Ier, y fut reconnu entre le 16 octobre 923 et le 14 octobre 924 (Bibl. de Nancy, ms. 77, fol. 42; Calmet., Hist. de Lorraine, 1re ed., I, pr., col. CCCXIV). Cf. J. Depoin, Etudes sur le Luxembourg a l'epoque carolingienne (extr. de Ons Hemecht, annee 1909).]

    [Footnote 109: Flod., Ann., a. 923.]

    [Footnote 110: Flod., ibid.]

    [Footnote 111: Flod., Ann., a. 923.]

    [Footnote 112: Flod., Ann., a. 924.]

    [Footnote 113: Elle intervient dans un diplome du 6 avril 924 en faveur de Saint-Martin d'Autun. Bulliot, Essai hist. sur l'abbaye de Saint-Martin d'Autun (Autun, 1849), I, p. 164; 11, p. 24, no 10.]

    [Footnote 114: Il figure comme impetrant avec Adson dans un diplome du 29 fevrier 924, en faveur de Saint-Symphorien d'Autun. Thiroux, Hist. des comtes d'Autun, p. 118.]

    [Footnote 115: Cf. Bulliot, loc. cit.]

    [Footnote 116: Chifflet, Hist. de l'abbaye de Tournus, p. 275; Poupardin, Monuments de l'histoire des abbayes de Saint-Philibert (Paris, 1905, in-8), p. 120, no 27.]

    [Footnote 117: Cf. Thiroux, loc. cit.]

    [Footnote 118: Hist. de Languedoc, nouv. ed., V, p. 146, n deg. 49.]

    [Footnote 119: Flod., Ann., a. 924. Diplomes de Raoul dates d'Autun, le 29 fevrier, et de Chalon, les 6, 8 et 9 avril 924. Recueil des historiens de France, IX, 562-565.]

    [Footnote 120: Flod., loc. cit.; Em. Coet, Hist. de la ville de Roye, t. I, p. 32.]

    [Footnote 121: Flod., Ann., a. 924.]

    [Footnote 122: Diplome du 6 avril 924. Recueil des historiens de France, IX, 563; Bulliot, Essai sur l'abbaye de Saint-Martin d'Autun, I, 164; II, 24. Sur le mariage de Boson, voy. G. de Manteyer, La Provence du premier au douzieme siecle (Paris, 1908, in-8), p. 158-159; Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 59, 69 et 282, n. 5; du meme, Le royaume de Provence, p. 232, 240, 338 et 394.]

    [Footnote 123: Recueil des historiens de France, IX, 562; Gall. christ., IV, instr., 372; Thiroux, loc. cit.]

    [Footnote 124: Rec. des histor. de Fr., IX, 563, et Bulliot, loc. cit.]

    [Footnote 125: Recueil des historiens de France, XI, p. 564, et Hist. de Languedoc, nouv. ed., V, p. 146, n deg. 49; VIII, 387, 416 (Numismatique de la province de Languedoc). Les monnaies episcopales porterent le nom de Raoul.—Cf. M. Prou, Catal. des monnaies francaises de la Bibliotheque nationale. Les monnaies carolingiennes (Paris, 1896), p. Lvi, Lxx, 107 (n deg. 772).]

    [Footnote 126: Ibid., p. 565, et Chifflet, Hist. de Tournus, loc. cit.]

    [Footnote 127: Cote-d'Or, arr. de Beaune, cant. de Pouilly-en-Auxois.]

    [Footnote 128: Flod., Ann., a. 924, passim.]

    [Footnote 129: Flod., Ann.]

    [Footnote 130: Flod., ibid., a. 924.]

    [Footnote 131: Flod., ibid.]

    [Footnote 132: Le comte du Maine semble avoir fait partie autrefois des domaines de Robert. Cf. Eckel, p. 36-37.]

    [Footnote 133: Flod., Ann., a. 924; Dudon de Saint-Quentin, De moribus, ed. Lair, introd., p. 66. Cette cession du Maine ne fut sans doute pas completement executee ou bien elle fut rendue impossible, car on voit, dans la suite, ce pays dispute entre l'Anjou et la Normandie. Cf. Lot, Hugues Capet, p. 197-198.]

    [Footnote 134: Trosly-Loire, Aisne, arr. de Laon, cant. de Coucy-le-Chateau.]

    [Footnote 135: Flod., Ann., a. 924.]

    [Footnote 136: Flod., Ann., a. 924; Chron. Nemaus., a. 925 (M.G.h., Scr., III, 219); Hist. de Languedoc, III, 99, 100.]

    [Footnote 137: Voy. plus haut, p. 2.]

    [Footnote 138: Flod., Ann., a. 925; Richer, I, c. 49.—Pour l'identification de Mons Calaus avec Chalmont (Seine-et-Marne, arr. de Melun, comm. de Fleury-en-Biere), voy. Les Annales de Flodoard, ed. Lauer, p. 26, n. 6.]

    [Footnote 139: Flod., Ann., a. 925.]

    [Footnote 140: Miracul. S. Bened., II, 2 (ed. de Certain, p. 96-98): “Igitur innumerae Nortmannorum phalanges, super quas Rainaldus regnum obtinuerat, quampluribus longis usae navibus, usque ad superiora Ligeris percursantes, cuncta devastant. Tandem ad coenobium ter beati Deoque dilecti Benedicti, quod Floriacum dicitur, Rainaldus cum suis attingens, vacuum habitatoribus cunctisque necessariis offendit rebus, domibus duntaxat exceptis; siquidem monachi cum corpore semper nominandi patris nostri Benedicti ad tutiora se contulerant loca, Lamberto tune abbate piae sollicitudinis erga eos curam gerente. Perveniens ergo inibi rex memoratus, et ex captivis resciscens quorum hominum foret talis habitatio, dormitorium fratrum suae metationis delegit sedem; in quo varia, utpote paganus, dum patraret flagitia, una noctium, quiescenti ei sanctus astitit Benedictus duobus comitatus monachis, unus, ut ipsi Rainaldo videbatur, medie artatis robore praeditus, alteri puerilis inerat habitudo. Beatissimus autem pater, niveam capite canitiem praeferens, baculum vero manu, ita jacentem allocutus est adversarium: “Quid, inquiens, te, Rainalde, offendi, quod me meosque a propriis perturbas sedibus? sed mihi deinceps curae erit, et te ab incoeptis inhibere, et famulis Christi, ossibus quoque una meis, optatam quietem reformare.” His dictis, ligno, quod manu gerebat, incurvo caput jam expergefacti regis contingens, praenuntiavit terminum ejus vitae in proximo adfuturum, sicque recessit. Turbatus hac visione Rainaldus, satellites magna ad auxiliandum sibi voce inclamat. Quibus accurrentibus et quid pateretur percunctantibus: “Quidam, inquit, monachus, non alter, ut aestimo, quam ille hujus tutor loci senex Benedictus, baculo verticem tangens meum, mortem minitando, dolorem mihi ingessit ingentem.” Jubet confestim cunctos pervasa domicilia deserere, nativumque solum repetere, cum quibus ipse profectus, ut patriam attigit, crebro debilitatus cruciatu vita discessit; tantaque, subito moriente eo, ventorum procella inhorruit, ut non solum culmina tectorum, verum etiam eminentium subrueret moles arborum; captivorum vincula soluta; equi seu reliqua jumenta infra duodecim et eo amplius milliaria a Rothomagensi urbe ad pastum deducta, disruptis compedibus, in diversa fugerunt. Corporis ejus tumulo pyramidem superaedificatam validissimo accepimus terrae motu subversam, ac ejus cadaver tellurem a suo rejecisse sinu; quod culeo cum lapidum mole insutum in Sequanam est demersum, quandoquidem humo non poterat contineri tectum. Hoc interitu memoria nefandi abolita fuisset hominis, ni vetustas Floriacensium incolarum, curiosa futurorum, marmoream ejus capitis fingere curavisset effigiem, quae nunc in ultima parte parietis ecclesiae sanctae Dei genitricis Mariae ac famuli ejus Benedicti, septentrionem versus, inserta perspicitur, quatenus et praesentes et secuturi omnes agnoscerent, interventu eorumdem sanctorum, omnipotens Deus qualem quantamque exercuerit in suis adversariis vindictae severitatem. Adeo denique haec ultio Nortmannicam in posterum perterrefecit temeritatem, ut prae caeteris Galliae sanctis beatissimum revereantur patrem nostrum Benedictum.”]

    [Footnote 141: Voy. la note precedente, in fine, et Rocher, Hist. de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire (Orleans, 1865, in-8), p. 108 et 499.]

    [Footnote 142: Flod., Ann., a. 925.]

    [Footnote 143: Flod., Ann., a. 925.]

    [Footnote 144: Flod., ibid.; A. Lefranc, Hist. de la ville de Noyon et de ses institutions (Bibl. de l'Ecole des hautes etudes, fasc. 75, 1887), p. 18; Peigne-Delacourt, Les Normands dans le Noyonnais (Noyon, 1868, in-8, p. 36.)]

    [Footnote 145: Flod., Ann., a. 925.]

    [Footnote 146: Recueil des historiens de France, IX, 566. La redaction de ce diplome presente des particularites qui ont ete relevees par N. de Wailly, Elem. de paleographie, I, 358.]

    [Footnote 147: Diplome du 30 mai 925 dans Recueil des historiens de France, IX, 569 (a l'annee 926), d'apres Perard, Recueil de pieces servant a l'hist. de Bourgogne, p. 162. On ne peut identifier Artiaco villa supra fluvium Ararim avec Arcy (Saone-et-Loire, arr. de Charolles, canton de Marcigny, comm. de Vindecy), cette localite n'etant pas sur la Saone. M.-P. Gautier qui vient de reediter le diplome d'apres l'original (Etude sur un diplome de Robert le Pieux dans le Moyen Age, t. XXII, 1909, p. 281) identifie Artiaco villa avec Arsoncourt. C'est plutot Arciat, Saone-et-Loire, arr. de Macon, cant. de La Chapelle-de-Guinchay, comm. de Creches-sur-Saone.]

    [Footnote 148: Il avait visite l'eglise Saint-Symphorien, suivi d'une pompeuse escorte. Les chanoines profiterent de l'occasion pour se faire accorder diverses concessions. Le diplome fut souscrit par Adelaide, mere de Raoul, et par un certain nombre de seigneurs bourguignons presents, appartenant a la famille comtale de Dijon. Thiroux, Hist. des comtes d'Autun, p. 119.]

    [Footnote 149: Flod., Ann., a. 925.]

    [Footnote 150: Richer, Hist., I, c. 50.]

    [Footnote 151: Flod., Ann., a. 925. Richer (I, 50) pretend que Rollon perit au cours de ces combats. Cf. Dudon de Saint-Quentin, De moribus, ed. Lair, introd., p. 77.]

    [Footnote 152: Flod., ibid.]

    [Footnote 153: Flod., Ann., a. 925.]

    [Footnote 154: Charte de Thion, vicomte de Paris (23 aout 925) dans Mabillon, Ann. Bened., III, 384.]

    [Footnote 155: Liber de diversis casibus coenobii Dervensis (Mabillon, Acta SS. ord. S. Bened., saec. II, col. 846-847).]

    [Footnote 156: Flod., Ann., a. 925; Waitz, Heinrich I, p. 81.]

    [Footnote 157: Flod., ibid.]

    [Footnote 158: Contin. Reginon., a. 923.]

    [Footnote 159: Flod., Ann., a. 926; Ann. Virdun. ( M.G.h., Scr., IV, 8); Hist. episcopor. Virdun. cont. (Scr., IV, 45); Ann. S. Benigni Divion. (Scr., IV, 8); Hugues de Flavigny, Chron. (Scr., VIII, 358).]

    [Footnote 160: Parisot, Le royaume de Lorraine, p. 675; K. Wittich, Die Enlstehung des Herzogthums Lothringen (Goettingen, 1862, in-8), p. 114; Recueil des chartes de l'abbaye de Stavelot-Malmedy, ed. Halkin et Roland (Acad. roy. de Belgique, Bruxelles, 1909), n deg. 56 (charte de 926, datee de l'an 4 du regne d'Henri Ier); Cartulaire de Gorze, ed. d'Herbomez, n deg. 92 (charte de 933, datee de l'an 8 du regne d'Henri Ier, en Lorraine); Wauters, Table chronologique des chartes et diplomes impr. concernant l'hist. de Belgique, t. I, p. 340 (charte du duc Gilbert, datee de DCCCCXXVIII, anno vero V domini Henrici serenissimi regis super regnum quondam Lotharii, indictione I). Des 924 on datait des annees d'Henri Ier a Treves et a Stavelot (Wauters, op. cit., t. I, p. 338).]

    [Footnote 161: Flod., Ann., a. 925; Hist. eccl. Rem., IV, 19 et 35.]

    [Footnote 162: Flod., Hist. eccl. Rem., IV, 18.]

    [Footnote 163: Flod., ibid.]

    [Footnote 164: Flod., Hist. eccl. Rem., IV, 19.]

    [Footnote 165: Jaffe-Loewenfeld, Regesta pontif. roman., no 3570 (17 fevrier 926).]

    [Footnote 166: Flod., Hist. eccl. Rom., IV, 20 et 35; Richer, I, 55.]

    [Footnote 167: Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer. Il semble, en effet, qu'il faille identifier la bataille livree par Raoul aux Normands, en Artois, d'apres Flodoard, avec le combat de Fauquembergue, mentionne par Folcuin dans les Gesta abbatum Sithiensium, c. 101 (M.G.h., Scr., XIII, 626).]

    [Footnote 168: Flod., Ann., a. 926.]

    [Footnote 169: Ardennes, arr. de Vouziers, cant. d'Attigny.]

    [Footnote 170: Flod., Hist. eccl. Rom., IV, 21; Miracula S. Apri, c. 22; Miracula S. Basoli, c. 7 (M.G.h., Scr., IV, 517); Ann. S. Vincentii Mett.. (Scr., III 157); Gesta episcopor. Mettens. (Scr., X, 541); Miracula S. Deicoli (Duchesne, Scr., III, 422); Polypl. Virdunense (Scr., IV, 38); charte de Saint-Maximin de Treves (926) dans Reyer, Millelrhein. Urkandenbach (Coblentz, 1860), t. I, n deg. 167: ”... depopulantibus Agarenis pene totum regnum Belgicae Galliae”.—Voy. aussi Dussieux, Invasions des Hongrois, p. 11.]

    [Footnote 171: Flod., Ann., a. 920; Hist. de Languedoc, nouv. ed. III, 101.]

    [Footnote 172: R. de Lespinasse, Le Nivernais et les comtes de Nevers, t l. I (Paris, 1909, in-8), p. 173. Il existe une monnaie de Nevers a l'effigie de Raoul. Soultrail. Essai sur la numismatique nivernaise (Paris, 1854, in 4), p. 20]

    [173][Footnote 173: 4. Flod., Ann., a. 926; Ann. Augienses (M.G. h., Scr., II, 68); Ekkehard, Casas S. Galli (Scr., II, 110). Voy. Waitz, Heinrich I, p. 88.]

    [Footnote 174: A. Giry, Etudes carolingiennes, dans les Etudes d'histoire du moyen age dediees a Gabriel Monod (Paris, 1896, in-8), p. 134, n deg. 26; Nicolas Vignier, Bibl. historiale, t. II (1588, in-fol.), p. 551.]

    [Footnote 175: Flod., Ann., a. 926, in fine. Voy. W.G. Searle, Anglo-saxon bishops, kings and nobles (Cambridge, 1899, in-8), p. 346.]

    [Footnote 176: Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours, n deg. CIII (130).]

    CHAPITRE IV. LA LUTTE CONTRE HERBERT DE VERMANDOIS.

    PREMIERE PERIODE.

    Des la fin de l'annee 926, eclata la rupture prevue depuis longtemps entre Raoul et Herbert, dont le role, meme lorsqu'il etait en apparence devoue au roi, etait en realite fort equivoque. Le comte de Laon devint vacant par suite du deces de Roger, partisan devoue de Raoul[177]. Herbert avait deja mis la main sur Peronne en 924, et sur Reims, depuis la mort de Seulf (925): il voulut profiter de la mort de Roger pour s'installer a Laon. Fidele a ses plans ambitieux, il continuait l'extension methodique de ses domaines a l'aide d'intrigues incessantes. Il eut l'audace de revendiquer le comte de Laon pour son fils Eudes. Cette fois, Raoul se montra moins conciliant qu'a l'ordinaire. Laon etait la place forte par excellence et comme la capitale du roi de France qui, meme apres l'avoir infeode, y gardait toujours la haute main sur les affaires[178]. La perdre c'eut ete renoncer a tout point d'appui dans le nord, et se resigner a n'etre qu'un duc-roi de Bourgogne. D'ailleurs la tendance a l'heredite des benefices avait ete deja officiellement constatee dans le capitulaire de Quiersy-sur-Oise, et ce principe feodal etait desormais admis et applique partout. Or Roger de Laon laissait un fils, du meme nom que lui, qui devait recueillir sa succession: Raoul ne fit que sanctionner le droit etabli, en favorisant la transmission hereditaire, sans egard pour les pretentions adverses. Herbert fut ainsi cruellement decu dans sa rapacite, parce qu'il avait demande trop, c'est-a-dire le peu qui restait a la royaute affaiblie. Des lors on put voir que sa fidelite envers Raoul n'etait que le resultat d'un calcul interesse: elle disparut comme par enchantement, en meme temps que les largesses royales. Heureusement pour Raoul, son beau-frere Hugues, depuis son mariage avec Eadhild, s'etait quelque peu eloigne d'Herbert.

    L'attitude de Hugues, neveu d'Herbert II par sa mere Beatrice de Vermandois[179], n'avait pas toujours ete empreinte d'une egale cordialite a l'egard du roi. Il semble qu'il ait jusque-la voulu se soustraire a son ascendant. Malgre la grande part qu'il avait prise a son election, il s'etait tenu, dans certaines circonstances, sur une reserve qui pouvait presque passer pour de l'hostilite. C'est ainsi qu'il avait traite avec les Normands aux moments les moins opportuns pour Raoul. Il avait, par son attitude, grandement favorise les projets ambitieux d'Herbert. Jamais il ne figure dans les diplomes royaux comme impetrant, et son nom ne se voit pas au bas des actes, a cote de ceux des conseillers habituels du souverain. Mais depuis que, par l'occupation de Reims et la revendication de Laon, la tactique d'Herbert apparait plus nettement, Hugues se rapproche visiblement de Raoul, comme si un sentiment de jalousie ou de crainte s'etait eveille en lui. Il commence a se departir du role de simple spectateur des evenements, qu'il avait joue jusqu'alors. Neanmoins il eut l'habilete de ne point rompre brusquement avec le comte de Vermandois, qui dut tout mettre en oeuvre pour le retenir dans son parti, et meme il se laissa conduire a une entrevue qu'Herbert sollicita du roi de Germanie[180]. Cette demarche, a la suite de la perte de la Lorraine, etait un acte peu amical vis-a-vis de Raoul. C'etait en meme temps un acte contraire au patriotisme tel que nous l'entendons aujourd'hui. Quoique nous ne puissions nous flatter le moins du monde de decouvrir les sentiments veritables des hommes de cette epoque, il est clair cependant que la demarche des deux plus puissants vassaux de la France septentrionale aupres de l'ennemi de leur suzerain etait, au moins au point de vue feodal, un acte de felonie caracterise[181].

    Henri se montra naturellement fort bien dispose envers ses hotes insolites, dont il pouvait beaucoup attendre. Des presents furent echanges, et pour bien affirmer sa suzerainete en Lorraine devant les Francais, le roi de Germanie disposa de l'eveche de Metz, devenu vacant par la mort de Guerri, en le donnant a un clerc appele Bennon, au mepris du droit d'election des Messins[182].

    Au retour de cette visite inconvenante, qui decele l'extraordinaire besoin d'intrigue de son esprit inquiet, Herbert sentit qu'il avait besoin de relever son prestige. La lutte contre les Normands etait le plus sur moyen de gagner un peu de popularite. Comme Raoul venait de traiter avec les Normands de la Seine, Herbert et Hugues firent une expedition contre ceux de la Loire: mais cette entreprise se termina sans action d'eclat. L'ennemi fut assiege pendant cinq semaines; apres quoi il y eut echange d'otages et nouvel abandon du comte de Nantes aux Normands[183]. C'est au cours de cette campagne qu'on a voulu placer sans aucune raison serieuse la mort d'Enjeuger, fils de Foulques d'Anjou[184]. Herbert chercha ensuite a gagner le clerge. Comme administrateur du temporel de l'archeveche de Reims, il reunit a Trosly un synode compose de six eveques, malgre la defense formelle de Raoul qui l'avait prie de differer et de venir le trouver a Compiegne. Le fils d'Helgaud de Ponthieu, Heloin, le vaillant adversaire des Normands, y fut convoque et condamne a une penitence publique “pour crime de bigamie”. Cette sentence etait faite pour plaire aux Normands[185]. Il est probable qu'Herbert profita de cette reunion pour intriguer contre Raoul, car nous le voyons, apres avoir refuse de se rendre a Compiegne, tenter un coup de main sur Laon. L'entreprise echoua, parce que Raoul avait eu le temps d'y envoyer en hate une garnison qu'il suivit lui-meme peu de temps apres.

    Herbert jeta alors completement le masque. Voyant l'impossibilite de se faire reconnaitre comme roi a la place du duc de Bourgogne, depuis que Hugues avait epouse la belle-soeur du roi Charles, il imagina d'opposer au roi Raoul le malheureux Carolingien, qu'il tira de prison, pour forcer Hugues a garder la neutralite entre ses deux beaux-freres. Il comptait sans doute, une fois qu'il serait debarrasse de Raoul ainsi isole, en finir ensuite promptement avec Charles.

    Depuis sa captivite, l'infortune souverain avait ete garde prisonnier au donjon de Chateau-Thierry, jusque vers la fin de 924. A cette epoque, sa prison devint inopinement la proie des flammes, sans qu'il y ait lieu de supposer aucun acte de malveillance, ni aucune tentative d'evasion; il fut sauve: de l'incendie et transfere alors, semble-t-il, a Peronne[186]. En 927, Herbert l'installa dans la capitale du Vermandois, a Saint-Quentin, et declara qu'il le considerait de nouveau comme roi.

    Raoul se mit immediatement sur la defensive, et pour prendre les dernieres mesures se rendit en Bourgogne. Le 9 septembre il etait a Briare, ou il confirma les privileges de l'abbaye de Cluny[187]. La mort de Guillaume II d'Aquitaine, survenue dans l'ete de 927[188], l'avait sans doute determine a se rendre sur la Loire. Le duc Affre succeda a son frere dont il adopta la politique abstentionniste. Le seigneur de Deols, Ebbon, puissant feudataire du Berry, n'en vint pas moins solliciter du roi l'immunite pour le monastere qu'il venait de fonder[189], et les chartes du Puy, de Brioude, de Cahors, de Beaulieu et de Tulle furent encore datees des annees du regne de Raoul.

    Les fils de Roger de Laon faisaient bonne garde dans la cite, ou leur attitude justifiait pleinement la confiance du roi. La reine Emma, femme d'un esprit superieur et d'un courage viril, veillait en personne a la defense de la forteresse royale. La vaillante garnison se hasarda meme, au cours d'une sortie, a pousser jusqu'a Coucy, dependance de l'eglise de Reims, dont elle ravagea les environs[190].

    De son cote, Herbert ne perdait pas de temps. Il s'occupait activement de fortifier ses alliances. Devenu le champion du roi Charles, il s'adressa aux fideles allies de celui-ci, les Normands. Ces derniers oublierent bien vite tous les traites conclus avec le roi Raoul dont ils etaient avides de tirer vengeance. Deja meme ils avaient reussi a rentrer dans Eu. En cette ville, precisement, Rollon et son fils Guillaume, qu'il s'etait deja associe selon Dudon de Saint-Quentin, conclurent une alliance avec Herbert, et Rollon preta l'hommage a Charles[191]. Rollon ne consentit toutefois a ce nouveau rapprochement qu'apres s'etre fait donner des suretes: il exigea comme otage Eudes, le propre fils du comte de Vermandois, dont il avait de justes motifs pour redouter l'inconstance. Enfin Raoul parut a la tete d'une armee bourguignonne, au moment de la Noel, dans la France du nord, et il s'y conduisit comme en pays ennemi, portant en tous lieux sur son passage la ruine et l'incendie[192]. Hugues comprit immediatement que le role de mediateur lui incombait. Il accourut au-devant de Raoul et l'accompagna jusque sur les rives de l'Oise, ou l'attendait Herbert. Sur son intervention, un arrangement fut menage entre le roi et son vassal: Herbert fournit des otages et s'engagea a se presenter a un plaid dont la date fut fixee avant Paques[193].

    Raoul retourna en Bourgogne apres avoir en vain tente d'obtenir de sa femme l'evacuation de Laon. Peut-etre etait-ce la une des conditions de l'accord conclu, ou bien craignait-il une surprise de la ville par Herbert et les Normands. Mais la courageuse reine refusa obstinement d'abandonner cette forte place, dont la possession etait devenue comme le signe de la royaute. Elle comptait sans doute sur l'appui de son frere Hugues en cas de danger imminent.

    Herbert se rendit a Reims et y redigea une lettre adressee au pape Jean X, dans laquelle il se posait en defenseur de la legitimite et en executeur des prescriptions pontificales venues naguere de Rome en faveur du roi Charles[194]. Il est piquant de constater a quel point il avait modifie son attitude a l'egard du pape, depuis que ses interets avaient change. Mais il etait trop tard. Jean X avait ete fait lui aussi prisonnier par Guy de Spolete, et son successeur Leon VI parait s'etre desinteresse completement du sort de Charles le Simple. Les demarches d'Herbert resterent sans resultat.

    Certains historiens, comme Mabille, ont voulu mettre en rapport avec la restauration de Charles le transfert du comte d'Auvergne avec le duche d'Aquitaine, a la maison de Poitiers, apres la mort de Guillaume. Les deux evenements eurent lieu, en effet, la meme annee. Mais il n'est pas demontre qu'Ebles Manzer, comte de Poitiers, ait fait valoir ses droits a cette succession, a laquelle il pouvait pretendre comme fils du duc d'Aquitaine Renoul II, et l'appui de Charles ne lui aurait ete de nul profit en ces conjonctures. Affre succeda a son frere Guillaume, dans ses fiefs et honneurs, et, a la mort de celui-ci, survenue un an apres celle de Guillaume, Raimond-Pons de Toulouse apparait comme duc. C'est seulement le fils d'Ebles, Guillaume Tete-d'Etoupe, qui a porte les titres de duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne. Ebles ne s'est jamais intitule dans ses diplomes que comte de Poitiers: misericordia Dei Pictavorum [h]umilis comes[195].

    Le roi Raoul eut avec Herbert, pendant le careme, l'entrevue qui avait ete anterieurement fixee[196]. Il dut y etre question de la possession de Laon, car peu apres la reine Emma abandonnant la ville se retirait en Bourgogne. Herbert entra immediatement en possession de l'objet de ses convoitises, et cette circonstance semble avoir decide Hugues a se rapprocher du parti vermandois. Herbert se rendant aupres de Rollon tint a se faire accompagner par Hugues, dont il esperait bien se servir aupres du chef des Normands pour obtenir la restitution de son fils. Hugues ceda, et l'on eut le curieux spectacle du petit-fils de Robert le Fort, le glorieux adversaire des Normands, assistant a une conference reclamee par ceux-ci, ou leur chef Rollon jouait le role capital et lui enjoignait ainsi qu'aux autres comtes et eveques francais presents, d'avoir a reconnaitre solennellement le roi Charles pour leur suzerain legitime. Et le propre fils de Rollon, Guillaume Longue-Epee leur donna l'exemple, en pretant le premier l'hommage au Carolingien. A la suite de ce prodigieux succes de la diplomatie normande, Rollon consentit a rendre au comte de Vermandois son fils Eudes, et une alliance fut conclue entre Francais et Normands[197].

    L'hegemonie du Vermandois n'etait pas admise par tout le monde sans contestation. La famille des comtes de Laon composee de Roger et de ses freres, lesee par la cession de la ville a Herbert, resta naturellement attachee au roi Raoul. Leurs domaines confinaient a la partie nord du Vermandois. Il n'en fallut pas davantage pour que le comte de Vermandois allat assieger et detruire leur chateau-fort de Mortagne, au confluent de l'Escaut et de la Scarpe[198].

    L'eveque de Soissons Abbon, auparavant partisan d Herbert, devenu archichancelier royal, perdit le vicariat du diocese de Reims, ou il fut remplace par l'eveque fugitif d'Aix-en-Provence, Odalric, chasse de son siege par les Sarrasins. Pour prix de ses bons offices, le nouveau vicaire ne recut d'Herbert que l'abbaye de Saint-Timothee avec une prebende de chanoine[199].

    Le frere du roi Raoul, Boson, qui s'accommodait avec peine de la suzerainete saxonne imposee aux Lorrains, souleva sur ces entrefaites de nouvelles difficultes, en se querellant avec ses voisins, en s'emparant par force de possessions ecclesiastiques (abbayes et domaines des eveches de Verdun et de Metz) et enfin en refusant de tenir compte des injonctions du roi Henri. Celui-ci entra en campagne contre le recalcitrant, passa le Rhin “avec une multitude de Germains" et vint sur la Meuse assieger son chateau de Durofostum[200]. En meme temps il entra en pourparlers avec lui par la voie d'une ambassade, promettant la paix, a condition qu'il vint le trouver en personne. On le voit, Henri n'osait traiter le frere de Raoul comme un vassal ordinaire. Il alla jusqu'a lui donner des otages pour lui garantir la securite au cours de la demarche qu'il en sollicitait. Boson consentit alors a se presenter devant le roi, lui promit sous serment “fidelite et paix au royaume[201]", restitua a leurs possesseurs les biens qu'il avait usurpes et en obtint d'autres en echange; enfin il se reconcilia, de meme que Renier II, avec Gilbert et tous les autres seigneurs lorrains. Cette rapide solution eut dans la suite une consequence heureuse pour Raoul: Herbert et Hugues etant venus faire, apres leur entrevue avec Rollon, une nouvelle demarche aupres d'Henri, pour le decider a intervenir en faveur du Carolingien, ils n'obtinrent aucun succes[202]. Henri, satisfait de la pacification de la Lorraine, ne pouvait prendre les armes contre le frere d'un vassal avec lequel il venait de se remettre. Il lui suffisait du reste que Raoul fut empeche par des difficultes d'ordre interieur de revendiquer la Lorraine, et il avait plutot a redouter un reveil de loyalisme envers le Carolingien, si jamais Charles parvenait a ressaisir effectivement le pouvoir supreme.

    Cette attitude du roi de Germanie jointe a l'abstention forcee du pape Jean X[203] et a l'inaction des Normands et des Aquitains, partisans francais de la dynastie carolingienne, amena un revirement complet defavorable a Herbert. L'habile plan du ruse seigneur avait en somme assez piteusement echoue. Il n'avait pas reussi a creer en faveur de son malheureux jouet le courant de sympathie qu'il avait espere exploiter a son profit. Tout ce qu'il avait pu faire avait ete de condamner Raoul a l'impuissance politique, en assurant ainsi la Lorraine au roi de Germanie. Mecontent de voir rester sourd a son appel ce prince dont il avait escompte l'appui, il se decida a se rapprocher de Raoul, et il sut encore se faire payer fort cher cette apparente soumission. Il se rendit aupres du roi, et moyennant un nouvel hommage solennel, qui lui coutait peu, il obtint la cession definitive de Laon, et peut-etre la promesse d'avantages pour ses fils, si l'on en juge par ce qui suivit. Herbert etait ainsi parvenu a persuader Raoul, apres Hugues, de la pretendue necessite qu'il y avait pour lui de posseder Laon. Il avait fait valoir le besoin d'assurer des apanages a ses enfants, mais cet apparent souci de pere de famille besogneux masquait mal son evidente ambition personnelle. La victime de la paix fut encore l'infortune Charles, trahi pour la seconde fois: son semblant de souverainete passagere se transforma en une nouvelle et trop reelle captivite[204]. Cette meme annee, le 5 juin, mourait l'empereur Louis l'Aveugle. Le roi d'Italie Hugues accourut aussitot en Provence, pour y fortifier son autorite deja existante de fait. Le seul heritier du trone, le batard Charles-Constantin, avait possede le comte de Vienne depuis 926, pendant les dernieres annees de son pere: il en fut, semble-t-il, depouille en meme temps que du pouvoir supreme qu'il aurait du recueillir. En novembre 928, le roi Hugues parait a Vienne, ou il se rencontre avec le roi Raoul qui etait le propre cousin germain de Louis l'Aveugle. Les negociations entre les deux pretendants sont malheureusement inconnues. Nous ne pouvons en juger que d'apres les resultats. Le comte de Vermandois, reconcilie depuis peu avec son suzerain, sut encore negocier assez habilement afin de se faire conceder “la province de Viennoise” pour son fils Eudes[205]. Ainsi cet ambitieux seigneur s'efforcait de fonder pour sa maison un centre d'influence situe au midi, dans un pays dependant de l'ancien royaume de Boson. Ces domaines devaient venir s'ajouter aux dependances bourguignonnes de l'archeveche de Reims, dont Herbert etait administrateur[206]. Cette combinaison, fort bien imaginee, n'eut pas neanmoins la suite qu'esperait le comte de Vermandois. Vienne demeura d'abord temporairement sous la domination de son archeveque faisant fonctions de vicomte, et, bientot apres, Charles-Constantin dut rentrer en possession de ses droits, car au commencement de 931 on le voit maitre de la cite ou jamais Eudes de Vermandois ne semble avoir exerce la moindre autorite. Raoul eut neanmoins des lors la suzerainete effective sur le Viennois.

    Apres avoir ainsi satisfait, autant qu'il etait en mesure de le faire, les appetits d'Herbert, Raoul, peut-etre sous l'influence de Hugues, beau-frere du Carolingien, s'enquit du sort de l'infortune Charles. Il se rendit a Reims ou Herbert le tenait sous bonne garde. Raoul aborda respectueusement son ancien souverain, lui offrit des presents de valeur, et lui fit remise du fisc royal d'Attigny, peut-etre aussi de celui de Ponthion-sur-l'Ornain[207]. Aucun arrangement, aucun compromis ne parait etre intervenu entre eux. Il est toutefois certain que l'acceptation par Charles des dons de Raoul constituait une veritable abdication tacite. On ne saurait admettre, en effet, avec Leibniz[208], que Raoul eut recu de Charles l'investiture du royaume a titre de vassal: c'est tout a fait contraire aux termes precis et formels qu'emploie l'historien Flodoard pour relater le fait dans ses Annales[209], et une telle hypothese est bien hardie, en l'absence de tout precedent du meme genre. On ne peut non plus souscrire a l'opinion de ceux qui ont qualifie d'outrageante la demarche de Raoul: c'etait a la fois un acte chevaleresque envers un adversaire malheureux, auquel il temoignait des egards, et une mesure de bonne politique, propre a lui concilier les partisans du Carolingien. Les fideles obstines qui persevererent a refuser de reconnaitre Raoul apres l'entrevue de Reims, n'etaient en realite que des vassaux indisciplines s'accommodant mieux d'un fantome de roi que d'un veritable souverain.

    Nous ignorons si Charles put jouir d'une liberte relative a partir de ce moment. Il est plutot croyable qu'Herbert ne tint nul compte de la demarche de Raoul, et il est meme probable qu'il en prit ombrage et y trouva pretexte pour redoubler de vigilance aupres de sa miserable victime: il n'avait pas encore renonce a s'en servir, le cas echeant! Flodoard rapporte, en effet, que Charles mourut a Peronne, c'est-a-dire au pouvoir du comte de Vermandois. Divers chroniqueurs le qualifient de martyr et le font expirer en prison, donnant de ses derniers moments une description emouvante, qui, vraie ou fausse, nous revele en tout cas, tres nettement, la penible impression produite par cet evenement sur les contemporains. La date du deces est le 7 octobre 929: Charles fut enseveli en l'eglise Saint-Fursy de Peronne[210].

    Les vassaux aquitains et meridionaux voyaient ainsi disparaitre le dernier obstacle qui les empechat de faire le pas decisif vers la reconciliation avec Raoul. Cependant ils s'abstinrent d'entrer dans cette voie, tant etait grand chez eux le desir de conserver leur independance. On le constate par les formules de datation employees dans leurs actes: ils calculent les annees a partir de la mort de Charles, en ajoutant que “Dieu ou le Christ regne”. Certains vont meme jusqu'a designer fictivement comme successeur de Charles son fils Louis, refugie en Angleterre a la cour de son oncle Athelstan[211]. Toutefois en Rouergue, a Conques, on finit par abandonner cette maniere de demonstration platonique, et on se decida a reconnaitre Raoul comme roi[212].

    FOOTNOTES:

    [Footnote 177: Flod., Ann., a. 926. La mort de Roger avait suivi de peu celle de son predecesseur Raoul de Gouy, fils d'Heluis. Roger etait son beau-frere. La succession si rapide de ces deces, dont Herbert chercha a profiter, fait necessairement songer aux accusations d'empoisonneur lancees contre Herbert, au dire de Flodoard.]

    [Footnote 178: Ainsi lorsque, vers 925, l'eveque de Laon Alleaume voulut etablir des chanoines a Saint-Vincent, c'est a Raoul qu'il s'adressa pour obtenir confirmation. Recueil des historiens de France, IX, 568 (acte incomplet de la fin).]

    [Footnote 179: A. de Barthelemy, Les origines de la maison de France, dans la Revue des questions hist., t. VII, annee 1873, p. 123; Lot, Les derniers Carolingiens, p. 359 et 377.]

    [Footnote 180: Flod., Ann., a. 927.]

    [Footnote 181: Sur cette question de la naissance des sentiments de nationalite au Xe siecle, cf. G. Monod, Du role de l'opposition des races et des nationalites dans la dissolution de l'empire carolingien (Annuaire de l'Ecole pratique des hautes etudes, section des sciences hist. et phil., 1896, p. 5).]

    [Footnote 182: Flod., ibid.—Cf. Waitz, Heinrich I, p. 119.]

    [Footnote 183: Flod., Ann., a. 927; Chronique de Nantes, ed. R. Merlet, p. 87-88.]

    [Footnote 184: Lippert, p. 60. Tout ce que l'on sait d'Enjeuger, c'est qu'il etait mort en combattant les Normands, avant 929. Gesta consul. Andegavor. (Chron. d'Anjou, ed. Marchegay et Salmon, p. 66); Cartul. de Saint-Aubin d'Angers, ed. Bertrand de Broussillon, n deg. 177; I. Halphen, Le comte d'Anjou au XIe siecle, p. 2.]

    [Footnote 185: Il est probable qu'Herbert avait eu aussi en vue la confiscation du fief d'Heloin, soit a son profit personnel, soit au profit de Hugues le Grand, suzerain d'Heloin. Mais il semble avoir echoue sur ce point. Cf. Flod., Ann., a. 927; Hist. eccl. Rem., IV, 21; Richer, I, 52.]

    [Footnote 186: Flod., Ann., a. 924; Aimoin, Miracula S. Benedicti, II, 3 (ed. de Certain, p. 99); Eckel, Charles le Simple, pp. 127 et 130.]

    [Footnote 187: Recueil des chartes de Cluny, I, 281, n deg. 285.]

    [Footnote 188: Il mourut entre avril et septembre, probablement avant le 3 juin. Cf. Ann. Masciacenses, a. 927 (M.G.h., Scr., III, 169-170); Ademar de Chabannes, Chron., ed. Chavanon, p. 143. Voy. Baluze, Hist. geneal. de la maison d'Auvergne, I, 21, II, pr., p. 18; Hist. de Languedoc, nouv. ed., III, 104.]

    [Footnote 189: Diplome de Raoul, de 927, dans Recueil des historiens de France, IX, 570, d'apres Besly, Hist. des comtes de Poitou, pr., p. 239. Deux chartes d'Ebbon qui nous sont conservees en copie par les mss. de la Bibl. nat. lat. 12777 (p. 214 et 224), 12820 (fol. 2 et 11) et 6007 (fol. 117) sont datees, l'une de la 20e annee du regne de Charles le Simple et l'autre de la 5e annee du regne de Raoul. Les documents que nous venons de mentionner (diplome et chartes) ont ete publies en dernier lieu par Eug. Hubert (Recueil general des chartes interessant le departement de l'Indre, VIe-XIe siecle, extr. de la Revue archeol. du Berry de 1899, p. 106, 112 et 115) qui n'a pas connu tous les manuscrits cites.—Voy. aussi Raynal, Hist. du Berry, t. I, p. 336.]

    [Footnote 190: Flod., Ann., a. 927.]

    [Footnote 191: Flod., ibid.; Dudon de Saint-Quentin, De moribus, ed. Lair, pp. 77 et 170-181; Ann. anglo-saxon (M.G.h., Scr., XIII, 108).]

    [Footnote 192: Flod., Ann., a. 928.]

    [Footnote 193: Flod., Ann., a. 928.]

    [Footnote 194: Richer, I, c. 54.]

    [Footnote 195: Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers ( Arch. hist. du Poitou, III), p. 318, n. 1; Mabille, Le royaume d'Aquitaine et ses marches sous les Carolingiens (Toulouse, 1870, in-4), p. 44 et 47; A. Richard, Hist. des comtes de Poitou, I, p. 62, n. 1 et 67; Lot, Fideles ou vassaux?, p. 54.]

    [Footnote 196: Flod., Ann., a. 928. Paques tombait, en 928, le 13 avril. Le careme commencait donc le 2 mars.]

    [Footnote 197: Flod., Ann., a. 928; Hist. eccl. Rem., IV, 21; Richer, I, c. 53.—Le texte des Annales de Flodoard suppose que Rollon vivait encore, et nous l'avons admis malgre l'assertion contraire de Richer (I, 50) qui le fait perir a la prise d'Eu, en 925. Cf. Dudon de Saint-Quentin, De moribus, ed. Lair, p. 77, M. Marion (De Normannorum ducum cum Capetianis pacta ruptaque societate, Paris, 1892, in-8, p. 10) le fait vivre jusqu'en 931. Deville ( Dissertation sur la mort de Rollon, Rouen, 1841) place avec plus de raison la mort de Rollon entre les annees 928 et 932, sans preciser.]

    [Footnote 198: Flod., Ann., a. 928.—Mortagne-Nord, Nord. arr. de Valenciennes, cant. de Saint-Amand-les-Eaux.]

    [Footnote 199: Flod., ibid., et Hist. eccl. Rem., IV, 21; Richer, I, 53 et 35. Cf. Albanes, Gall. christ. noviss., t. I, col. 41-42.]

    [Footnote 200: Flod., Ann., a. 928, ed. Lauer, p. 42, n. 5.]

    [Footnote 201: Il convient d'observer que Flodoard se sert des termes suivants: “[Boso] venit ad cum eique fidelitatem et pacem regno juramento promittit ...”, au lieu d'employer le terme qu'il prend generalement pour indiquer l'hommage ou la recommandation feodale: “se committit illi”.]

    [Footnote 202: Flod., loc. cit.]

    [Footnote 203: Une ambassade d'Herbert etait revenue de Rome sans succes, apportant la nouvelle de l'emprisonnement du pape Jean X par le marquis de Toscane, Guy, frere uterin de Hugues d'Arles, roi d'Italie. Cf. Flod., loc. cit.; Hist. eccl. Rem., IV, 21; Richer, I, 54; Liudprand, Antap., III, 18, 43 (ed. Duemmler, pp. 61 et 73).]

    [Footnote 204: Flod., Ann., a. 928; Hist. eccl. Rem., IV, 22; Richer, I, 54.]

    [Footnote 205: Flod., Ann., a. 928; Poupardin, Le royaume de Provence, p. 225-227; Le royaume de Bourgogne, p. 59-60; G. de Manteyer, La Provence du premier au douzieme siecle (Paris, 1908, in-8), pp. 127 et suiv., 158-159.]

    [Footnote 206: En 924, l'archeveche de Reims avait obtenu la restitution de toutes ses possessions legitimes.]

    [Footnote 207: Flod., Ann., a. 928; Hist. eccl. Rem., IV, 22; Richer, I, 55.]

    [Footnote 208: Leibniz, Annales imperii, ed. Pertz, II, 388.]

    [Footnote 209: “Rodulfus rex ... pacem facit cum Karolo ...” Ann., a. 928, in fine.]

    [Footnote 210: Flod., Ann., a. 929; Hist. Francor. Senon. (M.G. h., Scr., IX, 366) dont derivent Richard le Poitevin et Orderic Vital; Hugues de Flavigny, Necrol. (ibid., VIII, 287); Folcuin, Gesta abbat. Sith., c. 102 (ibid., XIII, 626), donne la date du 16 septembre. Richer (I, 56): “Karolus post haec tedio et angore deficiens, in machronosiam decidit, humoribusque noxiis vexatus, post multum languorem vita privatus est”; Confin. Regin., a. 925 (Scr., I, 616); Ann. Blandin., Lohiens., Elnon. min., a. 924 (Scr., V, 24, II, 210, V, 19); Aimoin, Miracula S. Bened., II, 5 (ed. de Certain, p. 104), dont derivent Hugues de Fleury et la Chronique de Saint-Benigne de Dijon; Chron. Turonense (ed. Salmon, Recueil des chroniques de Touraine, p. 110); Sigebert de Gembloux, Chrori., a. 926 (Scr., VI, 347). Cf. J. Dournel, Hist. gen. de Peronne (1879, in-8), p. 35; Eustache de Sachy, Essais sur l'hist. de Peronne (Paris, 1866, in-8), p. 39-40, et Eckel, p. 134.]

    [Footnote 211: Cartulaire du monastere de Gerri, fol. 37, n deg. 516 (Bibl. nat., Coll. Moreau, vol. V, fol. 75-77). Chron. Nemausense (M.G.h., Scr., III, 219): “Post cujus [Karoli] obitum fuerunt anni septem sine legitimo rege, in quibus regnavit Rodulfus.”]

    [Footnote 212: Cartulaire de l'abbaye de Conques, ed. G. Desjardins, nos 6, 91, 200, 208,291.]

    CHAPITRE V. LA LUTTE CONTRE HERBERT DE VERMANDOIS APRES LA MORT DE CHARLES LE SIMPLE.

    Boson venait a peine de se remettre avec Henri Ier que deja il etait mele a de nouvelles intrigues. L'abbesse de Chelles, Rohaut, tante de Charles le Simple et belle-mere de Hugues le Grand, mourut le 22 mars 925[213]. C'etait deja a l'occasion de son abbaye, on s'en souvient, que Robert et Hugues s'etaient souleves contre Haganon en 922. Boson, sans doute d'accord avec son frere Raoul, s'empara tout a coup de ce riche monastere tant convoite, avec toutes ses dependances, pour faire piece a Hugues. Il etait assez naturel que Raoul put donner un fief a son frere alors que Hugues le contraignait a en ceder un a Herbert. Mais Hugues ne transigeait pas aussi facilement sur ses droits que sur ceux des autres: immediatement il reclama la restitution de Chelles, et Herbert, son allie, en prit pretexte pour mettre la main sur la principale place forte de Boson, le chateau de Vitry-en-Perthois. Un armistice fut conclu jusqu'a la fin de mai, puis transforme en paix definitive sur l'intervention du roi de Germanie. L'entreprise de Boson aboutissait, en derniere analyse, a une nouvelle ingerence etrangere en France, defavorable au prestige de Raoul[214].

    Hugues et Herbert, de retour d'une conference avec le roi Henri, allerent assieger Montreuil, afin de soumettre le comte Heloin qui affectait des allures d'independance. Ils le contraignirent a livrer des otages. Mais bientot leur union se trouva compromise par le passage d'Heloin au parti de Hugues. Herbert s'en dedommagea en attirant dans son camp Heudoin, vassal de Hugues[215].

    Les Normands de la Loire etaient demeures dans un calme relatif depuis 925. Au commencement de l'annee 930, ils envahirent de nouveau l'Aquitaine, pillerent la Saintonge, l'Angoumois, le Perigord, et penetrerent jusqu'en Limousin[216]. Raoul se porta au secours de sujets qui lui etaient fideles depuis le debut de son regne. Il atteignit les pillards au lieu dit Ad Destricios et les aneantit presque totalement[217]. La victoire eut un aussi grand retentissement que jadis celle de Louis III a Saucourt, et, comme il arrive souvent, ce succes en engendra un autre: une partie des Aquitains (les comtes d'Auvergne, de Toulouse et de Rouergue) qui avaient pu juger de l'efficacite de l'intervention royale, firent leur soumission. Cette bataille devint legendaire dans le pays. C'est a elle qu'on rattache les exploits du comte d'Angouleme Guillaume Taillefer[218], et Aimoin y fait allusion lorsqu'il felicite Raoul d'avoir rendu la paix au pays par son triomphe sur les Normands[219].

    La defaite normande fut suivie du retour des moines dans leurs couvents. Ceux de Charroux revinrent d'Angouleme ou ils avaient cherche refuge. Les reliques de saint Genoul furent rapportees a Estrees, celles de saint Benoit a Saint-Benoit-sur-Loire, qui avait echappe a Roegnvald[220].

    Dans le nord, la mesintelligence entre Hugues et Herbert allait croissant. Ernaut de Douai, vassal de Hugues, venait de passer au parti d'Herbert, et des hostilites accompagnees de devastations en etaient resultees. Raoul quittant la Bourgogne ou il etait encore, le 23 mars, a Autun[221], s'interposa comme mediateur, reunit plusieurs plaids et parvint a conclure un arrangement. Son frere Boson y fut aussi compris. Herbert devait lui rendre Vitry[222]. On apercoit ainsi la raison interessee de l'intervention de Raoul en faveur de Hugues. Herbert le sentait bien et pour s'en venger, il provoqua la defection d'Anseau, vassal de Boson, qui gardait Vitry, lui donnant Coucy comme prix de sa trahison. Les represailles ne se firent pas attendre. Boson, Gilbert et les Lorrains s'entendirent avec Hugues qui leur faisait des avances, et tandis que Raoul retournait en Bourgogne, les allies ayant opere leur jonction assiegeaient et prenaient Douai, dont Roger de Laon fut investi par Hugues. Quant a Ernaut, refugie aupres d'Herbert, il fut dedommage par la cession de Saint-Quentin. Boson parvint a rentrer dans Vitry. Il enleva meme Mouzon par ruse a Herbert, mais celui-ci profita de la premiere absence de Boson, vers la Noel, pour passer la Meuse a l'improviste et penetrer dans la place, dont les portes lui furent ouvertes par des amis: la garnison lorraine fut faite prisonniere[223].

    Herbert faisait face a tout par des prodiges d'adresse et d'activite, mais sa situation etait des plus mauvaises depuis sa rupture avec Hugues. Raoul, au contraire, gagnait tous les jours en autorite. En 930, sa souverainete s'etait etendue en Aquitaine; l'annee suivante il affirma a nouveau sa suzerainete sur l'importante partie du royaume de Provence occupee par lui depuis 928. S'etant rendu avec une escorte en Viennois, il recut la soumission formelle de son neveu Charles-Constantin, devenu comte de Vienne, au mepris des droits consentis a Eudes de Vermandois[224]. C'etait la preuve evidente de sa rupture definitive avec Herbert. De la il se rendit “en pelerinage” a Saint-Martin de Tours, en realite aupres de Hugues, dont il se rapprochait de jour en jour davantage. Sa presence nous y est revelee en mars par un diplome qu'il delivra le 24 de ce mois, en faveur des chanoines de Saint-Martin[225].

    Bientot apres, il fut rappele en Bourgogne par la necessite de regler de petites difficultes d'ordre interieur, presque domestique. La reine Emma, dont nous avons eu l'occasion de signaler a maintes reprises les hautes capacites, apportait parfois dans ses actes d'administration la hate et l'acharnement irreflechi qui deprecient le merite de l'energie.

    Pour une raison inconnue, elle enleva le chateau d'Avallon au comte Gilbert, fils de Manasses, l'ennemi de son pere Robert 1er[226]. Elle en fit autant a l'egard du monastere de Saint-Germain d'Auxerre auquel, sous un pretexte futile, elle prit la villa Quinciacum (en Nivernais) pour en gratifier quelqu'un de ses gens. La legende ajoute que saint Germain la punit de sa temerite en lui paralysant la langue, chatiment qui lui fut tout particulierement penible. Elle se rendit au monastere avec une escorte nombreuse et, suivant la chronique, obtint la guerison a la suite du don de deux agrafes[227].

    Gilbert de Dijon s'allia au comte Richard, fils de Garnier de Sens, et opposa a Raoul une resistance si vive que celui-ci dut renoncer momentanement a la briser, d'autant plus que de nouvelles complications l'appelaient dans le nord[228].

    Depuis la derniere expedition contre Herbert, Boson avait eu de nouvelles difficultes avec le duc Gilbert. Pour la seconde fois il y perdit son chateau de Durofostum, et Herbert en profita pour se rapprocher de Gilbert. Boson quittant alors la suzerainete du roi Henri, beau-pere de Gilbert, appela son frere Raoul, puis il se dedommagea en tournant ses armes contre son voisin, l'eveque de Chalons, Beuves, qui avait exerce des cruautes sur plusieurs de ses gens et se trouvait en relations suivies avec le comte de Vermandois. Chalons fut pris et incendie[229].

    A la faveur de l'anarchie generale, le marquis de Flandre Arnoul s'empara de Mortagne, place forte avantageusement situee, au prejudice des fils de Roger de Laon qui etaient parvenus a y rentrer. Raoul parut alors dans la France septentrionale, se declarant ouvertement l'allie de Hugues et l'ennemi d'Herbert. Il enleva a ce dernier sa forteresse de Denain et assiegea ensuite Arras. Herbert accourut avec des renforts lorrains commandes par le duc Gilbert en personne. Raoul et Hugues, d'une part, Herbert et Gilbert, de l'autre, etaient en presence, a la tete de forces considerables. Une grande bataille semblait imminente. Mais avec cet esprit a la fois politique, un peu indecis et humanitaire qui caracterisait les acteurs de ces guerres civiles, on entra en pourparlers pour eviter une effusion de sang inutile, on discuta et on s'entendit pour conclure un armistice jusqu'au 1er octobre[230]. Peut-etre aussi Gilbert avait-il ete retenu par le scrupule de combattre son ancien suzerain, au moment ou il n'existait aucun trouble dans les relations entre celui-ci et Henri de Germanie, son nouveau maitre.

    A quelque temps de la, la garnison remoise d'Herbert viola la treve en allant attaquer et detruire la forteresse de Braisne-sur-la-Vesle[231], que Hugues avait enlevee naguere a l'archeveque de Rouen, Gonthard. Raoul se decida alors a tenter un effort energique contre la grande cite metropolitaine, veritable centre de la resistance du parti vermandois. Il essaya sans resultat d'entamer des negociations avec le clerge et les habitants de Reims, afin d'obtenir, par leur initiative, la nomination d'un veritable archeveque a la place du jeune expectant Hugues. Ses demarches echouerent parce qu'Herbert avait reussi a s'attacher les Remois par d'habiles largesses. Raoul n'hesita plus a se porter en avant, avec toute son armee jointe a celle de Hugues, sur Laon et Reims[232].

    A son approche se manifesterent les defections. Artaud, moine de Saint-Remy, alla trouver Hugues, et par son attitude nettement hostile a Herbert sut gagner ses bonnes graces, dont il devait un peu plus tard apprecier toute la valeur[233].

    Herbert, reduit aux abois, ne trouva d'autre moyen d'echapper a une capitulation desastreuse que de se reclamer de la suzerainete germanique. Il retourna pres du roi Henri, en Lorraine, et lui preta de nouveau l'hommage. Mais Raoul le surveillait, sachant bien ce dont il etait capable. Il se rendit jusqu'a Attigny, d'ou il envoya Hugues en ambassade au roi Henri. Le roi de Germanie fut naturellement plus sensible a cette demarche de conciliation d'un rival puissant qu'a celle d'un seigneur discredite et sans ressources[234]. Il n'etait pas dispose a profiter des avances d'un allie douteux, pour tenter une intervention hasardeuse dans les querelles intestines d'un pays dont le souverain ne lui temoignait aucune hostilite. Henri et Raoul se consideraient tous les deux comme “rois des Francs” (reges Francorum ) quoique dans leurs diplomes ils ne prissent chacun que le titre de rex[235]. Chacun avait ete mis legitimement—selon la conception germanique—a la tete d'une fraction de l'ancien “empire franc” ( regnum Francorum) divise depuis la bataille de Fontenoy. La Lorraine, l'ancien royaume intermediaire (media Francia) entre la France et la Germanie, n'avait pas reussi a preserver son individualite contre les ambitions des deux nations voisines, ses soeurs, et maintenant on la voyait passer de l'une a l'autre selon les caprices de la politique. Henri et Raoul avaient pu eprouver, l'un et l'autre, qu'ils devaient se borner a enregistrer la volonte de la majorite des grands vassaux lorrains, les interventions a main armee, pour peser sur leurs volontes, amenant le plus souvent des reactions en sens contraire. La Lorraine reconnaissait a ce moment la suzerainete d'Henri: celui-ci sentait combien sa domination au dela du Rhin etait precaire, et c'eut ete pour lui se jeter dans une aventure dangereuse que d'ouvrir des hostilites injustifiees contre le roi des “Francs de l'ouest”. En 928 deja, dans une circonstance analogue, il avait refuse a Herbert et a Hugues, alors reunis contre leur suzerain, de les aider effectivement: a plus forte raison devait-il agir de meme vis-a-vis d'Herbert seul. On ne voit donc guere pourquoi certains auteurs ont trouve etrange qu'Henri n'eut pas secouru Herbert devenu son “vassal", et se sont laisse entrainer a supposer une reconnaissance officielle, par le roi de France, de la suzerainete saxonne en Lorraine, pour expliquer l'attitude amicale d'Henri a l'egard de Raoul dans ces conjonctures[236]. Les chroniqueurs allemands n'eussent pas manque de rapporter une telle clause. Or, ils sont absolument muets et pour comprendre le cours des evenements, il suffit d'observer que la mobilite d'esprit d'Herbert et le mauvais etat de ses affaires n'etaient pas de nature a donner confiance a un allie meme entreprenant. D'autre part, en fait, la simple abstention de toute intrigue en Lorraine pouvait etre acceptee de la part de Raoul, comme une concession precieuse. Il y avait enfin un interet superieur pour les deux rois a ne pas encourager les rebellions de leurs vassaux respectifs.

    S'etant assure de la neutralite du roi Henri, Raoul se concerta avec le duc de France, aupres duquel nous le voyons le 21 mars 931, a Tours, confirmant les possessions de Saint-Martin[237]. A la suite de cet entretien, il marcha sur Reims, accompagne de Hugues, de Boson et d'un grand nombre de comtes et d'eveques[238]. Le quartier general des troupes royales etait a Cormicy: les hommes d'armes pillaient le pays environnant, et leurs lignes de campement s'etendaient jusqu'a Bouffignereux, pres de Laon[239].

    Les eveques qui entouraient le roi insisterent pour mettre fin a cette interminable vacance du siege de Reims. Raoul s'y preta d'autant plus volontiers qu'il y voyait subordonne l'interet de sa politique, et il envoya un message aux Remois pour les y inviter.

    Les membres du clerge et les notables de Reims venus au camp procederent a l'election, apres s'etre assures du consentement des assieges, qui ne fut pas obtenu sans difficulte. Le protege de Hugues, le moine fugitif de Saint-Remy, Artaud, fut elu. Ce choix d'un humble ecclesiastique s'opposait a celui du seigneur feodal impose par Herbert: on pouvait etre assure que le nouvel archeveque ne subirait aucune influence dictee par des interets de famille. L'election, approuvee par le pape, etait canonique autant que le permettaient les circonstances. Les dissensions entre les habitants et le decouragement de la garnison, livree a ses seules ressources, deciderent, au bout de trois semaines, de la reddition de Reims. Le nouvel archeveque fit son entree dans la cite, ou il fut consacre solennellement en presence de dix-huit eveques[240].

    On proceda ensuite au jugement d'un partisan d'Herbert, Beuves, eveque de Chalons, qui etait tombe entre les mains du roi (peut-etre au cours d'une sortie): il fut condamne a la destitution. Hugues se chargea de le tenir sous bonne garde, et un religieux appele Milon le remplaca sur son siege. Le fils d'Herbert fut declare dechu de tout droit sur l'archeveche de Reims.

    Raoul et ses allies ne se tinrent pas pour satisfaits de leur rentree dans la grande cite metropolitaine du nord. Ils se porterent sur Laon, ou s'etait enferme le comte de Vermandois. Se voyant dans l'impossibilite de resister, Herbert sollicita et obtint libre passage pour se retirer; mais a l'exemple de ce qu'avait fait naguere le roi, il laissa sa femme dans la forteresse recemment edifiee par ses soins. Celle-ci, apres une belle defense, fut obligee de capituler[241]. La royaute rentree en possession de ses deux boulevards du nord, Reims et Laon, etait assuree par la meme d'une nouvelle periode de domination effective et incontestee.

    Apres cet important succes, Raoul se rendit au palais de Compiegne, et le 7 octobre, il y delivra, a la priere de son precieux auxiliaire Hugues, “marquis du royaume", le “tres cher abbe", dans la chapelle royale de Saint-Corneille, un diplome renouvelant les privileges concedes a l'abbaye de Marmoutier par Charlemagne, Louis le Pieux, Charles le Chauve et Eudes[242]. Il alla ensuite passer l'hiver en Bourgogne, a surveiller les divisions intestines de l'Aquitaine et a guerroyer contre ses vassaux revoltes Gilbert et Richard. Il enleva a ces derniers plusieurs places fortes et les contraignit finalement a se soumettre[243]. Le 28 decembre, etant a Auxerre, il conceda a son fidele Allard, a la femme et au neveu de celui-ci, Plectrude et Geilon, sur la requete d'Anseis, eveque de Troyes, et du comte de Nevers, Geoffroy, l'abbaye de Saint-Paul en Senonais avec des dependances en Gatinais[244]. C'est alors pour la premiere fois qu'Anseis de Troyes parait comme archichancelier, a la place d'Abbon de Soissons devenu suspect a cause de ses complaisances pour le fils d'Herbert II, Hugues, qu'il avait protege a Reims[245]. Bientot l'affaire de l'eveche de Noyon rappela le roi dans le nord. Au deces de l'eveque Airard, l'abbe de Corbie, Gaubert, avait d'abord ete choisi; mais un clerc ambitieux combattit cette election, et avec l'appui du comte d'Arras, Alleaume, qu'il introduisit traitreusement dans la cite, il s'appropria la dignite episcopale[246].

    Quelques hommes d'armes chasses brutalement de Noyon inciterent les habitants des faubourgs a expulser le nouveau prelat. Ils penetrerent en ville, les uns en escaladant une fenetre de la cathedrale, les autres en mettant le feu a la porte. Le comte Alleaume, cherchant un refuge dans la basilique, y fut massacre au pied meme de l'autel. Gaubert fut alors consacre par Artaud[247].

    A la nouvelle de ces luttes, Raoul craignant de nouvelles complications, avait regagne le nord. Herbert venait d'enlever Ham au frere d'Heloin de Montreuil, Ebrard, qu'il avait fait prisonnier. Raoul commenca par se concerter avec Hugues. D'accord avec lui, il rendit a Beuves de Chalons son eveche, puis, mecontent de l'attitude d'Herbert a Noyon et Ham, il se jeta a l'improviste sur l'abbaye de Saint-Medard de Soissons et en prit possession. Le comte de Vermandois sentait a tel point son impuissance qu'il ne fit rien pour essayer d'y penetrer, une fois Raoul parti[248]. Les preoccupations royales etaient depuis quelque temps dirigees d'un tout autre cote par suite de l'entree en scene inattendue des seigneurs meridionaux. Trois d'entre eux, parmi les plus considerables, de ceux qui s'etaient toujours tenus a l'ecart de Raoul du vivant de Charles le Simple, favorablement impressionnes par la prise de Reims sur le geolier de l'infortune souverain, se deciderent a preter l'hommage: ce sont le comte de Toulouse, Raimond-Pons III, son oncle le comte de Rouergue, Ermengaud, et enfin le seigneur gascon Loup Aznar[249]. Certains historiens ont cru necessaire de supposer une expedition de Raoul en Aquitaine, pour expliquer ce revirement si complet, surprenant au premier abord par sa spontaneite[250]. En realite, la preponderance politique, que Raoul avait reussi a gagner par son inlassable activite depuis la mort de Charles, suffit a donner la clef de ce brusque changement dans l'attitude des grands vassaux du midi. Ceux-ci devaient, en effet, commencer a redouter de voir se tourner contre eux les armes royales, victorieuses d'Herbert de Vermandois.

    A partir de cet acte solennel de soumission, les documents publics et prives de l'Aquitaine et du Languedoc furent dates des annees du regne de Raoul, comptees depuis la mort de Charles le Simple. On revenait ainsi implicitement sur le calcul d'un pretendu interregne qu'on avait fait pendant trois annees: c'etait la reconnaissance formelle de l'irregularite du procede. Seule la Marche d'Espagne, ou les comtes avaient usurpe tous les droits regaliens, echappa a la suzerainete de Raoul; mais elle etait situee si loin, au dela des Pyrenees, qu'on ne pouvait guere etre tente d'y faire une expedition pour s'assurer une domination illusoire[251].

    Il semble que Raimond de Toulouse ait recu a l'occasion de sa soumission la dignite de duc d'Aquitaine, dont on le voit revetu par la suite. On ne saurait dire cependant pourquoi cette dignite ne resta pas attachee au comte de Poitiers, car Ebles de Poitiers, fils du duc d'Aquitaine Renoul II, avait toujours ete fidele a Raoul. Il est a supposer que ce changement fut necessite par des circonstances d'ordre politique, et peut-etre meme est-ce sur cette base que la soumission de l'Aquitaine avait ete negociee[252].

    En juin 932, Raoul etait en Lyonnais, a Anse, ou le 19 de ce mois, il confirmait, a la requete de Dalmace, les possessions de l'abbaye de Montolieu sises dans le pays de Carcassonne, en Narbonnais et en Razes, preuve manifeste de sa domination incontestee dans ces regions[253]. Le 21 juin et le 1er juillet, a la demande de la reine Emma et de son frere Hugues, il fit diverses liberalites au monastere de Cluny, auquel il conceda meme le droit de battre monnaie[254]. Plusieurs chartes lyonnaises datees de son regne, en cette meme annee, prouvent qu'il peut avoir ete reconnu dans ce pays avant le traite conclu entre Rodolphe II et Hugues d'Italie[255].

    Pendant l'eloignement du roi, Hugues avait poursuivi les hostilites contre Herbert. Avec le secours de plusieurs eveques, il avait assiege Amiens, occupe par les gens de ce dernier, et il reussit a se faire livrer des otages; puis il marcha droit sur la capitale du Vermandois, Saint-Quentin, et s'en empara au bout de deux mois de siege. Ces succes determinerent le duc de Lorraine, Gilbert, a repondre aux ouvertures de Hugues qui lui demandait son aide pour assieger Peronne. Malheureusement tous les assauts des Lorrains furent repousses avec pertes, et Gilbert decourage prit le parti de se retirer. Hugues sut lui faire accepter avant son depart une entrevue avec Raoul[256].

    Le roi avait coopere a l'attaque infructueuse de Peronne. Il revint encore en Vermandois, vers la fin de l'annee, accompagne de Hugues, pour assieger Ham, et il forca les habitants a livrer des otages. D'autre part le marquis de Flandre, Arnoul, venait de mettre la main sur Arras, en profitant du desarroi cause par la mort du comte Alleaume, a Noyon[257]. Il ne restait plus a Herbert comme derniers reduits que Peronne et Chateau-Thierry. On prit les mesures necessaires afin d'empecher toute tentative de sa part pour rentrer a Laon, a la suite du deces de l'eveque Gosbert (932): Engrand, doyen de Saint-Medard de Soissons, qui dependait a present du roi, fut elu immediatement[258].

    La situation du comte de Vermandois etait si precaire qu'il essaya de nouveau, comme en 931, d'obtenir l'appui d'Henri de Germanie; mais il n'eut pas plus de succes qu'auparavant, ce souverain etant aux prises avec des difficultes interieures et engage dans une guerre contre les Hongrois.

    Au milieu de ces circonstances adverses, Herbert eut du moins la satisfaction de voir son ancien partisan, l'eveque de Chalons, Beuves, retabli sur son siege par la faveur de Hugues, qu'il avait su se concilier pendant sa captivite. Artaud reunit meme un synode pour excommunier son remplacant ephemere, Milon, qui menacait de troubler la paix du diocese[259].

    L'archeveque de Reims recut a quelque temps de la, au debut de l'annee 933, la recompense de cet acte de haute impartialite. Les deputes qu'il avait envoyes aupres du pape Jean XI, Gison et Amaury, revinrent de Home, lui rapportant le pallium, l'insigne reserve aux seuls archeveques[260]. Cette reconnaissance formelle par le Saint-Siege lui etait infiniment precieuse, car l'intronisation de Hugues se Vermandois avait obtenu jadis l'assentiment du pape Jean X, et au point de vue du droit canon, seule une decision pontificale pouvait en reformer une autre.

    Vers 933 Rodolphe II, roi de Bourgogne, obtint de Hugues d'Italie l'abandon de ses droits a la souverainete sur la Provence, et constitua ainsi le “royaume d'Arles"[261]. Raoul qui pretendait a la suzerainete sur Vienne, l'ancienne capitale des rois de Provence, Boson et Louis, craignit de se trouver evince par Rodolphe a la suite de cet accord passe en dehors de lui. Il descendit avec une armee la vallee du Rhone et se fit recevoir comme suzerain dans la cite, ou commandait Charles-Constantin[262]. D'autre part son frere Boson, epoux de Berthe, niece de Hugues, en possession des comtes d'Arles et d'Avignon, dominait en Provence depuis que son beau-pere etait parti chercher fortune en Toscane[263]. Vers cette epoque Raoul put s'intituler avec raison, dans ses diplomes, rex Francorum, Aquitanorum et Burgundionum[264]. Le roi de Germanie, Henri 1er, occupe a combattre les Hongrois qu'il finit par ecraser cette annee meme sur les bords de l'Unstrutt (le 15 mars) n'avait pas pu intervenir.

    Revenu dans le nord, Raoul obtint enfin la soumission de la Normandie: le jeune “marquis” Guillaume, fils de Rollon, n'etant plus retenu par ses obligations a l'egard de Charles le Simple, se decida a lui preter hommage. Il recut en recompense une partie du littoral contigu a la Bretagne, probablement l'Avranchin et le Cotentin[265]. Depuis plusieurs annees, deja, la lutte la plus vive etait engagee entre Normands et Bretons. Un soulevement general, suivi d'un massacre des Normands de Felecan, avait eu lieu en 931[266]. Pris entre les deux colonies scandinaves de la Seine et de la Loire, les Bretons avaient a combattre sans cesse, sur leurs frontieres, des envahisseurs obstines et intrepides, conduits par des chefs comme Ingon, qui parait avoir succede a Roegnvald, ou Guillaume Longue-Epee. Ce dernier reussit a avoir le dessus dans les combats livres aux confins de la Bretagne, mais il ne put jamais etendre sa suzerainete sur la peninsule elle-meme ou un peu plus tard le comte Alain Barbe-Torte, aide par des secours anglo-saxons, parvint a former une unite feodale solidement constituee[267]. Guillaume avait neanmoins interet a faire confirmer les droits concedes sur ce pays par Charles le Simple a son pere et a faire reconnaitre la legitimite de ses dernieres conquetes. Ces raisons se presentent naturellement a l'esprit, quand on cherche a comprendre la cause du changement si considerable et si gros de consequences qui se produisit dans l'attitude de Guillaume.

    Encourage par ce magnifique succes qui affermissait son pouvoir souverain, Raoul reprit la lutte contre le Vermandois avec une nouvelle ardeur. Accompagne de la reine Emma et d'une armee puissante, composee en partie de milices ecclesiastiques, il alla camper devant Chateau-Thierry. Les archeveques de Tours et de Reims, Teotolon et Artaud, qui etaient avec lui, profiterent de la presence de plusieurs de leurs suffragants et de quelques eveques bourguignons pour reunir un synode, ou Heudegier fut consacre eveque de Beauvais. Le siege dura six semaines, et la place ne fut prise que grace a la trahison de son chef Walon, qui consentit a preter l'hommage a la reine Emma a condition de garder son poste[268].

    Ham qui s'etait rendu au roi l'annee precedente, etait retourne au parti d'Herbert. Le fils de ce dernier, Eudes, l'occupa et s'en servit comme base pour aller piller les environs de Soissons et de Noyon. L'abbesse de Notre-Dame de Soissons fut obligee de solliciter la generosite royale, pour trouver un abri aux chanoines de Saint-Pierre dont les habitations et le cloitre avaient ete detruits par l'incendie[269].

    Une tentative hardie d'Herbert sur Saint-Quentin put reussir, mais ce ne fut qu'un succes passager. Les habitants de la ville avaient une certaine repugnance a combattre pour Hugues, leur nouveau maitre: ils faciliterent l'assaut au comte de Vermandois qui y rentra des le troisieme jour du siege. La faible garnison laissee par Hugues obtint de se retirer, en promettant une neutralite absolue pendant la suite des hostilites. Herbert s'eloigna, confiant la garde de la ville, dont il s'exagerait l'attachement, a un tres petit nombre des siens. Hugues accourut presque aussitot, s'empara pour la seconde fois de Saint-Quentin et punit severement la tiedeur des habitants: plusieurs furent mutiles et un clerc noble appele Treduin, qu'Herbert avait recemment amene, fut pendu[270].

    En quittant Saint-Quentin, Hugues, accompagne de l'archeveque Artaud, obtint la reddition de la forteresse de Roye, en Vermandois[271].

    Herbert, devant la superiorite numerique de ses ennemis, fit preuve d'une opiniatrete et d'une activite veritablement prodigieuses. Il parvint a rentrer en possession de Chateau-Thierry, en gagnant a sa cause quelques-uns de ses anciens partisans preposes par Walon a la garde de la place; mais il se borna a y mettre une garnison, ne voulant pas s'y enfermer lui-meme afin de garder toute sa liberte pour agir[272].

    A cette nouvelle, Hugues accourut assieger la ville, malgre la mauvaise saison. Raoul, de retour en France depuis peu[273], vint le rejoindre au debut de l'annee 934. Ce second siege de Chateau-Thierry fut encore plus difficile que le premier. Enfin, au bout de quatre mois[274]. Walon le vassal de la reine, qui etait avec les assiegeants, trouva moyen, grace a sa parfaite connaissance des lieux, d'escalader pendant la nuit les murs du faubourg inferieur, au bord de la Marne. La forteresse situee sur la hauteur continua neanmoins a resister. De nouveaux assauts reiteres deciderent enfin les vaillants defenseurs a entamer des pourparlers: ils obtinrent de rester en possession du chateau moyennant la remise d'otages.

    Le comte de Vermandois affecta de n'attacher aucun prix aux garanties donnees par ses gens. Raoul et Hugues se deciderent alors a revenir, des qu'ils le purent, continuer le siege de la citadelle de Chateau-Thierry. L'intervention du roi de Germanie vint fort a propos apporter le reglement au moins provisoire de cette question. Les victoires d'Henri sur les Hongrois, les Slaves et les Danois lui permettaient de repondre maintenant aux avances jadis faites en vain par Herbert.

    Il envoya a son secours Gilbert de Lorraine et Eberhard de Franconie, avec plusieurs eveques lorrains; et ceux-ci reussirent negocier en faveur de leur protege, un armistice jusqu'au 1er octobre. Mais Raoul ne consentit que moyennant l'abandon de Chateau-Thierry, a laisser Herbert jouir paisiblement de la possession de Peronne et de Ham pendant la treve[275].

    Cependant, d'une facon tres inattendue, Herbert fut en partie dedommage de ses revers par l'acquisition d'un puissant allie. Le comte ou marquis de Flandre, Arnoul, se decida enfin a epouser Adele de Vermandois, a laquelle il avait ete fiance anterieurement[276]. Herbert avait deja apprecie la puissance d'Arnoul lorsque celui-ci avait occupe Arras, en 932. Depuis lors, le meme comte etait devenu maitre de Boulogne et Terouanne et abbe de Saint-Bertin a la mort de son frere Allou. L'alliance d'un tel voisin, si longtemps hostile, etait tout a fait inesperee.

    Pendant l'armistice, Herbert se hata d'approvisionner Peronne, et il se vengea en meme temps de ses vassaux, partisans de Hugues, en confisquant leurs recoltes. Gilbert, de son cote, s'etait prepare a aider de nouveau le comte de Vermandois. La treve expiree, les Lorrains entrerent en France, avec l'intention d'enlever Saint-Quentin; Hugues conjura le danger en envoyant des deputes a Gilbert, afin de negocier un nouvel armistice. On tomba d'accord pour prolonger la paix jusqu'au 1er mai 935[277].

    Vers la fin de l'annee, Raoul perdit un precieux auxiliaire en la personne de sa femme, la reine Emma[278]. Quelque blame que la legende monacale ait pu emettre sur le caractere violent et usurpateur de certains de ses actes, conformes du reste aux moeurs de l'epoque, la vaillance et l'activite de cette princesse n'en meritent pas moins l'admiration. Elle avait pris personnellement part aux penibles luttes soutenues par son mari contre les grands vassaux, et son influence politique meritee nous est encore revelee par les diplomes royaux ou on la voit souvent intervenir.

    Au printemps de 935, Raoul fit une courte demonstration contre un parti d'Aquitains qui avait pris Viriliacum[279] a Geoffroi de Nevers, son fidele vassal. Ayant chasse les usurpateurs, il regagna le nord et profita de ses bons rapports avec Geoffroi pour le charger d'une mission delicate aupres du roi de Germanie, Henri Ier. Il s'agissait de negocier les bases d'un accord et de preparer une entrevue[280].

    Pendant le sejour du roi a Laon, vers Paques, une rixe sanglante, heureusement sans consequences, eclata entre ses gens et ceux de l'eveque. De la, Raoul se transporta a Soissons, ou il reunit les grands vassaux (primates regni) en un plaid: une ambassade d'Henri Ier vint l'y trouver. La rencontre des deux souverains fut fixee au mois de juin, et elle eut lieu, en effet, vers le 8, sur les bords de la Chiers[281], aux confins de la Lorraine. Outre les suites nombreuses des deux princes, on vit encore paraitre, a la conference, le roi de Bourgogne Rodolphe II, sans qu'on sache au juste la cause de sa venue; peut-etre etait-ce en vue de regler la question du Viennois. Herbert de Vermandois se presenta devant Raoul, et, selon l'arrangement intervenu, fit sa soumission. Le roi lui rendit solennellement plusieurs des domaines occupes par Hugues, et il reconcilia les deux adversaires. Henri obtint aussi, de son cote, la soumission de Boson, auquel il rendit a peu pres la totalite de ses domaines Lorrains[282]. Ainsi Raoul avait negocie une paix definitive avec Herbert moyennant quelques concessions, dont Hugues faisait les frais, et il avait assure la restitution a son frere Boson de ses domaines perdus. Sauf cette derniere clause, onereuse theoriquement puisqu'elle pouvait engager la question de suzerainete de la Lorraine, l'arrangement etait fort avantageux pour Raoul.

    A peine l'eut-il conclu qu'il fut rappele en Bourgogne par une invasion hongroise. Les barbares pillerent et brulerent divers monasteres, notamment celui de Beze, et a l'approche du roi, gagnerent en hate le midi, puis l'Italie[283]. Raoul profita du moins de sa venue pour assieger Dijon, dont le comte Boson s'etait naguere empare et que ses gens occupaient encore[284].

     FOOTNOTES:

    [Footnote 213: Obituaires de Saint-Germain-des-Pres, de Saint-Denis et d'Argenteuil, dans Obituaires de la province de Sens, ed. A. Molinier (Recueil des historiens de France, in-4), t. I, p. xx, 254, 312 et 345.]

    [Footnote 214: Flod., Ann., a. 929.]

    [Footnote 215: Flod., ibid.]

    [Footnote 216: Flod., Ann., a. 930; Adrevald, De miraculis S. Benedicti, I, C. XXXIII-IV, ed. de Certain, pp. 70-75.]

    [Footnote 217: Ademar de Chabannes, III, 20 (ed. Chavanon, p. 139); Richer, I, 57; Chron. Vezeliac., a. 929 (Rec. des historiens de France, IX, 89). Marvaud (Hist. des vicomtes de Limoges, 1873, I, p. 67) a identifie le lieu dit “Ad Destricios” cite par Ademar avec Estresse, pres Beaulieu, dep. de la Correze, arr. de Brives.]

    [Footnote 218: Ademar, III, 28 (ed. Chavanon, p. 149): “Willelmus ... Sector ferri, qui hoc cognomen indeptus est quia, commisso praelio cum Normannis et neutro cadenti, postera die pacti causa cum rege eorum Storm solito conflictu deluctans, ense corto durissimo per media pectoris secuit simul cum torace una modo percussione ...” Cf. J. Depoin, Les comtes hereditaires d'Angouleme de Vougrin Ier a Audoin II (extr. du Bulletin de la soc. archeol. et hist. de la Charente, annee 1904), p. 14.]

    [Footnote 219: Aimoin, De miraculis S. Benedicti, lib. II, c. III et V (ed. de Certain, p.100). En fait, il n'est plus question, a partir de ce moment, que d'une simple incursion de pillards en Berry (voy. plus loin, p. 75).]

    [Footnote 220: Ademar, III, 23, ed. Chavanon, p. 144; Translatio S. Genulfi (Acta SS. ord. S. Benedicti, saec. IV. 2, p. 230). Le monastere de Saint-Benoit eut beaucoup de mal a reprendre sa prosperite anterieure. La discorde se mit chez les moines, et pour mettre fin a cet etat de choses lamentable, il fallut que le comte Elisiard, a la mort de l'abbe Lambert, appelat a sa direction le celebre reformateur Eudes de Cluny. Cf. E. Sackur, Die Cluniacenser, p. 88-89.]

    [Footnote 221: Il y donnait un diplome confirmatif de tous les biens du monastere de Saint-Andoche. Recueil des historiens de France, IX, 573 (a l'annee 928); Thiroux, Hist. des comtes d'Autun, p. 121 (a l'annee 927); L. Lex Documents originaux anterieurs a l'an mil des archives de Saone-et-Loire, (Mem. de la Soc. d'hist. et d'archeol. de Chalon-sur-Saone, t. VII, 4e partie, 1888, p. 266), n deg. XIV (au 1er avril 928, d'apres une copie). Nous retablissons ici la date de 930 en supposant une erreur d'indiction et en admettant l'annee du regne (VII) comme correcte.]

    [Footnote 222: Vitry-en-Perthois ou le Brule, dep. de la Marne, arr. de Vitry-le-Francois.]

    [Footnote 223: Flod., Ann., a. 930 et 931; Hist. eccl. Rem., IV, 23.]

    [Footnote 224: Flod., Ann., a. 931. Cf. A. Steyert, Hist. de Lyon, t. II (1897), p. 192-194. Voy. plus haut, p. 54-55.]

    [Footnote 225: Flod., Ann., a. 931; Recueil des historiens de France, IX, 573; Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours, no VI (136).]

    [Footnote 226: Flod., ibid. Sur le differend entre Manasses et Robert, voy. plus haut, p. 1.]

    [Footnote 227: Appendix Miracul. S. Germani Autissiod. (Bibl. hist. de l'Yonne, II, p. 197-198).]

    [Footnote 228: Flod., Ann., a, 931]

    [Footnote 229: Flod., Ann., a. 931.]

    [Footnote 230: Flod., ibid.]

    [Footnote 231: Aisne, arr. de Soissons.]

    [Footnote 232: Flod., ibid.; Hist. eccl. Rem., IV, 24; Richer, 1, 59.]

    [Footnote 233: Flod., Anna., a. 931; Hist. eccl. Rem., IV, 24, 35; Richer, I, 61.]

    [Footnote 234: Flod., ibid.]

    [Footnote 235: Charles le Simple s'etait intitule rex Francorum, apres l'acquisition de la Lorraine (largiore hereditate indepta ), comme s'il avait ete alors reellement a la tete de tout l'ancien regnum Francorum.]

    [Footnote 236: Kalckstein, p. 185; Lippert, p. 76-77; cf. Waitz, Heinrich I, 2e ed., p. 141-142. Henri Ier revint encore en Lorraine a la fin de cette annee. Il etait a Yvoix (Ardennes) le 24 octobre 931, avec le comte Gilbert, observant sans doute les evenements de France ( M.G.h., Dipl. reg. et imp. Germ., I, p. 65, n deg. 30).]

    [Footnote 237: Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours, n deg. VI (136); Recueil des historiens de France, IX, p. 573.]

    [Footnote 238: Flod., Ann., a. 931; Hist. eccl. Rem., IV, 24 et 35; Richer, I, 59-61.]

    [Footnote 239: Flod., Hist. eccl. Rem., I, 20, in fine : “In Vulfiniaco-Rivo, pago Laudunensi, habetur oratorium in honore sancti Remigii dedicatum. In quo, dum Rodulfus rex Heribertum comitem persequeretur, qui episcopatum Remensem a rege sibi commendatum tenebat, homines ipsius villae res suas prepter hostiles incursus recondere studuerunt. At dum rex prefatus ad obsidendam Remensem venisset urbem et in Culmissiaco metatus esset, exercitus ejus vicinas occupavit villas. Quidam vero illorum, qui in prenotata villa, scilicet Vulfiniaco-Rivo, metatum habebant, vinum, quod in ecclesia timoris causa reconditum fuerat, invadit, et quasi tabernam constituens in eadem ecclesia, paribus suis illud vendere coepit. Haec dum ageret, pereussus morbo, repente sensum amisit, ore sibi ad aurem usque pene retorto, vitam finivit. Quod cernentes ceteri, ab hujusmodi sese cohibuere presumptione.”]

    [Footnote 240: Flod., Ann., a. 934; Hist. eccl. Rem., IV, 24 et 35; Richer, I, 61.]

    [Footnote 241: Flod., ibid.; Richer, I, 62. On a identifie, sans preuve, la forteresse construite a Laon par Herbert avec le Chateau-Gaillot, actuellement detruit. Cf. Le regne de Louis IV d'Outre-Mer, p. 32, n. 6.]

    [Footnote 242: A. Giry, Un diplome royal interpole pour l'abbaye de Marmoutier (Comptes rendus de l'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1898, p. 197).]

    [Footnote 243: Flod., Ann., a. 932.]

    [Footnote 244: Recueil des historiens de France, IX, 579; Quantin, Cartul. general de l'Yonne, I, 137, n deg. LXXI.]

    [Footnote 245: On peut meme se demander si cet “Herbert", dont il avait fait son “notaire” et puis un “chancelier royal” (Recueil des historiens de France, IX, pp. 570, 571 et 573) n'est pas a identifier avec le propre fils d'Herbert II.]

    [Footnote 246: Flod., ibid.; Richer, I, 63.]

    [Footnote 247: Flod., Ann., a. 932; Richer, loc. cit.]

    [Footnote 248: Flod., loc. cit.]

    [Footnote 249: Flod., Ann., a. 932; Bicher (I, 64) place l'entrevue sur les bords de la Loire. Cf. Le regne de Louis d'Outre-Mer, p. 219; J. de Jaurgain, La Vasconie (Pau, 1898, in-8), pp. 195 et suiv.; Lot, Hugues Capet, p. 204, n deg. 2; A. Richard, Hist. des comtes de Poitou, I, p. 68-69. D'apres A. Degert, (Le pouvoir royal en Gascogne sous les derniers Carolingiens et les premiers Capetiens, dans Revue des Questions historiques, t. LXXII, annee 1902, p. 427). Aznar aurait ete un seigneur de Comminges. On peut hesiter pour la date de cette entrevue entre les annees 931 et 932; (voy. Les Annales de Flodoard, ed. Lauer, p. 53, n. 9). Nous penchons cependant pour admettre la seconde de ces dates, a cause de la place des Annales ou se trouvent rapportes les details de l'entrevue.—Flodoard a recueilli une anecdote plaisante: le seigneur gascon Loup Aznar avait, parait-il, raconte aux Bourguignons que son cheval etait age de plus de cent ans. On ne crut pas cependant le Gascon sur parole, ainsi qu'il ressort du ton meme des Annales. Aznar montait probablement l'un de ces petits chevaux tarbes, de race arabe, tres efflanques, l'ancetre de Rossinante.]

    [Footnote 250: Kalckstein, p. 186; Hist. de Languedoc, nouv. ed., III, p. 110 et suiv.]

    [Footnote 251: Hist. de Languedoc, loc. cit.]

    [Footnote 252: Lot, Fideles ou vassaux?, p. 55.]

    [Footnote 253: Hist. de Languedoc, nouv. ed., V, n deg. 56, Anse est dans le Rhone, arr. de Villefranche.]

    [Footnote 254: Recueil des chartes de Cluny, I, nos 396 a 398; bulle de Jean XI faisait allusion a un diplome perdu de Raoul. Jaffe-Loewenfeld, Regesta pontif. roman., no. 3584.]

    [Footnote 255: Recueil des chartes de Cluny, I, nos 239, 255, 258, 411, 442. Cf. Poupardin, Le royaume de Provence, p. 235.]

    [Footnote 256: Flod., Ann., a. 932; E. Lemaire, Essai sur l'hist. de la ville de Saint-Quentin (Mem. de la Soc. acad. de Saint-Quentin, 4e serie, t. VIII, 1886-7) P. 280-281.]

    [Footnote 257: Ann. Elnon. min.; Chron. Tornac., a. 932 ( M.G.h., Scr., V, 19, et XV, 2, 1296). Cf. Vanderkindere, Formation territoriale des principautes belges au moyen age, 2e ed., I, 325.]

    [Footnote 258: Flod., loc. cit.]

    [Footnote 259: Flod., Ann., a. 933.]

    [Footnote 260: Flod., Ann., a. 933. Jaffe-Loewenfeld, Regesta pontif. roman., n deg. 3591.]

    [Footnote 261: Liudprand, Antapodosis, III, 48 (ed. Duemmler, p.76), Poupardin, Le royaume de Provence, p. 230 et suiv.; Le royaume de Bourgogne, p. 39-60.]

    [Footnote 262: Flod., Ann. 933. Recueil des chartes de Cluny, I, n deg. 437, 439. Cf. G. de Manteyer, La Provence du premier au douzieme siecle, p. 131.]

    [Footnote 263: Liudprand, Antapodosis, III, 47, loc. cit. ; Hist. de Languedoc, nouv. ed., V, no XCII; Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 69.]

    [Footnote 264: Recueil des historiens de France, IX, 578 et 580. Le titre de rex Aquitanorum est attribue a Raoul dans plusieurs actes de Brioude posterieurs a 926 (Cf. Bruel, Essai sur la chronologie du cartulaire de Brioude, dans Bibl. de l'Ecole des chartes, annee 1866, pp. 479-480).]

    [Footnote 265: Flod., Ann., a. 933. Cf. Dudon de Saint-Quentin, ed. Lair, preface, p. 71; Longnon, Atlas hist., texte, p. 86; Duemmler, Zur Kritik Dudos von S. Quentin ( Forschungen zur Deutschen Geschichte, VI, 375); A. de La Borderie, Hist. de Bretagne, II, p. 378; F. Lot, Fideles ou vassaux?, p. 184, n. 3.]

    [Footnote 266: Flod., Ann., a. 931; Chron. de Nantes, ed. Merlet, introd., pp. XLIII-XLIV; Dudon de Saint-Quentin, ed. Lair, preface, p. 71.]

    [Footnote 267: Flod., Ann., a. 933 et 936; Chron. de Nantes, ed. Merlet, c. XXIX-XXX, pp. 82-83-89; A. de La Borderie, Hist. de Bretagne, II, 409-410.]

    [Footnote 268: Flod., Ann., a. 933.]

    [Footnote 269: Diplome de Raoul du 5 mars 934 (Recueil des historiens de France, IX, 579, d'apres Mabillon, De re diplomatica, p. 566).]

    [Footnote 270: Flod., Ann., a. 933; E. Lemaire, Essai sur l'hist. de Saint-Quentin, loc. cit., p. 280-281.]

    [Footnote 271: Flod., ibid.]

    [Footnote 272: Flod., Ann., a. 933.]

    [Footnote 273: Il etait a Attigny le 13 decembre 933. Mabillon, Ann. Bened., III, 404; Recueil des historiens de France, IX, 578.]

    [Footnote 274: Raoul etait a Chateau-Thierry le 3 mars. Mabillon, De re diplomatica, n deg.133, p. 566; Recueil des historiens de France, IX, 579 (diplome en faveur des chanoines de Saint-Pierre de Soissons).]

    [Footnote 275: Flod., Ann., a. 934.]

    [Footnote 276: Flod., Ann., a. 934; Ann. Elnon. min. (M.G.h., Scr., V, 19); Witger, Geneal. comit. Flandriae (ibid., IX, 303-304); lettre d'Aethelwerd (ibid., X, 439).]

    [Footnote 277: Flod., Ann., a. 934.]

    [Footnote 278: Flod., Ann., a. 934, in fine.]

    [Footnote 279: Sur les difficultes d'identification de cette localite, voy. Les Annales de Flodoard, ed. Lauer, p. 60, n. 6.]

    [Footnote 280: Flod., Ann., a. 935.]

    [Footnote 281: Flod., ibid.; Widukind, I, 39; diplome d'Henri l'Oiseleur, du 8 juin 934 (M.G.h., Diplom., I, 73, n deg. 40); Stumpf, n deg. 44-47; Waitz, Heinrich I, p. 470.]

    [Footnote 282: Flod., Ann., a. 935.]

    [Footnote 283: Flod., ibid.; Ann. Floriacenses, a. 936; Ann. Mettenses, a. 934 (M.G.h., Scr., II, 225, III, 133); Chron. Vezetiae.; Chron. Dolense (Rec. des histor. de France, IX, 90); Ann. Besuenses, a. 933 (M.G.h. Scr., II, 246). Cf. Waitz, op. cit., p. 134. Le Chron. Dolense place a cette date de 935 une invasion hongroise en Berry, au cours de laquelle Ebbon de Deols perit. Nous avons explique ailleurs (Le regne de Louis d'Outre-Mer, p. 24, II. 1) les raisons pour lesquelles nous considerons ce temoignage comme peu digne de foi et croyons devoir reporter l'episode de la mort d'Ebbon en l'annee 937, ou la presence des Hongrois en Berry est attestee par Flodoard. Le systeme inverse, qui consiste a accorder plus de valeur au Chron. Dolense qu'a Flodoard, a ete suivi par Raynal (Hist. du Berry, t. I, p. 336) et par M.E. Chenon dans Un monastere breton a Chateauroux (extr. du I. XVII des Mem. de la Societe archeol. d'Ille-et-Vilaine), p. 7.]

    [Footnote 284: Flod., ibid. Peut-etre faut-il distinguer de Boson, frere du roi, ce comte homonyme qui s'empare de Dijon, bien que Flodoard ne precise pas.]

    CHAPITRE VI. LA FIN DU REGNE.

    Les conditions de l'entente des bords de la Chiers n'etaient pas faciles a realiser. Hugues refusa, on ne sait pour quelle raison, de restituer Saint-Quentin au comte de Vermandois. Ce dernier en appela a Henri de Germanie. Plusieurs comtes lorrains et saxons vinrent, sous pretexte de mediation, rejoindre Herbert avec une forte armee, et au lieu d'entrer en pourparlers avec Hugues, ils se jeterent sur Saint-Quentin qu'il retenait, d'apres eux, indument. La ville fut obligee de se rendre. Herbert, craignant de n'etre pas en mesure de conserver une si difficile conquete, son ancienne capitale, dont il avait eprouve a deux reprises l'attachement douteux, n'hesita pas a laisser des etrangers raser la forteresse. Ce succes avait a ce point mis en haleine ses allies (amici) qu'ils parlaient maintenant d'attaquer Laon. Il fallut l'intervention royale pour les en detourner[285].

    Apres sa femme, Raoul perdit son frere. Boson avait pris part a l'expedition lorraine contre Hugues. Le 13 septembre, selon un diplome, il s'etait rencontre avec le roi a Attigny[286]. Peu apres il mourut et fut enseveli en l'abbaye royale de Saint-Remy de Reims, a laquelle il avait jadis concede Domremy[287]. C'etait un precieux auxiliaire de Raoul et un utile representant des interets francais en Lorraine qui disparaissait.

    La paix interieure, retablie a grand'peine, faillit etre troublee par une nouvelle invasion des Normands de la Loire. Les habitants du Berry et de la Touraine parvinrent heureusement a les arreter[288]. Vers le meme temps, Artaud reunissait un synode de sept eveques a Fismes, en l'eglise Sainte-Macre, pour aviser aux moyens de faire cesser definitivement les brigandages[289]. L'ere des luttes feodales semblait enfin close. Maintenant le role du roi devait etre different. Apres douze annees d'efforts, Raoul declare dans un diplome delivre le 13 septembre 935, a Attigny, qu'il entend desormais se vouer a l'administration paisible de son royaume et qu'il compte maintenir ses sujets dans le devoir par la confiance et non par la force des armes. Ce curieux document renferme en outre une concession du donjon royal d' Uxellodunum, en Quercy, au monastere de Tulle: la forteresse edifiee jadis pour resister aux Normands devait etre rasee, afin qu'elle ne put dorenavant servir a des entreprises hostiles, apres la pacification definitive du midi[290].

    Il ne fut pas donne a Raoul de gouverner en paix ni de jouir bien longtemps du fruit de ses efforts. Il tomba malade en automne, et retourna souffrant dans son duche[291]. Le 12 decembre, il etait a Auxerre ou il confirmait diverses concessions du comte Geoffroi de Nevers a son eveque Tedalgrinus[292]: il y expira le 14 ou le 15 janvier suivant[293]. On ignore son age, mais il devait etre encore jeune, quoique epuise par treize annees de luttes presque sans treve. Conformement a son desir, il fut inhume a Sainte-Colombe de Sens. Comme l'eglise venait d'etre incendiee au cours de troubles recents, ce ne fut que le 11 juillet que ses restes furent ensevelis au milieu du choeur, aupres de ceux de son pere, qui reposaient dans la crypte de Saint-Symphorien, et de ceux du roi Robert, a droite de l'autel[294]. Le roi Louis d'Outre-Mer, couronne le 19 juin, ayant sejourne a Auxerre le 25 et le 26 juillet, semble avoir du assister avec Hugues le Grand aux funerailles de son predecesseur. Raoul avait legue au monastere de Sainte-Colombe une partie de sa fortune privee, sa couronne d'or enrichie de pierres precieuses et le superbe mobilier de sa chapelle comprenant des ornements d'autel, des calices, des reliquaires et des manuscrits. Ce tresor fut longtemps l'orgueil de l'abbaye. Malheureusement, en 1147, l'abbe Thibaud emporta la couronne de Raoul a la seconde Croisade, et comme il mourut en Orient, cette magnifique piece d'orfevrerie fut irremediablement perdue[295].

    D'apres l'auteur de la Chronique de Saint-Benigne de Dijon et Aubry de Trois-Fontaines, Raoul aurait eu un fils appele Louis[296]. Un diplome de sa mere Adelaide, date de 929, ou il est question d'un Louis “son petit-fils” (?), Ludovicas repos, parait bien venir confirmer ces assertions[297]. En tout cas, cet enfant etait mort avant son pere, puisque le deces de Raoul amena une restauration carolingienne, le rappel d'outre mer du fils de Charles le Simple, nomme lui aussi Louis.

    Un trait psychologique est interessant a relever: c'est la persistance avec laquelle, meme dans les regions ou l'on avait le plus longtemps refuse de reconnaitre la suzerainete de Raoul, on continua pendant plusieurs mois a dater les actes en prenant pour point de depart le jour de sa mort. On ignora ainsi volontairement la restauration du jeune rejeton de cette dynastie carolingienne, a l'egard de laquelle on avait affecte jadis une si inebranlable fidelite, parce que la fiction d'un interregne semblait a present le meilleur pretexte aux revendications d'independance. On concoit qu'en face d'un tel etat d'esprit, consequence directe du mouvement feodal, et apres avoir eu sous les yeux l'exemple des extraordinaires difficultes du regne de Raoul, Hugues le Grand n'ait pas ose briguer la succession du roi defunt et qu'il ait prefere se mettre a la tete du parti qui rappela le jeune Louis, son propre neveu par alliance.

    CONCLUSION

    Sur Robert il est impossible de formuler aucune opinion, tant sa carriere a ete promptement brisee. Nous nous bornerons a enregistrer qu'apres avoir ete tres severement juge par ses contemporains, il est devenu un heros epique sous le nom de Robert de Montdidier[298]. Les appreciations qu'on a formulees au sujet de Raoul ne sont pas toutes concordantes. Pour les uns c'est un usurpateur, et par suite l'universalite de ses actes est comprise dans la meme reprobation generale. Pour les autres, au contraire, ses qualites personnelles en font une figure sympathique a tous les egards. Il est incontestable que sa valeur militaire suffit a le mettre hors de pair. Dans les nombreuses luttes qu'il eut a soutenir, il paya toujours de sa personne, et il fut grievement blesse en combattant les Normands. Il semble meme, a dire vrai, que son audace soit allee souvent jusqu'a la temerite, et que son instinct guerrier une fois dechaine ne fut pas exempt d'une certaine cruaute.

    S'il se montra d'une bravoure accomplie en un siecle ou la vaillance etait la premiere des vertus, il n'en posseda pas moins a un haut degre les qualites necessaires pour gouverner. Il etait verse dans les lettres[299]. Les chroniqueurs contemporains ont loue sa devotion et sa generosite envers les eglises, ce qui, sous la plume d'ecrivains ecclesiastiques, signifie qu'il sut faire des largesses utiles a son influence et comprit les necessites materielles de son temps. Les abbayes de Sainte-Colombe de Sens et de Saint-Germain d'Auxerre, dont il etait avoue, les eglises d'Autun, d'Auxerre[300] et d'Orleans[301], les abbayes de Saint-Martin de Tours[302], de Saint-Benoit-sur-Loire[303], de Tulle[304] et de Cluny[305] furent comblees de ses dons. Il se montra toujours protecteur de la justice et de l'ordre, suivant les traditions de son pere Richard, qu'on a precisement surnomme le “Justicier"[306]. Aussi est-ce a lui que s'adressa le pape Jean X pour faire restituer a l'abbaye de Cluny les domaines occupes par Guy, abbe de Gigny, en violation du testament de Bernon[307].

    Toujours pret a combattre contre des difficultes sans cesse renaissantes, il deploya une admirable activite, pendant les douze annees que dura son regne. Sa fermete, sa constance et aussi son savoir-faire se trouvent amplement deceles par les circonstances de sa vie. Il est loin d'egaler le politique sans scrupule qu'est Herbert de Vermandois; mais il sait se tracer une ligne de conduite et executer, malgre les obstacles, un plan arrete a l'avance. La maniere dont il se servit de son frere Boson, en Lorraine et en Provence, et les phases diverses de sa lutte contre Herbert, admirablement menee apres quelques hesitations au debut, en apportent la demonstration la plus limpide.

    On a tres justement mis en parallele Raoul avec ses contemporains, les souverains allemands Conrad de Franconie et Henri de Saxe, et on a observe que la comparaison ne lui etait en rien defavorable[308]. S'il fut moins heureux que le second, dont le fils Otton le Grand put recueillir l'heritage et l'accroitre, du moins arriva-t-il a faire reconnaitre partout sa souverainete, ce a quoi le premier ne put jamais parvenir.

    L'oeuvre de Raoul fut difficile principalement a cause du regime social de son royaume, ou la feodalite en se constituant avait determine l'anarchie. Les interets particularistes des seigneurs, opposes les uns aux autres, rendaient extremement ingrate la tache d'un roi feodal, dont l'autorite dependait du concours des grands vassaux. La soif d'accroissement d'Herbert de Vermandois amena sa rupture avec Raoul. Le fils de Robert Ier, Hugues, fut d'abord entraine par lui contre un suzerain trop peu docile qu'il regretta naturellement tres vite de s'etre donne; il ne se rapprocha de Raoul que lorsqu'il le vit suffisamment affaibli et qu'Herbert devint dangereux pour lui-meme. Les grands avaient espere, en creant roi le duc de Bourgogne, regner a sa place et s'en servir comme d'auxiliaire contre les Normands, et ils se heurterent a la volonte d'un homme autoritaire et actif qui entendait gouverner autrement que de nom. Ils s'apercurent qu'ils s'etaient donne un maitre et ils eprouverent bien vite que le pouvoir royal entre les mains d'un roi elu par eux etait devenu plus fort qu'entre celles d'un dynaste affaibli. Toutefois a un point de vue plus eleve, le choix de Raoul avait ete excellent au moment ou s'ouvraient les successions de Lorraine et de Provence, puisqu'il etait allie aux familles royales de ces pays, que son frere Boson y etait possessionne et epousa meme la petite-fille de Lothaire II de Lorraine, niece de Hugues de Provence.

    La difficulte de la tache de Raoul etait encore accrue par la rivalite du roi de Germanie en Lorraine. Celui-ci avait affaire a une feodalite moins developpee et, partant, plus aisee a dominer. En dehors des grands feudataires laiques et ecclesiastiques, il ne semble pas qu'il y ait eu alors en Germanie le meme esprit d'independance dans cette classe turbulente des comtes et vicomtes desireux de s'accroitre, qui empecha meme un moment Raoul d'etre assure de la soumission de son propre duche. Il est vrai que pour satisfaire les gouts belliqueux et les appetits insatiables de tous ces feodaux, Raoul ne disposait pas, comme Henri l'Oiseleur, de nouveaux territoires conquis sur les Slaves. Il n'avait que les rares debris d'un domaine royal tellement ebreche par ses predecesseurs qu'il comprit la necessite de le sauvegarder a tout prix.

    C'etait la troisieme fois qu'un roi designe par une election veritable parvenait au trone de France. Cette royaute feodale naissante nous est en somme tres mal connue, faute de documents. Il semble qu'elle puisse etre ainsi definie: un suzerain choisi par l'election des grands et consacre par l'onction religieuse, qui est le seigneur des seigneurs et dont tous les sujets sont consideres comme les vassaux. Elle parait depouillee de presque toutes les prerogatives de la souverainete. Les mesures generales prises par le roi, levees d'hommes ou d'argent, ont un caractere exceptionnel et transitoire. Il n'y a plus d'armee royale, plus d'impots, plus de dimes, plus de justice royale. Nous assistons a l'abandon successif du droit regalien de battre monnaie en faveur des grands feudataires laiques et ecclesiastiques. Enfin il n'existe plus de legislation royale edictee par des capitulaires: depuis Carloman, on trouve trace uniquement de mesures d'ordre prive, prises par de simples diplomes. Neanmoins telle etait la force des souvenirs recents de la puissance d'un Charlemagne ou d'un Charles le Chauve, que le principe de l'unite monarchique, contre-poids necessaire au morcellement feodal, prevalut sur le systeme des anciens partages germaniques, dont Louis le Begue avait encore fait l'application. Cette royaute apparaissait comme un element stable, dans l'anarchie issue de la decomposition d'un ancien organisme en ruines et consequence naturelle des nouveaux phenomenes sociaux[309].

    Des bords de l'Escaut jusqu'en Navarre, Raoul parvint a faire reconnaitre sa suzerainete, grace a son habile politique et a son ascendant moral, fruit de ses victoires sur les Normands qu'il tailla en pieces en de rudes batailles, a Chalmont, Estresse, Eu et Fauquembergue. Il donnait des actes relatifs au comte de Tournai[310], et le seigneur gascon Loup Aznar qui vint lui preter hommage, du fond de la Gascogne, sur sa “rossinante” etait, semble-t-il, le propre beau-pere de Sanche-Garcie[311]. Enfin des monnaies au nom de Raoul etaient frappees notamment a Angouleme, Beauvais, Bourges, Chateau-Gaillard, Chateau-Landon, Chateaubleau, Chateaudun, Chartres, Compiegne, Dreux, Etampes, Langres, Laon, au Mans, au Puy, a Meaux, Nogent, Nevers, Orleans, Paris, Poissy, Saint-Denis, Sens, Soissons, peut-etre a Lyon[312].

    Le passage de Raoul au pouvoir eut cependant, on ne peut le nier, deux resultats facheux: la perte de la Lorraine et la reprise des hostilites par les Normands. S'il reussit a forcer ces derniers a la paix, et s'il parvint a etendre sa suzerainete sur le Viennois, Raoul ne rentra neanmoins en possession de la Lorraine que temporairement et ne fut jamais reconnu dans la Marche d'Espagne[313]. Ainsi la France se trouva amoindrie, en passant des mains du Carolingien repute “simple", en celles d'un roi feodal choisi par les grands a cause de ses brillantes qualites et de sa redoutable puissance materielle. La cause en remonte principalement, il convient de le reconnaitre, aux perpetuelles intrigues des grands eux-memes, surtout a celles d'Herbert de Vermandois, homme nefaste qui, toute sa vie, fut le mauvais genie de son pays et qui assume, en grande partie, devant l'histoire, la responsabilite d'avoir rendu impossible une domination francaise durable en Lorraine ou en Provence[314].

    APPENDICE

    FRAGMENTS INEDITS DE L'ANONYME DE LAON, CONCERNANT HERBERT II, CONTE DE VERMANDOIS.

    MM. Alexandre Cartellieri et Wolf Stechele viennent de publier une excellente edition du texte de la partie de la Chronique universelle de l'Anonyme de Laon, concernant les annees 1151 a 1219[315]. Bien que ce soit la le morceau capital et vraiment original de l'ouvrage, il ne faudrait pas dedaigner systematiquement tout ce qui precede. Divers passages peuvent presenter de l'interet sinon au point de vue purement historique, du moins au point de vue legendaire. En voici un exemple. Ce sont deux extraits relatifs a Herbert II, comte de Vermandois, renfermant une quantite de details precis qu'on ne trouve pas ailleurs. On y releve deja la fameuse anecdote de la pendaison d'Herbert, que j'ai signalee ailleurs[316] dans la partie inedite de la Chronique de Guillaume de Nangis, dont il est a presumer que l'Anonyme est la source. Il est impossible, en l'etat des choses, de formuler une hypothese motivee sur la facon dont l'Anonyme a pu reunir les renseignements qu'il fournit: en tout cas il parait bien difficile d'admettre qu'il n'ait puise qu'a la tradition orale.

    BIBL. NAT., MS. LAT. 5011, FOL. 104[317]:

    “Karolus rex Francorum Robertum, fratrem Odonis, sibi congressum juxta Suessionem cum multis suorum interfecit auxilio Lotharingorum.—Anno II [regni Henrici]. Hic est annus XXI Karoli qui dictus est Simplex, quod (sic) omnes proceres regni regem habent exosum propter quemdam Haganonem obscure natum, quem rex habuit consiliarium; qui cum injuriatus fuisset Herberto comiti Viromandensium, cui suberat omnis terra ab Alhamarla usque Namucum[318], nec rex eidem justiciam fecisset, conquestus est cunctis baronibus repli. Postea cum interfuisset idem comes curie Aquisgrani, inperator volens ei addere terram a Namuco usque Renum, insuper fecit eum prothospatarium inperii ut laboraret id perficere, quod rex inperatori faceret hominium. Tunc fertur Herbertum respondisse se ista lion debere, presertim cum ipsum regem licet sibi exosum non efesticaverat[319]. Inducias querit, regem adit, conqueritur nec ei emendatur, set magis ei conviciis injuriatur, unde magis contra regem exasperatur. Rediit comes ad imperatorem. Congregatur exercitus; non latuit regem neque barones regni. Comes vero Tiebaldus Blesensis non odiosi regis amore set regni affuit regi; et cunctis tocius regni navibus et naviculis Parisius adductis, ne transitus fluviorum hostibus pateret[320], et tradito sibi sigillo regio, scripsit comes memoratus cunctis regni proceribus sigillatim ne in tali articulo deessent corone, quod fieret eis et eorum posteris obprobrium sempiternum. Quid multa? Aderant[321] omnes, sed interim inperator Parisius venit. Fit colloquium inter comites Herbertum et Theobaldum, et dato Herberto signo utrum Francorum excercitus venturus esset necne, quisque ad suum regem revertitur. Statuto vero die et hora fuit uterque in loco sibi ante prefixo, Secane fluvio interfluente. Tunc comes Theobaldus, secundum signum quod inter se fecerant, erecta virga, quam manu portabat in altum, deinde submissam viriliter fregit et frustra in Secanam projecit. Tunc cogito exercitus et baronum adventu, Herbertus sucgesit inperatori ut recederet. Inperatore reverso, obsedit rex Herbertum infra Peronam, qui locus Cignorum Mons vocabatur[322], quem pro tutiori loco tocius terre sue habebat, obi proceres suos cum rebus sibi caris adesse fecerat. Obsidione per aliquot dies perdurante, diffidunt obsessi de viribus suis et ciborum penuria. Rex vero, procerum [fol. 104, v deg.] consilio cummunicato, Herbertum nec salvo ejus honore nec ad misericordiam, sicut se obtulerat, recipere volens, obtulit se ad regis voluntatem, quod rex cura suis principibus annuit gratanter. Tunc Herbertus, quia res promta ei erat, subtili et versuto dolo usus est: “Mi, inquit, rex pro meis baronibus, qui in nullo tuam offenderunt majestatem, rogo ne vulgi manibus tradantur. Est enim servorum condicio semper nobilitati contraria. Benefaciens principibus tuis donativa hec tam grata, pro inpensa libi gratia et eorum laboribus recompensa.” Tunc principes, hac pollicitatione cecati, collaudant viri consilium. Eliguntur de primoribus usque ad quinquaginta qui cum rege municionem ad dividenda inter se spolia intraverunt. Set Herbertus, non immemor doli a se excogitati, armatorum manum de abditis exire jussit et regem cum omnibus castrum ingressis cepit et custodire mancipavit. Que res cum innotuisset exercitui qui foris regressum suorum precelabatur, velut grex bestiarum sine pastore collectis sarcinulis suis nimio neglectis discedunt. Fuerunt cum rege sublimes principes [Willelmus][323] dux Normannie, [Conanus][324] dux Britannie, [Willelmus][325] dux Aquitanie, [Amphusus][326] dux Narbonensis provincie, [Odo][327] dux Burgundie, comites [Fulco][328] Cenomannensis, [Galfridus][329] Andegavensis, [Arnaldus][330] Engolismensis, Hugo[331] Campanensis, Richardus[332] Pontuensis, Hugo[333] Parisiensis, Theobaldus[334] Blesensis. Barones vero erant cum rege quamplurimi. Hos omnes allocutus est Herbertus, cum esset sub ejus custodia, dicens se nullum rancorem ad eos tenere, set tamen adversus regem, et, si vellent se ei prestare caucionem juratoriam quod super hoc facto de cetero contra eum arma non producerent nec ferri facerent, muneratos eos ad propria remitteret. Juraverunt omnes arma contra eum nunquam conrepturos, ad propria sunt restituti.

    Solus vero sub custodia tenebatur rex simplex. Argrina[335] vero, cum Ludovico filio vix quinquenni, ad patrem suum reversa est in Angliam. Radulfus quidam, assencientibus sibi quibusdam de primoribus regni, coronatur. Interca rex de custodia elapsus, ad lapidem qui usque hodie extra Peronam erectus servatur ob memoriam[336] veniens, cepit deliberare quo se verteret, sciens se nullum fidum habere amicum. Tandem cogitante illo quod per neminem alium tam de facili posset regnum recuperare quam per Herbertum, [fol. 105] si vellet ejus misereri, reversus est ad custodes a quibus evaserat. Illi recognito, de vita sua timentes si forte iterato evaderet, mandaverunt ut alios regi provideret custodes. Comes autem adveniens, de evasione regis furens, ipsum enervavit. Rex autem pre dolore nimio infra breve tempus mortuus est Perone exul et martir.”

    FOL. 105, v deg.-106.

    “Ludovicus, rex Francorum, omnibus modis laboravit gratiam principum regni Francorum obtinere et maxime Hereberti, comitis Viromandorum. Hic, primo anno Ottonis imperatoris, curiam quam sollempnem apud Laudunum tenuit. Cui ad mandatum et ad preces regis omnes proceres regni interfuerunt, exceptis paucis qui se litteris suis excusaverunt. Cumque omnes cum rege una essent in loco, ecce quidam brevigerulus in modum cursoris apte aptatus, sicut rex ipse elam aliis ordinaverat. Is ingeniculatus ad pedes regis, palam omnibus, quasi de Anglia tunc advenisset, regem ex parte avi sui regis Anglorum[337] salutavit. Rex vero ex nomine nuncium resalutavit. Erat ei nomen Galopinus[338], et data regi epistola et a cancellario lecta subrisit rex, dicens: “Revera dubium non est Anglos sensu esse pueriles et fatuo, nec id mirum cum extra mundum conversentur[339]!” Tunc principibus de re querentibus, ait rex: “Avus meus rex hec mandat: Quidam rurestris homo dominum suum invitavit ad epulas et eum infra domum suam morte ignobili jugulavit. Querit igitur per vos, o proceres Francie, quod sit mortis genus ceteris magis probrosum, quo moriatur qui hoc fecit.” Comes vero Theobaldus Blesensis, ceteris sensu et in dandis consiliis clarior, rogatus sic ait: “Non est, meo judicio, inter mortes, que magis heredibus et amicis in obprobrium vertatur sempiternum, quam interire suspendio.” Hanc vero comitis sentenciam cum omnes et ipse comes Herebertus approbassent, prosilientes armati qui aderant a rege ordinati, arreptum eum in monte quodam, jubente rege, suspenderunt, sic dicente rege ad eum: “Tu dominum tuum patrem meum rege[m] invitasti, et infra domum tuam ignominiose occidisti, nunc recipe quod meruisti.” Mons vero, in quo suspensus interiit, usque in hodiernum diem Mons Herberti appellatur.”

    FOOTNOTES:

    [Footnote 285: Flod., Ann., a. 935; E. Lemaire, Essai sur l'hist. de Saint-Quentin, loc. cit., p. 281.]

    [Footnote 286: Recueil des historiens de France, IX, 580.]

    [Footnote 287: Flod., loc. cit.; Varin, Archives legislatives de Reims, II, 1, p. 169, note.]

    [Footnote 288: Flod., Ann., a. 935. Cette invasion normande en Berry a pu etre confondue par l'auteur du Chron. Dolense avec l'invasion hongroise qui eut lieu deux ans apres dans la meme region. Voy. ci-dessus, p. 75, n. 4.]

    [Footnote 289: Flod., ibid. et Hist. eccl. Rem., IV, 25.]

    [Footnote 290: Recueil des historiens de France, IX, 580; Justel, Hist. de la maison de Turenne, pr., P. 16, Ce document d'une forme assez insolite n'est connu que par une copie.]

    [Footnote 291: Flod. Ann., a. 935.]

    [Footnote 292: Recueil des historiens de France, IX, 581; R. de Lespinasse, Le Nirvernois et les comtes de Nevers, t. I, p. 174.]

    [Footnote 293: Flod., Ann., a. 936; Hist. eccl. Rem., IV, 24; Richer, I, 65; Adon, Contin. altera, au 14 Janvier; Ann. Floriae., a. 936; Hist. Francor. Senon., au 15 janvier; Ann. S. Germani Paris., a. 942, S. Medardi Suession. S. Quintin. Veromand., a. 936 (M.G.h., Scr., II, 326, 255; IX, 366; III, 168; XXVI, 520; XVI, 507); Ann. S. Columbae Senon., au 14 janvier (Duru, Bibl. hist. de l'Yonne, I, 205); necrologe de Nevers, au 15 janvier et necrologe d'Auxerre au 14 janvier (Lebeuf, Mem. concernant l'hist. d Auxerre, II, p. 48 et pr., p. 274; nouv. ed., III, 48 et IV, 9); Clarius, Chron. S. Petri Viri Senon., au 13 janvier (Rec. des histor. de France, IX, 34); L'obituaire de Sainte-Colombe de Sens fournit la date du 12 janvier qui est moins vraisemblable (Obituaires de la province de Sens, ed. A. Molinier, P. 15): “11 id. jan. Depositio domni Rodulfi regis. Hic debet thesaurarius pitantiam sollempnem conventui”.]

    [Footnote 294:_Append. Miracut. S. Germ. Autiss. (Bibl. hist. de l'Yonne, II, 198). Le Psautier de la reine Emma (Mabillon, De re dipl., p. 200) donne le 11 juillet: “Depositio Rodulfi ineliti regis v. idus julii.”—Sur le lieu de sepulture, voy. Quesvers et Stein, Inscriptions de l'ancien diocese de Sens, t. II (Paris, 1900, in-4), p. 46-47, et Bibl. nat., Coll. de Champagne, vol. 43, fol. 114 verso.]

    [Footnote 295: Ann. S. Columbae, Senon., a. 1148; Contin. Adon. alt. (M.G.h., Scr., I, 107; II, 326).]

    [Footnote 296: Chron. S. Benigni Dirion. (Rec. des histor. de France, VIII, 243); Hugues de Flavigny, Chron.; Aubry de Trois-Fontaines, Chron., (M.G.h., Scr., VIII, 359; XXIII, 757).]

    [Footnote 297: Recueil des chartes de Cluny, I, p. 358, n deg. 379 (donation de Romainmoutier a Cluny, en 929): ”... pro annua germani et dulcissimi mei domini Rodulfi regis, harum videlicet rerum largiloris, tum vero pro requie domini mei piae memoriae principis Richardi ac pro Vuella regina, dehinc pro me et domino Rodulfo rege, filio meo, iitem (sic) Rodulfo rege nepote meo, pro aliis quoque filiis meis Hugone, Bosone, et Ludovico nepote scilicet et pro coeteris consanguineis nostris atque his qui nostro servitio adherent, pro genitore etiam ac genitrice mea et domino Hugone, insigni abbate, seu ceteris nostris utriusque sexus propinquis ... “]

    [Footnote 298: F. Lot, Etudes sur le regne de Hugues Capet, p. 305, 307 et 327.]

    [Footnote 299: Richer (I, 47): “virum strenuum et litteris liberalibus non mediocriter instructum”.]

    [Footnote 300: Gesta pontificum Autissiodor., c. 41 et 43 ( Bibl. hist. de l'Yonne, I, p. 362, 378 et 379).]

    [Footnote 301: Diplome royal perdu mentionne dans une bulle de Leon VII du 9 janvier 938. Jaffe-Loewenfeld, Regesta pontif. roman., n deg. 3607.]

    [Footnote 302: Bibl. nat., Coll. Baluze, vol. 390, n deg. 508. Cf. Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours, n deg. VI (136).]

    [Footnote 303: Vila S. Odonis, I. III, c. 8: “Per illud tempus vir Elisiardus, qui tune erat comes illustris nunc vero in monastico degit habitu, audiens infamiam horum monachorum, proedictam abbatiam a Rodulfo rege petiit et accepit, acceptamque patri nostro tradidit” (Mabillon, Acta SS. ord. S. Bened., saec. V, p. 182). D'apres Aimoin, De miraculis S. Benedicti, II, c. III (ed. de Certain, p. 100), Raoul tua meme de sa main l'usurpateur d'un domaine (Dye, dans l'Yonne, arr. de Tonnerre) dependant de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire.]

    [Footnote 304: Recueil des historiens de France, IX, 578 (diplome de Raoul faisant allusion a un autre diplome aujourd'hui perdu).]

    [Footnote 305: Bruel, Recueil des chartes de Cluny, I, loc. cit., et n deg. 408 (charte des moines de Cluny faisant allusion a un diplome de Raoul qui semble perdu).]

    [Footnote 306: Chron. S. Benigni Divion.: “Et hoc post mortem Richardi ducis qui ab executione justitiae cognomen accepit” (ed. Bougaud et Garnier, p. 280).]

    [Footnote 307: Jaffe-Loewenfeld, Regesta, n deg. 3578; Recueil des historiens de France, IX, 217 et 718; cf. E. Sackur, Die Cluniacenser, p. 67.]

    [Footnote 308: Lippert, p. 99.]

    [Footnote 309: C. Rayel, C. Plister et A. Kleinclausz, Le christianisme, Les Barbares, Merovingiens et Carolingiens (t. III de Lavisse, Hist. de France, Paris, 1903, in-8), p. 121 et 437-438; P. Viollet, Hist. des instit. polit. et admin. de la France, II, p. 22; Fustel de Coulanges, Hist. des instit. pol. de l'anc. France. Les transformations de la royaute pendant l'epoque carolingienne, pp. 697-698. Sur la royaute feodale constituee, voy. Plister, Robert le Pieux, p. 86-179, et A. Luchaire, Hist. des instit. monarchiques, 2e ed., 1, p. 84, 43 et suiv., Manuel des instit. franc., p. 457; Glasson, Hist. du droit et des instit. de la France IV, p. 487 et suiv., V, p. 282; Esmein, Cours elem. d'hist. du droit francais, p. 484.]

    [Footnote 310: Wauters, Tabl. chronol. des chartes et diplomes impr. concernant l'hist. de la Belgique, I. 1, p. 338.]

    [Footnote 311: J.-F. Blade, Origine du duche de Gascogne (Agen, 1897, in-8), p. 37.]

    [Footnote 312: Gariel, Les monnaies royales de France sous la race carlovingienne (Strasbourg, 1883, in-4.) p. 299 et suiv.]

    [Footnote 313: Marca Hispanica, col. 386, et Append., col. 846-847. Le seul acte ou le nom de Raoul apparaisse, concerne le Roussillon: il est tire du cartulaire d'Elne (loc. cit., no LXXII). Chron. Barcinonense (Marca Hisp., Append., col. 738): “Karolus rex post obitum Odonis XXIII annos, III menses. Post cujus obitum non habuerunt regem per annos octo.” (Voy. aussi Espana sagrada, t. XXIX, p. 199, et XLIII, p. 125 et 400, no XVII: Charte du comte d'Urgel Suniaire, datee de 934, sixieme annee apres la mort du roi Charles); Bofarull y Mascaro, Los condes de Barcelona rindicados, t. 1 (Barcelone, 1836, in-8) p. 49. Eckel (p. 147) a montre par les dates du Cartulaire d'Elne que Raoul ne fut reconnu en Roussillon qu'en 932 et que l'on comptait ses annees de regne a partir de la mort de Charles le Simple (929).]

    [Footnote 314: M. Flach, dans Les origines de l'ancienne France, t. III (Paris, 1904), p. 397, a tres exactement caracterise la politique d'Herbert II.]

    [Footnote 315: Chronicon universale Anonymi Landunensis, von 1154 bis zum Schluss (1219), ed. Alexander Cartellieri et Wolf Slechele. Leipzig-Paris, 1909, in-8, 87 pages.]

    [Footnote 316: Le regne de Louis IV d'Outre-Mer, pp. 296-298. M. Longuon vient de fournir tout dernierement une date de jour pour la mort d'Herbert II, le 23 fevrier 943, d'apres les obituaires de Reims ( Nouvelles recherches sur Raoul de Cambrai, dans Romania, XXXVIII, p. 229).]

    [Footnote 317: Le meme passage se retrouve dans le ms. de Berlin Phillipps 144, fol. 99 et suiv.]

    [Footnote 318: Il s'agit d'Aumale (Seine-Inferieure, arr. de Neufchatel-en-Bray) et de Namur (Belgique).]

    [Footnote 319: Pour effestucaverat, abandonner selon la forme juridique de la festuca. Cf. le passage fourni par le ms. C squared de la Chronique d'Ademar de Chabannes, 1. III, c. 22(ed. Chavanon, p. 142), deja cite plus haut, p. 9, n. 2.]

    [Footnote 320: Ce trait est un souvenir de ce que fit Hugues le Grand lors de l'expedition d'Otton Ier, en France, en 946. Richer, II, c. 57; Cf. Louis d'Outre-Mer, p. 151. Il y a la une confusion bizarre entre l'expedition d'Otton Ier de 946 et l'aide pretee par les Lorrains a Charles le Simple.]

    [Footnote 321: Ou accesserant. Le manuscrit porte “acerant" (sic).]

    [Footnote 322: Il n'existe pas de lieu dit “Mont-des-Cygnes", a Peronne, mais dans les Virtutes Furesei abbatis Latiniacensis (M.G.h., Scr. rer. Merov., IV, pp. 444 et 447) on trouve les passages suivants: “praeparabo montem Cygnopum qui Perrona noncupatur" et “deduxerunt sanctum corpus ad montent Cygnophum”. Sur cette denomination de la colline de Peronne, voy. F.-J. Martel, Essai hist. et chronol. sur la ville de Peronne (Peronne, 1860), pp. 3-4 et 9-10; Eustache de Sachy, Essais sur l'hist. de Peronne, p. 1-2; J. Dournel, Hist. gen. de Peronne, p. 1. Ce siege de Peronne est un souvenir de la lutte entre Raoul et Herbert, de 932 a 935, au cours de laquelle Peronne fut assiegee par Hugues le Grand et Gilbert de Lorraine.]

    [Footnote 323: Il s'agit ici probablement de Guillaume Ier Longue-Epee. Les noms propres mis entre crochets ont ete biffes sur le manuscrit a une date qui semble de peu posterieure a l'epoque de la transcription. On y remarquera de nombreux anachronismes.]

    [Footnote 324: Conan Ier le Tort, comte de Rennes (m. 992).]

    [Footnote 325: Peut-etre Guillaume tete d'Etoupe, comte de Poitiers, ou Guillaume le pieux, comte d'Auvergne.]

    [Footnote 326: Pour Alphonsus, reminiscence d'Alphonse-Jourdain, comte de Toulouse et vicomte de Narbonne (1134-1143).]

    [Footnote 327: Ce nom parait provenir d'une confusion entre Otton de Bourgogne (956-965) et Eudes Ier (1078-1102).]

    [Footnote 328: Foulques Ier ou Foulques II, comte d'Anjou. Le qualificatif de “comte du Mans” qui lui est applique est un surnom epique.]

    [Footnote 329: Geoffroy Ier Grisegonelle devenu de bonne heure, comme on sait, un heros epique, qui succeda precisement a Foulques II d'Anjou.]

    [Footnote 330: Arnaud Bouration, comte de Perigord et d'Angouleme (962-975), ou Arnaud Manzer, batard de Guillaume Taillefer, qui lui succeda (975-1001).]

    [Footnote 331: Hugues Ier comte de Champagne (vers 1093-1123).]

    [Footnote 332: Il n'y a jamais eu de comte de Ponthieu de ce nom. Ce doit etre une confusion avec Roger ou Raoul.]

    [Footnote 333: Hugues le Grand.]

    [Footnote 334: Thibaud le Tricheur, comte de Blois.]

    [Footnote 335: Forme fautive pour Aedgiva.]

    [Footnote 336: Il se pourrait que toute la legende rapportee ici fut nee a l'occasion de cette pierre, comme il est arrive parfois dans des cas analogues.]

    [Footnote 337: Edouard Ier l'Ancien, pere de la reine-mere Ogive, mort avant l'avenement de Louis IV.]

    [Footnote 338: Le meme nom se retrouve dans Guillaume de Nangis. Il signifie precisement “messager”.]

    [Footnote 339: Sur l'opinion peu favorable que les Francais se faisaient des Anglais au moyen age, cf. Ch.-V. Langlois, Les Anglais au moyen age d'apres les sources francaises (Revue historique, t. LII, pp. 298-315).]

    TABLE ANALYTIQUE

       A

       ABBON, eveque de Soissons, chancelier de Robert Ier, partisan de
       Raoul;—a Autun, chancelier de Raoul;—accompagne le roi
       Raoul;—soutient Herbert II de Vermandois; sollicite a Rome
       l'approbation de Jean X pour les actes d'Herbert II;—devenu
       archichancelier royal, perd le vicariat du diocese de
       Reims;—remplace comme archichancelier royal, par Anseis de Troyes.

       Aefredus, voy. AFFRE.

       Acinarius, voy. LOUP AZNAR.

       Ad Destricios. Lieu dit ou les Normands sont aneantis par Raoul.

       ADELE DE VERMANDOIS, fille d'Herbert II, epouse Arnoul de Flandre.

       ADELAIDE, seconde femme de Louis le Begue;—mere de Charles le
       Simple.

       ADELAIDE, fille de Conrad d'Auxerre, epouse Richard le
       Justicier;—mere de Raoul, roi de France;—charte;—intervient en
       faveur de Saint-Symphorien d'Autun.

       Adelelmus. Charte pour Sainte-Radegonde de Poitiers.

       ADEMAR, vicomte de Turenne. Fait approuver son testament par Raoul.

       ADEMAR DE CHABANNES. Son recit des exploits de Guillaume Taillefer.

       ADSON, impetrant d'un diplome en faveur de Saint-Symphorien
       d'Autun.

       Aedgiva, voy. OGIVE.

       AFFRE ou EFFROI, frere de Guillaume II d'Aquitaine, avoue de
       l'abbaye de Brioude;—occupe Nevers;—succede a Guillaume II, duc
       d'Aquitaine;—sa mort.

       AIMOIN, chroniqueur. Explication du choix de Raoul;—vante le
       triomphe de Raoul sur les Normands.

       AIMOIN (Continuateur d'). Son recit du pillage de
       Saint-Benoit-sur-Loire, par Roegnvald.

       AIRARD, eveque de Noyon. Sa mort.

       AISNE, riv. Charles le Simple la traverse.

       AIX-EN-PROVENCE. Odalric, archeveque.

       AIX-LA-CHAPELLE;—le proces de Bernard d'Italie y est juge.

       ALAIN BARBE-TORTE, duc de Bretagne;—aide par les Anglo-Saxons,
       constitue une principaute feodale en Bretagne.

       Albamarla, voy. AUMALE.

       ALDRIC, fidele de Raoul.

       ALLARD, eveque du Puy, accompagne Guillaume d'Aquitaine pres Raoul.

       ALLEAUME, comte d'Arras. Repousse les Normands;—s'empare de Noyon;
       il est tue dans la basilique;—a sa mort, Arnoul de Flandre prend
       Arras.

       ALLEAUME, eveque de Laon. Etablit des chanoines a Saint-Vincent de
       Laon.

       ALLOU, comte de Boulogne-Terouanne;—opere avec Raoul contre les
       Normands;—frere d'Arnoul de Flandre, abbe de Saint-Bertin.

       ALPES. Les Hongrois y sont un instant cernes par Rodolphe II et
       Hugues de Provence.

       ALPHONSE-JOURDAIN, comte de Toulouse, et vicomte de Narbonne, a la
       cour royale.

       ALSACE. Charles le Simple et Robert y sejournent.—Voy. SAVERNE.

       AMAURY, rapporte de Rome le pallium a Artaud.

       AMIENOIS, pays envahi par les Normands.

       AMIENS. Raoul y est reconnu roi;—menace par les Normands; devore
       par un incendie;—assiege par Hugues le Grand qui recoit des otages
       de la garnison d'Herbert II.

       ANGERS. Raoul y est reconnu;—Cathedrale et Saint-Aubin,
       cartulaires.

       ANGLAIS. Opinion des Francais sur leur caractere.

       ANGLETERRE. La reine Ogive s'y refugie avec son fils Louis.

       ANGLO-SAXONS.

       ANGOULEME. Guillaume Taillefer, comte; les moines de Charroux s'y
       refugient;—monnaie de Raoul;—comte.

       ANGOUMOIS, pille par les Normands.

       ANJOU. Comte.

       ANNALES. Voy. au nom d'auteur ou de provenance et les notes au
       texte.

       ANONYME DE LAON. Fragments inedits de sa chronique relatifs a
       Herbert II de Vermandois.

       ANSE, en Lyonnais. Raoul y sejourne.

       ANSEAU, vassal de Boson, chatelain de Vitry, recoit Coucy d'Herbert
       II.

       ANSEIS, eveque de Troyes, a Autun, pres de Raoul;—lutte coutre
       Roegnvald;—blesse a Chalmont;—dans un diplome pour
       Montieramey;—intervient dans un diplome de Raoul comme
       archichancelier.

       ANSELME, eveque d'Autun. Acte de donation approuve par Raoul.

       ANSGARDE, premiere femme de Louis de Begue.

       AQUITAINE. Duche;—soumise a Charles;—tactique des seigneurs de ce
       pays a l'egard de la royaute;—transfert du titre de duc a la
       maison de Poitiers; pillee par les Normands;—reconnait Raoul comme
       roi.

       ARCIAT, sur la Saone, Raoul s'y arrete.

       ARCY (Saone-et-Loire).

       ARGENTEUIL. (Seine-et-Oise) Obituaire.

       ARGENTEUIL, en Tonnerrois. Defaite des Normands.

       Argrina, forme fautive pour Aedgiva. Ogive, femme de Charles le
       Simple.

       ARLES. Comte. Appartient a Boson, du chef de sa femme Berthe.

       ARLES (Royaume d'). Son origine;—Rodolphe II, roi.

       ARNAUD BOURATION, comte de Perigord et d'Angouleme, a la cour
       royale.

       ARNAUD MANZIER, batard de Guillaume Taillefer, a la cour royale.

       ARNOUL, marquis de Flandre. Opere avec Raoul contre les
       Normands;—les Normands veulent s'en venger;—enleve Mortagne a
       Roger de Lion;—s'empare d'Arras;—epouse Adele de Vermandois;
       occupe Arras; entre en possession de Boulogne et Terouanne et
       devient abbe de Saint-Bertin, a la mort d'Allou.

       ARRAS. Le comte Alleaume repousse les Normands;—menace par les
       Normands;—assiege par Raoul;—Arnoul, marquis de Flandre, s'en
       empare a la mort du comte Alleaume;—pris par Arnoul de Flandre.

       ARSONCOURT.

       ARTAUD, elu archeveque de Reims;—reunit un synode pour excommunier
       Milon de Chalons;—moine de Saint-Remy, se rend aupres de Hugues le
       Grand;—archeveque de Reims, accompagne Raoul au siege de
       Chateau-Thierry et Hugues le Grand a la prise de Roye;—reunit un
       synode a Fismes.

       ARTOIS, pays envahi par les Normands.

       ATHELSTAN, oncle de Louis IV, le recoit a sa cour.

       ATTIGNY. Charles le Simple s'y rend;—residence royale;—plaid
       decidant une expedition en Lorraine;—fisc royal, rendu par Raoul a
       Charles le Simple;—Raoul s'y rend et envoie de la Hugues le Grand
       en ambassade aupres d'Henri 1er;—Raoul y reside;—Raoul y donne un
       diplome.

       AUBRY DE TROIS-FONTAINES. Sa chronique—attribue un fils a Raoul.

       AUMALE, Albamarla, limite des domaines d'Herbert II.

       AURILLAC. Charte de Frolard pour cette ville.

       AUTUN. Eglise, chartes de Raoul;—Walon, eveque;—comte de Raoul,
       debut de son regne;—Saint-Martin, abbaye; Eimon abbe; dependances
       en Viennois et Provence; ses privileges;—Saint-Symphorien, Hermoud
       prevot;—Raoul y sejourne;—Saint-Andoche.

       AUVERGNE. Maison comtale;—a pour dependances le Velay et le
       Gevaudan;—reconnait la suzerainete de Raoul;—comte.

       AUXERRE. Relations de ses vicomtes avec le duc de
       Bourgogne;—Rainard vicomte;—monastere Saint-Germain: la reine,
       Emma lui enleve la villa Quinciacum;—Raoul y donne un diplome a
       son fidele Allard;—Raoul y confirme des concessions de Geoffroi de
       Nevers a l'eveque Tedalyrinus;—Louis IV y sejourne avec Hugues
       le Grand;—monastere de Saint-Germain, Raoul en est avoue.

       AVALLON. Comte de Raoul;—chateau, enleve au comte Gilbert par la
       reine Emma.

       AVIGNON, Comte. Appartient a Boson, du chef de sa femme, Berthe.

       AVRANCHIN, pays cede par Raoul aux Normands.

       AZNAR, voy. Loup Aznar.

       BAUDOIN II LE CHAUVE. Ses fils;—hostile a Herbert II.

       BEAULIEU. Cartulaire;—chartes datees des annees de Raoul.

       BEAUVAIS. Heudegier, eveque;—monnaie de Raoul.

       BEAUVAISIS, pays envahi par les Normands.

       BEATRICE DE VERMANDOIS, mere de Hugues le Grand.

       BENNON, eveque de Metz, successeur de Guerri.

       BENOIT (Saint) Miracles;—son apparition a Roegnvald;—reliques
       portees a Saint-Benoit-sur-Loire pendant l'invasion normande.

       BERENGER, empereur. Son intervention sollicitee en faveur de
       Charles le simple; sa mort.

       BERENGER, comte du pagus Lommensis. Se brouille avec Gilbert, son
       beau-frere.

       BERNARD, comte (de Senlis?), cousin d'Herbert II de
       Vermandois;—aurait ete de bonne foi en trompant le roi Charles.

       BERNARD D'ITALIE, aieul d'Herbert II de Vermandois;—sa revolte
       contre Louis le Pieux et sa mort.

       BERNOIN, eveque de Verdun, neveu de Dadon.

       BERNON, abbe de Cluny. Testament.

       BERRY. Raoul y est reconnu;—pays restitue par Raoul a Guillaume II
       d'Aquitaine;—invasion hongroise;—les habitants repoussent les
       Normands.

       BERTHE, comtesse d'Arles et d'Avignon, niece de Hugues de Provence;
       epouse Boson, frere de Raoul.

       BESSIN, pays cede par Hugues le Grand aux Normands;—les habitants
       attaquent les Normands de la Seine;—habitants.

       BEUVES, eveque de Chalons. Soutient Herbert II;—chasse par
       Boson;—condamne a la destitution;—retabli sur son siege par la
       faveur de Hugues le Grand;—Raoul lui rend son eveche d'accord avec
       Hugues le Grand.

       BEZIERS. Chartes y constatant l'interregne.

       BLANDIGNY. Annales.

       BLOIS. Raoul y est reconnu:—Saint-Lomer, monastere, recoit de
       Raoul l'eglise Saint-Lubin;—comte.

       BONN (Traite de), entre Charles le Simple et Henri l'Oiseleur.

       BOSON, frere cadet de Raoul;—son partisan;—prete l'hommage a
       Raoul;—tue Ricoin malade, pour s'emparer de Verdun;—epouse
       Berthe, comtesse d'Arles et d'Avignon;—ennemi d'Otton, fils de
       Ricoin;—oblige de reconnaitre la suzerainete d'Henri Ier;—conclut
       la paix avec Henri Ier; se reconcilie avec Gilbert de
       Lorraine;—s'empare de domaines des eveches de Verdun et Metz;
       assiege dans Durofostum par Henri Ier;—s'empare de
       Chelles;—rentre dans Vitry, et prend Monzon; s'allie a Gilbert de
       Lorraine et a Hugues le Grand contre Herbert II; a pour vassal
       Anseau de Vitry; compris dans un accord entre Hugues le Grand et
       Herbert II;—se brouille avec Gilbert de Lorraine qui lui prend
       Durofostum;—se soustrait a la suzerainete d'Henri Ier beau-pere
       de Gilbert;—accompagne Raoul au siege de Reims;—epoux de Berthe,
       niece de Hugues, possede Arles et Avignon;—se soumet a Henri Ier
       qui lui rend presque tous ses domaines;—prend part a l'expedition
       lorraine contre Hugues le Grand; se rencontre avec Raoul a Attigny;
       concede Domremy a Saint-Remy de Reims; y est enseveli;—sa femme
       est petite-fille de Lothaire II de Lorraine, niece de Hugues de
       Provence.

       BOSON, roi de Provence. Oncle de Raoul, roi de France;—fils de
       Thierry d'Autun;—son royaume.

       BOUFFIGNEREUX, pres de Laon. Les troupes royales y campent.

       BOULOGNE.—Genealogie des comtes;—occupe par Arnoul de Flandre.

       BOULONNAIS. Littoral ravage par la flotte normande.

       BOURGES. Pris par Raoul de Bourgogne;—monnaie de Raoul.

       BOURGOGNE. Duche;—maison ducale; alliee a Robert;—royaume
       independant sous Rodolphe Ier;—les moines de Montierender s'y
       refugient;—Raoul y est reconnu roi—pouvoir ducal de Raoul;—Raoul
       y sejourne;—Herbert II s'y rend;—faveurs de Raoul pour les
       abbayes de ce pays;—echappe aux pillages normands;—des
       contingents en sortent pour rallier l'armee de Raoul.

       BOURGUIGNONS. Luttent contre les Normands a Chalmont.

       BRAISNE-SUR-LA-VESLE. Enleve par Hugues a l'archeveque de Rouen,
       Gonthard; pris et detruit par Herbert II.

       BRELE, fl. cotier.

       BRETAGNE. Independante sous Alain;—soumise a Charles;—dans
       l'anarchie;—cession faite par Robert a Roegnvald non executee.

       BRIARE. Raoul y confirme les privileges de Cluny.

       BRIE. Comte. Raoul y est reconnu.

       BRIOUDE. Abbaye Saint-Julien; Affre en est avoue;—dates des
       chartes;—cartulaire.

       C

       CAHORS. Frotard vicomte;—chartes datees des annees de Raoul, 50.

       CALAIS (Saint). Translation de ses reliques a Saint-Lomer de Blois.

       CAMBRAI. Eveques;—Isaac comte;—Gilbert de Lorraine y tient un
       plaid.

       CARCASSES. Possessions de l'abbaye de Montolieu situees dans ce
       pays.

       CARLOMAN, roi de France;—sa mort;—le dernier capitulaire date de
       son regne.

       Carolingicae domus genealogia.

       CHALMONT (Seine-et-Marne). Defaite des Normands.

       CHALON-SUR-SAONE. (comte). Debut du regne de Raoul;—Bernard
       d'Italie s'y rencontre avec Louis le Pieux;—Raoul y sejourne avec
       toute sa cour;—diplomes de Raoul dates de cette ville.

       CHALONNAIS. Dependances de Tournus, sises dans ce pays.

       CHALONS-SUR-MARNE. Cartulaire.

       CHAMPAGNE. Comte.

       CHARLEMAGNE. S'associe son second fils Louis le Pieux;—diplome
       pour Marmoutier;—son souvenir.

       CHARLES-CONSTANTIN, batard de Louis l'Aveugle, comte de
       Vienne.—Rentre en possession de Vienne;—comte de Vienne au mepris
       des droits d'Eudes de Vermandois; se soumet a Raoul;—recoit Raoul
       comme suzerain a Vienne.

       CHARLES LE CHAUVE. Oncle de Raoul;—epouse Richilde; aieul des
       comtes de Flandre;—diplome pour Marmoutier;—son souvenir.

       CHARLES LE GROS, empereur.

       CHARLES LE SIMPLE. Fils de Louis le Begue.—parrain de Raoul de
       Bourgogne; ne en 879;—son diplome en faveur de l'abbaye de
       Pruem;—prescrit a Etienne, abbe de Saint-Martial de Limoges, de
       construire deux tours pour resister a Guillaume d'Aquitaine;—fils
       posthume de Louis le Begue;—concession a Rollon; signe le traite
       de Bonn;—s'enfuit en Lorraine; en revient avec des troupes; sa
       defaite a Laon; assiege Chievremont, repousse par Hugues le
       Grand;—lutte a Soissons contre Robert; envoie des messagers a
       Herbert II et a Seulf;—appelle les Normands a son aide;—reconnu
       en Normandie, Bretagne et Aquitaine;—delivre des diplomes a Guy de
       Girone;—reconnu dans le Midi;—fait des demarches inutiles aupres
       de Seulf;—reconnu en Poitou;—reconnu longtemps dans la Marche
       d'Espagne;—ses domaines;—envoie des reliques de saint Denis a
       Henri Ier, avec une ambassade; negocie avec Henri Ier de
       Germanie;—sa captivite; enferme a Chateau-Thierry; se rend a
       Saint-Quentin avec la deputation d'Herbert II;—ses enfants
       legitimes et naturels;—donation aux Normands de la Seine;—enferme
       au donjon de Chateau-Thierry, puis a Peronne; tire de sa prison par
       Herbert II;—Rome intervient en sa faveur;—retourne en
       prison;—captif a Reims, recoit la visite de Raoul;—sa mort en
       captivite a Peronne; enseveli a Saint-Fursy;—a pour tante
       Rohaut;—sa mort decide le Midi a reconnaitre Raoul comme roi.

       CHARROUX, abbaye. Peregrinations des moines.

       CHARTRES. Defaite des Normands;—Saint-Pere, cartulaire;—Raoul y
       est reconnu;—monnaie de Raoul.

       CHATEAUBLEAU. Monnaie de Raoul.

       CHATEAUDUN. Monnaie de Raoul.

       CHATEAU-GAILLARD. Monnaie de Raoul.

       CHATEAU-GAILLOT, a Laon.

       CHATEAU-LANDON. Monnaie de Raoul.

       CHATEAU-THIERRY. Charles le Simple y est enferme;—incendie du
       donjon;—un des derniers reduits d'Herbert II, avec
       Peronne;—assiege par Raoul et les archeveques Teotolon et
       Artaud;—Herbert II y rentre; assiege a deux reprises par Raoul et
       Hugues le Grand; abandonne par Herbert II.

       CHELLES, abbaye. Enlevee a Rohaut et concedee par Charles le Simple
       a Haganon;—occupee par Boson a la mort de l'abbesse Rohaut.

       CHIERS, riv. Henri Ier se rencontre sur ses bords avec Raoul.

       CHIEVREMONT. Assiege par Charles, debloque par Hugues le Grand.

       CHRONIQUE de Saint-Benigne de Dijon. Attribue un fils a Raoul.

       Cignorum Mons, a Peronne.

       CLERGE, maltraite par Herbert II a Reims.

       CLUNY, abbaye. Chartes concernant les comtes de Macon, Chalon et
       Autun;—diplomes de Raoul en faveur de ce monastere; son droit de
       battre monnaie; abbaye dotee par Raoul.

       COLOGNE. L'archeveque s'abstient de reconnaitre Raoul.

       COMMINGES. Loup Aznar en aurait ete seigneur.

       COMPIEGNE. Residence royale;—Raoul s'y rend avec ses
       troupes;—Raoul y convoque Herbert II;—Raoul y delivre un diplome,
       a Saint-Corneille, en faveur de Marmoutier;—monnaie de Raoul.

       CONAN Ier LE TORT, comte de Rennes; a la cour royale.

       CONQUES, en Rouergue, abbaye. Cartulaire; chartes constatant
       l'interregne;—actes dates des annees du regne de Raoul.

       CONRAD, comte d'Auxerre.

       CONRAD DE FRANCONIE, mis en parallele avec le roi Raoul.

       CONRAD LE PACIFIQUE, fils de Rodolphe II, roi d'Arles. Epouse
       Mathilde, fille de Louis d'Outre-Mer.

       CORMICY. Quartier general des troupes royales lors de
       l'investissement de Reims.

       COTENTIN. Les possessions de Rollon s'y seraient etendues;—cede
       par Raoul aux Normands.

       COUCY, dependance de l'eglise de Reims. Environs ravages par la
       garnison royale de Laon;—donne a Anseau de Vitry par Herbert II.

       COURONNE de Raoul. Son histoire.

       Cygnophum, lieu dit a Peronne.

       D

       DADON, eveque de Verdun;—sa mort.

       DALMACE. Intervient dans un diplome de Raoul pour Montolieu.

       DENAIN. Enleve a Herbert II par Raoul.

       DENIS (S.). Reliques envoyees par Charles le Simple a Henri Ier de
       Germanie.

       DEOLS, monastere. Obtient de Raoul l'immunite, a la requete
       d'Ebbon.

       Destricios (Ad), Voy. Ad Destricios.

       DIJON. Saint-Benigne;—relations de ses vicomtes avec le duc de
       Bourgogne;—Manasses, comte;—pris par le comte Boson; assiege par
       Raoul.

       DOUAI, repris par Hugues le Grand a Herbert II et concede par lui a
       Roger de Laon.

       DREUX. Monnaie de Raoul.

       DUDON DE SAINT-QUENTIN;—prete a Bernard de Senlis un role de
       diplomate.

       Durofostum, chateau sur la Meuse. Boson y est assiege par Henri
       Ier;—pris par Gilbert de Lorraine.

       Dux Francorum, titre.

       DYE (Yonne). Domaine de Saint-Benoit-sur-Loire, restitue a l'abbaye
       par Raoul.

       E

       EADHILD, fille d'Edouard Ier l'Ancien, roi des Anglo-Saxons. Epouse
       Hugues le Grand.

       ERBON, seigneur de Deols. Obtient de Raoul l'immunite pour le
       monastere fonde par lui;—sa mort.

       EBERHARD de Franconie. Intervient en faveur d'Herbert II.

       EBLES MANZER, comte de Poitiers. Charte pour l'abbaye de
       Noaille;—fils de Renoul II, duc d'Aquitaine;—ne porte pas le
       titre de duc d'Aquitaine.

       EBRARD, frere d'Heloin de Montreuil. Herbert lui enleve Ham et le
       fait prisonnier.

       ECOLE riv., affl. de la Seine. Les Normands campent aupres.

       EDOUARD Ier l'Ancien, roi des Anglo-Saxons, pere de la reine
       Ogive;—son pretendu messager envoye a Louis IV.

       Effestucare, sens de ce mot.

       EFFROI, voy. AFFRE.

       EGLISE, alliee a Charles le Simple.

       EIMON, abbe de Saint-Martin d'Autun.

       EINSIEDELN, monastere. Annales.

       ELISIARD, comte. Appelle Eudes de Cluny a
       Saint-Benoit-sur-Loire;—intervient aupres de Raoul en faveur de
       Cluny.

       ELNE. Chartes y constatant l'interregne;—Wadaldus
       eveque;—cartulaire, acte date du regne de Raoul.

       EMMA, fille de Robert Ier, femme de Raoul;—haute valeur de cette
       princesse;—son role dans l'election de Raoul;—rejoint Raoul a
       Autun;—desheritee par Raoul en faveur de Saint-Remy;—souscrit une
       precaire de Saint-Martin de Tours;—son courage; elle defend
       Laon;—abandonne Laon;—enleve le chateau d'Avallon au comte
       Gilbert, fils de Manasses de Dijon;—enleve la villa Quinciacum a
       Saint-Germain d'Auxerre;—intervient dans un diplome de Raoul en
       faveur de Cluny;—accompagne Raoul au siege de
       Chateau-Thierry;—son psautier;—sa mort, role joue par elle.

       ENGRAND, doyen de Saint-Medard de Soissons, elu eveque de Laon.

       ENJEUGER, fils de Foulques d'Anjou. Sa mort.

       ENJORREN DE LEUZE. Combat les Normands.

       EPTE, riv. traversee par Raoul.

       ERMENGAUD, comte de Rouergue, ne reconnait Raoul qu'en 932;—prete
       l'hommage a Raoul.

       ERMENJART, imperatrice, femme de Louis le Pieux. Son ambassade a
       Bernard d'Italie.

       ERMENJART, soeur de Raoul de Bourgogne; femme de Gilbert de Dijon.

       ERMENTRUDE, femme de Charles le Chauve.

       ERNAUT de Douai, vassal de Hugues. Passe au parti d'Herbert
       II;—depossede recoit d'Herbert II Saint-Quentin.

       ESCAUT, fl. Limite septentrionale de la France.

       ESPAGNE. Marche; Charles le Simple y est longtemps
       reconnu;—n'accepte pas la suzerainete de Raoul.

       ESTREES. Les reliques de saint Genoul y sont deposees. ESTRESSE,
       pres de Beaulieu (Correze). Identifie avec Ad Destricios, ou
       Raoul battit les Normands.

       ETAMPES. Monnaie de Raoul.

       ETIENNE, abbe de Saint-Martial de Limoges. Fortifie l'abbaye.

       ETIENNE, eveque de Cambrai. Differend avec le comte Isaac.

       EU. Garnison renforcee;—enleve aux Normands par les
       Francais;—entrevue de Rollon et Guillaume Longue-Epee avec Herbert
       II;—victoire de Raoul sur les Normands.

       EUDES, roi de France. Frere de Robert Ier;—son accord avec Charles
       le Simple;—fils de Robert le Fort, elu roi;—couronne par Gautier,
       archeveque de Sens;—oncle de Hugues le Grand—chartes datees a
       partir de son deces et;—diplome pour Marmoutier.

       EUDES Ier DE BOURGOGNE, a la cour royale.

       EUDES DE CLUNY. Appele a Saint-Benoit-sur-Loire.

       EUDES DE VERMANDOIS, fils d'Herbert II, candidat au comte de
       Laon;—donne en otage a Rollon;—renvoye par Rollon;—obtient la
       Viennoise; semble n'y avoir jamais exerce la moindre autorite.

       F

       FAUQUEMBERGUE. Raoul y est blesse en luttant contre les Normands.

       FELECAN, chef normand massacre avec ses compagnons par les Bretons.

       FEODALITE. Son developpement;—son caractere en France et en
       Germanie a cette epoque.

       FETU. Abandon de Charles le Simple “par jet de fetu”.

       FISC. Sa diminution.

       FISMES, eglise Sainte-Macre. Artaud y reunit un synode.

       FLANDRE.—Maison comtale; ses bons rapports avec Robert Ier.

       FLODOARD, annaliste; perd la prebende recue de l'archeveque de
       Reims Herve.

       Floriacum, voy. SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE.

       FOLCUIN, chroniqueur. Election de Raoul;—recit de la capture de
       Charles le Simple;—date qu'il assigne a la mort de Charles le
       Simple.

       FOUBERT, comte, porte-enseigne de Charles le Simple. Tue Robert
       Ier.

       FOULQUES Ier, comte d'Anjou. Charte;—a la cour royale.

       FRANCE. Duche.

       Francia.

       FREJUS, possession de Saint-Martin d'Autun.

       FRERONE, seconde femme de Charles le Simple. Ses quatre filles.

       FROTARD, vicomte de Cahors. Charte pour Aurillac.

       FROTIER II, eveque de Poitiers, reconnait Raoul.

       Fulbertus voy. FOUBERT.

       G

       GARNIER, comte de Sens. Lutte contre Roegnvald;—sa mort a Chalmont.

       GALOPIN, pretendu messager envoye par Edouard Ier l'Ancien a Louis
       IV.

       GASCOGNE. Raoul n'y est reconnu qu'en 932.

       GATINAIS, pays.—Les dependances de l'abbaye de Saint-Paul situees
       dans ce pays donnees a Allard par le roi Raoul.

       GAUBERT, abbe de Corbie, elu eveque de Noyon; chasse puis
       reinstalle et consacre par Artaud.

       GAUTIER, archeveque de Sens. Couronne Eudes puis Robert
       Ier;—couronne Raoul.

       GEILON, neveu d'Allard, fidele de Raoul.

       GENOUL. (S.). Reliques portees a Estrees, pendant l'invasion
       normande.

       GEOFFROY, comte de Nevers. Intervient dans un diplome de
       Raoul;—perd Viriliacum, secouru par Raoul contre les Aquitains;
       charge de negocier une entrevue avec Henri Ier de Germanie;—ses
       concessions a l'eveque Tedalgrinus.

       GEOFFROY Ier GRISEGONELLE, comte d'Anjou; a la cour royale.

       GERRI, monastere. Cartulaire.

       GEVAUDAN. Comte; suit la politique du duc d'Aquitaine.

       GIGNY, abbaye. Guy abbe, usurpateur des biens de Cluny.

       GILBERT, comte de Dijon, fils de Manasses. A Autun, pres
       Raoul;—neveu de Rainard d'Auxerre, assiege ce dernier a
       Mont-Saint-Jean;—s'allie au comte Richard, fils de Garnier de
       Sens; le chateau d'Avallon lui est enleve.

       GILBERT, duc de Lorraine, partisan de Robert.—Son attitude a
       l'egard de Raoul;—refuse de se soumettre a Raoul;—appelle Henri
       Ier de Germanie en Lorraine;—se brouille avec son beau-frere
       Berenger et son frere Renier; lutte contre Isaac de Cambrai; se
       rapproche de Raoul;—son caractere inconstant; son echec aupres de
       Raoul;—entre en pourparlers avec les seigneurs francais;—prete
       l'hommage a Raoul;—fils de Renier Ier, duc de Lorraine;—s'allie a
       Boson et a Hugues le Grand contre Herbert II;—enleve le chateau de
       Durofostum a Boson;—vient aider Herbert II contre Raoul; il
       conclut un armistice avec ce dernier;—coopere avec Hugues le Grand
       et Raoul au siege de Peronne;—intervient en faveur d'Herbert
       II;—intervient de nouveau en faveur d'Herbert II, et fait conclure
       un nouvel armistice.

       GILBERT, vassal de Raoul, revolte contre lui et chatie.

       GIRONE, en Catalogne.

       GISON, rapporte de Rome le pallium a Artaud.

       GONTHARD, archeveque de Rouen. Perd la forteresse de
       Braisne-sur-la-Vesle.

       GORZE, abbaye. Cartulaire;—chartes.

       GOSBERT, eveque de Laon. Sa mort.

       GOTHIE, pays envahi par les Hongrois.

       GUERRI, eveque de Metz. Decide Raoul a assieger Saverne;—s'empare
       de Saverne et en fait raser le chateau-fort;—sa mort.

       GUILLAUME Ier LE PIEUX, d'Aquitaine, oncle de Guillaume II.

       GUILLAUME II D'AQUITAINE, neveu de Guillaume Ier d'Aquitaine.
       S'empare de Bourges; recoit le Berry de Raoul moyennant
       l'hommage;—d'abord hostile a Raoul finit par se soumettre;—prend
       aussi le titre de comte d'Auvergne;—sur la Loire; se rend au camp
       de Raoul et lui prete l'hommage;—accompagne par l'eveque du Puy,
       Allard;—comte de Velay, intercede aupres de Raoul en faveur de
       l'eveque du Puy;—negocie avec Roegnvald;—fait defection;—sa mort.

       GUILLAUME DE NANGIS. Passage de sa Chronique en rapport avec
       l'Anonyme de Laon.

       GUILLAUME LONGUE-EPEE, associe a son pere Rollon, l'accompagne a Eu
       pres d'Herbert II de Vermandois;—prete l'hommage a Charles le
       Simple;—prete l'hommage a Raoul, et recoit le littoral contigu a
       la Bretagne;—a la cour royale.

       GUILLAUME TAILLEFER, comte d'Angouleme. Exploits contre les
       Normands;—a pour successeur son batard Arnaud Manzer.

       GUILLAUME TETE D'ETOUPE. Autorise une liberalite de l'eveque
       Frotier II en faveur de Saint-Cyprien;—fils d'Ebles, duc
       d'Aquitaine et comte d'Auvergne;—comte de Poitiers.

       GUY, abbe de Gigny. Restitue a Cluny les domaines qu'il avait
       usurpes.

       GUY DE GIRONE, Diplome en sa faveur.

       GUY DE SPOLETE. Tient le pape Jean X prisonnier.

       H

       HAGANON, favori de Charles le Simple;—accompagne Charles le Simple
       en Lorraine.

       HAM. Enleve par Herbert II a Heloin de Montreuil;—assiege par
       Raoul et Hugues le Grand, livre des otages;—retourne au parti
       d'Herbert II qui y etablit son fils Eudes.

       HELGAUD, comte de Ponthieu.—Harcele les Normands;—opere avec
       Raoul contre les Normands;—les Normands cherchent a s'en
       venger;—a la bataille de Fauquembergue;—pere d'Heloin.

       HELOIN DE MONTREUIL, fils d'Helgaud de Ponthieu. Condamne pour
       bigamie a Trosly;—assiege par Herbert II et Hugues le Grand; se
       reconcilie avec ce dernier;—a pour frere Ebrard.

       HELUIS, pere de Raoul de Gouy.

       HENRI Ier L'OISELEUR, roi de Germanie. Signe le traite de
       Bonn;—recoit des envoyes de Charles le Simple;—sa garnison de
       Saverne capitule;—appele par Gilbert et l'archeveque de Treves,
       passe le Rhin; conclut un armistice avec les Lorrains, emmenant
       troupeaux et otages en Germanie;—reconnu a Toul entre le 16
       octobre 923 et le 14 octobre 924;—malade sur la frontiere
       slave;—passe le Rhin, enleve Zuelpich a Gilbert de
       Lorraine;—Herbert II se rend aupres de lui avec Hugues le
       Grand;—donne l'eveche de Metz a Bennon;—assiege Boson a
       Durofostum, et conclut la paix avec lui;—refuse a Herbert II
       d'agir en faveur de Charles le Simple;—intervient en France et
       fait signer un armistice entre Boson et Herbert II;—Herbert II lui
       prete l'hommage;—son appui sollicite par Herbert II; aux prises
       avec des difficultes interieures et la guerre hongroise;—ecrase
       les Hongrois sur les bords de l'Unstrutt;—vainqueur des Hongrois,
       des Slaves et des Danois, envoie Gilbert de Lorraine et Eberhard de
       Franconie au secours d'Herbert II;—envoie une ambassade a Raoul, a
       Soissons; se rencontre: avec lui sur les bords de la
       Chiers;—envoie une armee aider Herbert II a reprendre
       Saint-Quentin;—parallele avec Raoul;—domine mieux la feodalite de
       son pays que Raoul.

       HERBERT Ier, comte de Vermandois, fils de Pepin, petit-fils de
       Bernard d'Italie.

       HERBERT II, comte de Vermandois. Aurait epouse sa niece, fille de
       Robert Ier;—met en deroute les Lorrains a Soissons; recoit des
       messagers de Charles le Simple;—descendant de Bernard
       d'Italie;—empeche Seulf de repondre aux demarches de Charles le
       Simple;—envoie une deputation a Charles le Simple;—aurait cache
       ses desseins a ses envoyes aupres du roi Charles;—sa conduite
       severement jugee par ses contemporains; essai d'explication;—sa
       pretendue tentative pour s'emparer de Louis, fils de Charles le
       Simple;—ses vassaux infligent un echec aux Normands; se rend en
       Bourgogne apres la capture du roi Charles;—fournit des contingents
       contre les Normands;—defend la ligne de l'Oise contre les
       Normands; conclut un armistice avec eux;—a Autun, pres de
       Raoul;—recoit Peronne du Raoul;—charge par Raoul de negocier la
       paix avec les Normands;—fait condamner le comte de Cambrai Isaac
       au synode de Trosly;—a l'arriere-garde des troupes francaises,
       pret a tirer parti des evenements;—reussit a gagner Hugues le
       Grand;—apparait sur les rives de l'Oise pour arreter les
       Normands;—amene les vassaux de l'eglise de Reims a Raoul;—accuse
       d'empoisonnement;—fait elire archeveque de Reims son fils
       Hugues;—accompagne Raoul au siege de Nevers;—s'empare de Peronne
       et de Reims; se brouille avec Raoul;—lutte contre les Normands de
       la Loire et leur abandonne le comte de Nantes; reunit le synode de
       Trosly malgre Raoul;—oppose Charles le Simple a Raoul; tente un
       coup de main sur Laon;—conclut une alliance avec les Normands a
       Eu;—sa lettre au pape Jean X; se rend a Reims et y redige une
       lettre a Jean X; conclut un accord avec Raoul, et donne des
       otages;—se rencontre avec Raoul; amene Hugues le Grand a une
       entrevue aupres de Rollon; entre a Laon;—echoue aupres d'Henri
       Ier; donne Saint-Timothee et une prebende de chanoine a Odalric
       d'Aix;—ayant echoue avec la restauration de Charles, prete
       l'hommage a Raoul qui lui concede Laon;—obtient la Viennoise pour
       son fils Eudes; s'empare du chateau de Vitry-en-Perthois; assiege
       Heloin dans Montreuil; attire a son parti Heudoin, vassal de Hugues
       le Grand;—rend Vitry a Boson; concede Saint-Quentin a Ernaut de
       Douai; conclut un accord avec Hugues le Grand; peril et reprend
       Mouzon;—se rapproche de Gilbert de Lorraine; sa rupture avec
       Raoul;—enleve Braisne-sur-la-Vesle a Hugues le Grand et detruit la
       place;—prete l'hommage a Hugues le Grand;—assiege par Raoul a
       Laon; obtient d'en sortir en y laissant sa femme;—enleve Ham a
       Ebrard, frere d'Heloin de Montreuil;—sa situation precaire;
       recherche sans succes l'appui d'Henri Ier de Germanie;—recouvre
       Ham puis Saint-Quentin, mais reperd vite cette derniere
       ville;—reprend Chateau-Thierry; obtient, grace a la mediation
       lorraine, un armistice moyennant l'abandon de Chateau-Thierry,
       reste en possession de Peronne et de Ham;—acquiert l'alliance
       d'Arnoul de Flandre; approvisionne Peronne; enleve les recoltes des
       partisans de Hugues le Grand;—fait sa soumission a l'entrevue des
       bords de la Chiers; il recoit divers domaines occupes par Hugues le
       Grand, et se reconcilie avec lui;—sa lutte avec Raoul;—sa
       cupidite;—son role nefaste;—jour de sa mort;—amene une invasion
       en France;—se rend au roi de France;—s'empare de Charles le
       Simple, le fait mutiler et mourir en prison;—sa pretendue
       pendaison par ordre de Louis IV.

       HERBERT DE VERMANDOIS, fils d'Herbert II, notaire ou chancelier
       royal (?).

       HERMOUD, prevot de Saint-Symphorien d'Autun.

       HERVE, abbe de Tournus.

       HERVE, archeveque de Reims.—Partisan de Robert;—depouille de
       domaines episcopaux sis en Lyonnais;—sa mort.

       HEUDEGIER, eveque de Beauvais.

       HEUDOIN, vassal de Hugues le Grand. Passe au parti d'Herbert II.

       HILDUIN, eveque elu de Liege.

       HONGROIS. Pillent l'Italie, Brulent Pavie; en Provence, en Gothie;
       acheves par Raimond-Pons III;—pillent le pays de Voncq;—quittent
       la France, puis font un retour offensif;—pillent la Bourgogne,
       brulent le monastere de Beze, s'enfuient devant Raoul et gagnent
       l'Italie.

       HUGUES LE GRAND, fils de Robert Ier. A pour belle-mere
       Rohaut;—force Charles a lever le siege de Chievremont;—met en
       deroute les Lorrains a Soissons;—neveu du roi Eudes, eclipse par
       son pere;—candidat eventuel a la couronne;—ses domaines;—aurait
       capture le roi Charles d'apres Widukind;—adversaire du roi Charles
       a cause de la mort de Robert a Soissons;—confondu avec Herbert II
       par Richer dans le recit de la capture de Charles le
       Simple;—sollicite l'assistance de Raoul coutre les
       Normands;—defend la ligne de l'Oise contre les Normands; conclut
       un armistice avec eux;—a Autun, pres de Raoul;—recoit le Mans de
       Raoul;—frere de Raoul, charge par Raoul du siege de
       Mont-Saint-Jean;—charge par Raoul de negocier avec les Normands,
       leur cede le Maine et le Bessin;—negocie avec Roegnvald;—campe sur
       les rives de la Seine, en face des Normands;—gagne par Herbert
       II;—ses vassaux attaquent les Normands;—campe en Beauvaisis;—sa
       rivalite avec la Flandre;—epouse Eadhild; souscrit une precaire de
       Saint-Martin de Tours;—neveu d'Herbert II; modification de son
       attitude;—lutte contre les Normands de la Loire et leur abandonne
       le comte de Nantes;—intervient aupres de Raoul et l'accompagne
       jusque sur les rives de l'Oise; mediateur entre Raoul et Herbert
       II;—prete l'hommage a Charles le Simple en presence de Rollon et
       d'Herbert II;—echoue avec Herbert II aupres d'Henri Ier;—assiege
       Heloin dans Montreuil; a pour belle-mere Rohaut;—s'allie a Boson
       et a Gilbert contre Herbert II et lui reprend Douai; conclut un
       accord avec Herbert II; a pour vassal Ernaut de Douai;—enleve
       Braisne a l'archeveque de Rouen Gonthard; s'allie a Raoul contre
       Herbert II;—envoye par Raoul en ambassade aupres d'Henri Ier pour
       contrebalancer l'influence d'Herbert II;—accompagne Raoul au siege
       de Reims;—charge de garder Beuves de Chalons prisonnier;—s'entend
       avec Raoul au sujet de Beuves de Chalons;—assiege Amiens occupe
       par Herbert II; s'empare de Saint-Quentin; s'entend avec Gilbert
       de Lorraine pour assieger Peronne, mais echoue; se fait livrer des
       otages a Ham;—perd puis reprend Saint-Quentin et en chatie
       cruellement les habitants; s'empare de Roye avec Artaud;—assiege
       deux fois, avec Raoul, Chateau-Thierry;—se reconcilie avec Herbert
       II sur l'intervention de Raoul, et lui rend divers
       domaines;—refuse de restituer Saint-Quentin a Herbert II;—semble
       avoir assiste aux funerailles de Raoul;—son attitude a la mort de
       Raoul;—sa politique;—a la cour royale.

       HUGUES LE NOIR, frere cadet de Raoul de Bourgogne.—Assiste Robert
       dans sa lutte contre Charles le Simple;—aupres de Raoul, a
       Autun;—intervient dans un diplome en faveur de Cluny.

       HUGUES DE PROVENCE, regent du royaume de Provence; aupres de Raoul;
       sa niece Berthe, comtesse d'Arles et Avignon, epouse
       Boson;—harcele les Hongrois dans les Alpes;—roi d'Italie, se rend
       en Provence pour y fortifier son autorite, a la mort de Louis
       l'Aveugle, et rencontre Raoul a Vienne;—son traite avec Rodolphe
       II de Bourgogne; consequences en Lyonnais;—abandonne ses droits
       sur la Provence a Rodolphe II; a pour niece Berthe, femme de Boson,
       frere de Raoul;—sa niece epouse Boson, frere de Raoul.

       HUGUES Ier, comte de Champagne; a la cour royale.

       HUGUES, eveque de Verdun. Choisi par le roi Raoul pour succeder a
       Dadon.

       HUGUES DE VERMANDOIS, fils d'Herbert II.—Declare dechu de tout
       droit sur l'archeveche de Reims;—protege par Abbon, eveque de
       Soissons.

       HUGUES DE FLAVIGNV. Chronique.

       HUGUES DE FLEURY. Modernorum regum actus.

       I-K

       INGELHEIM. Concile de 948; discours de Louis IV.

       INGON, chef normand; parait avoir succede a Roegnvald.

       ISAAC, comte de Cambrai. En lutte avec Gilbert;—differend avec son
       eveque Etienne.

       ITALIE, pillee par les Hongrois.

       JEAN X, pape. Intervient en faveur de Charles le Simple;—approuve
       les actes d'Herbert II;—lettre d'Herbert II a lui adressee;
       prisonnier de Guy de Spolete;—emprisonne par Guy de Toscane;—fait
       restituer a Cluny des domaines occupes par Guy, abbe de Gigny.

       JEAN XI, pape. Bulle faisant allusion a un diplome perdu de
       Raoul;—envoie le pallium a Artaud.

       Jocundus. Sa Translatio S. Servatii.

       JOSSELIN, eveque de Langres.—Lutte contre Roegnvald.

       JOSSELIN, eveque de Toul. Charte datee du regne de Raoul.

       JUGEMENT de Dieu. Conception medievale.

       JUHEL-BERENGER, duc de Bretagne.

       Karolorum genealogiae.

       L

       LAMBERT, abbe de Saint-Benoit-sur-Loire.

       LANGRES.—Diplome de Raoul pour cette ville.

       LANGUEDOC. Sa soumission a Raoul en 932.

       LAON. Charles le Simple y est battu;—eveque;—le comte Roger
       partisan de Raoul;—palais royal;—la reine Emma y est couronnee;
       Raoul y rentre;—environs pilles par les Hongrois;—Saint-Vincent,
       chanoines;—comte vacant par le deces de Roger;—abandonne
       difficilement par Emma, est occupe par Herbert II;—concede a
       Herbert II par Raoul;—investi par Raoul;—Herbert II y est assiege
       par Raoul; obtient d'en sortir en y laissant sa femme qui finit par
       capituler;—Engrand succede a Gosbert comme eveque;—Raoul y
       sejourne; rixe entre ses gens et ceux de, l'eveque;—menace par les
       comtes lorrains et saxons allies d'Herbert II;—monnaie de
       Raoul;—Louis IV y tient une cour pleniere.

       LAONNAIS. Operations militaires dans ce pays.

       LASSOIS. Comte de Raoul.

       LEIBNIZ. Son opinion sur l'entrevue de Raoul et de Charles le
       Simple a Reims.

       LE MANS. Cede par Raoul a Hugues le Grand;—monnaie de
       Raoul;—Foulques comte.

       LE PUY. Allard, eveque;—comte et monnaie de la ville concedes par
       Raoul a l'eveque;—chartes datees des annees de Raoul;—monnaie de
       Raoul.

       LEON VI, pape. Se desinteresse du sort de Charles le Simple.

       LEON VII, pape. Bulle.

       LIEGE. Eveche, son occupation en 921;—annales.

       LIMOGES. Saint-Martial;—Saint-Etienne, cartulaire.

       LIMOUSIN, pays hesitant entre Charles le Simple et Raoul;—pille
       par les Normands.

       LOBBES, monastere. Annales.

       LOIRE, fl. Estuaire occupe par les Normands;—cours remonte par
       Roegnvald.

       Lommensis pagus. Berenger comte.

       LORRAINE. Acquise par Charles le Simple;—Charles le Simple s'y
       refugie;—Charles y leve des recrues;—luttes feodales;—sa
       soumission effective au roi de France;—sous la suzerainete
       germanique;—la question lorraine au Xe siecle;—perdue
       temporairement sous Raoul.

       LORRAINS. Pretent l'hommage a Raoul;—offrent leur soumission a
       Raoul;—acceptent la souverainete bourguignonne.

       LOTHAIRE, roi de France.

       LOTHAIRE II, roi de Lorraine. Sa petite-fille epouse Boson, frere
       de Raoul.

       LOUIS LE PIEUX. Ses humiliations; sa cruaute a l'egard de Bernard
       d'Italie;—diplome pour Marmoutier.

       LOUIS II LE BEGUE, fils de Charles le Chauve et d'Ermentrude.
       Epouse successivement Ansgarde et Adelaide;—pere de Charles le
       Simple;—applique encore l'ancien systeme des partages.

       LOUIS III, roi de France;—vainqueur de Saucourt. Sa mort.

       LOUIS IV D'OUTRE-MER. Sa fille Mathilde epouse Conrad le
       Pacifique;—fils de Charles le Simple, echappe a Herbert II a la
       faveur d'une ruse;—designe fictivement comme roi dans les chartes
       du Midi, apres la mort de Charles le Simple;—sejourne a Auxerre;
       assiste peut-etre aux funerailles de Raoul;—emmene en Angleterre
       par sa mere Ogive; tient une cour pleniere a Laon.

       LOUIS L'AVEUGLE;—empereur, a pour regent en Provence
       Hugues;—cousin germain de Raoul; sa mort.

       LOUIS, pretendu fils de Raoul.

       LOUP AZNAR, seigneur gascon. Prete l'hommage a Raoul en
       932;—aurait ete seigneur de Comminges;—reconnait le roi Raoul.

       LYON. Monnaie de Raoul.

       LYONNAIS. Domaines de l'eveche de Reims;—chartes de cette region
       montrant que Raoul peut y avoir ete reconnu.

       M

       MABILLE, historien. Son opinion sur le transfert du duche
       d'Aquitaine a la maison de Poitiers.

       MABILLON. Expertise faite par lui.

       MACON. Comte; debut du regne de Raoul dans ce pays;—Saint-Vincent,
       cartulaire.

       MAINE, pays cede par Hugues le Grand aux Normands; appartenait a
       Robert Ier;—pays dispute entre l'Anjou et la Normandie.

       MANASSES, comte de Dijon;—pere de Gilbert et Walon;—frere de
       Rainard, vicomte d'Auxerre;—lutte contre Roegnvald;—a pour fils
       Gilbert; ennemi du roi Robert Ier.

       MANS (LE), voy. LE MANS.

       MARCHE D'ESPAGNE. Voy. ESPAGNE.

       MARMOUTIER, abbaye. Diplome de Raoul en sa faveur, confirmant ceux
       de Charlemagne, Louis le Pieux, Charles le Chauve et Eudes.

       MATHILDE, fille de Louis d'Outre-Mer. Epouse Conrad le Pacifique.

       MEAUX. Monnaie de Raoul.

       METZ. Reconnait Raoul;—l'eveque Guerri decide Raoul a marcher sur
       Saverne;—Witger, eveque;—eveche donne par Henri Ier a Bennon.

       MONTIERAMEY, abbaye. Cartulaire.

       MEUSE, fl.;—traversee par Charles le Simple;—Raoul s'avance
       jusque sur ses bords.

       MILON, eveque de Chalons;—excommunie par Artaud.

       MOISSAC, abbaye. Chartes.

       MONNAIES de Raoul. Mons Calaus, lieu identifie avec Chalmont
       (Seine-et-Marne, arr. de Melun, comm. de Fleury-en-Biere).

       Mons Herberti, voy. MONT-HEBERT.

       MONTDIDIER, voy. ROBERT DE MONTDIDIER.

       MONT-HEBERT, lieu dit pres de Laon. Herbert II de Vermandois y
       aurait ete pendu.

       MONTIERENDER, monastere;—moines en fuite.

       MONTOLIEU, abbaye. Diplome de Raoul en sa faveur.

       MONTREUIL-SUR-MER. Heloin y est assiege par Hugues le Grand et
       Herbert II;—voy. HELOIN DE MONTREUIL.

       MONT-SAINT-JEAN, forteresse prise par Rainard, vicomte d'Auxerre,
       puis reprise par Raoul.

       MONTAGNE-NORD, chateau des comtes de Laon. Pris et detruit par
       Herbert II;—Roger de Laon y rentre;—Arnoul de Flandre l'en
       depouille.

       MOUZON. Pris par Boson; repris par Herbert II.

       N

       NAMUR, Belgique. Limite des domaines d'Herbert II

       NANTES, Comte. Cession faite par Robert a Roegnvald et aux Normands
       de la Loire non executee.

       NARBONNAIS. Possessions de l'abbaye de Montolieu situees dans ce
       pays.

       NARBONNE. Chartes constatant l'interregne;—vicomte.

       NAVARRE. Limite de la France, au sud.

       NEVERS. Assiege par Raoul, livre des otages; occupe par
       Affre;—Geoffroy comte;—monnaie de Raoul.

       NIMES. Chartes constatant l'interregne;—chronique.

       NOAILLE. Abbaye.

       NOGENT. Monnaie de Raoul.

       NORMANDIE. Reste soumise a Charles;—envahie par Raoul.

       NORMANDS. Assiegent Tours;—ceux de la Loire obtiennent une partie
       de la Bretagne et le pays de Nantes;—battus a Argenteuil par
       Richard le Justicier;—fideles a Charles le Simple;—repondent a
       l'appel de ce dernier—ceux de la Seine donnent des otages et
       concedent la paix moyennant un tribut;—les memes aides par ceux de
       la Loire; avantages obtenus par eux;—leur lutte contre les troupes
       de Raoul et les Bourguignons a Chalmont;—rompent le traite de 924;
       rappeles par une diversion a la defense de leurs foyers; poursuivis
       et harceles par Helgaud de Ponthieu;—Raoul prend sa revanche
       contre eux;—concluent un accord avec Hugues le Grand;—leur
       defaite a Eu;—ravagent le Porcien; leur flotte ravage les cotes du
       Boulonnais; envahissent l'Artois;—se font acheter la
       paix;—envahissent l'Aquitaine, penetrent en Limousin, nattas par
       Raoul au lieu dit Ad Destricios;—en lutte contre les Bretons;
       massacres par ceux-ci avec leur chef Felecan;—ceux de la Loire
       repousses par les habitants du Berry et de la Touraine;—vaincus
       par Raoul.

       NOYON. Eveque;—resiste aux attaques des Normands;—la mort de
       l'eveque Airard, suivie de la brise de la ville par le comte
       Alleaume; sa delivrance; Gaubert eveque;—environs pilles par
       Eudes, fils d'Herbert II.

       O

       ODALRIC, archeveque d'Aix-en-Provence. Chasse de son siege par les
       Sarrasins, devient vicaire du diocese de Reims et recoit l'abbaye
       de Saint-Timothee avec une prebende de chanoine.

       ODIN, dieu scandinave.

       ODORAN. Chronique. OGIVE, reine de France, fille d'Edouard Ier
       l'Ancien et femme de Charles le Simple;—passe directement de
       Lorraine en Angleterre.

       OISE, riv. Les grands campent sur ses bords;—traversee par les
       Normands en 923;—ses rives defendues par Hugues et Herbert II
       contre les Normands;—Herbert II campe sur ses bords;—sur ses
       rives un accord est conclu entre Herbert II et Raoul.

       ORLEANS. Foret traversee par Roegnvald;—eglises dotees par
       Raoul;—monnaie de Raoul.

       OTTON Ier, roi de Germanie. Succede a son pere Henri
       Ier;—synchronisme de son regne.

       OTTON, fils de Ricoin, ennemi personnel de Raoul, passe du cote
       d'Henri Ier de Germanie;—jure fidelite a Raoul.

       OTTON DE BOURGOGNE, a la cour royale.

       P

       PARIS. Raoul y est reconnu;—sa flotte doit cooperer a l'attaque du
       camp normand;—Hugues y sejourne;—monnaie de Raoul;—comte.

       PARISIS, pays. Les habitants attaquent les Normands de la Seine.

       PARTAGES germaniques, encore appliques sous Louis le Begue.

       PAVIE. Brule par les Hongrois.

       Pecunia collaticia. Impot leve en France pour acheter la paix aux
       Normands.

       PEPIN, fils de Bernard d'Italie, pere d'Herbert Ier de Vermandois.

       PERIGORD, Comte;—pille par les Normands.

       PERONNE. Charles le Simple y est enferme;—remis par Raoul a
       Herbert II;—pris par Herbert II;—Charles le Simple y est
       transfere de Saint-Quentin;—Charles le Simple y meurt captif; est
       enseveli a Saint-Fursy;—attaque sans succes par Raoul, Hugues le
       Grand et Gilbert de Lorraine;—reste en la possession d'Herbert
       II;—approvisionne par Herbert II;—assiege par le roi de France;
       le Cignorum Mons, Cygnophum, Mont-des-Cygnes,
       Saint-Fursy;—Charles le Simple y meurt.

       PFEDDERSHEIM, dans le pays de Worms.

       PLECTRUDE, femme d'Allard, fidele de Raoul.

       POISSY. Monnaie de Raoul.

       POITIERS. L'eveque Frotier II reconnait
       Raoul;—Saint-Hilaire;—Saint-Cyprien,
       cartulaire;—Sainte-Radegonde;—le comte Ebles, fils de Renoul II,
       n'herite pas de son pere, du titre de duc d'Aquitaine;—comte.

       POITOU, pays hesitant entre Charles le Simple et Raoul.

       PONTHIEU. Comte.—Le comte Helgaud harcele les Normands.

       PONTHION-SUR-L'ORNAIN, fisc royal, rendu par Raoul a Charles le
       Simple.

       PORCIEN, pays ravage par les Normands.

       POUILLY, localite en Bourgogne.

       PROVENCE. Boson, roi;—independante sous Boson;—Hugues, regent
       pour Louis l'Aveugle; Raoul y confirme les biens de Saint-Martin
       d'Autun;—Hugues d'Italie y fortifie son autorite;—Hugues d'Italie
       cede a Rodolphe II ses droits sur ce pays; Boson y domine a cause
       des comtes d'Arles et d'Avignon.

       PROVINS. Comte; Raoul y est reconnu.

       PRUeM, abbaye. Diplome de Charles le Simple;—annales.

       PUY (LE), voy. LE PUY.

       Q-R

       QUERCY, pays.

       QUIERSY-SUR-OISE. Capitulaire.

       Quinciacum, villa dependant de Saint-Germain d'Auxerre, enlevee
       par la reine Emma.

       RAIMOND-PONS III, comte de Toulouse; reconnait Raoul en
       932;—disperse les Hongrois;—duc d'Aquitaine;—prete l'hommage a
       Raoul;—devient duc d'Aquitaine.

       RAINARD, notaire du roi Raoul.

       RAINARD, vicomte d'Auxerre, frere de Manasses de Dijon.

       RAOUL, roi de France. Fils de Richard le Justicier; neveu de
       Rodolphe Ier, roi de Bourgogne jurane; neveu de Charles le Chauve;
       neveu de Boson, roi de Provence;—epouse Emma, fille de Robert
       Ier;—souscrit divers actes du vivant de son pere; temoin dans un
       acte de 901; charte en faveur de l'eglise d'Autun;—s'intitule
       comte;—attire par Robert dans le parti des revoltes contre Charles
       le Simple;—entre en France avec une puissante armee;—elu et
       couronne a Soissons;—diplomes pour Autun, Chalon et
       Langres;—recoit l'hommage d'une partie des Lorrains;—fletri comme
       usurpateur dans des chartes de Brioude;—son pouvoir ducal, sa
       royaute;—recoit Herbert II en Bourgogne, apres la capture de
       Charles;—penetre en Normandie;—menace d'envahir la Lorraine et
       force ainsi Henri Ier a se retirer;—reconnu roi a Toul;—recoit
       l'hommage de Guillaume II d'Aquitaine et lui restitue le
       Berry;—confirme les biens d'un monastere en Viennois et Provence;
       ses pretentions possibles sur ces pays;—sa maladie; son pelerinage
       a Saint-Remy; se rend a Soissons puis en Bourgogne;—confirme les
       donations faites par ses predecesseurs a l'abbaye de
       Saint-Amand;—dirige le siege d'Eu;—concede a Herbert II
       l'administration interimaire du temporel de l'archeveche de
       Reims;—grievement blesse a Fauquembergue, regagne Laon;—se rend
       en Viennois;—son entrevue avec Charles le Simple;—sa victoire sur
       les Normands a Estresse;—prend Denain;—assiege et prend
       Reims;—reprend Laon;—prend Saint-Medard de Soissons; recoit
       l'hommage de Raimond-Pons III, comte de Toulouse;—reconnu en
       Viennois et en Normandie;—sa mort;—son caractere.—Voy. pour le
       detail aux noms des matieres.

       RAOUL DE GOUY. Combat les Normands;—fils d'Heluis; sa mort.

       RAOUL GLABER OU LE CHAUVE. Recit de l'election de Raoul;—recit de
       la capture de Charles le Simple.

       RATISBONNE. Saint-Emmeran; reliques de saint Denis.

       RAZES. Possessions de l'abbaye de Montolieu situees dans ce pays.

       REDON, abbaye. Cartulaire.

       REGINON, chroniqueur;—son continuateur qualifie Robert de
       sacrilege.

       REIMS. Archeveche.—Saint-Remy; Robert y est couronne;—synode
       reuni par Seulf prescrit penitence aux vainqueurs de
       Soissons;—archeveche sous la dependance d'Herbert II de
       Vermandois; Raoul est reconnu;—palais royal;—Raoul fait un
       pelerinage a Saint-Remy et lui legue presque tous ses
       biens;—vassaux de l'eglise, reunis par le roi;—eglise,
       archeveche;—les reliques de saint Remy et de sainte Vaubourg
       d'Attigny y sont apportees;—pris par Herbert II;—l'eglise a pour
       dependance Coucy;—Herbert II s'y rend;—l'archeveche a des
       dependances bourguignonnes;—Raoul y visite Charles le
       Simple;—Raoul essaie en vain de negocier avec les habitants, et
       finalement investit la place;—assiege par Raoul, Hugues le Grand
       et Boson;—se rend a Raoul; Artaud y est consacre
       solennellement;—obituaires.

       REMOIS. Operations militaires dans ce pays;—Charles le Simple y
       sejourne.

       REMY D'AUXERRE. A pour disciple Seulf.

       RENNES. Comte.

       RENIER Ier de Lorraine, pere de Gilbert.

       RENIER II DE HAINAUT, frere de Gilbert de Lorraine, se brouille
       avec lui;—se reconcilie avec Gilbert.

       RENOUL II, comte de Poitiers. Est en meme temps duc
       d'Aquitaine;—pere d'Ebles Manzer.

       RHIN, fl. Passe par Henri Ier.

       RHONE, fl. Passe par les Hongrois.

       RICHARD LE JUSTICIER, comte d'Autun, puis duc de Bourgogne.
       Victorieux des Normands a Argenteuil;—fils de Thierry d'Autun;
       epouse Adelaide;—arret concernant Saint-Benigne de Dijon;—sa
       mort;—son oeuvre;—son surnom.

       RICHARD, comte, fils de Garnier de Sens, s'allie a Gilbert de
       Dijon;—comte de Troyes, parait dans un diplome pour
       Montieramey;—en lutte contre Raoul.

       RICHARD, pretendu comte de Ponthieu, a la cour royale.

       RICHARD LE POITEVIN.—Son recit de la mort de Charles le Simple
       derive de Flodoard.

       RICHER, abbe de Pruem. Devient eveque de Liege.

       RICHER, chroniqueur. Recit de la capture de Charles le Simple;—son
       recit de la fuite de Louis IV en Angleterre;—fait perir Rollon au
       siege d'Eu.

       RICHILDE, imperatrice, soeur de Richard le Justicier;—fille de
       Thierry d'Autun; epouse Charles le Chauve.

       RICOIN, tue a Verdun par Boson, frere de Raoul;—pere d'Otton de
       Verdun.

       ROBERT LE FORT, pere de Robert Ier, roi de France;—pere
       d'Eudes;—grand-pere de Hugues le Grand.

       ROBERT Ier, duc puis roi de France, fils de Robert le Fort; succede
       a Eudes et prete l'hommage a Charles le Simple; quitte la cour de
       Charles le Simple; parait comme impetrant dans les diplomes de
       Charles le Simple;—ennemi de Manasses de Dijon;—parrain de
       Rollon;—cede la Bretagne et Nantes aux Normands;—beau-pere de
       Raoul de Bourgogne;—aide Raoul a s'emparer de Bourges;—marquis
       de France; chef des revoltes contre Charles le Simple;—a une
       entrevue avec Henri Ier sur la Boer; obtient un armistice des
       Lorrains; rentre en France et congedie les Bourguignons; elu roi a
       Reims; couronne a Saint-Remy; ses partisans;—sejourne a Soissons;
       surpris par Charles le Simple, sa mort a la bataille de
       Soissons;—pere de Hugues;—acte date de son regne;—a pour
       chancelier Abbon de Soissons;—sa mort a Soissons;—consequences de
       sa mort;—souvenir de sa mort.

       ROBERT DE MONTDIDIER, nom epique de Robert Ier.

       RODEZ. Chartes constatant l'interregne.

       RODOLPHE Ier, roi de Bourgogne.

       RODOLPHE II, roi de Bourgogne puis d'Arles;—harcele les Hongrois
       dans les Alpes;—obtient de Hugues d'Italie l'abandon de ses droits
       sur la Provence, et constitue ainsi le royaume d'Arles;—assiste a
       l'entrevue de Raoul avec Henri Ier sur les bords de la Chiers.

       ROGER, archeveque de Treves, refuse de reconnaitre Raoul.

       ROGER, comte de Laon. Partisan de Raoul;—intercede aupres de Raoul
       pour l'abbaye de Saint-Amand;—sa mort;—ses fils gardent
       fidelement leur cite au roi.

       ROGER DE LAON, fils du precedent. Son chateau de Mortagne assiege
       et detruit par Herbert II;—investi de Douai par Hugues le Grand.

       ROeGNVALD, viking, chef des Normands de la Loire. Appele par Charles
       le Simple;—mecontent des promesses illusoires de Robert Ier;
       appele par le roi Charles; se joint aux Normands de la Seine et
       passe l'Oise;—aide les Normands de la Seine; promesses de cession
       du comte de Nantes et de la Bretagne non realisees;—exclu des
       negociations par les seigneurs francais; cherche vengeance contre
       Raoul; son expedition en Bourgogne; parvient a traverser les lignes
       francaises et a s'echapper;—legende de son passage a
       Saint-Benoit-sur-Loire.

       ROHAUT, tante de Charles le Simple, belle-mere de Hugues le Grand,
       abbesse de Chelles;—sa mort.

       ROLLON. Son etablissement en Neustrie;—se joint a Roegnvald et
       passe l'Oise;—negocie un armistice avec Hugues le Grand et Herbert
       II et concede la paix moyennant une indemnite;—prend des mesures
       pour defendre Eu;—sa conquete est menacee; sa mort a Eu d'apres
       Richer;—prete l'hommage a Charles le Simple a Eu et y conclut une
       alliance avec Herbert II;—rend a Herbert II son fils Eudes; son
       entrevue avec Herbert II, Hugues le Grand et Charles le Simple.

       Rothildis, voy. ROHAUT.

       ROUEN.

       ROUERGUE. Comte. Le comte Ermengaud ne reconnait Raoul qu'en
       932;—reconnait la suzerainete de Raoul;—Ermengaud prete l'hommage
       a Raoul. ROUMOIS, pays incendie par les Parisiens.

       ROUSSILLON. Raoul y est reconnu.

       ROYAUTE feodale. Son caractere.

       ROME, ville;—forteresse prise par Hugues le Grand et Artaud.

       S

       SAINT-AMAND. Annales.

       SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE. Raoul y est reconnu;—annales;—les
       Normands y penetrent;—eglise;—les reliques de saint Benoit y sont
       deposees;—abbaye dotee par Raoul.

       SAINT-BERCHAIRE, monastere.

       SAINT-BERTIN, abbaye. Annales;—Arnoul de Flandre en devient abbe a
       la mort de son frere Allou.

       SAINT-CYPRIEN DE POITIERS, abbaye. Recoit une donation de l'eveque
       de Poitiers, Frotier II.

       SAINT-DENIS, abbaye. Diplome de Charles le
       simple;—obituaire;—monnaie de Raoul.

       SAINT-EMMERAN DE RATISBONNE, voy. RATISBONNE.

       SAINT-GERMAIN-DES-PRES. Diplome de Charles le Simple;—obituaire.

       SAINT-LOMER DE BLOIS, monastere. Recoit de Raoul l'eglise
       Saint-Lubin.

       SAINT-LUBIN. Eglise concedee par Raoul a Saint-Lomer de Blois.

       SAINT-MAIXENT.

       SAINT-MAUR-DES-FOSSES, monastere.

       SAINT-PAUL, en Senonais. Abbaye concedee par Raoul a son fidele
       Allard.

       SAINT-QUENTIN. Charles s'y rend avec la deputation d'Herbert
       II;—annales;—Charles le simple y est installe comme roi par
       Herbert II;—concede par Herbert II a Ernaut de Douai
       depossede;—pris par Hugues le Grand;—Herbert reprend cette ville,
       mais Hugues le Grand la lui enleve presque aussitot;—Gilbert se
       propose de reprendre la ville, mais y renonce;—Hugues le Grand
       refuse de restituer la ville a Herbert II; elle est prise et rasee
       par les comtes lorrains et saxons allies d'Herbert II.

       SAINT-REMY, monastere fortifie par Seulf.—Voy. REIMS.

       SAINT-TIMOTHEE, abbaye donnee par Herbert II a l'archeveque Odalric
       d'Aix.

       SAINT-VAST, abbaye. Annales.

       SAINTE-RADEGONDE, voy. POITIERS.

       SAINTONGE, pays pille par les Normands.

       SANCHE-GARCIE, duc de Gascogne, parait etre beau-pere de Loup
       Aznar.

       SARRASINS. Chassent l'archeveque d'Aix, Odalric, de son siege.

       SAUCOURT. Victoire de Louis III sur les Normands.

       SAUXILLANGES. Cartulaire.

       SAVERNE, en Alsace. Raoul y assiege la garnison laissee par Henri
       Ier;—pris par Guerri, eveque de Metz, qui en detruit le chateau
       fort.

       SAXE. Invasion hongroise dans ce pays.

       SCARPE, riv.

       SEINE, fl.—Son estuaire occupe par les Normands.

       SENLIS. Eveque.

       SENS.—Sainte-Colombe;—archeveche;—Gautier
       archeveque;—l'archeveque Gautier couronne Raoul;—Historia
       Francorum Senonensis
    ;—Raoul y sejourne;—Raoul est enseveli a
       Sainte-Colombe, aupres de son pere et du roi Robert
       Ier;—Sainte-Colombe herite du tresor de Raoul;—Raoul est avoue de
       Sainte-Colombe;—monnaie de Raoul.

       SERVAIS (S.). Translation.

       SEULF. Devient archeveque de Reims;—recoit des messagers de
       Charles le Simple;—archeveque de Reims; reunit un synode a
       Reims;—ne repond pas aux demarches de Charles;—fournit des
       contingents pour combattre les Normands;—couronne la reine Emma a
       Laon;—confere la pretrise a Hugues de Verdun;—aide Hugues et
       Herbert II a defendre la ligne de l'Oise contre les Normands;—a
       Autun, pres de Raoul;—obtient de Hugues de Provence la restitution
       de domaines episcopaux sis en Lyonnais;—charge par Raoul de
       negocier la paix avec les Normands;—disciple de Remy d'Auxerre;
       fortifie Saint-Remy de Reims;—sa mort.

       SOISSONNAIS. Operations militaires dans ce pays.

       SOISSONS.—Robert y sejourne;—abbaye de Saint-Medard;—Raoul est
       couronne a Saint-Medard;—l'eveque Abbon, chancelier de Robert Ier,
       partisan de Raoul;—Abbon, eveque;—Raoul s'y rend;—Saint-Medard
       occupe par Raoul;—Saint-Medard a pour doyen Engrand qui devient
       eveque de Laon;—environs pilles par Eudes, fils d'Herbert II;
       Notre-Dame, abbesse; Saint-Pierre, chanoines;—Raoul y tient un
       plaid; une ambassade d'Henri Ier vient l'y trouver;—monnaie de
       Raoul;—bataille.

       STAVELOT-MALMEDY, abbaye. Chartes.

       SUNIAIRE ou SUNIER, comte d'Urgel. Charte.

       T

       TAILLEFER, voy. GUILLAUME-TAILLEFER.

       Tedalgrinus, eveque de Nevers. Recoit des concessions du comte
       Geoffroi de Nevers.

       TEOTOLON, archeveque de Tours. Accompagne Raoul au siege de
       Chateau-Thierry.

       TEROUANNE ou THEROUANNE;—occupe par Arnoul de Flandre.

       THIBAUD, abbe de Sainte-Colombe de Sens. Emporte la couronne de
       Raoul a la seconde croisade, et meurt en Orient.

       THIBAUD LE TRICHEUR, comte de Blois. Parait dans un diplome de
       Raoul;—son role lors de l'arrivee de l'empereur a Paris;—a la
       cour royale;—sa pretendue autorite dans le conseil du roi Louis
       IV.

       THIERRY, comte d'Autun.

       THIETMAR, historien.

       THION, vicomte de Paris.—Charte.

       TITRE de rex Francorum, Aquitanorum et Burgundionum pris par
       Raoul dans ses diplomes.

       TOSCANE, pays.

       TOUL. Raoul y est reconnu roi, puis Henri Ier, en octobre 923.

       TOULOUSE. Le comte Raimond-Pons III ne reconnait Raoul qu'en
       932;—comte; la suzerainete de Raoul y est reconnue.

       TOURAINE. Les habitants de ce pays repoussent les Normands.

       TOURNAI. Comte. Acte de Raoul concernant ce pays;—Chroniques.

       TOURNUS, abbaye. Herve abbe;—obtient confirmation de ses
       dependances sises en Chalonnais.

       TOURS. Assiege par les Normands;—chroniques;—Raoul y est reconnu
       et y sejourne;—Teotolon archeveque;—Saint-Martin: diplome de
       Charles le Simple;—pancarte noire;—precaire souscrite par Hugues
       le Grand et la reine Emma;—Raoul s'y rend en pelerinage;
       diplome;—Raoul confirme ses possessions et privileges.

       TREDUIN, clerc noble, partisan d'Herbert II, pris et pendu a
       Saint-Quentin par Hugues le Grand.

       TREVES. L'archeveque Roger refuse de reconnaitre
       Raoul;—Saint-Maximin, annales;—l'archeveque appelle Henri Ier, en
       Lorraine;—l'archeveque s'abstient de reconnaitre
       Raoul;—Saint-Maximin, charte.

       TROSLY. Synode, affaire d'Isaac de Cambrai;—synode reuni par
       Herbert II, malgre Raoul.

       TROYES.—Raoul y est reconnu;—Anseis eveque.

       TULLE. Saint-Martin, abbaye reformee; Raoul y est reconnu;—chartes
       datees des annees de Raoul;—le monastere recoit le donjon royal
       d'Uxellodunum;—diplome de Raoul pour cette abbaye.

       TURENNE. Ademar vicomte fait approuver son testament par
       Raoul;—maison.

       U-Z

       UNIZON, vassal de Raoul. Intervient en faveur de Saint-Symphorien
       d'Autun.

       UNSTRUTT, riv. Les Hongrois sont battus sur ses bords par Henri
       III.

       URGEL. Comte.

       Uxellodunum, en Quercy. Concession du donjon royal au monastere
       de Tulle.

       VABRES. Chartes constatant l'interregne.

       VAISON. Domaine de Saint-Martin d'Autun.

       VARAIS, pays. Adelaide de Bourgogne y possede des biens.

       VELAY. Comte. Suit la politique du duc d'Aquitaine.

       VENGEANCE privee, Droit en vigueur jusqu'au XVe siecle.

       VERDUN. Partage;—reconnait Raoul;—l'eveque Hugues succede a
       Dadon;—Ricoin y est tue par Boson;—l'eveque Hugues remplace par
       Bernoin.

       VERGY. Maison.

       VERMANDOIS. Maison; alliee a Robert;—Raoul y est reconnu;—son
       hegemonie.

       VEXIN normand. Pille et incendie par les Parisiens.

       VIENNE. Comte. Possede par Charles-Constantin; Hugues d'Italie s'y
       rencontre avec Raoul;—sous la domination de son archeveque puis de
       Charles-Constantin; Raoul y est recu comme suzerain par
       Charles-Constantin.

       VIENNOIS, pays. Raoul y confirme les biens de Saint-Martin
       d'Autun;—sous la suzerainete de Raoul;—Raoul s'y rend;—peut-etre
       en fut-il question a l'entrevue des bords de la Chiers;—acquis par
       Raoul.

       Viriliacum, localite enlevee par des Aquitains a Geoffroi de
       Nevers; reprise par Raoul.

       VITRY-EN-PERTHOIS, chateau de Boson. Pris par Herbert II;—rendu
       par Herbert II a Boson;—repris par Boson.

       VIVANT (S.). Vie.

       VONCQ (Pays de). Pille par les Normands.

       Wadaldus, eveque d'Elne. Charte datee du deces de Charles le
       Simple.

       WALON ou GALON, chatelain de Chateau-Thierry; prete l'hommage a la
       reine Emma;—sa conduite au second siege de Chateau-Thierry.

       WALON, comte, fils de Manasses de Dijon. A Autun, pres
       Raoul;—neveu de Rainard d'Auxerre, assiege ce dernier dans
       Mont-Saint-Jean.

       WALON, eveque d'Autun.

       WAULSORT. Chronique.

       WIDUKIND, chroniqueur. Attribue a Hugues la capture de Charles.

       WITGER, eveque de Metz.

       WORMS (Pays de).

       YVOIX. Henri Ier y sejourne.

       ZUeLPICH, pris par Gilbert de Lorraine.